chapitre 17


Salut mes lapins, bienvenus dans ce nouveau chapitre ! Je me suis bien amusée à l'écrire. J'espère que la lecture vous sera plaisante.

On continue donc avec l'avant dernier chapitre pour ce second cercle…

Bonne lecture !

Cercle 2.4.

Retour dans le présent.

Et voilà comment, après quelques heures de vol, un minuscule aéroport étouffant et une location d'hélicoptère plus tard, les deux collègues survolaient la forêt amazonienne à la recherche d'une clairière ou se parachuter. Ils tournèrent longtemps, perdus, sans parvenir à repérer l'endroit exact où ils étaient censés se rendre. Comme l'essence atteignait un niveau critique, ils se résolurent à sauter un peu au hasard, bien conscient qu'il faudrait rattraper la différence à pieds.

Une fois le grand saut effectué, leurs médiocres capacités à s'orienter au milieu du labyrinthe végétal provoquaient un séjour touristique de quatre jours au milieu de nulle part, complètement perdus, avant qu'enfin ils ne tombent sur la fameuse cascade.

Après la scène « castration en direct », les hommes de Rodriguez étaient venus récupérer ce qui restait du proxénète ennemi. Leur employeur avait accepté la négociation, mais à moindre coût, au grand désespoir de Wade qui n'avait pas l'habitude de traverser la planète pour le plaisir. Avant de s'évanouir, le collaborateur de Seth avait tout balancé : lieux, noms, indications géographiques claires, coordonnées GPS.

Ils n'avaient plus qu'à trouver le clan des fameux Shuars, quelque part dans cette forêt, et ils mettraient la main sur la source de femmes et d'enfants vendus par la concurrence.

Métastase, ses oreilles de fennec pendantes, souffrait lui aussi de la chaleur moite. Wade eut pitié de lui et le porta, pour lui éviter de s'abîmer les pattes.

Peter avait pris les devants, sans machette mais avec un plan grossier crayonné sur un vieux papier.

- On n'est plus très loin, normalement. Moins d'un kilomètre.

- Tu crois qu'ils auront le wifi ?

- S'ils ont à bouffer, ce sera déjà bien, grogna le jeune homme. Allez, on repart.

Et en effet, il leur fallut moins d'une heure de marche avant de tomber sur le clan de Seth.

Ou, plus exactement, avant que le clan de Seth ne leur tombe dessus.

Les réflexes reptiliens de Peter lui épargnèrent bien des troubles, alors qu'il attrapa au vol une volée de cinq petites fléchettes en acier qui l'auraient touché au cou sinon.

Il se figea, aux aguets, et trois hommes armés de sarbacanes glissèrent le long des arbres, hilares.

Ils parlaient fort, et vite, et les deux complices ne pipaient pas un mot. Visiblement, les trois indigènes s'amusaient des talents de Peter. Ils ressemblaient énormément aux nouvelles prostituées débarquées à Manhattan. De haute stature, la peau brune, les yeux sombres en amande et de nombreux tatouages courant sur leurs corps musclés. Leurs longs cheveux noirs étaient ornés de couronnes de plumes colorées. Le torse nu, ils portaient comme uniques vêtements des étoffes en coton rouge et jaune nouées autour de leurs tailles, et quelques bijoux ornaient leurs poignets et leurs cous.

La communication fut malaisée, il fallut bien un quart d'heure avant que les deux occidentaux ne témoignent de leur volonté pacifique. Finalement, sans rien comprendre de la langue râpeuse qu'on utilisait à leur égard, ils suivirent les trois hommes qui les y encouragèrent à grands renforts de gestes.

Après quelques longues minutes de marche à travers la forêt, des bruits différents du gazouillement de la nature se firent entendre. Des cris d'enfants, le son régulier des arbres qu'on coupe, le crépitement des feux. Ils débarquèrent dans une clairière colonisée par des maisons traditionnelles, une collection de huttes en bois et feuilles de palmiers.

Hommes, femmes, enfants se pressaient sur la terre humide, ainsi que des poulets, des porcs remuant un peu plus loin. Des odeurs de cuisine s'échappaient d'une grande hutte au centre de la clairière.

