Chapitre 16 - Forêt et Changements
Dans le chapitre précédent :
Je reniflai bruyamment en essuyant mes larmes. J'avais l'impression d'être seule. Vraiment seule. Claire et Amédé étaient contre moi, Adélaïde préférait se battre que me tenir compagnie, Adonis avait des obligations de Roi, et voilà qu'Emeline me met en rogne et mettait les autres femmes présentes en ligue contre moi.
Prise d'une soudaine envie de me défouler, je me levai et marchai à travers les couloirs en quête de fenêtres. J'en trouvais enfin une, et y passais ma tête pour contempler le sol. Celui-ci était assez loin. Avec un air hésitant, je regardais la paroi et me mis au travail. Je devais faire un rappel pour descendre le mur en pierre, sans corde. Je pouvais le faire, il suffisait simplement de mettre les mains et les pieds dans les creux puis de bien se maintenir. La détermination me captivant, je montai dans l'encadrement de la fenêtre et commençai ma descente risquée.
***
Je descendis prudemment le mur en m'agrippant aux creux. Un pied après l'autre. Je me concentrai sur mon équilibre pour ne pas le perdre par le vent qui jouait avec mon corps. Soudain, un aigle poussa un cri strident en passant près de moi. Je lâchai un cri de surprise, mais lâchai aussi une main de la pierre. Je tombai en chute libre. Mes pieds percutèrent les premiers le sol de pierre, puis dans un dernier élan, je me penchai en avant pour faire une roulade. Ainsi, je pouvais répartir la force de la chute de mon corps pas seulement sur mes chevilles, mais aussi sur mes mains et mon dos.
Enfin en bas après plusieurs minutes de terreurs, je me rassis le temps de calmer les battements de coeur. Une grimace de douleur vint combler mon visage. Mes chevilles n'avaient rien, mais j'avais des écorchures sur les avant-bras et jambes quand j'avais roulé sur la pierre tranchante. Des filets de sangs s'échappaient de ma peau, mais je n'y fis pas plus attention. Cela pouvait être pire.
D'ici, la forêt était plus menaçante. Sa dominance sur mon petit être était impressionnante. Je me dirigeai ensuite à travers les bois tout en gardant en vue l'immense château derrière moi. Il ne manquerait plus que je me perde dans la nature aussi.
Je marchai puis commençai à courir en gardant le haut du château en visuel. Je fis quelques mètres avant de me retourner. Mes jambes firent ses allées retours pendant plusieurs minutes. Essoufflée, je m'arrêtai près d'un cours d'eau calme que j'avais repéré. Je m'agenouillai pour boire quelques gorgées rafraichissantes. Ma gorge n'étant plus en feu, je voulus voir mes blessures pour y passer le liquide transparent, mais à ma grande surprise, les coupures semblaient moins profondes sur mes bras. Comme si ma peau s'était régénérée avec une vitesse inhumaine.
Soudain, je perçus un bruit suspect de branchages à ma gauche. Figée sur le reflet de l'eau, seul mon coeur battait à tout rompre. Ce pouvait être un animal comme un ennemi humain. Lentement, je pris une poignée de terre dans ma main et me retournai en me levant pour l'envoyer sur l'inconnu. Mais je m'arrêtai en voyant un homme aux vêtements verts. Je soupirai de soulagement en détendant mes muscles tandis que je relâchais la terre. Zircon leva un sourcil en ma direction.
« Est-ce tu aurais essayer de m'envoyer de la terre dans les yeux pour me battre ? demanda-t-il de manière incrédule.
– Je n'ai pas d'armes sur moi, dis-je en lui montrant la tunique que je portais. Je voulais juste te neutraliser pour ensuite m'enfuir en courant vers le pont. Il y a des gardes là-bas et en plus, vous avez une ouïe assez développée non ? J'aurais pu crier pour qu'ils me sauvent.
– Même en faisant ça, je t'aurais rattrapé. J'ai non seulement une ouïe surdéveloppée, mais une vitesse incroyable, dit-il en m'envoyant un clin d'oeil. Un vrai lièvre tandis que tu serais une vieille tortue.
– Très drôle, soufflai-je avec sarcasme. Mais qu'est-ce que vous êtes à la fin ?!
– J'aimerais te le dire, mais je ne peux pas. À chaque fois que j'essaie de prononcer le mot devant toi, eh bien je ne peux pas. »
Il essaya de me dire leur nature, mais ses lèvres restaient bloquées sur la première syllabe. Je ne pouvais même pas deviner un mot en lisant les mouvements de sa bouche. Je supposais que même l'écriture n'aurait pas fonctionné.
« Satanée Moire, maugréai-je en croisant les bras.
– Ouais, les vieilles ne veulent pas que je te le dise.
– Pourquoi essaient-elles tellement de contrôler nos destins aussi ?
