CHAPITRE 26 - KENDALL
Je l'ai su dès que j'ai ouvert la porte pour trouver Harry derrière. Je l'ai su dès qu'il nous a rejoint à l'hôtel que quelque chose n'allait pas. Il se disputait quelques heures à peine avant avec Jeff parce qu'il ne voulait pas nous suivre à Los Angeles et finalement il était là.
Je n'ai pas insisté parce qu'il ne fallait pas qu'il change une nouvelle fois d'avis mais j'aurais dû plus me préoccuper de lui. Insister pour le raccompagner peut-être.
Je m'en veux.
L'appel de Nick à 2h du matin, légèrement paniqué, me demandant de retrouver Harry chez lui, ne me dit rien qui vaille.
Je suis arrivée depuis cinq minutes devant la maison. Je fais tourner mon téléphone entre mes mains, vérifiant toutes les trente secondes si Harry a répondu aux messages que je lui ai envoyés.
Des phares éclairent la rue et une voiture ralentit en approchant de la maison d'Harry. Une fois à l'arrêt, le chauffeur descend et s'avance vers moi.
"Vous avez intérêt à m'indemniser, commence-t-il furibond. Votre ami a gerbé tripes et boyaux sur ma banquette arrière ! Ça va me coûter une blinde en nettoyage."
Il pointe son doigt vers moi et attend sûrement que je réagisse. Mais mon regard est fixé sur la porte arrière et sur Harry qui sort tant bien que mal du véhicule. Je m'avance vers lui pour le rattraper avant qu'il ne s'écroule au sol. Bon sang, je ne suis pas certaine de l'avoir déjà vu dans cet état.
Je le laisse avancer vers son portail tandis que je sors mon portefeuille de mon sac à main et tends quelques billets au chauffeur, tant pour la course que pour le nettoyage. Je marmonne quelques excuses et lui demande de passer sous silence ce malheureux incident.
"C'est lamentable !" je l'entends dire en rejoignant son véhicule.
Je soupire. Oui, c'est lamentable mais pour le moment je suis plus inquiète pour Harry qu'en colère contre lui. Je le rejoins et le soutiens jusqu'à ce qu'on arrive à sa porte d'entrée. Il me tend les clefs de la maison et nous entrons. J'allume les lumières, Harry peste à cause de la luminosité soudaine.
Je dépose rapidement mes affaires dans l'entrée sans lâcher Harry, puis l'aide à gravir les marches de son escalier jusqu'à la salle de bain. Il sent l'alcool, la transpiration et le vomi. Je l'ai connu plus glamour que ça !
"Déshabille-toi H, s'il-te-plaît..." je lui dis en l'aidant à s'asseoir sur le rebord de la baignoire.
Ses gestes sont lents et mal assurés. Je n'imagine pas le nombre de verres qu'il a dû ingurgiter ce soir. En espérant qu'il n'y ait eu que de l'alcool... Je prends le verre sur le lavabo et le remplis d'eau fraîche avant de lui tendre.
"Allez, bois. Ça va te faire du bien."
Il avale et grimace en me rendant le verre. Je l'aide à enlever son pantalon puis son caleçon, actionne le robinet de la douche à une température assez fraîche pour lui faire reprendre ses esprits. Sa tête bascule en avant. Il me fait carrément flipper mais je prends sur moi. Je le pousse sous le jet d'eau. Je ne réponds rien à ses protestations et l'oblige à rester dans la douche. Il m'éclabousse en essayant de se défaire de mes mains sur ses bras.
"Putain Kendall c'est froid ! J'vais choper la mort ! il baragouine en tentant de sortir de la douche.
- Tu l'auras bien cherché ! je lui réponds sèchement. Lave-toi et tu sortiras."
Il râle mais attrape le shampoing pour se laver les cheveux puis le gel douche pour se savonner rapidement. Une fois rincé et l'eau coupée, il se tourne vers moi. Le sourire de défi qu'il affiche sur son visage parce qu'il est nu face à moi me fait lever les yeux au ciel. Je lui lance sa serviette de toilette au visage en reculant de quelques pas.
"Sèche-toi au lieu de faire l'imbécile. Tu ne me fais pas rire du tout."
