CHAPITRE 34 - LOUIS
La lourde grille blanche grince lorsque je la pousse pour me permettre de rentrer. Je sais que Charlotte est déjà là. J'ai vu sa voiture stationnée sur le petit parking en contrebas. La cloche sonne et rompt le silence qui enveloppe l'endroit.
Je parcours les allées jusqu'à apercevoir ma sœur, assise sur le petit banc juste en face de la tombe de notre mère. Charlotte me voit et me fait un petit signe de la main. J'agite ma main libre et la rejoins en accélérant le pas.
"Salut Lottie, je lui dis en embrassant sa joue.
- Salut mon frère, tu vas bien ? Tu en as l'air en tout cas, dit-elle en prenant mon visage entre ses mains.
- Ça va... plutôt bien oui !"
J'ai du mal à contenir mon sourire et je ne peux pas mentir à ma sœur. Je me défais de son étreinte et dépose le bouquet de fleurs diverses mais toutes jaunes sur la petite pierre tombale.
Ce n'est pas mon endroit préféré pour penser à ma mère mais je sais que c'est important pour Charlotte. Alors, une fois par mois, nous nous retrouvons ici. Nous nous recueillons quelques minutes puis finissons toujours par discuter. De nos vies, nos projets, de la famille. Exactement comme nous le faisions avec notre mère. Nous sommes les deux aînés de la fratrie. Nous avions un lien particulier avec notre mère. Ce lien, nous essayons vraiment de l'inculquer à nos frère et sœurs mais avec l'auberge pour moi et son travail d'assistante en communication pour Charlotte, c'est un peu compliqué de passer du temps tous ensemble assez régulièrement.
Nous essayons vraiment mais je dois reconnaître que, depuis quelques mois, je suis un peu absent auprès de ma famille. La raison a des yeux verts hypnotisants qui me retournent le cerveau et le cœur. Rien que d'y penser, une agréable chaleur s'empare de moi.
"Alors, tu vas finir par me raconter ce qui t'arrive Louis ?"
La voix de Charlotte m'oblige à rediriger mes pensées vers elle et l'endroit où nous nous trouvons. Je me lève du banc et m'avance vers la pierre tombale. J'enlève les quelques feuilles mortes qui ont volé dessus et arrange le bouquet que je viens de déposer.
"Si ça peut t'aider, j'ai dîné avec Niall la semaine dernière, elle ajoute.
- Quoi ? Depuis quand tu dînes avec Niall ? je l'interroge surpris.
- Ce n'est pas le propos, Lou... On parle de toi, pour une fois, elle me dit gentiment en m'invitant à venir me rasseoir près d'elle. Tu as loupé notre dernier repas de famille.
- Je suis désolé. Je ne devrais pas vous mettre de côté, je me confie légèrement honteux.
- Tu dois aussi penser à toi Louis, me rassure ma sœur. Alors... Harry Styles, hein ? Carrément !"
Je ris et secoue la tête. Oui Harry Styles, carrément ! Charlotte et moi nous étions rendus à son concert à New York lors de sa dernière tournée. Si j'avais ronchonné par principe pour assister au concert du tombeur de ces dames, je dois reconnaître que j'en avais pris plein les yeux et les oreilles. L'un des meilleurs shows que j'avais pu voir jusqu'alors. J'étais loin d'imaginer plusieurs mois plus tard, rencontrer l'idole de toute une génération et...
"Je suis amoureux Lottie. Comme un adolescent..."
Ma sœur me serre dans ses bras et embrasse ma joue.
"Il n'y a rien qui peut me faire plus plaisir Louis. Tu le mérites tellement, elle me dit en serrant mes doigts entre les siens.
- On partage quelque chose de fort, je le sais. Ce sont des choses que l'on sent. Mais je sais aussi que c'est éphémère. Il ne va pas passer sa vie aux Capucines, je révèle, un poids sur l'estomac. Il finira par aller retrouver sa vie. Dès que tout sera rentré dans l'ordre, il rentrera à Los Angeles et inévitablement, nous nous quitterons..., je termine en prenant mon visage entre mes mains, mes coudes sur les genoux.
