Chapitre 4.1 - Le Commissaire et les meurtres

(Lisez le chapitre avant de manger svp. Je vous dis ça, parce qu'accessoirement, ça vous éviterait de vomir... Mais vous lisez quand vous le souhaitez hein ;))

Dans le chapitre précédent :

« Ambre vous accompagne. Je sais que tu as dit que tu devais tout d'abord montrer la lettre de recommandation au Commandant, mais c'est une urgence. Elle doit s'y rendre ; je resterai avec Lauren ici. »

Peter fixa longuement sa femme comme si une conversation télépathique se passait entre eux. Soudain, il lâcha un accord à contrecœur. Je cachai mon sourire, mais Agathe ne s'en privait pas. Je la remerciai en lui prenant la main, avant de souffler quelques mots à la pauvre Lauren.

« Tout va bien, je sais que c'est effrayant, mais tu dois me faire confiance. Je serais toujours avec toi, donc cesse de trembler ainsi. »

Mon amie hocha la tête, mais partiellement convaincue par mes propos. Je la laissai au soin d'Agathe, cependant notre soirée serait une longue conversation. Je ne pouvais pas la laisser si apeurée par toute cette histoire. Il devait bien y avoir une raison à ces meurtres. Trouver la raison serait une grande étape.

***

Devant l'horreur, je détournai le regard de la scène. C'était digne d'une série TV policière, mais en plus réel. L'odeur était présente. Je sentais sous mes pieds, les chausses en train d'épouser la forme des pierres dures. Elle donnait encore plus de profondeur à sa mort.

Le corps de la jeune femme traînait sur les dalles noires. Un tissu fin la recouvrait, mais j'avais demandé de la retirer pour voir le dessein de l'assassin. Je n'aurais peut-être pas dû...

Je soufflai un bon coup avant de regarder de nouveau vers le corps éventré et égorgé de la victime nommée Anna. Je mis un mouchoir vaporisé de jasmin devant mon nez et m'accroupis pour voir les incisions autour du cou. Maintenant devenue blanche, on pouvait apercevoir que la peau était sectionnée de manière nette. Une seule coupure vive à la gorge l'avait tuée.

Je supposais que comme les autres victimes, l'abdomen avait été ouvert, et ses entraves enjolivaient les pierres qui avaient pris une teinte noire. Je faisais en sorte de ne pas regarder le contenu de son corps. Des frissons me parcoururent quand je pensais à l'assassin qui avait pu faire une telle atrocité.

À notre époque, il était connu sous le nom de Jack l'Éventreur. Un homme dont on ne connaissait pas l'identité et qui s'attaquait aux femmes dans le quartier de Whitechapel à la fin du dix-neuvième siècle. Nous étions à l'époque propice, et les meurtres ressemblaient beaucoup à ceux de ce fameux Jack.

Mais les Moires avaient été claires, chaque monde que nous visitions était différent de notre monde d'origine. L'Histoire pouvait être différente et je ne devais surtout pas prendre pour acquises mes connaissances. Il se pouvait que c'était une femme qui tuait, ou plusieurs personnes qui les attaquaient ou pire, c'était des monstres nocturnes comme des vampires très spéciaux.

« Vous ne devriez pas vous pencher ainsi... dit Peter, mal à l'aise.

- Ne vous en faîtes pas, je ne vais pas m'évanouir si c'est ce qui vous fait peur, le rassurai-je.

- Vous ne devriez même pas être présente ici. S'il-vous-plaît, soyez discrète, » chuchota-t-il.

Ne comprenant pas où il voulait en venir, je fronçai des sourcils en arrêtant mon observation. Je me relevai et vis les hommes me scruter. Certains avec surprise, d'autres avec dégoût. Ils devaient se demander ce qu'une femme faisait sur une scène de crime.

