Chapitre 32 - Le héros

Dans le chapitre précédent :

Étonnée, je vis Alexandre traverser la chute d'eau tout en jurant que ces vêtements étaient trempés. Les yeux agrandis de stupeur, je laissai un sourire étirer mes lèvres. Il donna son arc à un de ses hommes et me fixa inquiet.

« Tu vas bien ?

– Oui, tu n'es pas mort ?!

– Comme tu le vois, je suis parfaitement vivant. »

Je ris avant de me jeter dans ses bras. Peut-être qu'il était bel et bien le héros de cette histoire. Après tout, les Moires ne nous avaient pas spécifié qu'on devait être près du héros pendant toute la durée où ne serions dans un monde.

Soudain, il mit une feuille sous mon nez et ma vision commença à se brouiller.

« Qu'est-ce que... ? »

Je n'arrivais plus à parler, je voulais fermer les yeux et m'endormir. Alexandre me retourna et je sentis une lame près de ma gorge.

« Attaque-nous centaure, et je la tue. »

Ce fut les dernières paroles d'Alexandre, celui qui j'avais cru être le héros, avant que la drogue ne m'endorme.

***

Je soupirai une énième fois en tentant de trouver un moyen de sortir de ma prison. Ça devait faire une heure que je m'étais réveillée avec une migraine dans un endroit clos derrière des barrières. Il y avait bien une fenêtre creusant le mur, mais il était trop haut pour que je l'atteigne. Le lit sur lequel j'étais couchée était en mauvais état et raide. Je tournai en rond en essayant de comprendre quelle était l'erreur.

Je m'assis en tailleur et me remémorai les dernières semaines.

Ma rencontre avec Adonis, un Roi qui a été torturé par le père d'Alexandre et qui a ensuite tué les parents d'Alexandre.

La découverte des centaures.

Les cartes de Tarot avec pour finalité le nom Alexandre trouvé et plusieurs autres noms associés.

Régis, le père d'Eugène voue une haine contre les centaures et il est le père biologique d'Ambre.

Alexandre transperce le corps de Régis.

Moi qui me retrouve enfermée après avoir inhalé un somnifère.

Alexandre était-il donc le grand méchant de cette histoire ? Était-ce ce que les cartes magiques voulaient me révéler ?

« Ambre ? »

Je lâchai un cri de surprise. Une voix dans ma tête. J'avais oublié que je pouvais sentir les liens avec les autres centaures d'Adonis. Avec espoir, je me concentrai sur mon mari et pus entendre un murmure soulagé.

« Où es-tu ?

Dans une prison, enfermée entre quatre murs, mais je vais bien. Et toi ? »

Malheureusement, je n'obtins pas de réponse. Paniquée, je tentai de lui parler encore et encore par télépathie. Je devais être ridicule les yeux fermés avec les poings serrés. Mes phalanges blanchissaient à vue d'oeil, mais je voulais absolument le recontacter.

Soudain, des claquements de chaussures se firent entendre dans le couloir. Étonnée, je me mis debout et attendis qu'on me libère.

« Tu es réveillée, dit Alexandre simplement.

– Depuis une heure au moins. Qu'est-ce que je fais là ? Où sont Adonis et Eugène ? demandai-je en croisant les bras.

– Tellement de questions... Tu n'étais pas comme cela avant ton accident. Tu étais plus posée, plus calme, plus soumise, souffla-t-il avec un sourire carnassier.

– Mais je ne le suis plus, alors où sont-ils ? Pourquoi fais-tu tout ça ? Avoir tué Régis t'a apporté quoi au final ? » exigeai-je, mais il se contenta de rire avant d'ordonner l'ouverture des grilles.

Alexandre me tira par le bras pour m'emmener dehors. Même si sa prise était ferme, il ne me faisait pas mal. Je le suivis docilement. Il ne manquerait plus qu'il me tue sous la colère. Je ne pouvais pas risquer la vie d'Onyx et d'Adonis.

Nous descendîmes des escaliers avant d'arriver dans une grande salle pavée de pierres grises. Malgré le feu allumé dans la cheminée, le froid me fit frissonner. J'aperçus Adonis et les autres centaures dans un coin avec des chaînes aux mains et pieds. Onyx était aussi là, emprisonné.

Les lèvres pincées, je ne pus m'empêcher de penser qu'on n'avait pas de chance. Nous étions tous réunis, mais la suite des événements pouvait se terminer tragiquement. Mon frère secoua doucement la tête, signe qu'il ne savait pas non plus quoi faire. Je soupirai avant de me faire emmener jusqu'aux humains. Un groupe aux regards apeurés. En me rapprochant d'eux, je vis des visages familiers.

« Élisabeth ! »

Mon exclamation fit sursauter la jeune femme. Ses cheveux dorés étaient défaits, son apparence ne révélait pas d'une princesse, mais elle gardait cette allure implacable de digne héritière. Je fus surprise de trouver dans ses bras, un bébé qui lui tirait une mèche de cheveux.