Ebahis, les deux touristes se laissèrent guider à travers ce nouveau monde. Une ribambelle d'enfants vinrent se presser auprès d'eux, toucher leurs vêtements en riant, leurs bottes, caresser l'étrange créature que tenait dans ses bras Deadpool.

Ils n'avaient probablement jamais eu l'occasion de croiser un fennec. On les traîna de hutte en hutte. Ca parlait fort, ça riait, des femmes se pressaient dans des jardins et potagers où poussaient fruits et plantes médicinales, des hommes rentraient de la chasse avec leur gibier. La vie suivait son cours.

Le chaman du village parlait quelques mots d'anglais. Deux ou trois autres hommes aussi, l'un d'eux était même bilingue, vêtu à la mode Européenne. Il leur serra la main avant de les accueillir avec un fort accent :

- Soyez les bienvenus. Scientifiques ?

- Botanistes, expliqua Peter.

Il désigna son sac à dos, où toute une collection d'outils et d'échantillons appuyait son mensonge. L'homme hocha la tête.

- Vous parlez Anglais ? releva Wade, occupé à repousser gentiment les coups de bâton d'un petit garçon d'humeur joueuse.

- J'ai fait des études, à New York. Notre communauté ne peut fuir éternellement le progrès, et le monde extérieur… J'essaye d'accompagner cette transition au mieux.

Dans un coin, une bande de gamins jouaient avec un vieux téléphone portable. Les contrastes étaient saisissants.

- Nous avions un couple de Français, le mois dernier, poursuivit leur traducteur. Zoologiste. Et puis, des ethnologues, souvent. Vous avez l'air d'avoir fait un long voyage…

Peter hocha la tête. Leur atterrissage en parachute dans les hauts arbres de la forêt avait laissé des marques sur sa peau, griffures et marbrures dévoilées par son tee-shirt à manches courtes.

On leur proposa de rester quelques jours, ils acceptèrent. L'après-midi s'écoula rapidement, alors que leur guide leur offrait une visite des lieux, avec explication détaillée des rites et coutumes de ce clan Shuar.

Fasciné par ce qu'il découvrait, Peter ne perdait pas de vue les raisons de sa présence ici.

- D'autres que vous parlent Anglais ? Demanda-t-il, l'air de rien, alors qu'ils mangeaient tous ensemble face au feu, à la nuit tombée.

On leur offrit un ragout épicé, et Peter n'osa pas en demander la composition. Il mangea avec plaisir. Malgré la nourriture, il se sentait faible, et il avait froid. Depuis presque six jours, il était à jeun, et la sensation de manque, inévitable, lui taraudait l'estomac. Il essuya une goutte de sueur au coin de ses yeux.

Leur guide, Moricio, égrena une liste de nom. Wade haussa un sourcil intéressé lorsqu'il aborda l'un des leurs.

- Certains ont réussi, dans le monde extérieur. Ils prennent un nouveau nom, ils font commerce de nos denrées les plus précieuses… Tenez, c'est le cas de Jose, attendez-voir, je vous l'appelle…

Il interpella un homme, à l'autre extrémité du feu de camp, et les deux complices échangèrent un regard. Un grand homme typé, les longs cheveux noirs attachés en catogan, enjamba les enfants assis face au feu pour venir les rejoindre. Ses yeux, profondément enfoncés dans son crâne, traduisaient une vive intelligence. Il les salua d'un petit signe de tête avant de s'asseoir face à eux. Les flammes à sa droite jetaient une lueur étrange sur son visage marqué. C'était un bel homme, vêtu comme les guerriers qui les avaient emmenés ici.

Lui aussi parlait un Anglais impeccable.

- Alors, Jose, vous faites dans le business, lança Peter, l'air de rien, rognant la viande autour d'un os dans son bol en terre cuite.

- Bois précieux, répondit l'autre, sobre.

Ses iris, d'un brun profond, semblaient vouloir transpercer Peter, comme pour lire à travers lui. L'araignée comprit tout de suite.

L'homme n'était pas dupe. Seth n'était qu'un pseudonyme, et c'était lui, il en aurait mis sa main à couper. Un complice l'avait peut-être averti de leur arrivée probable. Après tout, son partenaire s'était fait exploser les bijoux de famille, avant de tomber entre les mains de leur principal concurrent. Il devait être au courant.

