Chapitre 38 : Retour à la case départ

Kyle ne parvenait à bouger.

La colère, la rage, la révolte, la peur ou l'aversion qu'il aurait dû ressentir s'enterrer sous une profonde lassitude. Il n'était plus qu'un vide de fatigue et de désespoir. Il en avait assez de se battre, assez de la violence, assez des morts.

Fuir...

Telle était l'unique option censée à ses yeux.

Ezequiel s'activa le premier : il se rendit subitement compte que ses bottes s'entachaient de sang. À l'aide d'un emballage en papier ramassé par terre, il s'efforça de les nettoyer avec une hystérie frénétique. Miranda, pâle commeune morte, gardait les lèvres serrées, le regard perdu dans le vide. Léon, lui, secouait sans interruption la tête comme pour se sortir d'un cauchemar. Et Sandrine, recroquevillée contre le mur, se tenait le crâne entre les mains.

— Tout va recommencer...hoqueta-t-elle en une plainte. Nous allons être enrôlés de force... ou exécutés pour désertion... La guerre... La guerre ne s'arrêtera jamais... Nous sommes ses prisonniers... Nous sommes condamnés à la subir pour l'éternité... Encore et encore et encore et encore et encore !

Kyle s'agenouilla et la prit par les épaules.

— Je t'ai fait une promesse lors de notre rencontre : celle de t'offrir une vie ! Une vie normale ! Je tiendrai cette promesse ! Peu m'importe l'Alliance ! Peu m'importe ce coup d'état ! Peu m'importe ces charognes qui se battent pour le monde ! Nous fuirons cette ville ! Nous fuirons cette guerre qui n'est plus la nôtre ! Et alors tu t'évaderas enfin de la violence !

L'adolescente resta inerte un long moment. Puis, lentement, elle essuya d'un revers de manche ses larmes. Kyle l'aida à se relever avant de se tourner vers ses trois autres compagnons.

— Et vous ? Qu'est-ce que vous en dites ? Vous souhaitez rester ici ou nous accompagner ?

— Je préfère devenir un déserteur que le complice du meurtre d'Enmyo, grogna Léon d'une voix caverneuse. Car il est clair qu'Ethan et ses commandants ne sont pas les seuls responsables. L'alliance entière est coupable. C'est la seule façon d'expliquer que des renforts étaient prêts à nous encercler. Sans parler des tireurs embusqués sur les toits !

— C'est dément...

Miranda cracha une exclamation révulsée.

— Les soldats de l'Alliance sont d'anciens Phœnix ! Les commandants félons sont ceux que nous avons libérés de Cerberus ! Et c'est ainsi qu'ils nous remercient ?! C'est ainsi qu'ils achèvent notre lutte !!! Je... Je n'arrive pas à y croire...

— Est-ce si difficile à comprendre ? fulmina Ezequiel entre ses dents. Ces enculés ont utilisé Enmyo pour accéder au pouvoir ! Ils n'ont pas hésité à le pousser dans la tombe pour s'en emparer ! Et les soldats de l'Alliance sont peut-être d'anciens Phœnix, mais qui te dit qu'avant cela ce n'était pas de la vermine fédérée convertie à notre bannière par la force des choses ? Trahir Enmyo ne devait leur poser aucun problème, bien au contraire.

Sandrine lui jeta un regard noir. Avant qu'elle ne puisse rétorquer quoi que ce soit, des coups de feu éclatèrent au lointain. Les déflagrations se répercutèrent en écho dans les avenues et les ruelles. Était-ce des tirs de sommation ? Des émeutiers abattus ? Ou le prélude d'un conflit entre les Phœnix et l'Alliance Terrienne ?

— En tout cas, reprit Ezequiel une fois les détonations évanouies, la meute est toujours restée soudée. C'est ainsi que nous avons survécu, c'est ainsi que nous survivrons. Démerdons-nous pour retrouver les autres et on pourra se barrer de ce merdier !

