CHAPITRE 31 - HARRY
Deuxième jour post-opératoire.
J'émerge doucement d'une bonne nuit de sommeil. Le stress lié à l'opération me quitte un peu plus chaque jour. Même si mes problèmes sont loin d'être résolus, j'ai le sentiment que le pire est désormais derrière moi. Il me faut reconnaître aussi que la présence de Louis est ce qui m'apaise le plus.
D'ailleurs, je me tourne sur le côté et l'observe dormir, le nez enfoui dans l'oreiller. Je glisse mes doigts sur sa joue jusqu'à ses cheveux et dégage son visage. Il ronchonne légèrement mais ne se réveille pas pour autant. Je remonte la couette au-dessus de nos deux corps et me colle tout contre lui. J'embrasse son épaule, glisse mes lèvres dans son cou, mordille son lobe d'oreille.
"Humm.... Harry ! Je dors !"
Non... Il ne dort plus vraiment mais je ne peux pas lui répondre, obligé au silence. Alors, je poursuis mon assaut pour le réveiller totalement et profiter de lui au maximum.
Parce que Louis va partir. Il va rentrer aux Capucines. Son avion décolle dimanche après-midi. Je ne veux pas y penser pour l'instant. Je niche mon visage dans la chaleur de son cou.
Sa main s'accroche à ma taille et glisse sous mon t-shirt. Je frissonne. Louis ouvre enfin les yeux et nos regards se croisent. Je lui mime un bonjour du bout des lèvres avant de l'embrasser doucement. Son sourire s'étire contre ma bouche et sa caresse s'accentue contre ma peau.
"Salut, dit-il doucement. Tu as bien dormi ?"
J'acquiesce en souriant et lui mime que je meurs de faim. Il rit et relève la couette pour nous faire sortir du lit.
Je l'observe se déplacer dans ma chambre, satisfait de l'avoir près de moi, chez moi. Heureux qu'il soit venu me retrouver et que notre querelle soit définitivement dépassée, même si je pense lui devoir encore des excuses après les mots que j'ai pu lui dire.
"Tu me rejoins dans la cuisine ?" me demande-t-il en ouvrant la porte de ma chambre.
Je ne lui laisse pas le temps de quitter la pièce seul, je me lève aussitôt, enfile mon bas de survêtement et le suis dans l'escalier. Son bras s'accroche autour de ma taille. Louis multiplie les gestes d'affection et je n'imaginais pas en vouloir toujours plus. Je glisse mon bras autour de ses épaules et nous descendons jusqu'à la cuisine.
J'embrasse furtivement sa tempe et me dirige vers la bouilloire pour préparer du thé. Je suis interdit de café pendant ma convalescence. Louis sort de quoi nous préparer des toasts grillés, des œufs et le jus de fruit.
Nous prenons notre petit déjeuner l'un à côté de l'autre tentant d'avoir une conversation via les mémos de mon téléphone portable. Louis fait preuve de tant de compréhension. Il m'insuffle sa patience. Jeff serait surpris de mon changement de comportement des dernières soixante-douze heures.
📝Mémo de Harry : Je peux te dire quelque chose... ?
"Bien sûr." me répond Louis en collant son corps au mien pour lire au fur et à mesure de ma rédaction.
📝Mémo de Harry : Je voulais te dire : merci encore d'être venu me retrouver et de me soutenir dans ce moment... compliqué pour moi. Je sais qu'on ne se connaît que depuis vraiment peu de temps mais tu as su m'apaiser dès nos premiers échanges.
"Nos premiers échanges ? il répète avec espièglerie. Ce n'est pas vraiment l'impression que j'ai eu, ajoute-t-il en riant tandis que je le bouscule légèrement.
📝Mémo de Harry : Sincèrement, tu m'as écouté et c'est ce dont j'avais besoin. Même si moi, par contre, je n'ai pas su t'écouter tout de suite, j'ai fini par prendre conscience des choses. Et je t'en remercierai toujours.
Ses lèvres se déposent doucement sur ma joue avant qu'il ne cale sa tête sur mon épaule.
📝Mémo de Harry : Je te promets que lorsque j'aurai retrouvé ma voix, je te présenterai les excuses que tu mérites face à mon comportement.