– Théroïquement, elles ne peuvent pas contrôler les nôtres, mais seulement nous envoyer des messages ou nous faire prendre des directions. Comment crois-tu que j'ai su que tu allais voir Médée ? demanda-t-il avec un sourire. Les vieilles m'ont fait perdre une feuille qui a volé au vent. Et ce papier s'est accroché au sommet d'un arbre. J'ai dû grimper pour la retirer et c'est là que je t'ai vu avec Adonis à travers la fenêtre. Pour le coup, j'étais au bon endroit, au bon moment. Un peu trop de coïncidence pour que ce soit réel tu ne trouves pas !
– Et tu te balades toujours avec un arc et des flèches ?
– On ne sait jamais sur qui on peut tomber, dit-il en haussant des épaules. Bon et toi, que fais-tu ici ? Je doute que ton mari super protecteur te laisse sortir de l'enceinte du château sans une escorte armée jusqu'aux dents...
– J'ai fait ma folle, je suppose. J'étais dans la chambre d'Emeline, et tout se passait bien jusqu'à ce qu'elle mentionne le fait qu'elle ait vu Adonis sans son masque. J'ai voulu la tuer, mais les autres filles m'ont retenue sans difficulté. Je suis partie énervée puis je me suis perdue. J'ai vu une magnifique fenêtre ouverte et je suis descendue par là pour sortir.
– Tu as réussi à descendre sans une égratignure ? questionna-t-il en me regardant d'un air inquiet.
– Non, justement. Je suis tombée à quelques mètres du sol et me suis fait mal, mais je ne ressens plus de douleur maintenant, et même les écorchures ont disparu ! m'exclamai-je en lui montrant mes bras nus.
– Il semblerait que le lien fait effet... souffla-t-il songeur.
– Le lien ? Celui du mariage ?
– Ah, tu peux le sentir ? Oui, c'est celui-là. Quand vous avez échangé vos sangs, un lien magique s'est formé entre vous. Mais je ne savais pas que tu pouvais le sentir... Je suis désolé Ambre, si j'avais su que c'était une voyageuse qui allait se marier avec un... truc comme moi, j'aurais empêché ce mariage.
– Donc ce lien, qu'est-ce qu'il fait exactement ? demandai-je tant qu'il était encore sérieux.
– Je ne sais pas, mais apparemment, il a une fonction régénération dans le lot, dit-il avec un sourire.
– Idiot... Bon je poserai la question directement à Adonis, et pour le masque, pourquoi il ne l'enlève pas ?
– ça, je ne peux pas te le dire.
– Peux pas ou veux pas ?
– Veux pas. Il vaut mieux que tu le découvres toute seule. Comme une grande fille ! Adonis a peur de ta réaction, mais moi ce sera comme dans un film. N'oublie pas de m'appeler quand il enlèvera son masque ! J'apporterai le pop-corn.
– T'es vraiment qu'un sale..., dis-je en coupant ma phrase avant de l'insulter.
– Mais non ! dit-il en mettant un bras autour de mes épaules tout en m'intimant de marcher. Je t'aime bien, tu sais. T'es un peu coincée, mais je t'aime bien. »
Je soufflai d'exaspération à sa remarque, mais le laisser me traîner vers une direction qui m'éloignait du château. Je faisais confiance à Zircon et l'aimais bien même s'il était difficile de tenir une conversation sérieuse avec lui pendant plusieurs minutes.
D'après ce que les Moires nous avaient transmis, les voyageurs pouvaient être n'importe quel personnage de l'histoire. Que ce soit un ennemi, un allié, un paysan, un aristocrate ou un mercenaire. Heureusement, dans ce monde, j'avais réussi à trouver un autre voyageur et il était un allié. Les vieilles femmes avaient été généreuses pour cette fois-ci. Il ne me restait plus qu'à retrouver Onyx...
« Où allons-nous ?
– Je voulais te présenter Agathe, mais il semblerait qu'elle soit en train de faire un petit somme... Je ne l'entends pas dans les parages.
– Elle a l'habitude de se coucher avant même que le soleil ne se couche ? demandai-je, étonnée.
– Ouais ! Mais tu sauras pourquoi une fois que tu l'auras rencontré, » dit-il en me faisant un clin d'oeil.
Nous retournâmes donc en silence vers les remparts du château. Je me souvins de ma réunion plus qu'étrange avec les deux autres hommes et Amédé. D'après les renseignements de Zircon, l'homme à la barbe noire et de petite taille par rapport aux autres qui s'appelaient Régis était le trésorier du Roi. Il avait en inventaire tous les objets du château et donc tous les objets du Roi. Il s'occupait aussi de la finance en veillant à ce qu'il y ait assez d'argent dans les coffres et assez de possession matérielle dans chaque pièce de l'immense demeure. L'autre homme à la chevelure blonde lui arrivant jusqu'au cou était Nomos, un juge et conseiller du Roi. Il a cependant un rôle différent d'Amédé qui était le chef des armées, conseiller, et messager à ses heures perdues.