Mon ton est sec et empli de reproches. Si je m'écoutais, je pense que je pourrais le gifler pour s'être conduit avec tant d'immaturité dans son état.
Je le laisse au milieu de la salle de bain et me dirige vers son dressing pour lui prendre des vêtements et un t-shirt pour moi. Je me change rapidement et lui dépose les habits avant de m'installer dans la chambre d'amis.
J'écoute ses déplacements, l'entends maugréer lorsqu'il trébuche contre un meuble. Quand j'entends la porte de sa chambre se fermer, je me détends légèrement. J'envoie un message à Nick pour l'avertir qu'il est bien rentré puis je me couche.
Demain est un autre jour et Harry Styles va devoir s'expliquer !
***
"Qu'est-ce que tu fais ?"
La voix d'Harry, plus rauque et éraillée encore, me surprend tandis que je suis dans la cuisine en train de préparer un brunch. Il est déjà plus de 11h mais je suis un peu surprise de le voir déjà levé.
Je me tourne vers lui. Il a pris une douche et enfilé un survêtement et un gros pull. Ses yeux sont cernés. Il est fatigué mais un autre sentiment semble habiter son regard. Il a l'air triste.
Il s'approche du plan de travail et se sert un verre d'eau avant de mettre en route la bouilloire. Je l'observe mais ne lui dis rien. J'hésite à lui hurler dessus à cause de la veille au soir ou à l'inciter à se confier à moi.
Soudain, ses bras entourent ma taille et il niche son visage dans le creux de mon cou. Je suis prise au dépourvu par cet élan d'affection. Je coupe le feu sous ma poêle et vide le contenu dans l'assiette près de la plaque de cuisson avant de glisser mes doigts dans ses cheveux humides.
"Ça va mieux ?"
C'est finalement la gentillesse qui prend le pas sur le reste. Je trouverai les bons mots plus tard pour lui faire des remontrances. Pour le moment, je me tourne entre ses bras mais Harry ne me lâche pas. Au contraire, il resserre son étreinte et prend une grande inspiration.
"Je suis désolé."
C'est juste un murmure mais je peux entendre toute la sincérité dans ces trois mots. Je l'incite à se détacher de moi pour pouvoir croiser son regard. Ses yeux sont brillants de fatigue mais j'ai l'impression qu'il est à deux doigts de pleurer. Je glisse doucement ma main sur sa joue avant de lui donner un baiser chaste sur les lèvres et un sourire de réconfort.
"Viens, on va manger un morceau et tu vas m'expliquer ce qu'il s'est passé."
Il acquiesce d'un mouvement de la tête, prend le plateau que j'ai préparé et nous allons nous installer dans le salon.
Harry picore dans les différentes assiettes mais reste silencieux. Je lui sers une tasse de thé avec du miel, espérant un peu adoucir sa gorge. Je serre légèrement son genou entre mes doigts alors qu'il tourne son visage vers moi.
"Pourquoi tu t'es mis dans cet état H ?" je demande doucement.
Son regard se voile instantanément. Il souffle fort avant de passer ses doigts dans ses cheveux, cherchant le courage de se confier sans craquer. Il glisse sa main dans la poche de son pantalon et sort son téléphone.
"Je t'écris si tu veux bien..."
J'acquiesce d'un mouvement de tête et m'installe plus près de lui sur le canapé. Il commence à pianoter sur son téléphone et je lis au fur et à mesure, découvrant quelques détails sur sa relation avec Louis.
Il me raconte leur rencontre et leurs premiers échanges houleux. Le soir de l'orage où j'attendais qu'il revienne dans sa chambre, mais qu'il a passé chez Louis. L'instant où il a embrassé Louis... Le baiser de Louis le lendemain.
Harry écrit rapidement et je surprends son sourire sur ses lèvres lorsqu'il évoque les instants partagés avec Louis. Puis il m'explique qu'après notre départ de l'auberge, il a fini par lui avouer les raisons de sa fuite aux Capucines, l'opération qu'il a choisie de louper par peur.