Je soupirai avant de m'éloigner du corps. Mon regard scruta le sol de pierre à la recherche du moindre indice. Après plusieurs minutes où je ne trouvais rien. Je fus interrompue par un homme de grande allure avançant vers le corps. Il regardait droit devant lui alors que les hommes le saluaient.

Son air hautain me rebutait déjà. Son front était caché par son haut de forme et accentuait davantage ses yeux noirs. Sa grosse moustache cachait sa bouche fine. Toutes les personnes alentour retinrent leurs souffles quand l'homme se posta devant moi. Fidèle à moi-même, je ne me laissai pas démonter par son charisme apparent. Il voulait me dominer, mais je fixai ses yeux.

« Joli chapeau, dit-il d'une voix grave comme s'il forçait.

- Oui, je l'ai acquis récemment, » répondis-je avec un sourire.

Nous restâmes plusieurs minutes à nous regarder. Sans aucune autre parole. Soudain, Peter racla sa gorge, ce qui me fit détourner les yeux vers lui. Sans me départir de mon sourire mutin, j'attendis qu'il parle.

« Commissaire, voici Ambre Wells, une amie de ma sœur. Elle a apporté cette lettre de recommandation avec elle. »

Il lui tendit l'enveloppe tandis que le Commissaire l'ouvrit et la lit en fronçant des sourcils. Il hocha la tête avant de marcher vers le corps. Il s'accroupit à l'endroit où je l'avais fait moi-même, et examina le cadavre. Il demanda à ce qu'une couverture soit mise sur elle.

« Cet homme a eu beaucoup d'imagination pour faire cela... Mais là où il n'y a pas d'imagination, il n'y a pas d'horreur. »

Je tiquai à cette réplique. Je la connaissais. Après réflexion, je me souvins qu'elle était écrite dans une histoire de Sir Conan Doyle. Sherlock Holmes avait dû le dire à un moment dans l'histoire. Mais le problème était qu'il avait été écrit vers la fin du dix-neuvième siècle et nous étions en plein dedans.

Je me mordis la lèvre, ne sachant si c'était une coïncidence ou pas.

« Alors le tueur serait un homme ?

- Oui.

- Comment pouvez-vous le savoir ?

- Les empreintes de doigts étaient encore visibles sur certains cadavres.

- Et vous avez d'autres indices ? »

Ma question resta sans réponse. Le Commissaire parla à ses hommes de sa voix graveleuse puis se tourna vers moi. Je restai patiente malgré l'envie de l'étrangler. Il faisait exprès de m'ignorer. Un moyen de prouver sa supériorité auprès de ses hommes ?

« Venez, nous allons parler plus tranquillement dans le quartier de la police. »

Il commençait déjà à partir vers le taxi de cette époque. Je soupirai avant de le suivre. Ce type n'était pas du genre à écouter les autres ; l'entente allait être compliquée.

Je pris place dans le fiacre, à côté du Commissaire comme il me l'avait indiqué. Tandis que le véhicule rebondissait sur les pierres mal entretenues, aucun de nous ne parlait. Je me pinçai les lèvres face à ce silence pesant.

« La femme de Peter m'a dit que la victime s'appelait Anna et était la plus âgée.

- Exact... Et elle vous a révélé tout cela sans problème ? dit-il avec hésitation, ce qui me fit relever les yeux.

- Disons que nous avons vécu la même chose par le passé, donc elle me fait confiance, affirmai-je avec un sourire.

- Que voulez-vous dire ? demanda-t-il abruptement.

- Je... Je suis devenue amnésique suite à un accident il y a quatre ans, révélai-je à cet inconnu.

- Intéressant, souffla-t-il en me fixant d'une nouvelle lueur. Très intéressant. »

Avant que je ne puisse éclaircir la confusion qui s'était affichée sur mon visage, le fiacre s'arrêta devant le bâtiment de la police dans le quartier Ouest. Je me mordis la lèvre inférieure tout en descendant. Cet homme était étrange. Et il allait me donner des complications dans cette affaire...


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