Chapitre 17 - Disputes et baisers

Dans le chapitre précédent :

Je continuai ma marche en direction du pont. Ne sachant pas vraiment quelle attitude adoptée, je baissai la tête tout en avançant devant certains gardes postés là. Je sentais leurs regards insistants sur ma personne. En levant les yeux, je vis leurs mines surprises.

Je leur demandai de dire à Adonis que j'allais parfaitement bien. Un homme ayant repris ses esprits plus rapidement que les autres, hocha la tête puis courut à l'intérieur. Je continuai ma marche tranquillement tandis que les derniers rayons de soleil me caressaient le dos. La journée avait été riche en événements, mais je savais que maintenant allait être le véritable combat pour savoir la vérité. Après tout, Adonis me la devait.

***

À reculons, j'avançai devant les yeux me scrutant avec accusation. Il était vrai que je m'étais échappée de ce château rempli de magie, mais je n'allais tout de même pas m'enfuir loin. Surtout avec une simple tunique sur le dos. Je me sentais presque coupable de mes actes. Presque.

Je gardais la tête haute tandis qu'Adélaïde passait porte après porte, me menant sûrement près d'Adonis. La jeune femme m'avait regardée de haut en bas pour se certifier l'absence de blessures. Les écorchures de mes bras et jambes ayant disparu, elle avait relâché un soupir de soulagement. Je ne la savais pas si attachée à moi. Il semblerait que j'avais définitivement gagné son respect. Mais il n'y avait qu'elle pour l'instant. Les autres femmes étaient toujours sous la coupe d'Emeline qui avait même su ensorceler ma Claire. À moins que ce ne soit l'amour qui me l'est prise...

« Il est en colère ? demandai-je d'une petite voix.

– Oui... »

Je sentis dans son ton qu'elle voulait me dire plus, mais elle se tut. Je laissai passer quelques minutes avant de lui demander ce qui n'allait pas.

« Pourquoi vous être enfuie ?

– Je ne me suis pas enfuie. Je me suis perdue dans les couloirs, pour moi ils se ressemblent tous. Soit je restais assise, soit je trouvais une solution. Je suis sortie pour prendre l'air, c'est tout.

– S'est-il passé quelque chose avec Emeline et les autres femmes ? »

Adélaïde s'était arrêtée devant une porte. Elle se retourna vers moi et croisa les bras en attendant que je déblatère mes raisons. Après quelques vaines tentatives de fuite, je me confiai à elle. Je lui racontai mes sentiments sur Claire et Amédé puis mon entrevue avec Emeline et les deux autres inconnues. La colère me montait au fil de l'histoire. J'aurais vraiment dû cogner cette pimbêche blonde.

La jeune guerrière avait écouté avec attention. J'étais presque intimidée par son regard gris me perçant les mots. Elle resta un instant à penser puis me parla d'une voix basse.

« Il vous faudra du temps pour vous habituer à cette demeure. Emeline ne dort plus avec notre Roi, vous pouvez en être assurée et Amédé est un homme brave qui sera lié avec votre amie. Ce lien ne sera pas un danger pour elle.

– Je ne comprends pas ce lien justement. Je veux savoir ce que c'est, quels sont ces pouvoirs... plaidai-je.

– Ce n'est pas à moi de vous révéler la vérité. Notre Roi nous l'a ordonné. Il faut que vous lui parliez, » me conseilla Adélaïde.

Après cette discussion, elle reprit la route. Je la suivis, mais les pensées étaient ailleurs. Adonis était celui qui me donnerait toutes les informations dont j'avais besoin. Mais les avouera-t-il simplement sur demande ? J'en doutais malheureusement.

Nous arrivâmes enfin devant la porte de la chambre d'Adonis. Je reconnus les ornements différents de ceux sur de simples portes. Adélaïde toqua avant de me laisser place. Elle referma la porte tandis que je regardais mon mari, dos à moi. Il se tenait debout devant les flammes de la cheminée réchauffant la pièce. Je ne savais pas quelle attitude adoptée. Devais-je m'approcher de lui ? Je déglutis avant de m'avancer vers le lit. Avant que je ne m'assoie, il se retourna, gelant tous mes mouvements.

« Où étais-tu ? demanda-t-il d'une voix froide.

– Dans la forêt.

– Pourquoi es-tu allée là-bas ?

– Je m'étais perdue dans les couloirs et c'était le seul moyen de sortir du château, me justifiai-je avec hâte.

– Veux-tu tellement rejoindre ton frère ?

– Quoi ? Alexandre, non... dis-je en secouant la tête de manière confuse.

– Alors, pourquoi t'être enfuie ? gronda-t-il en s'approchant de moi.

