Chapitre 12 - Intrigue
Nous arrivâmes à notre point de départ, devant la maison des Pizers. Le policier, qui avait conduit le véhicule, repartit vers la station de police pendant que nous marchions vers la plaque d'égoût la plus proche.
C'était étrange que les transformations aient aussi eu lieu en plein milieu du quartier ouest. D'habitude, c'était sur les bordures des quartiers que les tueries se faisaient, mais pas ces temps-ci.
Zircon souleva la plaque d'égoût, puis gentleman comme il l'était, nous laissa descendre dans les souterrains sombres et puants de la ville. Arrivés tous en bas, j'enlevai mon immense robe brodée pour ne garder que mon corset et une robe fine. J'aurais pensé un regard réprobateur de la part de Lauren, mais elle resta silencieuse. Ses yeux fixaient le sol crasseux. Je fronçai des sourcils, et lui pris le bras pour qu'elle avance avec nous.
Nos pas faisaient écho dans le souterrain et personne ne parlait. C'était trop angoissant.
« On arrive quand ? chuchotai-je de peur de troubler le silence étrange.
– Bientôt je suppose. Adonis m'a juste annoncé qu'il allait descendre, car ils avaient vu une créature le faire, précisa Zircon.
– Bordel..., » répliquai-je avant d'entendre un cri.
Nous nous regardâmes, puis nous précipitâmes vers les bruits de plus en plus distincts. Des coups de pistolet venaient de se répercuter quelque part tandis que les cris d'une femme se faisaient entendre.
Le coeur battant, nous étions enfin arrivés sur la scène macabre. Malgré l'obscurité, je pouvais observer la créature qui avait déjà perdu un bras. La tête, il fallait viser la tête. Et c'était ce qu'Adonis tentait de faire. La femme-bête bougeait trop vite pour être une bonne cible.
« J'y vais, dit Zircon. Agathe, tu as une arme, Lauren tiens et Ambre, fais avec ce que tu peux. »
Tandis que je sortis une dague de ma ceinture, je vis Lauren trembler avec le pistolet entre les mains. Je posai une main sur les siennes et lui dis de ne l'utiliser que pour se défendre. Elle hocha la tête, apeurée. Soudain, le cri d'Adonis me fit tourner la tête.
Il était à terre alors que la créature levait sa longue main griffue pour le tuer. J'étais à six mètres de lui au moins, j'étais trop loin pour le sauver. Un autre coup de feu fut tiré. Zircon. Un coup en plein dans la tête. La femme-bête tomba en hurlant à l'agonie, et avant qu'elle ne se relève, le Commissaire l'éventra. Ses boyaux se vidèrent sur le sol tandis qu'elle se transformait à nouveau en humaine. L'envie de vomir était plus que présente, mais je tins bon et courus vers Adonis.
« Hey, tu vas bien ? »
Sur le ventre, je me mis près de lui et évitai de le bouger pour lui faire mal. Je l'entends grogner, il était en vie. Il arriva à tourner la tête vers moi. Il y avait de sang sur son visage pour me faire grimacer.
« Bande de rustres, vous avez osé prendre la vie à une de mes filles, » s'écria soudain une voix féminine enragée.
Agathe, Zircon, Lauren et moi avions tourné la tête vers la mère Pizers. Et elle n'était pas seule. Peter était devant elle, et tenait un pistolet dans sa main. Son corps servait clairement de bouclier à la coupable.
« Comment vous êtes-vous échappé de la prison ? demanda Zircon en tenant aussi son arme rivée sur Peter.
– Haha les hommes sont si facilement manipulables...
– Vous les avez hypnotisés, dis-je. Pourquoi ? Pourquoi vous faites tout ça ? »
J'essayai de gagner du tout et Zircon le savait. Après toutes les séries policières qui passaient à la télévision, il fallait bien que j'utilise une des techniques de ces fictions. La faire parler comme distraction pour que Zircon puisse défaire l'emprise qu'Eloise avait sur Peter.
« Pourquoi ?! Parce que les femmes sont traitées comme des déchets ! Voilà pourquoi !
– Je ne comprends pas, vous ne vouliez pas tuer les prostituées ? demandai-je alors qu'Agathe murmurait le nom de son mari.
