Chapitre 2.1 - Tranquillité et rencontre

Plusieurs jours passèrent où je restais avec mon amie chez elle. La femme de chambre n'étant plus aussi fiévreuse descendait de sa chambre au dernier étage pour s'occuper des corvées et du repas. Elle était jeune, à peine une vingtaine d'années alors que moi et Lauren avions vingt-six ans toutes les deux. Malgré cet écart, elle restait mature. Il y eut nombre de fois où elle portait un avis objectif et respectable. Mais elle restait une personne silencieuse ; elle ne parlait que si on lui posait une question ou demandait son opinion.

Pendant les soirées, nous nous racontions des histoires ou brodions. C'était la première fois que je tentais cette activité, et elle était plaisante. J'apprenais aussi à Lauren à se défendre. Sa crainte se ressentait à chaque fois qu'elle fermait les fenêtres. Elle vérifiait plusieurs fois comme si une douce obsession l'avait atteinte.

Un peu gauche, elle avait eu du mal à se coordonner au début, mais après le troisième jour d'entraînement, elle réussit à parer mes coups sans être arrêtée par la peur. Ravie d'elle-même, elle continua avec plus d'entrain nos séances.

Cependant, je voulais aller dehors. Une partie de mon esprit avait la sordide envie de retourner dans le quartier Est. J'avais même imaginé un plan où je serais déguisée en souillon pour récolter des informations dans les rues. Mais je ne connaissais personne là-bas ; je ne savais pas qui régissait ce petit monde.

D'après ce que j'avais pu voir, Peter ainsi que d'autres policiers tournaient dans ces parages pour surveiller. Je suppose que les meurtres avaient augmenté l'état d'alerte de ces protecteurs.

« Il y a quoi d'autre comme activité à faire ? demandai-je, assise en tailleur sur mon lit alors qu'elle brodait non loin de moi.

– Il me semble que nous avons déjà fait un bon nombre d'activités ensemble ma chère.

– C'est vrai. Broder, cuisiner, lire, parler de choses et d'autres... »

Je me rendis compte qu'en réalité nos journées étaient réellement ennuyantes et que seuls les meurtres non élucidés mettaient du désordre dans la petite vie tranquille de Lauren.

« Tu m'as aussi appris à me battre.

– Te défendre simplement. Et nous nous sommes entraînées sans que tu ne portes une robe volumineuse et un corset en dessous, donc je ne sais pas si mes cours ont été utiles... Au moins, tu ne paniqueras pas tout de suite, c'est déjà ça.

– Tu n'es pas obligée d'être aussi mesquine, dit-elle, vexée.

– Je ne dis que la vérité, ce n'était pas pour te vexer, » dis-je en fronçant des sourcils face à mon erreur.

Lauren était à cran, plus susceptible que d'habitude. Malgré le fait que nous avions fait que des activités pour qu'elle pense à autre chose qu'à ces assassinats, nos entraînements devaient sûrement lui rappeler de mauvais souvenirs.

« Pourquoi étais-tu à Camberley ? Ton frère est ici, ta maison familiale est ici, stipulai-je en montrant de la main la chambre. Alors comment t'es-tu retrouvé dans cette petite ville ? »

La jeune femme arrêta sa broderie et me fixa avec de grands yeux avant de les baisser. Je ne savais pas si c'était de honte ou parce qu'elle ne souhaitait pas révéler sa présence là-bas. Elle se mordit la lèvre avant de soupirer doucement.

« Mon mari est enterré dans ces terres. Une dispute avait éclaté entre mon frère et moi donc je suis allée me réfugier près de la seule personne qui me comprenait..., avoua-t-elle la gorge nouée par la douleur. C'est enfantin, n'est-ce pas ? Malgré notre mariage annoncé du jour au lendemain, nous avons appris à nous connaître et à nous aimer... Depuis je suis restée des jours dans cette ville qui s'est rapidement transformée en des mois après vous avoir rencontré et vous avoir appris les convenances. C'était le moins que je puisse faire pour m'avoir sauvé la vie. »

J'hochai la tête, pensive. C'était une coïncidence de l'avoir rencontré. Une encore plus grande coïncidence que de la revoir à Grimvice, dans une ville inquiétante où des phénomènes étranges se passaient. Était-ce un coup des vieilles femmes ? Je savais qu'elles pouvaient influencer les objets autour de nous pour envoyer des messages aux voyageurs, mais pouvaient-elles aussi contrôler des personnes pour les inciter à nous rencontrer ? Ma question demeurait sans réponse.

Au bout de cinq jours, il y eut enfin du mouvement. Habillée d'une simple robe blanche et fine, je bâillai en allant dans la cuisine. Là, je m'arrêtai dans le couloir pour apercevoir Lauren dans le salon. Assise sur une chaise confortable, elle était déjà bien vêtue comme chaque matinée contrairement à mes accoutrements. Elle tenait dans ses mains le journal d'aujourd'hui. Je fronçai les sourcils en apercevant son visage livide.

« Lauren ?

– ça a recommencé... Ils ont retrouvé un corps... »

La jeune femme n'arrivait plus à parler. J'allai lui chercher un verre d'eau et le substituai au journal. Elle but doucement tandis que je lisais l'article écrit noir sur gris.

Un locataire avait trouvé une femme de quarante-cinq ans au fond de la cour près d'un passage d'entrée. Son corps avait été clairement mutilé. Son cou avait été tranché et ses organes enjolivaient le pavé de manière horrible. L'assassin avait pris son temps pour organiser cette mise en scène.

« Lauren... soufflai-je d'une voix intéressée.

– Qu-quoi ? demanda-t-elle en se levant de la chaise. Non, il est hors de question Ambre ! Tu n'iras pas là-bas ! Je te l'interdis !

– Je n'ai jamais dit que j'irais sur les lieux où on a trouvé son corps...

– Mais tu as autre chose en tête, je le sais. Je t'interdis de faire ce que tu souhaites faire ! cria-t-elle en pointant son doigt sur ma poitrine tandis que je souriais.

– Ma chère Lauren, on va rendre visite à ton frère ! »

Souvenez-vous Ambre doit retrouver le héros de l'histoire, son vrai frère qui est un voyageur comme elle et son amant. Bon, elle doit aussi retrouver qui est l'assassin qui tue ces femmes aussi !

(Pour l'article vous pouvez le retrouver sur Wikipédia.)

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