Chapitre 27 - Lettres et Révélations

Dans le chapitre précédent :

Je me tournai vers lui et mon sourire s'envola quand j'aperçus son visage concentré sur Adélaïde. Ils étaient séparés par au moins trois mètres, mais la jeune femme aussi regardait dans les yeux d'Onyx. Quelque chose d'étrange se passait. Je ne comprenais pas quoi, mais c'était intense entre eux deux.

« X... Ton frère a trouvé sa yinéka. »

Les mots d'Adonis dans mon esprit me firent l'effet d'une gifle. Onyx et Adélaïde étaient amants. Je ne savais pas si je devais être heureuse ou non, car à leurs expressions, ils semblaient sur le point de se battre. J'avais l'impression qu'Adélaïde tentait de combattre son attirance pour lui. C'était normal étant donné qu'ils sont censés être ennemis. Je devais expliquer à la jeune centauresse que cet X n'était pas le même que dans ses souvenirs.

Je vis Nomos ainsi que Régis qui crachait des impolitesses dans sa barbe sortir de la salle pour nous laisser entre nous. Pendant plusieurs minutes, je racontais qui j'étais et qui était Onyx. Et personne ne nous interrompit. Les Moires aussi restaient muettes face à mes vérités prononcées.

***


Après avoir révélé que j'étais dans une simple passagère dans le corps d'Ambre, un silence glacial régna dans la salle. Je n'osai plus rien dire et attendis en me pinçant les lèvres.

Les regards voyageaient entre moi et Onyx. Des regards surpris. Je vis que le guerrier qu'Onyx avait à ses côtés ne semblait pas étonné par ma révélation, donc mon frère lui avait déjà dit la vérité. Après un soupir de soulagement, j'avançai vers Onyx, et avec joie il me prit dans ses bras tout en me portant à plusieurs mètres du sol. Sa nature de centaure était amusante. Je ris et nos fronts reposèrent l'un sur l'autre. Il n'avait pas changé.

Ses yeux étaient aussi bleus qu'avant. Et ses longs cheveux blonds étaient longs. Il avait toujours préféré le crâne presque rasé que ces trucs qui le gênaient, avait-il dit une fois.

« Contente de te revoir, soufflai-je.

– Moi aussi, p'tite sœur, moi aussi. »

Nous restâmes un instant ainsi avant qu'il ne me dépose à terre. J'essuyai les quelques larmes qui s'étaient échappées de mes yeux et souris encore. Mes joues avaient mal à force, mais je restai avec cette joie plaqué sur le visage.

« Vous êtes réellement frère et sœur... dit-il Amédé plus comme une affirmation.

– Oui. Je suis désolée de n'avoir rien dit sur moi jusqu'à maintenant. Je ne savais pas si j'en avais le droit, mais apparemment, je peux le dire, dis-je en souriant doucement.

Écarte-toi de lui, Ambre, » gronda Adonis dans mon esprit.

Étonnée, je le fixais ne comprenant pas son ton énervé, mais fis ce qu'il me demandait. Soudain, il arriva derrière moi et resta là. Je me tendis un instant en sentant son souffle dans mon cou. Puis me calmai progressivement.

« Impressionnant, » entendis-je le Duc dire.

Je l'avais presque oublié. Il n'avait pas changé non plus depuis la première fois que je l'avais vu. Ses cheveux bruns légèrement ondulés lui tombèrent sur le front en accentuant ses yeux ébahis.

« Je ne comprends pas ce que vous faîtes là... demandai-je en regardant lui et Onyx.

– J'ai trouvé Eugène non loin de mon royaume. Il était venu pour trouver de l'aide, m'informa mon frère.

– Et ce serait pour cela que vous vouliez voir Adonis avec les autres plus hauts gradés. Mais vous souhaitiez de l'aide pour quoi ?

– Plusieurs de mes centaures ont été enlevés. Au début, j'avais soupçonné Eugène, mais il n'est pas impliqué dans ces kidnappings, exposa Onyx.

– Donc quelqu'un enlèverait tes centaures ? Mais je ne vois pas pourquoi vous l'aidez ? dis-je en me tournant vers le Duc.

– X m'a sauvé la vie, avoua Eugène avec un sourire, c'était, il semblerait, une raison suffisante pour lui.