— Ce serait merveilleux... concéda Miranda avec un sourire qui en resta au stade d'esquisse, seulement... comment faire ? Konrad, Sanaë et Helsya peuvent être à l'autre bout de la gigapole. Nous n'avons aucun moyen de communication, qui plus est nous devons rester discrets. Et même avec la meute au complet, comment pourrions-nous fuir New-Washington ? À cause de la célébration, il y a des postes de sécurité à chaque carrefour. Des barrages en travers des avenues. Des soldats partout. Nous finirons forcément par nous faire repérer.

— Et si on utilisait le métro ?

Léon pointa du doigt une façade de béton percée d'arches en verre puis un bâtiment de brique rouge à l'entrée et à la sortie de la ruelle.

— Je sais où nous sommes. L'Union Station n'est qu'à deux pas. De là, on peut partir dans toutes les directions ! Nous profiterons du réseau de galeries pour rejoindre les limites de New-Washington !

— Mais nous serons toujours piégés sur le continent américain... maugréa Kyle.

— Et les stations aussi grouillent de gardes ! renchérit Miranda, guère emballée.

— Les égouts alors ?

— Tes plans sont foireux, le vieux, commenta Ezequiel avec son tact habituel. On va se faire serrer en moins de deux !

— Tu as une autre idée ?

— Ouais ! On commence par éviter de foncer au suicide !

Des coups de feu éclatèrent une nouvelles fois. Ils persistèrent en une longue fusillade. Les sifflements d'un héliporteur au-dessus de leur tête couvrirent les échanges de tirs. Ce bref instant fut suffisant pour que les résonances du combat se soient intensifiées, multipliées, déplacées. Si Kyle, Léon, Miranda et Ezequiel arboraient une mine lugubre, Sandrine, elle, releva des yeux brillants d'espoir.

— Je sais comment nous allons faire !

Sa voix emprunte d'un optimisme désespéré leur tira un frisson.

— Si nous parvenons à un héliport, je nous ferai sortir de là !

— Tu saurais piloter un de ces appareils ? s'étonna Kyle.

— En théorie, oui.

— Comment ça en théorie ?

— Chaque enfant de la fédération reçoit... enfin recevait une instruction en fonction de ses aptitudes. Mes instructeurs pensaient que je ferais une bonne pilote d'héliporteur.

— Et donc ?

— Je n'ai pas eu le temps de passer à la pratique. J'ai été envoyée au front, je te rappelle.

— Donc tu n'as jamais réellement volé ? s'enquit Miranda.

— Si. Dans des simulateurs.

— Voilà qui est rassurant ! s'esclaffa Ezequiel.

— Je sais piloter ! se défendit l'adolescente en comprimant les poings. Les simulateurs ressemblaient exactement à un vrai cockpit ! Je n'ai jamais commis la moindre erreur ! J'étais la meilleure de ma promotion ! Kyle ! Si on met la main sur un héliporteur, je peux nous ramener en Europe ! Je pourrai même te ramener au bout du monde s'il le faut !

Face à son ardeur, Kyle se sentit obligé d'approuver d'un faible hochement de tête. Une approbation qui gagna en force dès que leurs regards se croisèrent. Il avait toute confiance en elle. Si elle affirmait en être capable, elle assurerait.

— Laissez-moi résumer... lança Ezequiel de son timbre piquant. On a le choix entre se faire piéger comme des rats dans un tunnel ou crever dans un crash d'héliporteur ? Soit, alors moi je propose de danser le tango sur un champ de mine !

Sandrine lui jeta un regard noir et Kyle émit un grognement courroucé. Miranda s'imposa avant qu'il ne puisse ouvrir la bouche :

— Il a raison, capitaine ! C'est encore pire que le métro ou les égouts !

— C'est au contraire bien mieux, rétorqua Léon en se grattant le menton. Si la petite dit vrai, c'est peut-être notre seule chance de nous en sortir.

— Ah bon ?

Ezequiel fit mine de chercher autour de lui.

— Dis moi le vieux, où est-ce qu'ont va trouver un héliporteur ? Sous un pavé ? Derrière une poubelle ? Suis-je bête ! C'est vrai que ça pousse comme des champignons ! On se fait une virée au bois du coup ?

