Je sors sur la terrasse en enfilant mon bonnet et remonte la fermeture de ma veste. Harry sort derrière moi et ferme la porte d'entrée de la maison. Je l'observe une minute dans sa veste tout droit sortie des années 80, son short par dessus son legging, avant de remonter vers son visage, le sourcil arqué.

"Quoi ? demande-t-il face à mon air désapprobateur.

- Rien... Je crains que tu effraies le peu de personne ou animal que nous croiserons !" je réponds en riant.

Pour toute réponse, Harry s'accroche à ma taille et me rapproche de son corps. Je plaque mes mains sur ses clavicules prêt à le repousser. Je sens ses mains encore chaudes glisser sous mon t-shirt alors qu'il mordille mon lobe d'oreille, avant de murmurer :

"Au moins moi je suis bien couvert. On ne peut pas dire la même chose de toi !

- Mais moi j'ai pas demandé à aller courir alors qu'il fait moins 3 ! je proteste.

- Mais ça va nous faire du bien.... Allez !"

Harry relâche son étreinte et bise rapidement mes lèvres avant de s'engager sur le chemin qui descend vers le lac.

Je souffle, pour la forme, et frotte mes mains gantées l'une contre l'autre pour me réchauffer. Mais je le rejoins, ravi de partager cet instant avec lui.

Le jour est totalement levé et c'est une belle journée d'hiver qui s'annonce. Le ciel est bleu et la nature est recouverte du givre de la nuit. Je commence à courir et savoure le bruit du craquement des petites branches sous mes pas. Harry m'attend au bord du chemin qui longe tout le tour de l'étendue d'eau. Il inspire à pleins poumons l'air sain du domaine après avoir passé quelques jours à Los Angeles pour le travail.

Parce que Harry a définitivement déménagé aux Capucines. Après notre séjour près de Manchester, chez sa mère, nous sommes rentrés à l'auberge et avons beaucoup discuté de notre avenir et de ce que nous souhaitions pour l'un et l'autre. Il n'aura pas fallu plus de cinq jours à Harry pour quitter sa maison et débarquer aux Capucines avec ses affaires. Et je n'en reviens toujours pas. Il a abandonné sa villa, certes impersonnelle, pour ma petite maison perdue près d'un lac, de l'autre côté du pays. Harry a toujours aimé ma maison et se l'est vite appropriée. J'étais ordonné. Je vis aujourd'hui au milieu de son bazar ; les partitions sur les meubles, les guitares semées dans chaque pièce.

Il s'y sent bien et moi, je m'y sens définitivement mieux.

Nous courons l'un à côté de l'autre. Je tente de me caler sur son rythme mais je dois reconnaître qu'il est bien plus sportif que moi. Je suis essoufflé alors que nous avons commencé il y a à peine quinze minutes. Harry ralentit et me force à faire pareil.

"Tu respires mal, Louis. C'est pour ça que tu te fatigues aussi rapidement, il me dit gentiment. On continue jusqu'au ponton et on fera une pause.

- Ne m'attends pas, c'est pas grave. Je te retrouve à l'auberge, je peine à articuler. Je veux pas gâcher ta séance.

- Tu gâches rien du tout. Il fait froid pour avoir un rythme soutenu. Allez encore un petit effort."

Harry m'encourage en me faisant face. Il me sourit toutes fossettes sorties et ça me donne des ailes. Mon cœur s'emballe sous l'effet qu'il me fait. J'inspire fortement et m'oblige à respirer plus calmement.

Nous arrivons tranquillement au ponton et Harry s'arrête. Il commence quelques exercices d'étirement. Je l'imite mais le chaud froid tétanise mes muscles. Harry s'approche de moi et m'enlace. Il me frictionne pour me réchauffer et je me laisse faire sans rechigner.

"Allez viens, on va remonter tranquillement jusqu'à l'auberge" il chuchote à mon oreille avant d'embrasser ma joue.

Nous marchons d'un bon pas sur le bord du lac, nos doigts entrelacés. Je préfère nettement cette promenade à la torture de la course.

Nous rentrons dans l'auberge et nous dirigeons immédiatement vers la cuisine. Reese est déjà là et relève le visage lorsqu'elle entend la porte. L'activité de l'auberge a bien diminué avec l'arrivée de l'hiver. Nos emplois du temps sont plus calmes.