– Je vois, donc vous l'aidez à présent... »

Un immense bâillement s'échappa de ma bouche. Sans que je sache pourquoi mes paupières se fermèrent malgré Adonis qui m'appelait.

Je me retrouvai devant les quelques cartes encore restantes. Le Fou, le Pendu, le Chariot et la Force. Un soupir s'échappa de mes lèvres en fixant les visages dessinés sur les cartes comme si elle me montrerait la réponse. Je pris la plume volante et écrivis Adonis sous le Fou, car il m'avait enfermée. C'était la meilleure excuse que je trouvais, et j'étais toujours un peu en colère contre lui. Avec étonnement, la carte disparut.

La main en l'air, un sourire illumina mon visage. J'avais raison ! Je continuai ma réflexion et écrivis Adélaïde sous la carte du Pendu et celle-ci disparut aussi. Au comble de la joie, j'inscrivis Onyx sous la carte du Chariot, mais celle-ci resta présente sous mes yeux. Je grognai de mécontentement avant d'écrire le nom de mon frère sous la carte Force. Mais celle-ci resta en place.

« Quel nom je n'ai pas encore mis ? »

Je passai en revue les différentes personnes que j'avais croisées. Pour les guerriers et les amies d'Emeline, je ne connaissais pas leurs noms. Aujourd'hui, je n'avais parlé qu'à Amédé, Adonis, Onyx et Eugène...

Je me précipitai pour écrire le nom d'Eugène sous la carte de la Force et celle-ci disparut. Je tentai X sous la dernière carte restante et c'était le bon nom.

« Hey ! Onyx est mon frère, pas X ! Le vrai X est mort, je vous signale et... »

J'arrêtai de me plaindre dans le vide pour rester ahurie. Des lettres majuscules étaient apparues sur la table en marbre blanc et elles étaient déplaçables. Comme pour un Scrabble, je devais sûrement trouver un mot ou une phrase vu leur nombre.

J L A E R A C A X N P H E A M A C G B M M D M (NDA : Les lettres ont été changées, je l'explique dans le segment Les Cartess)

Je lis les lettres à voix haute, et tentai des combinaisons, mais rien n'y fit. Soudain, la salle blanche devint plus sombre et je sus que c'était le temps de mon départ. Je fis au mieux pour graver les lettres romaines dans ma mémoire.

Je me réveillai dans une chambre inconnue. En regardant autour de moi, je vis Adélaïde. La jeune femme avait les bras croisés et était tournée vers la grande fenêtre de la pièce.

« Adélaïde, quel sacrifice as-tu fait pour venir auprès d'Adonis ?

– J'ai seulement fait un choix, murmura la jeune femme qui fixait le sol, plongée dans ses souvenirs.

– Un choix qui t'a amené ici.

– Oui, souffla-t-elle en me regardant de ses yeux gris. J'ai été élevée par des chasseurs. Il s'est avéré que j'étais plus encline à chasser qu'à me marier docilement. »

Son rire sans humour m'attrista. Il était clair qu'en tant que femme, elle devait se marier et porter les enfants de son mari. Heureusement, elle ne l'avait pas fait, sinon elle serait avec un homme qui n'aurait pas été son Aner. D'après ce que j'avais compris, c'était l'équivalent de la notion d'âme-sœur.

« Je m'enfuis pour éviter ce jour, continua-t-elle son histoire. Je me cachai dans la forêt qui était si douce et sage en ma présence. Mais un jour, alors que je chassais le gibier, je rencontrais deux centaures. Ils... ils essayèrent de me violer, mais je réussis à les tuer avec mes flèches. Des flèches empoisonnées qui immobilisaient les centaures avec rapidité. Alors que je parcourais la forêt, je tombai dans un puits profond que je n'avais pas vu avant.

– Et Adonis t'as sauvé, depuis tu restes à ses côtés. »

Elle hocha la tête. Je soupirai avant de me relever. La jeune femme me laissa faire. Elle était en réalité encore dans ses souvenirs. Tout devenait plus compliqué. Je comprenais maintenant pourquoi elle ne se transformait pas en centaure. Elle devait sûrement détester ce qu'elle était. Et Onyx arrivait dans le lot de ses problèmes. Je connaissais mon frère, il serait calme et patient, mais avec un ennemi qui enlevait les centaures, Onyx ferait tout pour protéger Adélaïde. Ce qui pourrait déplaire à la jeune femme.