— En tout cas, renchérit Miranda en s'efforçant d'apporter du concret au sarcasme de son acolyte, les aéronefs des aéroports, des casernes et des commissariats sont sous bonne garde. Ce qui regroupe tous les appareils de la ville.

— Non, pas tous.

Les lèvres de Kyle se retroussèrent en un sourire.

— Il y a le hangar de l'hôpital. La sécurité y est minimale. Et des dizaines d'héliporteurs nous y attendent !

— Alors qu'est-ce qu'on attend ? s'exclama Sandrine. En route pour l'hôpital !

Ses grands yeux verts se tournèrent vers Léon, seul natif des régions états-uniennes. Le vieux sergent comprit le message implicite et accepta de jouer les guides dans le réseau tentaculaire de rues et d'avenues. En dépit de ses réticences, Miranda finit par admettre qu'ils ne disposaient d'aucune autre alternative à ce « projet insensé ». Ezequiel hésita un moment puis finit lui aussi par donner son assentiment dans un marmonnement. Sans perdre une seconde supplémentaire, ils jetèrent dans une benne à ordures les vestes d'or et de feu. En pantalon rouge et débardeur blanc, ils se mêlèrent aux civils en tant que déserteurs.

Léon leur fit éviter les plus gros axes de circulation. Ils arpentèrent d'étroites ruelles qui serpentaient dans l'ombre de titanesques édifices. Le ciel ne se résumait plus qu'à une étroite bande de ciel confinée entre la pierre, le béton, le plastique et les écrans. Des ponts et tubes de verre opaque achevaient de l'occulter, s'entrecroisant en un réseau parallèle de rues aériennes. Dans ces gorges urbaines, les détonations résonnaient à l'infini en funeste écho. Les personnes croisées fuyaient elles-aussi l'hyper-centre au pas de course. Les vitrines des magasins plongées dans l'obscurité, les rideaux de fer tagués et les halls d'entrée clos défilaient à toute vitesse aux yeux de la meute.

À plusieurs reprises, Kyle sursauta à cause d'un mouvement au-dessus de leur tête. Il ne s'agissait à chaque fois que de la rotation d'une caméra de sécurité. Leur nombre était sidérant. Elles se dissimulaient en tous lieux, à toutes hauteurs, dans toutes les directions. Partout elles scrutaient. La rassurante pénombre des ruelles ne prodiguait qu'une protection factice. Personne, nulle part n'avait jamais été à l'abri du regard de la Fédération Terrienne. Et donc aujourd'hui de l'Alliance Terrienne. Les déserteurs, tenaillés par l'impression d'être pris en chasse, pressèrent encore l'allure et se collèrent aux murs.

Au fil de leurs pas, les gratte-ciels et immeubles se muèrent en coquettes maisons bariolées ainsi qu'en bâtiments de brique rouge. Les rues s'élargirent, se bordèrent d'arbres et s'animèrent de vie. En ces quartiers favorisés, des visages fantomatiques flottaient derrière les fenêtres, épiant avec appréhension les flots tumultueux de fuyards. Kyle et ses compagnons empruntèrent l'un de ces torrents pour franchir les barrières et les postes de contrôle. Les soldats aux uniformes noirs et verts étaient totalement dépassés. Ils s'efforçaient dans le meilleur des cas de guider les civils loin des coups de feu qui se rapprochaient dangereusement. Malheureusement, l'un d'eux reconnut la légende des Phœnix parmi la foule.

— Kyle Godraon ?! Capitaine ! Capitaine ! Par ici !

L'homme se précipita à son encontre, son cri ralliant six de ses collègues.

— Bon sang, capitaine ! s'exclama-t-il avec reconnaissance tout en le saluant. Ça fait du bien de voir du soutien ! On comprend que dalle à ce qui se passe ! On entend tout et son contraire ! Le Q.G. refuse de nous dire autre chose que de « maintenir la position » ! Mais vous, vous savez, non ? Vous étiez au capitole, pas vrai ?