– Bien sûr que non, dit-elle, méprisante. Je voulais leur donner le pouvoir ! Et elle l'avait ce pouvoir ! Jusqu'à ce que cet homme vienne fourrer son nez dans mes affaires. »
Elle désigna Adonis du regard et l'arme de Peter se braqua directement sur son corps allongé derrière moi. J'ouvris grands les yeux, et sans réfléchir, me mis devant mon amant. Je l'entendais respirer, mais il n'était pas en état de se battre. Ses yeux fermés m'indiquèrent même qu'il était inconscient. Je ne pouvais pas risquer qu'il meure. Sinon je mourrais aussi avec mon frère et compagnon de voyage que je n'avais toujours pas croisé dans ce monde.
« Poussez-vous ! me cria-t-elle dessus.
– Comment avez-vous fait pour les faire se transformer ?
– Rien de plus simple. Mon fils était un génie dans son domaine. Je l'ai simplement convaincu de me fabriquer cette potion magique, rien de plus, avoua-t-elle avec un sourire angélique.
– Vous l'avez hypnotisé pour qu'il vous fasse cette potion... Comment choisissiez-vous les femmes ?
– Oh ? Vous n'avez toujours pas trouvé ? Elles étaient volontaires. Toutes volontaires pour avoir le pouvoir sur les hommes.
– Monstre ! hurla Lauren, les larmes aux yeux. Vous n'êtes qu'un monstre sans coeur ! »
Et là, les coups de feu retentirent. Comme dans un ralenti, j'observai, figée, la scène qui se profilait devant moi. Lauren leva son arme pour tirer, mais Peter fut le premier à appuyer sur la détente. Seulement, ce ne fut pas la jeune blonde qui tomba au sol, mais Agathe. La femme de Peter s'était mise entre Lauren et la balle que Peter avait lancée.
« Agathe ! » cria Zircon à quelques mètres de là.
Je vis Eloise Pizers s'enfuir. C'est à ce moment-là que je me levais et courais vers la coupable. La reine de toute cette machination où les amis devenaient des ennemis par sa faute. Alors que je m'élançais vers un couloir sombre, j'entendis deux coups de feu. Puis une troisième quelques secondes plus tard. Je rattrapai enfin la vieille femme et la plaquai au sol. La rage dans les veines, je lui mis des coups de poing au visage. Soudain, le silence. Pizers allait sombrer dans l'inconscience. Je lui attachai mains et chevilles avec des bouts de tissus de ma robe pour éviter qu'elle ne s'échappe.
Je retournai ensuite vers le lieu macabre. Je retournai vers le corps d'Adonis. Il respirait toujours, mais ce n'était plus le cas d'Agathe, Zircon et Peter. Si l'un d'entre eux mourait, les autres aussi. C'était à ce prix que se faisaient les voyages vers les autres mondes. Je le savais, mais je pleurais avec Lauren.
Sur les genoux, elle tenait toujours l'arme dans sa main droite. Son visage était noyé par le sang et les larmes. Elle était bien l'héroïne de cette histoire, mais elle venait de perdre son frère Peter.
« Il faut remonter à la surface et appeler du secours, Lauren, soufflai-je doucement.
–Non, dit-elle avec force.
– Je... Je ne comprends pas, » dis-je en la fixant.
Je voyais une nouvelle femme devant, elle n'était pas la Laurent que je connaissais. Ce n'était pas la Lauren que j'avais rencontré à Camberley.
« Je suis tellement désolée Ambre..., plaida-t-elle, toujours avec le pistolet sanglant dans sa main. A plusieurs reprises je voulais te dire la vérité, mais il m'avait fait promettre de ne rien te dire si je venais à te rencontrer un jour.
– Mais de quoi tu parles Lauren ? Je ne comprends rien.
– D'Onyx. Je parle de ton frère, Ambre. »
A l'évocation de son nom, j'ouvris grands les yeux. Ma bouche était aussi ouverte, mais aucun son ne voulait en sortir. Toujours assise, je secouai la tête en la regardant. Lauren connaissait Onyx ? Ils se connaissaient depuis tout ce temps ? Depuis ma venue à Camberley, il était près de moi. Soudain, les larmes me montèrent aux yeux.
« Où est Onyx ? »
La question était sortie dans un soufflement de douleur. J'attendais la réponse avec espoir et peur.
Lauren, tremblante, fit tomber l'arme qu'elle avait entre les mains. Le bruit sourd de la lame cliqua sur le pavé du souterrain mal éclairé. La scène était digne d'un film d'horreur.
« Il... Il est acutellement dans le coma... »
Mes larmes s'écoulèrent ç nouveau et un sanglot me prit d'un coup. Tous les événements passés ainsi que cette révélation me mettaient à rude épreuve. J'étais épuisée mentalement et physiquement. Je ne savais plus quoi ressentir entre le soulagement et la tristesse.
