Chapitre 19 - Le regard de l'ourse et le corps de cheval

(Chapitre non relu)

Dans le chapitre précédent :

« Laisse, il se calmera tout seul.

– Quoi ? Mais tu t'entends parler ? Si ce n'était pas un caprice et qu'il n'aimait réellement pas la viande, pourquoi l'obliger à manger ? Pourquoi le punis-tu ainsi ?

– Une punition ? Manger de la viande serait une punition pour toi ? demanda-t-il étonné, ne comprenant pas ma colère.

– Oui, ça l'est. Il avait peur que tu te fâches s'il te le disait. Pense un peu à combien de temps il cache ce secret pour te satisfaire. Combien de temps il s'est sacrifié seul dans son coin... Pour toi, ce n'est qu'un caprice, mais pour lui c'est plus que ça. Il se sacrifie pour la tradition et surtout pour toi le grand guerrier. Je... Je ne sais même pas pourquoi je te parle encore. Tu vois, c'est ce genre de réaction qui me dégoûte plus que ton apparence Adonis. »

Après ce discours larmoyant, je me précipitai dehors pour essayer de retrouver Léandre. J'allais dans ma chambre, puis errai dans des couloirs. Bientôt, d'autres personnes vinrent à la recherche du petit Léandre. Personne n'arrivait à le trouver alors qu'ils avaient le pouvoir de télépathie.

De plus en plus inquiète, le soleil se couchait et nous n'avions toujours pas de nouvelles de Léandre. Adonis conclut qu'il était dans la forêt. Seul.

Adonis fit des groupes de recherche. Bien sûr, je me portai volontaire pour y aller alors que mon mari ne voulait pas. Je ne l'écoutai pas et me munis d'une lampe pour m'enfoncer dans la forêt sombre et inquiétante.

***

La nuit commençait à tomber rapidement. La torche lumineuse grésillait sous la dangerosité de la forêt. Comme si elle voulait s'éteindre face à tant de noirceur. Je marchai à travers les bois depuis plusieurs heures maintenant. Mes talons me faisaient mal à force de piétiner la terre inégale. Je pouvais entendre des sabots et des hennissements dans l'air. Adonis avait dû rapatrier bon nombre de personnes pour cette recherche. Même si je pensais que c'était trop. Je savais que Léandre allait bien, après tout il connaissait les rudiments de la bataille et pouvait toujours s'enfuir s'il affrontait plus fort que lui. C'était un enfant plein de ressources.

Après quelques minutes, je m'arrêtai près d'un cours d'eau et me penchai pour boire. Les hululements des hiboux me firent sursauter de temps à autre. J'avertis le garde qui me suivait que je resterais assise parce que j'étais trop épuisée. Pour prouver mes dires, j'enlevai mes sandales et plongeai mes pieds dans l'eau fraîche. Je soupirai d'aise. Le garde resta quelques minutes immobile derrière moi, puis je lui dis qu'il valait mieux qu'il parte à la recherche de Léandre plutôt que de me surveiller.

Il haussa un sourcil pour montrer son mécontentement, mais hocha la tête avant de s'en aller. Je soupirai de soulagement cette fois-ci et attendis quelques secondes avant de me chausser de nouveau. Je m'étais enfin débarrassée de mon garde. Maintenant, j'étais plus à l'aise pour me promener sans ressentir la lourdeur de son regard dans mon dos. Être constamment surveillée était agaçant.

Je repartis dans ma quête et commençai à crier son nom.

« Léandre ! Où es-tu ?! »

Mes yeux s'agrandirent sous la peur, puis redevinrent vides d'émotions quand je vis la scène. Léandre était assis sur les genoux d'un ours. Un véritable ours de plus de deux mètres était en train de garder dans ses bras l'enfant. Je vidais toutes mes émotions néfastes telles que la peur, car je savais que l'animal pouvait les sentir.

« Léandre, tu vas bien ? demandai-je au petit, sans quitter l'ours des yeux.

– O-oui, maman.

– Tu n'es pas blessé ?

– Non, dit-il en secouant la tête.

– Viens par ici, on doit rentrer, » soufflai-je en ne quittant pas le regard de l'animal sauvage.