– Je ne me suis pas enfuie ! Je t'ai dit la vérité ! Je suis allée dehors parce que je ne voulais pas rester seule dans...

– Tu aurais pu mourir en descendant !

– Mais je ne suis pas morte à cause de ce que tu m'as fait !

– De quoi parles-tu ? demanda-t-il vraiment confus.

– De ce lien ! Depuis qu'on est mariés, je ressens ce lien et j'ai changé. Je le sens ! Je supporte mieux la douleur, je peux guérir des coupures en quelques heures, je peux ouvrir les portes alors qu'elles pèsent des tonnes ! »

Je m'approchai de lui, énervée, et lui pointai le torse du doigt.

« Tu m'as fait quelque chose, et je veux savoir quoi ! »

Trop surpris, il ne me répondit pas tout de suite. Je fulminai intérieurement, mais lui semblait réfléchir.

« Adonis ! criai-je n'en pouvant plus de ce supplice.

– Je ne peux pas te le dire...

– Bordel ! Et ton masque alors ? »

Je levai la main pour lui retirer le masque, mais il la prit. Puis je levais l'autre main. Je finis par forcer pour pouvoir toucher son masque. Soudain, il bloqua mes deux mains au-dessus de ma tête d'un geste énervé, et me colla contre le mur. Je ne savais pas comment on était arrivé à cette position, mais ma poitrine montait et descendait sous ma respiration haletante. J'étais trop en colère contre lui, mais ce sentiment se dissipa peu à peu quand il colla un peu plus son corps au mien. Je déglutis en attendant la suite.

Son corps était si chaud et ses lèvres que je fixais étaient si tentantes. Je voulus me reprendre, mais Adonis lâcha un doux grognement avant de s'attaquer à ma bouche. Comme la première fois, nos lèvres s'épousèrent avec force et nos langues se déliaient sous les caresses. Je ne pus contenir les gémissements qui s'échappaient de ma gorge. Je voulais le toucher, mais il gardait obstinément mes bras plaqués au-dessus de moi.

Après quelques minutes, il me lâcha enfin puis me porta tout en m'embrassant avec férocité. Comme si nous en avions besoin. Le goût de ses lèvres, les gémissements de plaisir, les corps qui s'enflamment. Des sensations qui se déchainaient.

Adonis me déposa sur le lit tout en jouant avec mon cou sensible. Mais en me rendant compte que la situation pouvait aller plus loin surtout en étant sur ces draps moelleux et confortables, je l'appelai une fois en essayant de contrôler ma voix haletante. Il grogna, mais continuai de sucer une partie sensible. Je l'appelai une seconde fois tout en tirant ses cheveux vers l'arrière. Il sembla enfin se réveiller de ce songe enivrant et arrêta d'embêter ma peau.

Nous prîmes quelques minutes pour calmer nos battements de coeur ainsi que nos respirations. Néanmoins, il resta sur moi, comme pour m'emprisonner.

« Adonis, cette relation n'ira pas loin si tu ne me parles pas. »

Le Roi se contenta de se lever sans rien dire. Je soupirai tout en le laissant s'échapper de ma prise. Et c'était sûrement mieux ainsi. Mon corps s'était tellement enflammé que faire l'amour pour me satisfaire aurait été possible. Ce que je ne voulais pas étant donné qu'il portait toujours son masque noir sur le visage.

« Que veux-tu savoir ? »

Tellement étonnée, je m'assis sur le lit, et le regardai alors qu'il se déchaussait. C'était maintenant ou jamais.

« Pendant notre mariage, un lien s'est formé. Je veux savoir comment il est apparu.

– Quand nous avons mélangé nos sangs.

– Qu'est-ce que ce lien m'apporte à moi l'humaine ?

– Comme tu l'as exposé. Tu as plus de force, tes sens seront plus aiguisés, ta peau est plus robuste et peut se soigner avec facilité... expliqua-t-il en enlevant son haut puis son pantalon.

– Est-ce que je vivrais plus longtemps ? »

À cela, il s'arrêta un instant puis se retourna vers moi. Il avait dû sentir ma peur intérieure. Je baissai le regard en attendant sa réponse.

« Je suis un homme très âgé, Ambre. Notre durée de vie est plus élevée qu'un simple humain. Je... »

Il se pinça les lèvres pour ne pas révéler davantage. J'hochai la tête. Mais une nouvelle panique s'empara de mes sens. Et si Onyx était un simple humain ?

« Est-ce que moi aussi je vivrais plus longtemps ? demandai-je en le fixant dans ses yeux gris.

– Oui, tu vivras tant que je vivrais.