- Et vous, l'appel de la science ?

- C'est une région merveilleuse.

Personne ne croyait aux mensonges de l'autre. Moricio sentit la tension naître, même s'il ne pouvait en comprendre l'origine. Il scruta l'autre, comme à la recherche d'une réponse.

Jose frappa dans ses mains, dévoila des canines pointues dans un sourire de requin et se redressa, attirant l'attention générale.

Il s'exprima dans le dialecte local : Peter et Wade ne comprirent pas un traître mot, mais autour d'eux, tout le monde applaudit, rit, les désignant du doigt. L'humeur générale se transforma immédiatement, comme si la chaleur avait investi les lieux. Des hommes et femmes se levèrent, apportant des tambourins, des instruments à corde semblables à des violons taillés en bois clair, et tous commencèrent à jouer.

Moricio traduisit :

- Une petite fête en votre honneur…

On apporta une outre à Jose, qui la tendit à ses invités, alors qu'autour d'eux, tous se levaient pour les observer, formant un cercle autour des deux aventuriers. Peter se crispa, sentant le piège se refermer sur eux.

- Natema, gronda simplement Seth, laissant l'outre entre les mains de Peter.

Celui-ci sentit une chaleur l'envahir. Autour d'eux, on se pressait, en scandait des encouragements, le roulement des tambourins se faisait plus pressant. Peter sonda l'homme du regard, jaugeant de sa capacité à les empoisonner, ici et maintenant. Des petites mains tiraient sur ses vêtements, caressaient son dos, il songea aux enfants que cette ordure envoyait aux US, à ces femmes qu'il devait soustraire à d'autres clans.

- C'est une liqueur extraite d'une liane, expliquait Moricio, attentif, l'enjoignant à boire.

Wade comprit l'hésitation de Peter, il lui arracha la gourde des mains et descendit son contenu cul sec, sous les hurlements euphoriques du clan.

Le liquide brula son œsophage, laissant une trainée corrosive sur son passage, réchauffant sa peau. C'était fort, mais sans danger. Il jeta l'outre vide à Jose, qui esquissa l'ombre d'un sourire.

- Sacré descente, l'étranger. Une autre pour ton ami.

Peter laissa l'arôme violent lui bruler les sinus. Lorsque le liquide vert coula dans sa gorge, le froid disparut, l'humidité disparut, la peur et la méfiance disparurent.

Et la fête commença.

La danse n'en était pas une. C'était des corps, pressés les uns aux autres, des mains avides, sur la peau, serres aiguisées enserrant les épaules moites, c'était des rythmes primaires, des sons sourds et entêtants, et l'air devenu pesant, alourdi de chaleur humaine.

Peter passa au bras d'hommes, de femmes, d'enfants tatoués, et Jose l'attrapa par la taille, si fort qu'il laissa une marque sur sa peau, et tout se passait si vite, comme s'il y assistait, hors de son corps, témoin passif et hébété. Impossible de dire s'il s'agissait d'un rêve ou de la réalité. Quelque part au fond de lui, son sens de précognition l'avertissait du danger, alors que Wade venait le soustraire aux bras de Jose pour l'emmener plus loin.

Danger, danger, danger…

Il tenta de formuler son inquiétude à l'oreille de son complice :

- Mec…

- Ouais, je sais. C'est pas l'alcool, c'est hallucinogène, je crois, répondit Wade, criant presque pour couvrir le bruit délirant qui emplissait la carrière. Je vois le sol pleurer, les palmiers ricaner, et la musique a une drôle de couleur je trouve.

Peter hocha la tête lentement, appréciant la justesse du propos.

- Ça va, toi ?

- Ça passera plus vite que toi.

Il lui semblait évoluer dans du coton, dans une réalité ouatée, euphorique et lancinante. Peter s'obligea à se concentrer, sans parvenir à faire abstraction de Wade, contre lui, de ses mains dans son dos, des mouvements lascifs de son corps, de sa bouche à quelques millimètres de sa nuque pour dire, de manière à ce que lui seul entende :

- Comment on fait, mec ? On trouve sa hutte et on le descend cette nuit ?

