CHAPITRE 30

Harry :

Nous y sommes.

Je sens le regard de Louis sur moi alors que je m'avance dans la chambre de la clinique qui m'a été attribuée. Je bénis le ciel que Louis soit moins rancunier que moi et qu'il soit venu me retrouver ici, à Los Angeles.

Son arrivée deux jours plus tôt m'a permis de prendre un peu de recul sur la situation et surtout de passer des heures entières entre ses bras réconfortants... entre autre.

Kendall nous a accompagnés. Jeff m'a envoyé un message d'encouragement.

Mon cœur bat trop vite dans ma poitrine et mes mains sont légèrement moites. Je me tourne et rencontre instantanément le regard de Louis. Il me sourit et s'approche de moi, récupérant mon sac pour le poser sur le lit.

Je déteste cet endroit. La couleur des murs, l'odeur qui empeste dans toute la pièce, sur les rideaux et même les draps. Cette odeur de désinfectant qui accentue ma nausée.

Je souffle fort, prêt à faire demi-tour une nouvelle fois. Mais les bras de Louis viennent s'accrocher autour de ma taille. L'une de ses mains remonte le long de ma colonne vertébrale jusqu'à ma nuque, ses doigts glissent dans mes cheveux et ses lèvres s'échouent sur les miennes en un baiser doux, discret, d'un tendresse infinie. Le genre de baiser qui, en un effleurement, apaise par sa sincérité.


"Je vais descendre à la cafétéria, annonce Kendall doucement. Tu me rejoindras là-bas Louis ?

- Oui, il répond simplement, ses lèvres à l'orée des miennes.

- Bon courage H. Tout va bien se passer" affirme-t-elle en s'approchant de nous pour embrasser ma joue.


Je me libère de Louis pour serrer mon amie dans mes bras. Je lui murmure un "Merci" au creux de l'oreille et embrasse ses lèvres rapidement. Elle caresse ma joue et me sourit avant de quitter la pièce.


"Kendall est une bonne amie, dit Louis tandis que la porte de la chambre se referme sur elle.

- Oui. Elle me supporte, c'est déjà énorme, je réponds dans un rire sans joie.

- Si tu veux, acquiesce Louis, sachant que notre amitié va bien au-delà de ça. Tu as besoin de quelque chose ? il demande.

- D'avancer le temps.... je suggère avant de me glisser entre ses bras.

- Si je pouvais... Ça va aller. Ton médecin ne devrait plus tarder."


Et j'y compte bien. Le Docteur Corday a bien compris toutes mes angoisses liées à l'opération. Elle m'a convoquée à sept heures du matin, à jeun, et m'a promis d'être son premier patient. L'intervention ne devrait pas durer très longtemps et j'espère sincèrement pouvoir rentrer chez moi dès ce soir. Elle a cependant insisté pour qu'une chambre me soit réservée dans le cas où il y aurait une éventuelle complication.


"Hey... tout va bien se passer, me rassure Louis alors que mon corps commence à trembler sans que je puisse le contrôler.

- Tu dois vraiment me trouver ridicule... je murmure contre son cou.

- Non. Je ne me permettrais pas de te juger. Les peurs sont irrationnelles et inexplicables. Je suis là pour te rassurer et te soutenir, dit-il en caressant mes cheveux. Mais comme toi, j'aimerais déjà que tout cela soit derrière toi.

- Merci" je réponds simplement préférant retrouver la douceur de ses baisers.


La porte s'ouvre dans son dos sur le Docteur Corday suivie d'une aide soignante. Cette femme respire la confiance et le réconfort. Je me détache légèrement de Louis pour la saluer et les présenter.

Elle offre un sourire chaleureux à Louis avant de nous expliquer le déroulement de la journée.


"Je vous laisse entre les mains d'Ophélie, Harry. Prenez votre douche et passez la blouse. Nous viendrons vous chercher pour vous descendre au bloc dans quarante-cinq minutes environ, me dit-elle en posant sa main sur mon épaule pour m'apaiser.

- Très bien, je réponds dans un souffle juste avant qu'elle ne quitte la chambre.

- Je vous ai apporter de quoi vous lavez Monsieur Styles, m'indique Ophélie. Appelez-moi si vous avez besoin de quoi que ce soit.

- Merci beaucoup. Ça devrait aller, j'affirme, un sourire timide sur les lèvres. Tu restes là ? je demande à Louis, mes affaires dans les mains, prêt à entrer dans la petite salle d'eau.

- Bien sûr" il acquiesce.