Avec un sourire joyeux, je me penchai vers le petit être alors que la jeune mère laissa des larmes couler sur ses joues. Son regard était rivé vers Alexandre. Quand je me retournais vers son mari, il avait déjà le dos tourné et braillait des ordres à ses hommes de main.

La mâchoire contractée, je compris qu'Élisabeth s'était trompée sur le véritable caractère de son mari. Il n'était qu'un homme plein de vices.

« Que s'est-il passé Élisabeth ? Il n'était pas comme ça quand je suis partie...

– Il... Il est devenu de plus en plus distant. Froid. Un jour, je, je l'ai trouvé avec une putain et il m'a juste crié dessus, souffla-t-elle tout en redoublant ses pleurs.

– Donc c'est après la naissance des enfants qu'il est devenu comme ça ? demandai-je doucement.

– N-non... Il lui arrivait d'être froid avant aussi. Mais jamais il ne m'avait insulté de la sorte.

– Alors il a toujours été comme ça... »

Je le regardai de loin. Les humains n'étaient pas attachés. Nous n'étions pas de vraies menaces après tout. Mais Alexandre avait négligé le fait que les centaures pouvaient communiquer par télépathie. Le savait-il seulement ? Adonis devait avoir envoyé des hommes vers notre lieu.

« Bien, maintenant que tout le monde est là, nous allons pouvoir commencer ! »

Il cria tout en se tournant vers les centaures puis vers les humains. Son sourire jusqu'aux oreilles me donnait des frissons. Qu'avait-il prévu de faire ? Avec inquiétude, je regardai Onyx. Celui-ci me fixa aussi, mais ses lèvres pincées montraient qu'il était contrarié.

Il fallait gagner du temps. Pourquoi ? Aucune idée, mais du moment qu'ils ne nous tuaient pas à l'instant, c'était un plus pour trouver un moyen de s'échapper.

« Alexandre ! Arrête cette folie ! »

Ma voix le laissa avec un sourire en coin. Le coeur battant, j'attendis qu'il réponde, qu'il explique, qu'il nous informe de son action prochaine. C'était presque toujours ainsi dans les films. Le méchant de l'histoire racontait son plan machiavélique avant de se faire jeter en prison ou tuer.

« Pourquoi sommes-nous réunis ? s'éleva la voix d'Adonis.

– Je t'interdis de parler, gronda Alexandre avec un regard envenimé.

– Mais il a raison ! Pourquoi fais-tu tout cela ? envoyai-je à mon tour.

– C'est simple. Les centaures vont devenir nos esclaves. »

Un silence pesant où le sifflement du vent s'infiltrait entre les murs de roches. Je frissonnai malgré moi. Le froid et la peur me gagnant.

Alexandre ordonna à ses hommes de donner une boisson aux centaures. Ceux-ci grognèrent avant de se faire battre. Après plusieurs coups, ils tombèrent dans l'inconscience. C'était à ce moment-là plus simple pour les hommes de leur forcer à boire le breuvage.

Adonis essayait tant bien que mal de casser les chaînes, mais il n'arrivait qu'à s'ouvrir un peu plus les poignets et chevilles. Sa douleur se répercuta sur moi. Des larmes s'écoulèrent alors que je tentais de m'approcher de lui, mais les gardes humains ne me laissaient pas m'en aller vers mon mari blessé.

« J'ai mis plus de cinq années pour finir ce que mon père avait commencé. Un breuvage qui permettait à ces bêtes de rester tranquilles. Un breuvage magique qui les force à m'obéir en tout temps. »

Les yeux agrandis par la peur, je fixai les hommes donner à Onyx la boisson. Allongé à terre et inconscient, il ne pouvait pas se débattre pour leur résister. Adélaïde fut la prochaine. Je pinçai des lèvres en essayant de réfléchir, mais rien ne venait. Aucune solution.

J'étais faible, et je le voyais bien.

Adonis croisa mon regard apeuré. Je ne pouvais toujours pas le joindre par le lien. C'était comme si quelque chose nous en empêchait. J'étais presque sûre que c'était l'oeuvre d'Alexandre. Mais si mon mari n'arrivait pas à communiquer avec moi, avait-il pu appeler des renforts ? Le doute s'installa dans mon esprit. La situation était plus désespérée que je ne le pensais.

Après quelques minutes, tous les centaures eurent leur dose de breuvage hypnotisant. Si Alexandre avait réussi à faire cette boisson, il devait bien y avoir un antidote caché.

« Qu'est-ce que ça t'apporte d'avoir des esclaves centaures ?! hurlai-je vers Alexandre.

– Tu ne sais vraiment pas ? demanda-t-il en levant un sourcil. Toi qui étais toujours la plus studieuse, je suis surprise de voir que ton intelligence s'est dégradée quand tu t'es mariée avec ce centaure... »

J'encaissai l'insulte et lui envoyai un regard colérique. Les sanglots d'Élisabeth derrière moi s'accentuèrent. Les femmes autour d'elle tentèrent de la calmer, elle et l'enfant.