La proposition parvint à peine à extraire Peter de la béatitude extatique où il était plongé depuis plusieurs heures.

- Vivant, il nous ramènera plus…

- Arrête. Tu sais qu'on va le tuer.

L'adolescent frissonna malgré la chaleur suffocante, des points blancs s'imprimèrent devant ses yeux, ses jambes faiblirent. Il s'accrocha au torse de son collègue qui sourit, alors qu'autour d'eux, la scène se développait pour tenir plus du début d'orgie que de la fin de soirée. Le feu avait quintuplé de volume, et ses flammes rouges léchaient la nuit, embrasaient la clairière toute entière. Les flammes dansaient, elles-aussi, incandescentes et sensuelles.

-Mec… Qu'est-ce que je fous là…

-T'imagines ,si t'avais pas accepté de bosser avec moi… Tu louperais ça. Mate! Il s'éclipse discrètement !

Les longs cheveux noirs de Jose quittaient en effet le cercle autour du feu.

- C'est le moment, junkie-boy. Ça va aller ?

Peter sentit les doigts de Wade tapoter ses joues. Il secoua la tête, pour chasser son trouble, pour chasser le flou et l'engourdissement, mais sa vision n'était toujours pas claire, et son esprit non plus.

- Ouais… Ouais. On y va.

Ils s'extirpèrent au mieux de la foule, mais plus personne ne leur prêtait vraiment attention, aussi fut-il beaucoup plus facile que prévu de s'éloigner des réjouissances.

Peter trébuchait presque à chaque pas, Wade le soutenait au mieux, lui aussi luttant contre les effets du Natema. La boisson devait être particulièrement chargée, car il mettait du temps à évacuer les toxines. En voyant Peter à moitié mort entre ses bras, il fut épaté. Il n'aurait pas dû être « à moitié mort », il aurait dû être mort, avec la dose qu'il avait ingurgité, et sans facteur guérisseur, lui. Il se dit qu'il faudrait peut-être repousser la mission.

Il se dit aussi que Seth-slash-Jose-slash-enfoiré-de-merde profiterait surement de la soirée pour s'échapper ou se débarrasser d'eux. Non, mieux valait agir. Wade remonta le fil de ses souvenirs, essayant de retrouver de quelle hutte leur homme était sorti plus tôt dans l'après-midi.

Ils tournèrent un moment entre les maisonnettes, Peter parvint même à marcher seul, les yeux à peine entrouverts.

- Là, grogna-t-il, désignant une hutte enfoncée dans les prémisses de la forêt.

- Sûr ?

- Sûr. Je suis observateur. Certaines araignées ont six yeux…

Wade entra discrètement dans la demeure dépourvue de porte.

Le sol était composé de la terre battue elle-même, recouvert de quelques tapis par endroits. Une poignée de chandelles et les reflets du feu de joie dehors apportaient de maigres touches de lumière à l'endroit. Des têtes réduites ornaient les murs.

Dégueulasse.

Élégant.

Fouiller les lieux fut rapide. Il n'y avait pas de meubles, une natte qui servait de couchage dans un coin, et pas la moindre trace de Seth.

- Il y a forcément quelque chose, souleva Peter, la voix pâteuse.

Alors qu'il avançait à tâtons, il trébucha sur le tapis, se réceptionna souplement un peu plus loin, étonnant Wade au passage.

- La vache ! Même dans cet état tu… Hé ! Mate-moi ça !

Sous le coin du tapis relevé, il y avait une trappe. Wade s'accroupit et manœuvra le système d'ouverture, libérant un coffre-fort de tente centimètres de profondeur.

La respiration de Peter s'accéléra nettement en découvrant le contenu du coffre.

- Et merde, souffla Wade, prédisant la suite des évènements.

Entre les passeports, les armes de poings, des liasses de billets et diverses cartes de la forêt Amazonienne, il y avait cinq bons kilos de cocaïne. L'homme ne trafiquait visiblement pas que de l'être humain.