Lauren s'assit ensuite pendant que je pleurais doucement près du corps d'Adonis qui semblait se soulever et s'abaisser encore.
« Onyx était un ami de mon mari. Je les ai rencontrés en même temps dans un bal aristocratique. Je... Je les voyais souvent chuchoté dans leur coin... Une fois, je n'en pouvais plus de leur cachoterie alors j'ai exigé que l'un d'eux me raconte ce qu'il se passait. C'est là qu'Onyx m'a tout raconté. Les moires, les voyages, le héros...
– M-mais ce n'est pas possible ! Les Moires nous avaient dit de ne rien révélé ! criai-je, bouleversée.
– Mais Onyx a réussi à le dire à mon mari et à moi. Et je suis toujours vivante. En vérité, ton frère pensait que j'étais le héros de cette histoire. Ce fait, il ne l'avait avouée qu'après la mort de mon mari. De même que ton existence. Je ne savais pas que vous voyagiez par paire au début. Après que Stephen soit... décédé, Onyx est resté près de moi pour me protéger. Et bien sûr, un malheur m'est arrivé dessus. Une cariolle tirée par des chevaux foncaient sur moi et Onyx avait été là pour me secourir. Mais avec des séquelles. Plusieurs traumatismes à la tête principalement, dit-elle avec tristesse. Avant de sombrer dans le coma, il m'avait fait promettre de te retrouver et de ne jamais te quitter.
– Tu savais qui j'étais, alors pourquoi tu n'es pas resté avec moi, sous ma protection comme il te l'avait demandé ?
– Tu étais là oui, tu m'avais sauvée d'une agression. J'avais enfin retrouvé la Ambre dont il me parlait souvent, souffla-t-elle avec un doux sourire sur le visage. Cependant, rester dans ce lieu ravivait ma culpabilité. C'était par ma faute qu'Onyx était dans le coma, entre la vie et la mort. Il pouvait mourir à tout moment, donc je devais te faire venir là où les problèmes commençaient.
– A Grimvice... Mais quand je suis arrivais ici, tu ne voulais pas que je m'occupe de ces meurtres.
– Je... J'avais peur pour toi. Même si tu viens d'un autre monde bien différent, tu restes une femme. J'avais peur qu'on ne te tue avant que l'affaire ne soit résolue. Je ne voulais pas perdre Onyx aussi. Car s'il meurt...
– Je meurs aussi, soupirai-je en me frottant les paupières. Maintenant, Agathe, Peter et Zircon sont partis. L'intrigue principale est cloturée non ? Du coup, on est censé faire quoi après ça ?
– On pourrait se reposer un peu... »
Je lâchai un rire fatigué alors que je demandais à mes jambes la force de me soulever. Ils étaient tout aussi épuisés que mon esprit.
Soudain, une détonation retentit. Je sursautai sous la peur. Peter avait encore la main sur la gachette de son arme. Bordel, retirer le pistolet des mains du coupable était la base après toute bataille. Et là, j'avais été trop absorbée par les révélations de Lauren que j'en avais oublié de vérifier que Peter était bien mort.
Cette fois-ci, la jeune blonde reprit le pistolet et tira directement au niveau de la poitrine alors qu'il était allongé sur le ventre. La balle resta fichée dans le corps qui évacuait le sang tandis que Lauren recula de plusieurs pas. Les mains tremblantes, elle lâcha du regard le cadavre pour ensuite m'observer, apeurée.
« Tu n'as rien ? demanda-t-elle, aux bords des larmes.
– Non, rien. Mais Adonis,, si... »
Même si je n'avais pas reçu la balle, Adonis qui était toujours allongé derrière moi l'avait reçue. Je pouvais le ressentir au fond de moi. J'allai bientôt mourir.
« Non..., » entendis-je Lauren chuchoter.
Mon corps était déjà tourné sur Adonis. Je m'agenouillai auprès de lui. Il perdait trop de sangs. Avec ses autres blessures, je savais qu'il n'en avait plus pour longtemps.
« Nous ne sommes pas tombés dans un monde qui a fait fleurir notre amour. Ce sera pour une autre fois du coup. A bientôt, mon cher Commandant. »
Sur mes dernières paroles, il lâcha son dernier souffle.
« Lauren, prends soin de toi. »
Sur mes dernières paroles, elle éclata en sanglots.
FIN
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