Louis :

Je n'imaginais pas que ça me retournerait autant de voir Harry quitter sa chambre dans le lit médicalisé. J'ai tenté de lui cacher ma soudaine angoisse et j'espère sincèrement qu'il n'a rien vu de mon état ; lui-même étant suffisamment stressé.

Le Docteur Corday nous a expliqué que l'intervention ne devrait pas durer plus de trente minutes mais qu'Harry ne remonterait pas dans sa chambre avant quelques heures et bien réveillé.

J'arpente le couloir de la clinique et emprunte les escaliers pour rejoindre Kendall à la cafétéria. Au décès de ma mère, j'avais repris la cigarette. Commencée à quatorze ans, je n'avais jamais été un gros fumeur mais les circonstances m'avaient fait replonger. Aujourd'hui, je ne serais pas contre un peu de nicotine pour tenter de me détendre.

Je passe les portes battantes de la cafétéria et jette un regard circulaire à la pièce. J'aperçois l'amie d'Harry, le regard plongé dans son téléphone portable, installée près de la vitre. Je me dirige au comptoir et commande un grand café avec un peu de lait. Je n'ai pas mangé depuis hier soir, alors je commande deux pains au chocolat et deux salades de fruits, pour Kendall et moi.

Je dépose le plateau sur la table et me laisse tomber dans un soupir sur la chaise face à la jeune femme. Elle relève la tête et croise mon regard. Elle semble inquiète elle aussi, bien loin de la furie brune que j'ai vue débarquer aux Capucines il y a bientôt un mois maintenant. Je lui souris et lui propose la viennoiserie ou les fruits.


"Merci Louis. C'est gentil, me dit-elle doucement. Comment allait Harry quand tu l'as laissé ? me demande-t-elle.

- Stressé... L'aide-soignante, Ophélie, lui a donné un décontractant mais ça ne semblait pas avoir d'effet sur lui, je l'informe.

- Je ne suis pas vraiment étonnée... Quand on prend d'autres substances, même occasionnellement, ce genre de comprimés n'a aucun effet, grimace-t-elle, consciente de ce qu'elle me révèle.

- Sûrement..., je réponds en baissant le regard sur mon café. J'espère que tout ira bien maintenant, j'ose me confier.

- Il n'y a pas de raison. La clinique a une très bonne réputation et le Docteur Corday, l'une des meilleures praticiennes dans sa spécialité, me rassure-t-elle. Tout ira bien."


J'acquiesce avant de prendre une gorgée de café et de croquer dans mon pain au chocolat. Je m'adosse à la chaise en observant ce qui nous entoure. Il n'y a pas beaucoup de monde à cette heure de la matinée. Quelques médecins et infirmières qui discutent, deux ou trois personnes comme Kendall et moi qui attendent des nouvelles.

J'entends Kendall poser son téléphone sur la table et se racler la gorge. Je me tourne vers elle. Elle picore dans la salade de fruits.


"Je suis vraiment contente que tu sois venu retrouver Harry, me dit-elle presque timidement.

- C'est moi qui te remercie de m'avoir envoyé le message, je réponds dans un sourire. Je crois que Harry ne l'aurait pas fait. Le premier pas, je veux dire.

- Il est entêté, elle dit dans un léger rire.

- Moi aussi... du point de vue de mes amis, je précise. J'ai essayé de le joindre mais il ne répondait à aucun de mes messages ou appels.

- Pourtant... enfin... , elle hésite. Il en crevait d'envie, finit-elle par me révéler.

- Ça peut paraître trop rapide, mais je tiens beaucoup à Harry, je lui avoue.

- Certaines choses, certains sentiments ne s'expliquent pas Louis" me répond-elle en posant sa main sur la mienne.


Je lui souris tandis qu'elle retire sa main et continue de déguster les fruits. Je termine mon café et regarde ma montre. Il ne s'est écoulé que vingt minutes... autant dire que le temps semble être arrêté.



Harry :

J'ouvre difficilement les paupières. Je suis fatigué et ma gorge est terriblement sèche et... engourdie. La sensation est désagréable et je manque de m'étouffer en déglutissant. Je sens les battements de mon cœur s'accélérer et le "bip" de la machine près du lit s'affole un peu.


"Monsieur Styles, respirez calmement. Je vais vous chercher un peu d'eau."


Je reconnais la voix d'Ophélie, l'aide soignante qui s'est occupée de moi depuis mon arrivée ce matin. Je ferme les yeux à nouveau et respire doucement jusqu'à ce que la jeune femme revienne près de moi.


"Tenez. Buvez par petites gorgées, juste pour vous hydrater. Et surtout ne parlez pas, me dit-elle d'une voix douce et réconfortante. Le Docteur Corday a bien insisté pour que je vous le répète plusieurs fois, dit-elle en riant légèrement. Je vais aller la chercher."