- Putain y'a de quoi faire du ski alpin…

Vif comme l'éclair, Peter se détendit, ses doigts effleurant un petit sac plastique, juste avant que Wade ne referme de force le coffre. L'araignée se redressa d'un bond, tremblante.

- Lâche ça ! murmura le mercenaire, qui ne voulait pas crier de peur d'attirer l'attention.

Fébrile, Peter peinait à ouvrir son trésor. Wade ne vit qu'une solution. Il lui faucha les jambes, arrachant le sachet de force. Peter grogna, bondit sur lui, le percutant de plein fouet. Ils roulèrent au sol en grimaçant, dans une lutte sans merci.

- Donne-moi ça….

- Jamais, enfoiré ! On a un deal !

- Ca fait six jours, Wade, argumenta Peter, tout en s'accrochant à son adversaire pour lui faire lâcher prise. J'ai le droit !

- Dans l'état ou tu es actuellement, ça va te faire crever ! T'es déjà à moitié mort, c'est un aller-simple pour coma-land !

- Wade, donne-moi ça !

- Plus tard, enfoiré de junkie ! On est en mission !

Peter, bien que dans un sale état, prit le dessus, encerclant de ses jambes le torse de Wade, se tortillant afin d'attraper le trésor que le mercenaire maintenait hors de sa portée. Wade pesta contre les tricheurs qui utilisent des araignées mutantes pour accroître leur force. Cependant, il avait un avantage sur Peter.

L'effet du natema se dissipait plus vite chez lui.

Il envoya le sachet à l'autre bout de la pièce, sachant pertinemment comment Peter allait réagir. Celui-ci se détendit pour foncer sur son précieux, et Wade l'attrapa au vol, le projetant plus loin, reprenant le dessus et inversant leurs positions. Il attrapa Peter par le col, une main près de sa gorge pour l'immobiliser au moindre mouvement suspect.

- Reprends-toi, c'est pas le moment !

- Lâche-moi !

- M'oblige pas à te faire mal, mec.

- T'en meurs d'envie…

Les mains du plus jeune se refermèrent sur les poignets du mercenaire, intraitable. L'instant s'étira, Peter réalisant qu'il n'aurait pas le dessus cette fois, pas dans cet état.

Son souffle saccadé s'emporta à l'idée du soulagement en poudre qui l'attendait à moins d'un mètre.

- Wade… Laisse-moi faire.

- Nope.

La force ne fonctionnerait pas. Restait la négociation. Peter s'humecta les lèvres, détendit ses muscles. Wade, sentant l'autre moins crispé, desserra légèrement sa prise, sans pour autant libérer l'adolescent.

- Je ferais ce que tu veux, énonça Peter, la voix rauque mais placide.

Le sous-entendu flotta dans l'air, laissant un Wade ébahi. Le silence s'installa sur cette étrange scène, Wade Wilson presqu'assis sur Peter Parker, ses mains menaçant de l'étrangler, au beau milieu d'une tribu sauvage de la forêt amazonienne.

- Quoi ? Finit-il par demander, à défaut d'une meilleure idée de réponse.

Peter posa avec douceur ses mains sur celle de Wade, l'incitant à lâcher le col de sa chemise. Perturbé, Wade obéit. Peter se redressa sur les coudes, et les lueurs lointaines du feu allumèrent un étrange éclat, dur et froid, au fond de ses pupilles.

- T'as parfaitement entendu. Je ferais ce que tu veux. Tout.

L'accent sur le dernier mot, et l'intonation, ne laissaient plus place au doute. Wade n'en revenait pas. Il relâcha légèrement son emprise, et, sans gestes brusques, le plus jeune se redressa, vint se coller à lui, les mains sur ses cuisses, pour murmurer au creux de sa nuque :

- Vraiment tout.

Wade sentit une bouffée de désir l'envahir. Il y avait Peter Parker, son corps chaud et svelte juste en dessous de lui, sa silhouette athlétique, sa gueule d'ange corrompu, la défiance qui ne quittait jamais ses yeux…

Le désir se transforma en colère. Une colère froide, inattendue.

Il le repoussa sans ménagement, se mit debout, fit quelques pas et ramassa la cocaïne qui gisait au sol.

- Alors c'est ça, enfoiré ? T'es à ce point une merde que tu donnerais ton cul pour une dose ?