Léandre hocha la tête et vint me rejoindre. Heureusement, l'ours brun n'opposa aucune résistance et le laissa s'échapper, ce qui était étrange. Quand un animal sauvage avait une proie, il la gardait. Je pris avec ferveur Léandre dans mes bras avec un soulagement immense.

« Qui est cet ours ? demanda la jeune femme, intriguée. Il ne t'a pas fait de mal ?

– Non, elle est gentille. Elle ne m'a pas mangé comme l'avait dit Père.

– Oui, il semble très gentil, annonçai-je avec une pointe de méfiance.

– Elle ! C'est une fille, me rectifia Léandre.

– Comment le sais-tu ?

– Parce que je peux le sentir. »

Après sa révélation, Léandre était se mordit les lèvres, gêné. Il avait répété les paroles qu'il n'était pas censé dire. Comme la dernière fois avec son père, il avait dit qu'il sentait. Cela confirmait le fait que non seulement leur ouïe était plus développée, mais leur odorat aussi. Soudain, l'ourse grogna, attirant mon attention. Je la fixai, mes yeux ambrés plongeaient dans les siens. Son regard était étrange. Comme s'il m'envoyait des émotions. Alors que l'ourse se retourna à sa vie d'animal solitaire, je l'interpelai.

« Attends ! »

Avec surprise, l'ourse s'arrêta. Elle se tourna vers moi puis pencha la tête en signe d'interrogation.

« Je m'appelle Ambre. Et toi tu es une ourse ? » demandai-je.

Je sentis Léandre resserrai son étreinte sur ma robe, mais l'ignorai. Comme je l'espérai secrètement, l'animal hocha la tête. Mon visage s'illumina d'un sourire.

« Es-tu Agathe ? » questionnai-je doucement.

Le regard de l'ourse reflétait la joie tandis qu'elle hocha la tête. L'animal s'approcha de moi, mais Léandre chuchota qu'ils arrivaient. Je regardai en direction du château où les flammes rouges illuminaient les tours. Quand j'observais de nouveau Agathe, elle semblait triste.

« Je reviendrais demain, » soufflai-je, avant de courir vers le château.

Je n'en revenais pas tandis qu'Adonis prit son fils dans ses bras. Agathe était une ourse. C'était pour cela que Zircon ne voulait pas me l'avouer tout de suite. Le connaissant, il voulait faire durer le suspense de la rencontre jusqu'à la fin. Je souris, mais revins vite dans la situation actuelle quand j'entendis Adonis hausser la voix sur son fils. Je savais qu'il avait été inquiet, mais lui crier dessus n'aurait pas changé la donne.

« C'est bon, arrête, il a compris que ce n'était pas bien de sortir du château comme ça. Il a déjà assez peur comme ça, » rouspétai-je en prenant la main de Léandre.

J'envoyai un dernier regard menaçant à mon mari quand il voulut parler de nouveau. Il referma sa bouche et me laissa partir avec son fils vers sa chambre. Enfin, je supposais qu'on allait dans sa chambre à coucher. Je me laissai conduire par le petit bonhomme qui n'avait pas prononcé un mot depuis qu'on était rentré au château.

« Ne fais pas attention à ce qu'a dit ton père, mais ne refais plus jamais ça, dis-je avec sérieux en me mettant à son niveau. J'étais très inquiète, comme tout le monde au château. »

Léandre acquiesça tout en retenant ses larmes. Ses yeux bouffis montraient à quel point il était fatigué. Je recommençai à marcher jusqu'à sa chambre. Je restais dans son immense lit avec lui. Il se colla à moi, mais n'arrivait pas à dormir. Alors je lui racontai l'histoire des trois petits cochons, puis j'enchaînai avec des Fables de La Fontaine. Malgré son envie d'écouter les récits racontés, ses paupières devinrent lourdes. Sa respiration se stabilisa et je pus enfin soupirer de soulagement. Je caressai son visage rond puis déposa un baiser sur ses cheveux. Heureusement que ce fut Agathe qui l'eut trouvé. Sinon, sa fugue aurait été plus désastreuse. Épuisée, je m'endormis peu après.

Cette fois-ci, il n'y eut pas d'aller-retour dans la salle blanche. Je me réveillai sous les rayons du soleil qui passait à travers la fenêtre de la chambre d'enfant.

« Maman ! Tu es réveillée ? demanda Léandre en remontant sur le lit tout en me regardant avec de grands yeux.