— C'est quoi ces coups de feu ? embraya l'une de ses acolytes. Qui s'affrontent ? Et pourquoi ?

Un troisième joua des épaules pour se placer devant les autres.

— Ça parle d'émeutes, de terroristes et d'attentat !

— C'est encore des tarés de la Fédération, pas vrai ?

— Et Enmyo ?... C'est vrai ce qu'on entend ? Il... Il est vraiment... mort ?

Leur désespoir et leur inquiétude indiquaient sans peine qu'ils ne jouaient pas la comédie. Ils ne savaient rien. Seule une minorité de l'Alliance devait être impliquée dans l'assassinat d'Enmyo. Les autres se retrouvaient tout aussi perdus que ces soldats.

— Enmyo est bel et bien mort... articula Kyle, ces mots libérant une pierre en chute libre dans son estomac. Ensuite... je n'en sais rien. Tout est devenu confus. C'est la panique partout. Nous avons été entraînés par la foule. On essaie juste de...

Le staccato assourdissant d'une mitrailleuse explosa derrière eux. Une patrouille de fantassins noirs fut fauchée par des ligne de traits blancs, tout comme une multitude de civils. Un remous de la foule révéla les assaillants. Leurs uniformes d'or et de feu se discernaient sans mal.

Des Phœnix...

Les soldats de l'Alliance qui entouraient Kyle se couchèrent au sol ou rejoignirent un abri improvisé. Ils n'osèrent toutefois pas ouvrir le feu de peur de toucher les innocents qui fuyaient en pagaille. Avant de savoir si les rebelles auraient le même genre de considération, les cinq déserteurs fuirent au milieu des hurlements et des pleurs. De nouveaux tirs éclatèrent, labourant les rangs de la foule.

— POURQUOI ?!! s'époumona Miranda avec rage, les larmes aux yeux, sans s'arrêter de courir. POURQUOI EST-CE QU'ILS FONT ÇA ?

Personne ne lui fournit de réponse. Ils s'efforçaient de repousser la poigne glacée de l'horreur autour de leur gorge, de chasser les atroces images fabriquées par leur imaginaire sous l'impulsion des cris d'agonie et de souffrance. Ils ne se concentraient que pour toujours aller plus vite, toujours plus loin. Le torrent d'âmes en fuite se divisa en ruisseau puis en filet. Ils s'enfoncèrent seuls dans les périphéries de la capitale mondiale, où les ravages de la guerre s'exhibaient encore dans toute leur brutalité.

Les barres d'immeubles et les tours de verre s'éventraient d'immenses balafres, dévoilant des intérieurs calcinés par le feu. Les décombres s'étalaient sur les trottoirs et les routes. Les amoncellements de gravats entravaient leur progression. Plus d'un détour fut nécessaire pour avancer de quelques mètres. Des tâches sombres sur le bitume persistaient. Des charniers de pièces détachées s'amoncelaient. L'immense carcasse d'un Prédator vacillait sous le souffle du vent, menaçant de s'effondrer à tout instant. Les écrans publicitaires et appareils de surveillance s'étalaient parmi les restes robotiques. Tout n'était plus que délabrement et destruction. Tout se recouvrait d'une épaisse pellicule de cendre, de poussière et de poudre qui crissait sous les bottes. Tout empestait l'odeur ferreuse du sang et la putréfaction de la mort.

La silhouette familière de l'hôpital général de New-Washington finit par émerger de ce paysage d'après-guerre chaotique. Seulement, des colonnes de fumée plus noire que le charbon s'en élevaient.

— Non... souffla Sandrine en donnant l'impression de heurter un mur invisible.

N'ayant plus besoin de Léon pour la guider, elle fonça à toutes jambes vers le centre hospitalier. Elle longea le mur d'enceinte avec hâte, se retrouva face à l'entrée. Un soupir de soulagement franchit ses lèvres : il n'y avait que les guérites de sécurité qui prenaient feu. Leurs barrières gisaient en morceau au sol tandis qu'elles se consumaient en d'énormes braseros. Les incendiaires ne se trouvaient pas loin : ils se massaient devant les portes barricadées du complexe de soin. Tel un essaim destructeur, ils bourdonnaient de colère, frappant les portes et fracassant le moindre objet contre la façade de verre.