Cette fois, c'est moi qui me tourne vers Louis. Son regard est brillant, sûrement le reflet du mien. Je presse mes lèvres sur les siennes avant de poursuivre ma tirade.
📝Mémo de Harry : J'ai suivi ton conseil et j'ai envoyé un long mail à ma mère pour lui expliquer ma situation. Je me suis fait enguirlander ! Mais quand je lui ai dit que grâce au fils de Johanna, je commençais à me remettre en question, elle m'a... comment dire... "traité d'imbécile" avant de me féliciter.
Elle arrive demain. Je suis content de pouvoir te la présenter avant que tu ne partes.
"Merci beaucoup Harry. Tout ce que tu dis me touche bien plus que tu ne l'imagines. Je t'ai peut-être écouté, mais tu ne sais pas ce que notre rencontre m'a apporté, il murmure timidement. Tu sais... J'ai pas très envie de partir..."
📝Mémo de Harry : Reste...
"Si je pouvais..."
***
Je sors du rendez-vous post-opératoire imposé par le Docteur Corday, sept jours après l'intervention. Sept jours de silence complet, de repas légers et de repos. Je n'ai jamais été si peu actif de ma vie et sérieux.
Louis est parti dimanche pour Hartford retrouver Les Capucines, ses amis. Sa vie. Ma mère et Kendall ont pris le relais pour me tenir compagnie, me surveiller un peu aussi, il faut bien l'avouer. Jeff est passé prendre de mes nouvelles. J'espère que nous parviendrons à dépasser nos ressentiments respectifs.
C'est ma mère qui m'a accompagné au rendez-vous avec le médecin. C'est en silence que nous parcourons les couloirs de la clinique. Le silence qui m'est prescrit n'a rien à voir avec celui qu'elle m'impose depuis que nous avons quitté le bureau du Docteur Corday. Ma mère est soucieuse, peut-être un peu déçue. Et si moi je ne peux lui parler, j'aimerais qu'elle le fasse parce que son silence est assourdissant.
Je glisse mes doigts autour de son poignet pour l'arrêter et l'inciter à me faire face. Ses yeux sont brillants. Je m'en veux. Tout ceci aurait sûrement pu être évité si j'avais fait plus attention à moi et aux signes avant-coureurs. Je l'enlace et la serre contre moi, caressant son dos doucement.
L'inflammation de ma gorge est encore trop vive et mes cordes-vocales toujours à vif. J'ai une cicatrisation difficile apparemment. Alors le Docteur Corday m'a demandé de garder le silence pendant encore une bonne dizaine de jours.
J'encaisse.
J'assume.
Mais je ne veux pas que ma mère s'inquiète outre mesure. Ce ne sont que quelques jours. Tout finira par rentrer dans l'ordre.
Je tente de me convaincre autant que j'essaye de rassurer ma mère. Elle se retire un peu de mon étreinte et caresse ma joue affectueusement.
"Je n'ai pas assez fait attention à toi." murmure-t-elle.
Depuis que je suis obligé au silence, tout le monde autour de moi chuchote. En d'autres circonstances, j'aurais trouvé ça drôle. Mais, malgré le murmure de ma mère, je peux entendre l'inquiétude et les trémolos dans sa voix.
Je l'entraîne vers les chaises qui longent le couloir où nous sommes et l'invite à s'asseoir. Je glisse ma main dans ma poche, récupère mon téléphone et commence à écrire.
📝Mémo de Harry : Maman, tu n'es pas responsable de ce qui m'arrive !
"Quand tu es venu à Londres, tu avais déjà des problèmes. J'aurais dû te dire de consulter un médecin. Même s'il ne s'agissait que d'un petit mal de gorge." m'interrompt-elle en plaçant sa main sur mon avant-bras.
📝Mémo de Harry : Tu aurais pu me dire tout ce que tu voulais, j'en aurais fait qu'à ma tête. Et tu le sais très bien...
Les polypes sur les cordes vocales sont courants chez les chanteurs. J'ai juste empiré les choses en faisant les mauvais choix.