– Maintenant, oui, murmurai-je en riant. Tu t'es déjà lavé à ce que je vois.

– Oui ! Père m'a dit de ne pas te réveiller pendant que je me lavais, annonça-t-il avec un sourire.

– Ah oui ? Et c'est lui qui t'a fait le bain ? »

Léandre hocha la tête, puis je m'assis et fus surprise de trouver Adonis debout au bout du lit. Son regard me transperça tandis que mes yeux s'agrandirent.

« Que fais-tu là ?

– Je suis venir voir mon fils. »

Je regardai tour à tour le père et le fils. Léandre souriait et Adonis portait toujours son masque.

« D'accord... Il faut que je passe par notre chambre pour me douch... pour prendre un bain. »

Adonis hocha la tête tandis que je me levais. La tête baissée vers le petit, je l'observai mettre sa main dans celle plus grande de son père puis s'en aller. Je les suivis ne souhaitant pas me perdre. Apparemment, Léandre avait réglé ses différends avec son père. Adonis parla avec une femme puis l'enfant partit avec elle. Je me retrouvais à marcher aux côtés de mon mari.

En silence, je rentrai dans la chambre et vis la baignoire déjà remplie d'eau chaude. Je me déshabillai et me glissai sous le liquide vaporeux. Un soupir de plaisir sortit de ma bouche. Mes muscles se détendirent et je commençai à me laver. Cependant, j'avais oublié l'homme qui était dans la même pièce que moi. J'avais tellement envie de prendre un bain que je me mettais mis à nu devant lui.

Adonis s'avança vers moi et pris mes longs cheveux blonds. Il commença à les tremper puis me massa la tête avec délicatesse. J'essayai de me savonner tout en gardant une respiration constante. Mais c'était un travail difficile sachant que je sentais son souffle venir chatouiller mes oreilles. Je le soupçonnais de le faire exprès. Me tenter ainsi devait être interdit.

« Léandre et toi vous êtes réconciliés ?

– Oui, on a parlé... Merci de l'avoir retrouvé, dit-il avec hésitation.

– De rien. Je me suis attachée à lui.

– Il semblerait que c'est réciproque. »

Je souris à ces mots. Il était vrai que le peu de temps passé avec cet enfant m'avait plu. Parce que je n'étais plus seule. La solitude me rongeait plus que je ne le pensais. Et le fait qu'Adonis ou Zircon ne soient pas toujours là me pesait dessus.

Mon frère me manquait. Onyx me manquait affreusement. Mais je ne pouvais pas le dire à voix haute. Adonis penserait que c'est Alexandre le frère d'Ambre que je voulais revoir, et il s'énerverait contre cette pensée. Pour l'instant, je ne pouvais pas retrouver Alexandre. J'avais encore beaucoup de choses à apprendre ici. J'espérai simplement que s'il était le héros de ce monde comme je l'avais déduit, qu'il aille bien.

Un doux baiser sur mon épaule me réveilla de mes pensées. Un frisson me traversa quand sa bouche recommença son manège. Il remonta sur mon cou, ma mâchoire, puis ce fut le froid. Alors que le plaisir montait, il s'était éloigné de mon visage. Je le regardai avec frustration, mais celui-ci avait la tête tournait vers la porte. Comme s'il avait entendu quelque chose.

« Habille-toi. »

Son ordre me fit l'effet d'une douche froide. Je me mordis la joue intérieure pour éviter de répliquer et fis ce qu'il me dit. Après m'être enfin vêtue d'un haut et d'un pantalon ample que je pouvais enfin porter, nous filâmes vers je ne savais où. Nous rencontrâmes Amédé ainsi que d'autres hommes et femmes dont je ne connaissais que vaguement le visage.

Soudain, un cri aigu déchira mes oreilles. J'ouvris grands les yeux avant de me précipiter vers la porte où le hurlement de douleur s'était échappé. Ce que je vis me laissa sans voix. Plusieurs femmes humaines bougeaient avec vitesse dans la pièce qui était une chambre tandis qu'il y avait deux créatures surnaturelles dans le lot.

« Bordel ! m'écriai-je en observant leur corps de cheval et leur torse humain. Ce sont des centaures ! »

Alors vous vous attendiez à ça ? ^^


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top