"Bonjour les garçons ! nous accueille-t-elle un grand sourire aux lèvres. Harry tu as essayé de faire faire du sport à Louis ?

- Arrête, j'en fais ! Quand il fait beau ! je rétorque, faussement sur la défensive.

- Il faut qu'on trouve une autre activité parce que la course à pied, c'est pas ça ! se moque Harry.

- J'ai plusieurs idées que je te soumettrai en privé... je réponds, un petit sourire narquois au coin des lèvres.

- J'ai hâte..." approuve Harry en embrassant furtivement mes lèvres.

Je me débarrasse de mes gants, mon bonnet et ma veste alors qu'Harry se dirige vers la machine à café. Reese nous regarde en souriant. Je dois reconnaître que nous vivons sur un petit nuage depuis son installation aux Capucines, une sorte de lune de miel. Je pense que nous avons tous les deux conscience que nous devons en profiter avant qu'Harry ne reprenne le chemin des studios et des salles de spectacle.

"Vous partez toujours à New York pour la fin de semaine ?" demande Reese en nous servant des petites viennoiseries.

Harry possède un appartement à New York, à quatre heures de route de l'auberge. Il a rapidement informé sa maison de disques qu'il traitera principalement depuis leur succursale New Yorkaise et enregistrera son album dans les studios mis à sa disposition sur la côte Est des États-Unis et à Londres.

"Oui, lui répond-il. En plus, j'ai reçu des invitations pour une soirée organisée par un magazine, il ajoute en levant son regard vers moi. Ce serait ma première apparition publique officielle depuis que j'ai disparu des réseaux..."

Reese ne répond pas et Harry n'ajoute rien de plus. Leurs regards sont rivés sur moi, attendant ma réaction. Reese est parfaitement au courant des craintes que j'ai par rapport à la vie publique d'Harry.

"Il faudra que je prenne un costume ou juste une tenue habillée ? je demande comme si je ne lisais pas leur inquiétude face à ma réaction.

- Une tenue de ville simple, répond Harry en me souriant. Nous aurons peut-être des tenues prêtées pour l'occasion." il ajoute.

Nous nous sommes engagés à faire des efforts. Je n'ai pas envie de revenir sur mes promesses.

***

Je tente de contenir les battements de mon cœur. Le stress commence à monter alors que j'attends Harry dans la cuisine. Je me sers un verre d'eau pour tenter de me libérer de ma gorge sèche. Je ne cesse de me répéter que nous nous sommes entendus sur l'attitude à adopter pour ce genre d'événement, mais je ne peux m'empêcher de penser au fiasco de notre première sortie.

Harry et moi nous connaissons beaucoup mieux maintenant. Le fait qu'il ait emménagé aux Capucines me conforte dans l'image que j'ai de lui. Mais... j'ai toujours une petite crainte au fond de moi.

Je repose le verre sur le plan de travail et ouvre le réfrigérateur pour calmer ma fringale.

"Louis !!!! Arrête..."

Je me recule légèrement et me tourne vers la voix d'Harry. Il est magnifique évidemment. J'en perds les mots et ma soudaine faim. Je referme la porte du frigo et m'approche de lui.

Il porte un costume bleu marine à fines rayures rouge et bleu clair sur une chemise blanche rayée. Bien sûr, la chemise est ouverte et je devine ses hirondelles tatouées. Il n'a toujours pas coupé ses cheveux et ses boucles sont ordonnées... désordonnées, grâce au talent de Sam, sa coiffeuse, qui est venue pour nous aider à nous préparer.

C'est un peu absurde en y pensant mais Harry est magnifique et comme il l'a dit, c'est sa première apparition officielle depuis qu'il a été contraint de s'éloigner de la scène publique. Il se devait d'être incroyable ce soir. Et il l'est vraiment.

"Je n'ai pas les mots... Tu es si beau.

- Merci, il répond en souriant, baissant le regard légèrement gêné. Tu es prêt ?

- Stressé mais prêt, je lui affirme.

- Tout ira bien. Vraiment."

Il embrasse mes lèvres doucement puis nous nous dirigeons vers le salon. Nous saluons et remercions Sam de sa contribution avant de quitter l'appartement tous les trois.