Je souris à Ophélie avant qu'elle ne s'éloigne. Je passe mes mains sur mon visage, heureux et rassuré d'être toujours en vie. Je me redresse un peu et reprends une gorgée d'eau. J'enfonce ma tête dans l'oreiller. Je ferme les yeux et essaye vraiment de me sortir de cet état de léthargie. J'ai l'impression d'être totalement shooté, incapable de reprendre mes esprits.


"Harry ?"


La voix me réveille et une main s'empare de mon poignet. J'ouvre les yeux avec difficulté mais je parviens à me concentrer sur le visage du Docteur Corday. Elle porte son ensemble bleu mais contrairement à tout à l'heure, ses cheveux roux et bouclés sont lâchés sur ses épaules. Pourquoi je fais attention à ça, moi ?!?


"Harry ? Hochez simplement la tête pour me répondre. D'accord ?"


Je m'exécute et hoche la tête de bas en haut. Je me redresse un peu.


"Bien, poursuit le médecin. Tout s'est bien passé pendant l'intervention, Harry. Vos cordes vocales ont été mises à rude épreuve. Il y avait de nombreux polypes mais nous les avons tous enlevés et envoyés en analyse."


Je hoche la tête pour lui montrer que je comprends mais j'ouvre grand mes yeux lorsqu'elle me parle d'analyse.


"C'est la procédure habituelle, m'explique-t-elle. Ne vous inquiétez pas outre mesure. Il faut maintenant garder un silence complet pendant une semaine. Votre gorge et vos cordes vocales ont vraiment besoin d'être mises au repos, enchaîne-t-elle. Nous allons vous monter dans votre chambre dans quelques minutes. Nous vous gardons un peu, le temps que vous vous réveillez totalement puis vous pourrez rentrer. Je compte sur vous pour prendre soin de vous maintenant. Nous nous reverrons dans une semaine." termine-t-elle.


J'acquiesce et lui souris. Elle presse mon épaule entre ses doigts avant de quitter la chambre.



Louis :

Je suis assis sur l'un des bancs dans le petit parc qui borde la clinique. Je n'en peux plus d'attendre et j'ai finalement craqué. Je suis allé acheter un paquet de cigarettes et je m'apprête à en allumer une nouvelle lorsque mon portable sonne au fond de ma poche.

Mon cœur s'emballe lorsque je vois le nom de l'expéditeur.


📧 De Harry à Louis : Tu es parti ?


Je souris. Il est réveillé et sûrement remonté dans sa chambre. Mais mon cœur se serre lorsque je comprends qu'il s'imagine que j'ai quitté la clinique.

Je ne réponds pas et me lève. Je traverse rapidement le parc, le hall d'entrée de l'établissement et n'attends pas l'ascenseur. J'emprunte les escaliers dont je monte les marches deux à deux.

J'ouvre la porte de la chambre de Harry. Son regard est dirigé vers la fenêtre mais son visage se tourne dès qu'il entend la porte. Je suis heureux de le voir et de me sourire. Il semble aller bien.

Je referme la porte doucement derrière moi et m'approche de son lit. Je m'assieds sur le bord et enlace mes doigts aux siens. Je porte nos mains liées à mes lèvres et embrasse la sienne délicatement, juste à l'endroit où était placé le cathéter, là où persiste un petit point rouge. Il me sourit et caresse ma joue tandis qu'il s'avance vers moi pour biser mes lèvres.

Il me tend son téléphone sur lequel il a déjà écrit un mémo... qu'il fera sûrement lire à plusieurs personnes. Harry a l'interdiction formelle de parler pendant une semaine minimum. Je lis avec attention les recommandations du médecin et le bref résumé de l'intervention.

Harry reprend son téléphone et pianote quelques mots.


📝Mémo : J'ai l'autorisation de sortir. Si tu veux bien m'accompagner chez moi.

"Bien sûr que je t'accompagne." je lui réponds tout bas, enveloppé dans son propre silence.



*

*  *

Et voilà, l'opération a enfin eu lieu et tout va bien pour Harry. Tout ira bien pour lui maintenant, encore faut-il qu'il prenne soin de lui.

J'espère que ce chapitre vous a plu (je suis chargée de contentieux pas médecin donc désolée si vous notez des incohérences : c'est de la fiction !!!!)

Ça fait longtemps que je ne vous l'ai pas dit, mais merci infiniment de l'intérêt que vous portez aux Capucins. Merci de continuer à me lire et à vivre avec eux leur aventure.


Des bisous

Mimi


#CapucinesFic

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