Sous le regard surpris de son acolyte, il ouvrit de nouveau le coffre-fort, le vida de son contenu, fourrant la drogue dans ses poches.

- Va te faire foutre, Parker. Va bien te faire foutre.

Et sans un mot de plus, il quitta la pièce.

C'EST. QUOi. TON .PROBLÈME.

- Ah, vos gueules, vous.

Non mais là je suis assez d'accord avec lui je dois dire… Ça semblait plutôt bien emmanché, si vous me passez l'expression.

T'as un canon qui se frotte à toi en miaulant des mots d'amour, et tu l'envoie chier ? MAIS TU SAIS DEPUIS COMBIEN DE TEMPS ON A PAS BAISÉ, MEC ? JE BAISERAIS MÊME UN ARBRE AU POINT OU J'EN SUIS.

En plus c'est pas la première fois ou il nous fait le coup… Dans une autre fic déjà, il avait repoussé Peter parce que le gamin était bourré, en mode type gentil.

MERCI DE RAPPELLER AUX LECTEURS QUE PETER NE VEUT BIEN DE NOUS QUE QUAND IL EST DEFONCÉ. QUELLE VIE DE MERDE.

Wade ignora royalement les voix, se dirigeant dans le noir vers la cabane de fortune qu'on leur avait assignée pour la nuit. Au loin, les vestiges de la fête mourraient, chacun partait dormir.

Mais les voix ne voulaient pas le laisser en paix.

Et fais pas genre « moi je couche pas par pitié, ou en échange d'un service, », car c'est totalement faux, on le fait tout le temps.

Pas faux. Entre coucher avec une fille et la payer ou coucher avec Peter et lui laisser de la cocaïne…

- Putain, cerveau, tu ne comprends rien…

Wade se laissa tomber à même le sol, blasé.

- Ça n'a rien à voir, bien sûr que je coucherais avec lui-même si c'était que par pitié, je m'en fous. C'est pas ça.

Et ben quoi alors ?

- J'ai fait une promesse à cet abruti, putain. Je vais le faire décrocher de cette merde, coûte que coûte. J'ai promis, c'est comme ça. Si je couche avec lui, faut que je lui file la came. Et dans cet état, il fait une OD direct, je te parle même pas des milliers de dollars qui nous passent sous le nez avec l'échec de la mission. Je ne fais pas que filer sa dose à un junkie, je romps un serment fait à un pote. Putain.

C'est notre truc, les serments ? J'veux dire, le coup de la promesse éternelle, c'est plutôt un truc de héros ça, nous on n'est pas un héros je croyais ?

- Ouais, faut croire que cet abruti déteint sur moi. Quel connard. Me mettre dans cette position…

… héhé, « mettre dans cette position »

- Ta gueule. Il me prend vraiment pour un con. Me chauffer à mort, en sachant pertinemment que si j'accepte je reviens sur ma parole et je fais foirer la mission… Quel connard. C'est le putain de Diable ce mec, la putain de tentation. Il me saoule.

Les voix ne trouvèrent rien à répondre. Wade s'allongea, posant la tête sur son sac à dos en guise d'oreiller.

Après de longues minutes, une voix se manifesta de nouveau.

Euh… Et du coup, pour Seth ?

- Seth, je l'encule.

Ah. D'accord, Bah dis-lui alors, car il te regarde à travers la fenêtre.

Wade sursauta. Trop tard.

Une fléchette traversa la peau de son cou. Il voulut crier, ses muscles ne répondirent pas. Il voulut regarder sa main, comprendre pourquoi elle ne bougeait plus : ses orbites demeurèrent fixes.

Seth entra dans la cabane, souriant. Il posa deux doigts sur la poitrine de Wade, et celui-ci s'écroula au sol, tétanisé des pieds à la tête. Bientôt, ses poumons furent touchés à leur tour, et cessèrent de fonctionner.

Et merde. J'aime pas, la mort au curare. Ça fait super mal.

Voilà pour ce chapitre mes amis ! J'attends vos commentaires avec impatience !

Rendez-vous au prochain, pour la dernière partie de ce cercle !

Des bisous.

Laukaz

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