Installés à l'arrière d'une limousine, nous traversons les rues de New York. Je me laisse griser par les lumières qui nous entourent jusqu'à arriver dans l'Upper East Side. Nous empruntons Park Avenue jusqu'à la 42ème Rue pour atteindre l'endroit où se déroule la soirée, Le Campbell. Harry m'explique qu'il s'agit d'un bar appartenant à l'un de ses amis, autre raison pour laquelle il a accepté l'invitation.

La voiture s'arrête devant le bâtiment. Harry s'empare de ma main qu'il serre dans la sienne, se penche vers moi et m'embrasse.

"Merci d'être là Louis. On passe une bonne soirée, tous les deux. S'il y a quoique ce soit qui te gêne ou te met mal à l'aise, s'il te plait, dis-le moi.

- OK, je souffle, légèrement tremblant.

- Kendall sera là aussi. Et je veux te présenter à Cindy et Rande.

- OK."

J'embrasse ses lèvres et lui offre un sourire sincère qui semble le rassurer. Il ouvre la portière et nous sortons de la voiture. Les flashs crépitent, les photographes interpellent Harry. Mais sa main reste solidement accrochée à la mienne. Nous parcourons le tapis rouge, faisant une pause ici et là. Harry rayonne. Je souris, ravi d'être à ses côtés. Je souris pour lui. Il glisse son bras dans le creux de mes reins et embrasse doucement ma tempe. Nous poursuivons notre chemin puis entrons dans le bar. Nouvelles photos devant la marque qui organise la soirée avant de pénétrer au cœur des festivités.

L'endroit est magnifique, lumières tamisées, hauteur sous plafond incroyable et décoration chic des années 50. Harry me guide à travers la foule jusqu'au bar où il prend deux coupes de champagne. Son nez vient caresser ma joue.

"Bonne soirée !"

Nous trinquons, nos regards ancrés l'un à l'autre.

***

Nous avons passé trois heures à la soirée. Harry m'a présenté à ses amis, connaissances et professionnels qu'il côtoie régulièrement. J'ai discuté avec Kendall, ravie de nous voir ensemble et heureux. Elle m'a promis de venir passer quelques jours à l'auberge... Ça fera sûrement plaisir à Reese et Niall...

Je sors de la salle de bain après m'être débarrassé de mon costume et avoir pris une douche rapide. Harry est dans le salon, sur son téléphone.

"Tout va bien ? je lui demande en m'approchant.

- Oui. C'est parfait. Regarde, dit-il en me tendant son portable. On est plutôt pas mal tous les deux."

Je m'empare de l'appareil et découvre les photos de nous deux, pris lors de notre arrivée et quelques photos volées lors de la soirée, souriants tous les deux.

"C'est vrai, je réponds. Tu sais, j'ai vraiment passé une bonne soirée.

- Vraiment ?

- Oui. Passé la horde de photographes et les gens qui crient de toute part, la soirée était agréable.

- Je suis content, alors.

- Merci d'être resté près de moi.

- Avec plaisir..."

Harry se redresse et m'embrasse avant de se lever. Je le suis du regard alors qu'il s'avance vers le piano. Il est incapable de vivre sans musique. Je l'observe tendrement puis me lève à mon tour. Je me dirige vers la cuisine et mets de l'eau à bouillir.

Les notes de piano résonnent depuis le salon. Les lumières de la ville se reflètent sur la baie vitrée où claquent les gouttes de pluie. Je sors de la cuisine avec deux tasses de thé au miel et laisse la musique guider mes pas.

Avant que je pénètre dans le salon, Harry change de partition et pour la toute première fois depuis notre rencontre, il pose sa voix sur la musique.

Je m'arrête, ému qu'il choisisse ce soir pour me faire entendre sa composition. J'ai le sentiment que cette soirée était un test pour lui et moi, la confirmation que nos deux vies peuvent définitivement s'accorder simplement parce que nous en avons envie.

J'écoute avec attention. Les paroles sont bouleversantes, sa voix est parfaite et juste, sans anicroche. Je le rejoins dans le salon et dépose nos tasses sur une table avant de m'asseoir à ses côtés. Je glisse ma main dans le bas de son dos, savourant cet instant rien qu'à nous...

Avant qu'il ne le partage au monde entier...

*

*  *

Voilà... le dernier chapitre... 

J'espère que cette fin vous plait. On se retrouve demain pour l'épilogue !

Je vous embrasse

#CapucinesFic 🌸🌸🌸