- Pourquoi ? Vous en avez parlé ? me demande ma sœur en caressant mon dos.
- Noooon ! je m'exclame. Nous nous fréquentons depuis, quoi ? trois mois, je lui réponds en tournant mon regard vers elle.
- Niall m'a dit qu'il vivait chez toi ! Tu l'as rejoint à Los Angeles. A mon avis, ce n'est pas une passade Louis. Ni pour toi, ni pour lui, affirme Charlotte.
- Je ne sais pas. J'en doute... je soupire. On verra. Pour l'instant je profite, mais je ne devrais pas vous laisser de côté.
- Propose-lui de t'accompagner chez Papi et Mamie ce week-end..., soumet-elle.
- Je te vois venir, espèce de groupie !!!!"
Nous rions ensemble et ça allège un peu mon cœur. Je vais bien, je suis heureux mais je dois avouer que j'ai quelques moments de lucidité qui me font voir la réalité telle qu'elle sera dans quelques semaines.
***
Les jours passent et Harry s'absente régulièrement de l'auberge. J'avais pris l'habitude de le croiser tout au long de la journée et d'entendre la mélodie du piano. Sa présence se fait de plus en plus rare. Il se déplace quotidiennement à Hartford pour travailler avec Charlène, sa coach vocale. Elle a accepté de loger sur la côte Est pour aider Harry à reprendre de bonnes habitudes en matière de chant. Ils travaillent de pair avec Zayn, son orthophoniste.
J'entends les progrès de Harry tous les jours. Ça me surprend encore lorsqu'il s'adresse à moi alors que je ne le vois pas. Pourtant ça fait maintenant plus de deux mois qu'il a retrouvé toutes ses capacités vocales.
Je repense souvent à la conversation que j'ai eu avec ma sœur, il y a quelques semaines, et au fait, qu'un jour, de plus en plus proche, Harry quittera Les Capucines pour rentrer chez lui, à Los Angeles.
Je ferme le bureau de la réception, mon esprit perdu dans ces moroses pensées. La journée a été maussade. L'automne a débarqué et la pluie ne cesse de tomber depuis quelques jours. Nous avons quelques clients habitués qui apprécient l'auberge et son environnement à cette période de l'année mais l'activité ralentit.
J'enfile ma veste, enclenche la veilleuse de l'entrée et sors de l'auberge. Je salue Robert qui se charge de la permanence de la nuit et m'engage d'un bon pas sur le sentier jusqu'à ma maison.
J'ai hâte de m'installer dans la cuisine, de prendre un thé bien chaud en écoutant claquer les gouttes de pluie sur la verrière. Mais j'aperçois une douce lumière filtrer à travers la baie vitrée du salon. Harry est rentré.
Mon cœur s'emballe légèrement, heureux de le retrouver.
J'ouvre la porte d'entrée, enlève ma veste et mes chaussures. J'entends l'eau de la douche couler. Je monte rapidement l'escalier, la porte de la salle de bain est légèrement ouverte. Je pénètre dans la pièce embuée, me défais de mes vêtements et me glisse dans la douche où Harry est en train de se laver.
"J'arrive au bon moment on dirait ! je dis en passant mes bras autour de sa taille, mes lèvres déposant un baiser entre ses omoplates.
- Oui ! Ça va te réchauffer en plus, dit-il en se tournant entre mes bras, m'attirant sous le jet d'eau.
- Tu as passé une bonne journée ? je demande avant de capturer ses lèvres.
- Je suis épuisé, me répond-il en lissant mes cheveux sur l'arrière de mon crâne. Charlène m'a conseillé de faire une pause de plusieurs jours, m'informe-t-il.
- Il y a un problème ? je l'interroge soucieux.
- Non...On en parlera tout à l'heure."