– Que veux-tu dire ? Si tu meurs, je meurs aussi ? questionnai-je à la hâte, le sang battant dans mes tempes.

– Oui. Nous sommes liés jusqu'à la mort, Ambre. »

Je me tus, trop abasourdie par la nouvelle. Si je mourrais, Adonis mourrait, mais Onyx aussi. Si Onyx était humain, et qu'il mourait avant moi, je serais mourrais aussi et Adonis aussi. Quel choix égoïste... Je ne pouvais pas risquer de faire mourir Adonis parce qu'Onyx mourrait avant moi. Je devais faire un choix. Maintenant. Je me levais du lit et m'éloignai autant que je pouvais de son être. Sa proximité avait un effet sur moi et je voulais l'annuler pour mieux me concentrer.

« Comment enlève-t-on ce lien ?

– On ne l'enlève pas, gronda-t-il maintenant furieux. Nous sommes liés à jamais.

– Tu ne comprends pas ! » lâchai-je dans un râle colérique.

Tel un prédateur devant sa proie, il marcha dans ma direction malgré mes protestations. Il surveillait tous mes gestes.

« À toi de répondre à mes questions. Es-tu entièrement humaine ?

– Oui, soufflai-je tandis qu'il s'était arrêté juste devant moi.

– Mais tu peux sentir la magie ? évoqua-t-il avec intérêt.

– Je suis une humaine spéciale qui peut sentir la magie. Mais c'est tout ce que je peux faire.

– Tu mens, dit-il en reniflant l'air. Je peux sentir les nuances de ta voix quand les mensonges en sortent.

– D'accord, d'accord, soupirai-je. J'ai un lien particulier avec mon frère, mais c'est tout ce que je peux te dire. »

Je ne mentais pas actuellement. Adonis pensait que j'avais un lien spécial avec le frère d'Ambre, Alexandre alors qu'en réalité je parlais de mon vrai frère Onyx. Mais ça, il ne le savait pas. Aucun mensonge n'était pourtant sorti de ma bouche.

Adonis tint son regard ancré dans le mien avant d'hocher la tête. Il plongea sous les draps en me priant de venir aussi. Ses yeux insistants ne me donnaient pas le choix, mais j'hésitai avant de me coucher dans le lit. Près de lui. À part m'embrasser, il n'avait pas tenté quoi que ce soit. On ne se voyait pas souvent aussi. Cela faisait à peine trois jours et il passait presque tout son temps avec ses hommes. Non pas que je me plaignais, mais c'était difficile d'apprendre à le connaître ainsi.

Il m'avait l'air d'être un bon Roi, mais le fait qu'il ait tué le père d'Ambre et d'Alexandre mettait un frein à ma confiance. Je ne savais pas si tout ce que disait Amédé pouvait être pris pour vérité absolue. On connaissait souvent une personne à ses fréquentations. Mais dans un monde comme celui-ci, le pouvoir et l'argent étaient une source suffisante de mésentente. Amédé pouvait être un traître tout comme chacun des hommes servant Adonis. Difficile donc de dire si on me manipulait ou si les paroles d'Amédé ou d'Adélaïde étaient sincères.

« Emeline m'a dit qu'elle t'avait vu sans masque, stipulai-je avec dégoût en me souvenant de mon altercation avec la blonde et ses amies.

– C'est vrai... Je ne portais pas de masque avant.

– Avant que je n'arrive ? Mais pourquoi ? » demandai-je alors que je me couchais à ses côtés.

Une main vint tracer le contour de mon visage. Un frôlement qui fit battre mon coeur plus vite.

« Tu es si belle... dit-il avec une pointe de tristesse. Alors que je ne le suis pas. Ce qu'il y a sous ce masque te dégoûterait pour toujours.

– Adonis, la beauté est subjective. Même si je suis belle, ça ne veut pas dire que je te verrais comme un monstre si tu as quelques cicatrices sur le visage. »

À cela, il se tut. Ses lèvres pincées montraient qu'il n'était pas d'accord avec moi. Je soupirai puis bâillai de fatigue. La journée avait été épuisante. Mais j'avais encore tellement de questions à lui poser. Notamment sur notre réunion et ce Roi ennemi.

« Dors, » me souffla-t-il avant de mettre un bras autour de mon corps pour me rapprocher du sien. Je le laissai faire puis fermai mes paupières sachant que j'étais entourée de cette chaleur confortable.

De nouveau, le même manège se mit en place dès que je fermai les yeux. J'étais devant la table blanche où étaient posées les cartes de Tarot. Je soupirai ne sachant que faire.

« Ambre ? Qu'est-ce que tu fais là ? »

Je me retournai vers la source de cette voix, étonnée de voir cet homme dans mes songes aussi.

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