— Mais c'est quoi ce bordel ?! s'exclama Ezequiel. Ils sont tous devenus barjos !

— Ils ont dû vouloir trouver refuge dans l'hôpital, devina Kyle, la lueur des flammes dansant sur les plis de son visage. Seulement, on est mieux placé que quiconque pour savoir qu'il était déjà surchargé. Le personnel ne pouvait pas les abriter. La foule a interprété ce manque de moyen pour un manque de volonté. Une colère noire s'est emparée d'elle. Le triste résultat se trouve devant nos yeux.

Les vitres de l'hôpital volèrent en éclats sous des jets de pavés.

— Que fout l'Alliance ? s'offusqua Léon, balayant du regard les parkings et parcs déserts. Elle est pas censée défendre les lieux ?

— Une poignée de grippeux et d'impotents n'ont aucune valeur, remarqua Sandrine avec ses inflexions cyniques. Tout le contraire des héliporteurs médicaux.

Ezequiel cracha de mépris.

— C'est dégueulasse...

Parmi les pluies de pierres, une gerbe de feu fila. Elle explosa contre la façade en une flaque embrasée, coula le long du béton et s'insinua à travers les bris d'une vitre. Un deuxième cocktail Molotov fusa. La fumée et les flammes s'intensifièrent en fournaise. Le plastique brûlé, les tissus calcinés, le verre liquéfié, le béton noirci et la chair carbonisée dégagèrent leurs odeurs âcres.

— Merde, capitaine ! s'insurgea Miranda, la main sur le holster de sa hanche. On peut pas les laisser faire ! Ils vont brûler l'hôpital ! La moitié des patients ne peuvent pas se déplacer ! Ils sont condamnés si le feu se propage !

Sandrine la fusilla du regard.

— Le moindre coup de feu alerterait les soldats de l'Alliance ! Il n'y a rien à faire ! Nous devons continuer !

Miranda ne daigna lui accorder qu'un grognement écœuré avant de saisir Kyle par les épaules.

— Ca-pi-tai-ne ! martela-t-elle entre ses dents. Tu aurais pu être l'un d'eux !

— Et que veux-tu qu'on y fasse ? enragea-t-il en un mélange de fureur, de dégoût et de honte. Vas-y ! Intervient ! Et que feras-tu quand la foule se retournera contre toi ? Un massacre de masse ?

Il ne put soutenir plus longtemps la plongée dans l'océan austral de ses yeux.

— Enmyo les avait prévenus. Nous leur avons offert leur destin et leur liberté sur un plateau. Voici ce qu'ils en font. Qu'ils assument les conséquences de leurs actes. Qu'ils brûlent le monde si ça leur chante. Qu'ils crèvent tous. Ça m'est égal. Nous nous sommes assez sacrifiés pour eux.

Les crevasses dans la façade de l'hôpital flamboyèrent. Elles grondaient tels des monstres affamés. Leurs langues de feu léchaient les hauteurs. Les fournaises éparses gravirent un à un les étages, s'étendirent pour ne plus former qu'une, dévorèrent les ailes de sa proie, n'épargnèrent rien de leur ardente furie.

— De toute façon, conclut Kyle en tournant le dos au triste spectacle, il est déjà trop tard.

Miranda serra les poings mais ne put que ravaler sa salive face à ce constat sans appel. Après une ultime hésitation, elle emboîta le pas au groupe de déserteurs. Leurs épaules s'écrasèrent sous le poids de l'impuissance et leur salive devint amer. Lorsque les portes du centre de soin s'ouvrirent, une flopée de cris, de hurlements et d'aboiements se libéra. Aucun ne se retourna. Tous craignaient quelle serait l'issue de la confrontation entre émeutiers et assiégés.

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