Il passe sa main sur son visage. Je sens son corps se tendre près de moi. Je l'enlace de mon bras et embrasse sa joue avant de caler mon menton sur son épaule. Il soupire mais reprend son récit jusqu'au moment où Louis lui a demandé de quitter l'auberge et sa maison.
Harry laisse son téléphone tomber sur le coussin du canapé et bascule en arrière pour s'y adosser. Je me détache de lui et l'observe un instant, surprise qu'il soit autant affecté par cette dispute.
"H... Vous vous êtes fréquentés quoi... huit jours ? Tu ne peux pas te mettre dans un état pareil pour ça ! Ça ne rime à rien voyons ! je ne peux m'empêcher de lui dire.
- Putain, mais ça m'énerve ça ! Vous êtes constamment en train de juger mes réactions, dit-il en se détachant de mon étreinte. A quel moment, vous allez comprendre que je suis un être humain avec des sentiments. J'ai peur de me faire opérer et des conséquences que ça engendre, vous ne comprenez pas ! Je tombe amoureux, c'est trop rapide ! Merde !
- Tu es... amoureux ? De Louis ? je demande surprise par cette révélation.
- Quoi ? me répond-il en se tournant vers moi, les sourcils froncés.
- Tu viens de dire que tu es tombé amoureux... je répète.
- Oui, non... Enfin... j'en sais rien, souffle-t-il. Louis m'a apporté une sérénité que je n'avais pas. J'étais bien aux Capucines. J'étais bien avec Louis. C'était une bulle de bien-être, loin des obligations professionnelles, du stress, de mes problèmes de voix, bien que je ne pouvais pas les oublier. Mais avec Louis, j'ai mis de côté mes craintes. Je pensais que nous partagions quelque chose d'important. Et comme vous, parce que je ne vais pas dans son sens, il me fout dehors !"
Harry s'énerve et commence à faire les cent pas dans le salon. Si hier, je ne l'avais jamais vu se mettre autant minable en soirée, j'avoue ne l'avoir jamais vu autant touché par les mots de quelqu'un qui semble compter pour lui. A bien y réfléchir, je ne connais aucune relation sérieuse à Harry.
Quand j'ai aperçu Louis et Harry enlacés sur le ponton, je reconnais les avoir trouvés très proches et adorables. J'étais loin d'imaginer que Harry avait pu s'attacher si rapidement, au point de remettre en cause son opération et sa carrière. Même s'il a peur de cette intervention, il a parfaitement conscience qu'il doit la subir pour reprendre le chemin des studios.
"Tu sais Harry, je reprends, je pense que tu arrives à un moment de ta carrière où tu as besoin de ralentir."
Harry se tourne vers moi et plonge son regard dans le mien.
"Ton public est conquis et t'attendra le temps qu'il faut, je poursuis.
- Louis m'a dit que c'était important de revoir ses priorités. Que les regrets ne servent à rien, il murmure.
- Je pense qu'il a été maladroit dans sa réaction parce qu'il s'est inquiété pour toi... Y as-tu pensé ? je demande doucement en m'approchant de lui.
- Non... il répond presque honteux. Il m'a envoyé un message, surpris que je sois vraiment parti. Mais il m'a demandé de partir... Qu'est-ce qu'il pensait que j'allais faire ?!?
- Ruminer dans ton coin, comme il a dû le faire, je réponds avec espièglerie. Tu devrais l'appeler peut-être..."
Je laisse ma phrase en suspend et quitte le salon pour la cuisine, laissant Harry dans ses réflexions.
Lorsque je reviens quelques minutes plus tard, il s'est assoupi dans le canapé, son téléphone sur son abdomen.
J'hésite le temps de quelques secondes... Je connais Harry et son caractère buté. Je m'approche doucement et m'empare de l'appareil. Il gigote mais n'ouvre pas les yeux.
📧De Harry à Louis : Harry se fait opérer mercredi. Il est trop buté pour faire un pas en avant, trop fier. Je pense qu'il aimerait que vous le sachiez... Kendall.
*
* *
Aurions-nous imaginé qu'un jour Kendall serait notre alliée ?
J'espère que ce nouveau chapitre vous a plu.
Des bisous.
#CapucinesFic
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