J'embrasse sa joue et passe mon bras autour de ses épaules. Nous restons quelques minutes dans cette position avant de reprendre le chemin du parking puis de la maison. Je décide de conduire pour me concentrer sur autre chose que les mots du Docteur Corday. J'allume la radio pour combler le silence pesant de l'habitacle. Je souris nerveusement quand l'une de mes chansons est diffusée sur les ondes. C'est ma mère qui coupe le son avant de glisser sa main sur ma cuisse qu'elle presse.
***
Douzième jour post-opératoire.
Je tourne en rond dans la maison. Ce silence me pèse et j'ai vraiment hâte de commencer à reparler, même un peu. Hâte de commencer la rééducation.
J'ai convoqué mon équipe chez moi. Nous devons "discuter" des mois à venir et des décisions que j'ai prises. Je n'en ai parlé à personne. J'ai demandé un rendez-vous au Docteur Corday, hors protocole médicale, pour qu'elle me conseille ; rendez-vous auquel je me suis rendu seul.
Je m'active en cuisine à préparer du café et disposer les mignardises que j'ai faites livrer un peu plus tôt dans l'après-midi.
Jeff discute avec ma mère dans le salon. Les musiciens de mon groupe sont installés dans le canapé et discutent avec Tom.
J'ai préparé mon mémo très tôt ce matin, avant de préparer mes bagages que j'ai soigneusement laissés dans mon dressing.
Je pénètre dans le salon et tout le monde se tait à mon arrivée, comme si parler était devenu tabou. Je dépose le plateau sur la petite table devant le canapé. Jeff et ma mère nous rejoignent. Je m'empare des quelques pages que j'ai imprimées plus tôt et en distribue une à chaque personne.
Je m'assieds et attends que chacun prenne connaissance des mots que j'ai rédigés.
"Harry, tu n'es pas sérieux ?" demande Jeff en se tournant vers moi.
J'acquiesce simplement.
"C'est plus que ce que le médecin a préconisé. Ta rééducation ne prendra que quelques semaines." enchaîne-t-il, incrédule.
Tous les regards sont rivés sur nous. Je passe en revue les réactions sur les visages des membres de mon équipe. Ma mère semble soulagée.
J'envoie le message que j'ai préparé pour clore la "discussion".
📧 Message de Harry à Maman, Team : J'ai vu le Docteur Corday hier. Ce n'était pas une consultation. J'avais juste besoin qu'elle me dirige vers un autre orthophoniste et l'un de ses confrères. J'avais besoin qu'elle me confirme que j'étais en état de prendre l'avion.
Mon vol décolle demain matin pour Hartford. Je repars aux Capucines et je ferai ma rééducation sur New York.
Jeff, j'ai besoin de ce temps. J'ai trop tiré sur la corde.
Je crois qu'on a besoin tous les deux de ce temps.
Je te demande douze mois. Pour revenir en meilleure forme.
Tous lisent le message. Les murmures se font entendre. Ma mère se lève et embrasse ma joue.
"C'est une bonne décision mon cœur." murmure-t-elle à mon oreille avant de quitter la pièce.
Jeff est en train de prévoir ses plans avec le reste de l'équipe et s'empare de son téléphone pour appeler Liam, son associé. Son comportement me conforte dans mon choix de prendre une pause et de m'éloigner de tout ça.
📧 Message de Harry à Jeff : Je ne peux pas parler mais je ne suis pas sourd pour autant !
Son visage blêmit lorsqu'il lit le message. Il interrompt sa conversation avec Liam avant de se tourner vers moi.
"Je n'ai encore pas la bonne réaction, n'est-ce pas ?"
📧 Message de Harry à Jeff : Non, toujours pas.
📧 Message de Harry à Team : Merci à tous d'être venu. On se tient au courant pour la suite.
J'abandonne tout le monde dans le salon et monte retrouver ma mère dans la chambre d'amis. Elle prépare ses bagages, prête à me suivre aux Capucines pour quelques jours avant de rejoindre Londres.
"J'ai besoin de remercier Louis en personne. Il a dû jouer un rôle dans ta décision, je me trompe ?"
📝Mémo de Harry : Il ne sait pas que je rentre.
Je souris à l'idée de retrouver Louis. J'ai hâte de retrouver la quiétude de l'auberge.
*
* *
Simplement... merci de continuer à me suivre 💕
#CapucinesFic 🌸🌸🌸
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top