Soudain, la porte s'ouvrit sur un Adonis inquiet. Je lui intimai que je me sentais bien et que ce ne fût qu'une fatigue passagère. Il me prit tout de même dans ses bras malgré Onyx et son garde non loin de nous. Je lui souris et racontai qu'il fallait déchiffrer une énigme.

Je réécrivais les lettres en majuscules et les montrais aux hommes.

Adélaïde et Onyx ne semblaient pas très proches malgré les regards de la jeune femme sur mon frère. Sa peur pour les centaures ou en tous cas, les hommes sous la forme de centaures la mettaient sur ses gardes, à part si ces regards trahissaient un quelconque intérêt...

« Une phrase ?

– Aucune idée. Ça pourrait être un nom aussi. Zircon était avec moi pour m'aider, mais là j'avoue que je suis perdue avec toutes ces lettres. Et toi, tu n'es pas le plus doué aux énigmes, envoyai-je à Onyx.

– Merci, » me répondit-il, vexé tandis que j'éclatai de rire.

Je me levai et pris un bain tout en laissant Onyx et Adélaïde sortir de la chambre. Il ne restait plus que moi et Adonis, qui me fixait alors que je me lavais. Soudain, il vint près de la baignoire et prit l'éponge. Il commença à me laver et je le laissai faire. Ses gestes étaient doux et lents, de quoi faire augmenter mon désir.

Je ne pus arrêter le gémissement quand il lava plus bas. Je répétai son nom comme un chant tandis qu'il continua son supplice. Avant de crier mon extase, je l'embrassai pour étouffer mes gémissements. Il grogna contre ma bouche, satisfait par mon engouement.

Nous nous relâchâmes enfin après plusieurs minutes et je sortis de la baignoire pour m'habiller rapidement.

« Adonis, qu'as-tu réellement vu dans la forêt ? Est-ce qu'Onyx a planté un couteau ou autre chose dans le corps de l'ourse ?

– Il n'avait pas d'armes sur lui... L'ourse, tu l'as appelée Agathe. Est-ce l'Agathe dont Zircon voulait me parler ?

– Oui, je t'ai dit que l'on voyageait par paire. Moi avec Onyx mon frère biologique, et Zircon avec Agathe sa meilleure amie.

– Mais sa meilleure amie était une ourse ? demanda-t-il, surpris.

– Apparemment. Je ne connaissais pas Zircon avant de le rencontrer ici. »

Je n'avais pas détaillé le fait que nous allions dans d'autres mondes aussi donc je ne pouvais certainement pas dire qu'elle était humaine sur Terre, notre Terre. Cela aurait tout compliqué.

« Alors comment est-elle morte si Onyx ne l'a pas tué ? »

La question douloureuse resta sans réponse. Nous sortîmes de la chambre et allâmes vers la salle à manger où normalement, seules certaines personnes prenaient de la nourriture avant de s'en aller rapidement. Là, tout notre groupe, à savoir Onyx, Eugène, Adonis et moi étions dans la pièce. Le duc commença son histoire après le fameux bal de notre première rencontre.

« Après le bal, j'ai repensé à vos mots, et vous aviez raison, dit-il avec un sourire reconnaissant. Je l'ai trouvé et me suis marié. Bien sûr, Père refusait ce mariage. Je réussis néanmoins et le bannis de ma seigneurie. Plusieurs de mes hommes le suivaient à bonne distance, mais une semaine plus tard, il devint introuvable. Je ne m'en étais pas inquiété plus que cela, et ce fut mon erreur... Père détestait les centaures, je le savais, mais je n'aurais jamais pensé qu'il serait allé voir Alexandre, votre frère Ambre, je veux dire de la véritable Ambre... Depuis des semaines, ils avaient prévu de les tuer. Tous. En tous cas, c'était l'idée dont il m'avait fait part avant que je ne le bannisse. »

Eugène secoua la tête d'un air désolé tandis que je restai horrifiée par cet acte. Son père semblait assez dominant, mais je n'aurais jamais imaginé qu'il pensait une telle chose. Adonis mit une main sur mon épaule pour effacer la tension, puis je recommençai à manger le pain. Mais la saveur n'était plus la même.