« Mon père a chassé les centaures toute sa vie, mais dès qu'il pouvait, certains restaient captifs. Grâce aux livres, il réussit à mettre en pratique le breuvage. Un liquide qui permettait l'obéissance des centaures. Mais il n'avait pas réussi jusqu'à ce que je trouve sa cachette et continue son dessein. J'ai continué ce que mon père avait commencé. J'ai entrepris de réaliser son but. Et enfin tu vas pouvoir admirer notre accomplissement. »

Son rire se répercuta sur les parois rocheuses. Je grimaçai avant de me tourner vers le premier centaure qui se relevait. Alexandre lui donna l'ordre de se battre contre un autre centaure toujours endormi et celui-ci s'exécuta.

Une main devant ma bouche, je regardai la scène au ralenti. Il l'avait écrasé de ses sabots comme s'il n'était rien. Mes larmes glacées teintèrent mes joues quand le lien se déchira. Je m'écroulai en sentant dans mon coeur la mort du centaure à terre.

« Tu n'es qu'un monstre Alexandre ! » criai-je en me jetant vers lui, mais les bras des gardes m'empêchaient d'aller plus loin que quelques mètres.

Je voulais le tuer. Tellement le faire souffrir.

Soudain, une lame vint le frapper derrière sa tête. Face à moi, je ne vis qu'après que l'homme qui l'avait assené un coup était Eugène. Abasourdie, je regardai dans la foule d'humains et remarquai son absence. Comment avait-il réussi à déjouer la garde pour aller aussi près d'Alexandre ?

Malheureusement, le coup d'Eugène avait été arrêté par une lame. Alexandre avait paré l'attaque. Ils étaient face à face avec chacun une épée à la main. Le souffle coupé, je les observai se tourner autour. Mon faux frère Alexandre avait ordonné à ses hommes de rester en retrait. Eugène quant à lui avait un regard concentré et imperturbable.

Je priai les Moires pour qu'il ne meure pas. Il ne manquerait plus qu'il soit le héros de l'histoire et que nous faillissions à notre mission. Nous devions le protéger, le garder en vie pour que l'histoire continue après notre départ. Nous devions changer son destin en particulier. Mais n'était-ce pas déjà ce que j'avais fait ? Je lui avais insufflé l'envie de se détacher de son père pour voler correctement. Je lui avais fait comprendre avec quelques mots qu'il ne devait pas rester dans l'ombre. Il avait réussi après cela à trouver la motivation pour se battre contre son père.

Que devions-nous faire de plus ?

Un cri épouvanté me tira de mes pensées. La lame d'Eugène avait transpercé le ventre d'Alexandre. Celui-ci à genoux, n'arrivait plus à bouger. Le vainqueur essoufflé recula de quelques pas avant de s'écrouler à terre. Bon sang, le combat avait à peine duré plus de cinq minutes qu'il y avait déjà un mort...

Les hommes d'Alexandre avaient assisté aussi à la scène et ne savaient plus quoi faire. Alors les rescapés s'échappèrent de leur emprise et sortirent de la cour dans laquelle nous étions emprisonnés. Les pleurs se mêlèrent au soulagement. Je les laissai s'en aller et assénai des coups aux gardes chamboulés.

Je fixai avec surprise Eugène encore au sol.

« Tu vas bien ? »

Il se contenta d'hocher la tête en fermant les yeux.

« Comment as-tu fait pour arriver jusqu'à Alexandre ? demandai-je curieuse.

– X... Après que tu te sois évanouie, X m'a caché derrière des roches de la grotte. Alexandre est parti avec toi tandis que les gardes ont pointé leurs armes en direction des centaures. Vot-Ton mari les a suivis docilement pour éviter que tu ne sois attaqué. De là, je suis sorti et ai couru sur la piste que X plaçait. Il m'avait dit de suivre les cailloux et c'est ce que j'ai fait jusqu'à me retrouver ici. »

Je souris avant de l'aider à se relever. Le petit Poucet était bien arrivé, mais il aurait été mieux qu'il arrive plus tôt. Les centaures avaient bu le breuvage et un être était mort. Eugène s'excusa en voyant mon regard sur le corps ensanglanté de l'homme écrasé sous les coups de sabot.

« J'ai envoyé un message vers ton château. Du renfort devrait arriver bientôt. Nous trouverons un moyen Ambre. »

Je continuai de fixer avec tristesse les centaures. Ils étaient tous éveillés et regardaient droit devant eux. Je me plaçai devant Adonis qui était sous forme humaine en espérant qu'il me reconnaisse. Ma caresse sur sa joue ne lui fit rien. Son nom chuchoté avec désespoir ne lui fit rien. Mon front contre son coeur battant ne lui fit rien.

J'espérai qu'on trouverait un moyen de les ramener à leur état normal.

C'est trop rapide comme fin ? :/ Sincèrement, je ne sais pas comment finir l'histoire donc voilà ce que j'ai réussi à écrire pendant la journée. Peut-être que je changerai ce chapitre dans quelques mois, mais pour l'instant je suis bloquée...

Ce n'est pas le dernier chapitre ! Il doit en rester encore un ou deux avant la vraie fin de cette histoire ;)

Et désolée pour l'attente !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top