Harry conclut notre conversation en m'embrassant. Nous profitons de la chaleur de la douche pour nous câliner, nous retrouver après cette journée passée loin l'un de l'autre.
Harry sort avant moi et, pendant que je me lave, se sèche et s'habille avant de descendre. Lorsque je le rejoins, il est installé dans la cuisine, deux tasses fumantes devant lui et sa guitare entre les mains. C'est à se demander si cet instrument n'est pas la prolongation de son corps. Je le vois rarement sans.
Je m'installe près de lui et savoure la boisson chaude en l'observant sous mes cils. Ses cheveux ont poussé depuis son arrivée à l'auberge. Il n'est pas allé chez le coiffeur et les retient souvent avec un foulard ou une pince qu'il a chipé à Reese. Ce soir, c'est la pince qui les retient au-dessus de sa tête et je ne peux m'empêcher de sourire. Même avec cette coiffure improbable, il est beau.
Et ça me brise un peu le cœur...
"Ça va Louis ? il me demande en relevant son visage vers moi.
- Oui, très bien, je lui mens. Alors cette séance de chant ? je l'interroge en inspirant fortement.
- Charlène est satisfaite et moi aussi. On a fait un semblant d'enregistrement pour que je m'entende et ça sonne comme avant l'opération et la dysphonie, il m'explique le regard pétillant. Charlène va rentrer à Los Angeles, m'informe-t-il.
- Ah oui ?!?
- Oui, elle n'a pas que moi à s'occuper et j'ai pris assez de son temps. Et puis, elle trouve que nous avons beaucoup travaillé et que ce n'est plus nécessaire de nous voir tous les jours, poursuit-il. Elle m'a conseillé de me mettre au repos et de faire des exercices de vocalises régulièrement mais pas tous les jours. Par contre, nous ferons plus attention lors de l'enregistrement de l'album et je dois voir avec Jeff pour que la tournée soit répartie avec suffisamment de temps de pause."
Au fur et à mesure de la conversation, je prends conscience du départ imminent d'Harry. Il se replonge dans ses projets, dans sa vie bien à lui, à des milliers de kilomètres des Capucines. De moi.
Je me racle la gorge et me redresse sur ma chaise pour me ressaisir. Mon cœur est en train de s'émietter mais je ne veux rien lui laisser paraître. Nous ne nous sommes faits aucune promesse après tout.
"Tu vas rentrer... toi aussi ? je demande doucement.
- Je vais devoir faire un aller-retour, oui, m'informe-t-il.
- OK."
Je me lève et dépose ma tasse dans l'évier. La fatigue des derniers jours me tombe dessus comme une chape de plomb. Je glisse mes doigts dans mes cheveux et commence à me diriger vers l'étage.
Le bras de Harry s'enroule autour de ma taille alors que son visage s'échoue dans le creux de mon cou. C'est douloureux.
"Louis... Je m'demandais si tu voulais m'accompagner. Juste quelques jours..."
Il chuchote contre ma peau, me faisant frissonner. Je me tourne entre ses bras pour lui faire face. Il caresse ma joue tendrement et cueille une larme qui menace de couler.
"Je travaille, je réponds doucement.
- C'est toi le boss... Tu peux t'octroyer quelques jours de repos, me suggère-t-il. S'il te plaît, ajoute-t-il en bisant mes lèvres.
- D'accord..."
Ma réponse se perd dans son baiser. Il glisse ses bras le long de mon corps et ses mains sous mes cuisses. J'enroule mes jambes autour de sa taille alors qu'il nous conduit jusqu'à la chambre.
Mon corps s'enflamme sous ses lèvres et ses caresses, et les morceaux éparses de mon cœur se rassemblent.
*
* *
Le retour du Louis mélancolique, inquiet, peu sûr de lui... et amoureux !
Le clip de Falling est sorti aujourd'hui... Harry au piano ma faiblesse, vraiment !
Des bisous
#CapucinesFic 🌸🌸🌸
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