« Je suis arrivé devant leur château et comme je l'avais fait pour vous, dit Onyx en se tournant vers mon mari. J'avais envoyé une missive pour nous rencontrer. Certains de mes centaures ont disparu. Des traces de bataille sont visibles aux endroits des enlèvements... Un des hommes m'a révélé que le père d'Eugène nous haïssait. Donc je suis venu pour simplement discuter avec Eugène et son père. Et là, Eugène m'a avoué que son père était introuvable. Je n'ai senti aucun de mes centaures chez lui, donc ce n'est pas lui qui les a enlevés.

– Tu soupçonnes le Père ? demandai-je à Onyx, mais c'est le duc qui me répondit.

– C'est bien possible... Nous avons été attaqués une journée après l'arrivée d'Onyx. Mon cher ami les a repoussés et poursuivis jusqu'à leur lieu de repli.

– Mais j'ai continué d'attaquer et ils se sont réfugiés dans leur château, précisa mon frère.

– Le château d'Alexandre, soufflai-je.

– Exact ! Mais il y avait d'autres centaures présents. Je ne savais pas s'ils étaient des ennemis ou pas, donc j'ai tenté de discuter. Celui qui les commandait a écouté ma version des faits. J'ai réussi à le convaincre de partir avec les innocents, femmes et enfants et autres hommes dont il pensait ne pas être contre les centaures. Bien sûr, le gars a hésité, mais il a fait ce que je lui ai demandé.

– Le père d'Eugène était là ?

– Je ne l'ai pas vu, dit Onyx en secouant la tête.

– Et Alexandre ? Tu l'as tué ?

– Peut-être, avoua-t-il nonchalamment en haussant des épaules tout en finissant sa pomme.

– T'es vraiment impossible, soufflai-je, exaspérée.

– Bah, ça fait plus de vingt ans qu'on est ensemble, donc je pense que je suis assez supportable.

– Ne commence pas à être arrogant tu veux bien, dis-je en me massant le front.

– Je ne sais pas si ton Alexandre est impliqué dans tout ça, mais il y a eu un quiproquo avec les autres centaures et ça s'est un peu envenimé. Il y a eu des morts des deux côtés et j'en suis navré, dit Onyx en direction de mon mari qui serrait la mâchoire. Je n'ai pas pu savoir si Alexandre était là ou pas. J'ai dû partir en vitesse. Si cette attaque était un leurre, alors mes centaures étaient peut-être en danger. Je suis reparti dans mon royaume. De là, j'ai attendu quelques jours – le temps que les rescapés arrivent ici – mais il semblerait que je sois venu trop tôt.

– Vous ne nous soupçonnez pas pour ces enlèvements ? demanda Adonis, étonné.

– Cela fait six années que je reste en retrait de votre royaume. Je ne cherche pas le conflit comme le véritable X. Je protège mes centaures et cela me suffit. Cependant, je me dis que j'aurais dû venir plus tôt ici, souffla-t-il en repensant sûrement à Adélaïde.

– Pour résumé, le père d'Eugène est un psychopathe qui veut tuer tous les centaures, et on ne sait toujours pas où il est et qui sont ces complices s'il en a, exposai-je en me levant la chaise. Mais comment est morte Agathe ?

– Ouais, c'est ça. Pour Agathe, je ne sais pas. Elle était déjà dans cet état quand nous sommes arrivés. Elle avait déjà perdu trop de sangs Ambre, même si j'avais colmaté la blessure, elle allait mourir.

– Oui, je sais, dis-je tristement tandis qu'Adonis pressa mon dos contre son torse.

– Et Eugène est le héros, affirma Onyx.

– Euh non, c'est Adonis le héros. »

Je levais mon visage aussi haut qu'il le pouvait pour regarder Onyx dans les yeux. Sous forme de centaure, il était vraiment grand. Je croisai les bras tandis qu'il fit de même.

« On verra...

– Ambre, je pense qu'un héros et que l'amant sont deux différentes personnes, » souffla Onyx pour me faire entendre raison.

Et comme toujours, je le croyais. Malheureusement pour moi, il avait souvent raison. Adonis alla poser une question, mais il referma sa bouche.

« Emeline et Léandre sont introuvables. »

J'ouvris grands les yeux, avant de me précipiter dehors avec les autres centaures. Je ne pouvais pas les laisser mourir.

Alors les lettres, à vous de trouver ! Je peux vous donner un petit indice, c'est comme un Scrabble, pas besoin d'utiliser toutes les lettres présentes ;)

Sinon, j'espère que tout est clair dans les explications des hommes !

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top