« Tu sais que normalement ce qu'il se passe dans cette réunion ne doit pas sortir de la pièce ? demanda Zircon en me regardant de manière dubitative.
– Oui, je sais, mais là, il n'y a pas murs qui auraient des oreilles.
– Non, juste quelques arbres... bredouilla-t-il dans sa barbe en regardant au loin d'un air inquiet avant d'éclater subitement de rire.
– Qu'est qu'il y a ?
– Je viens de recevoir un message télépathique de ton cher mari. Apparemment, tu es introuvable. Il semblerait qu'il fait une petite crise de panique... Tu ne le sens pas à travers votre lien ?
– Non, pas vraiment. Je ne ressens qu'un lien attractif quand je suis près de lui, mais c'est tout, avouai-je en penchant la tête sur le côté.
– Peut-être que tu éprouveras ses sentiments quand vous aurez couché ensemble ! s'exclama-t-il en haussant des sourcils de manière stupide.
– Je ne coucherai pas avec lui tant qu'il n'aura pas enlevé son foutu masque. En plus, si le lien se renforce après avoir couché avec lui...
– Ambre, peut-être que ton vrai frère est aussi un... truc comme nous. Si c'est le cas, tu pourras être avec Adonis sans aucun souci.
– Je sais bien, mais je ne sais pas du tout où il est en ce moment ni ce qu'il est, dis-je, désespérée. Et s'il est un simple humain, je ne pourrais pas être avec Adonis, tu le sais bien...
– Je sais, je sais... Les conditions des vieilles peaux sont vraiment chiantes. On meurt dès que l'un des deux voyageurs meurt. Si tu restes humaine et qu'Onyx est un truc comme nous, alors tu vieilliras et tu mourras plus rapidement que nous... Il mourra aussi par ta faute.
– Oui, mais s'il est aussi humain, je ne peux pas prendre le risque de coucher avec Adonis pour renforcer un lien magique qui va procurer je ne sais quel pouvoir. Déjà le fait de sentir ce lien est problématique...
– Tu devrais arrêter de penser comme ça. Agathe et moi, nous ne sommes pas de la même nature. Elle mourra sûrement avant moi, mais au moins elle est près de moi...
– Oui, je vois. J'espère qu'elle vivra aussi longtemps qu'elle le pourra dans ce cas... J'aimerais tellement revoir mon frère...
– Allons, allons, c'est ici que nos chemins se séparent, dit-il d'une voix magistrale qui contrastait avec mon humeur triste. Je ne suis pas censé être dans la forêt en ce moment donc tu vas devoir rentrer toute seule et affronter le gourou de ton cher Adonis. Bon courage ! »
Avant qu'il ne disparaisse comme un ouragan, je réussis à lui raconter le second message que nous avions reçu. Il prit un air intéressé car il ne savait pas non plus qui était en réalité ce Roi ennemi. Tout ce qu'il savait était que ce peuple et le leur se faisaient la guerre depuis toujours. Il ne connaissait pas les raisons de leurs disputes, mais allait de suite se renseigner. Je comptais donc sur lui pour qu'il ait de plus amples informations à me servir. Je ferais aussi des recherches de mon côté, mais le résultat serait sûrement maigre par rapport à ce que dénichera Zircon.
Je continuai ma marche en direction du pont. Ne sachant pas vraiment quelle attitude adoptée, je baissai la tête tout en avançant devant certains gardes postés là. Je sentais leurs regards insistants sur ma personne. En levant les yeux, je vis leurs mines surprises.
Je leur demandai de dire à Adonis que j'allais parfaitement bien. Un homme ayant repris ses esprits plus rapidement que les autres, hocha la tête puis courut à l'intérieur. Je continuai ma marche tranquillement tandis que les derniers rayons de soleil me caressaient le dos. La journée avait été riche en événements, mais je savais que maintenant allait être le véritable combat pour savoir la vérité. Après tout, Adonis me la devait.
Chapitre qui se lit assez rapidement... Et Ambre s'en est plutôt bien sortie (elle n'est pas morte au moins x)) ! Beaucoup m'ont dit bien aimé Zircon, donc voili voilou un chapitre avec encore lui !
Sinon, j'ai des épreuves d'examens dans deux semaines et des révisions qui s'accumulent (les profs se précipitent pour finir leur programme) donc je ne devrais pas écrire pendant au moins deux semaines... Mais me connaissant, je réussirai à pondre au moins un petit chapitre d'une de mes histoires pendant ces deux prochaines semaines, mais juste un chapitre ou deux, pas plus.
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