Louis rit à l'anecdote que je lui raconte sur l'un de mes premiers plateaux télé. L'angoisse pour un jeune homme propulsé sur le devant de la scène, certes un peu arriviste. Mais me retrouver invité au milieu de plusieurs célébrités et face à un animateur qui n'hésitait pas à me mettre un peu mal à l'aise, je ne faisais pas le malin.

"Mais vous êtes amis maintenant ? me demande Louis en essuyant les larmes au bord de ses yeux.

- Oui. Je suis même le parrain de son deuxième enfant, je lui réponds en lui montrant le prénom tatoué sur mon bras.

- C'est incroyable cet univers, quand même... il ajoute un peu rêveur.

- C'est un monde de requins, tu sais. Il faut savoir bien s'entourer. Il y a toujours quelqu'un prêt à t'aider pour mieux te planter un couteau dans le dos quelques mois ou années plus tard. Mais il y a des avantages. Plutôt agréables..." je termine en prenant une gorgée du vin que nous avons commandé.

Louis a pu nous obtenir une table dans ce restaurant dont il m'a vanté les mérites en arrivant plus tôt dans la journée. La vue sur la petite marina est agréable et la carte n'a rien à envier à certains grands restaurants étoilés.

Nous passons une agréable soirée. J'apprécie beaucoup la compagnie de Louis. De plus en plus même, quand j'y pense. J'aime la douceur de ses gestes, le son de sa voix. La manière dont ses yeux se plissent lorsqu'il sourit. Cette façon qu'il a de ramener ses cheveux en arrière. La fine barbe qui recouvre ses joues ces deux derniers jours.

Je mordille ma lèvre inférieure quand je sens l'envie se propager dans mon corps. Je repose mon verre sur la table et laisse ma main venir chercher celle de Louis. J'en caresse doucement le dos avant de m'en emparer, liant nos doigts ensemble. Les pommettes de Louis rosissent tandis qu'il me regarde sous ses cils, un sourire sur les lèvres.

"Messieurs..., nous interrompt le serveur. Je suis désolé mais nous allons devoir fermer."

Je me rends alors compte que les clients ont quitté la salle et les tables ont été débarrassées. Le serveur près de nous est un peu gêné, de nous déranger ou de nous trouver main dans la main, je ne sais pas. Je glisse ma main dans la poche de mon jean pour régler l'addition.

"Oui bien sûr, excusez-nous, nous n'avons pas vu le temps passer, dit Louis alors que je donne ma carte bancaire. C'était délicieux. Vous pourrez féliciter le chef, il ajoute avec un sourire cordial.

- Merci Monsieur. Ce sera fait. Je vous souhaite une bonne fin de soirée."

Le serveur s'éloigne alors que nous nous levons. Louis enfile sa veste et moi mon pull. Sa main s'agrippe à ma hanche et il embrasse ma joue, tendrement.

"Merci beaucoup pour le repas, il murmure. Merci pour cette soirée.

- Merci pour la journée Louis et pour nous avoir amenés ici", je lui réponds avant d'embrasser ses lèvres dans un sourire.

Louis et moi quittons le restaurant et rejoignons la voiture pour rentrer à l'auberge. Nous traversons la ville au ralenti. On est bien loin de Los Angeles et de la circulation continuelle, des quartiers surfaits. Ici, ça sent bon les sous-bois, l'odeur particulière de la nuit tombée.

Tandis que nous sommes arrêtés à un carrefour, il me semble apercevoir Reese, accueillie par un jeune homme sur le trottoir face à nous. Je tapote le genou de Louis pour attirer son attention.

"Ce n'est pas Reese en face ? je lui dis en dirigeant mon regard vers la jeune cuisinière.

- Oui. Et c'est Calvin, son fiancé, m'indique Louis.

- On pourrait aller les saluer ?" je propose.

J'ai envie de prolonger la soirée avec Louis et honnêtement, je ne sais pas ce qu'il se passera lorsque nous serons de retour à l'auberge. Louis me regarde, d'abord surpris, puis hoche la tête avec un sourire.

"Ça fait une éternité que je n'ai pas vu Calvin !" il ajoute en mettant son clignotant et en s'engageant dans la rue.

Un petit coup de klaxon prévient les amoureux de notre arrivée. Reese, comme à son habitude, nous accueille avec un sourire chaleureux. Ses cheveux blonds descendent en cascade de boucles sur ses épaules. Je me fais la réflexion que c'est la première fois depuis mon arrivée que je la vois ainsi.

"Vous êtes très jolie ce soir Reese, je lui dis en embrassant sa joue.

- Merci Harry. Je vous présente...

- Calvin, dit ce dernier en me tendant sa main, interrompant la jeune femme. Son fiancée, il précise.

- Enchanté, je réponds en entourant la taille de Louis pour l'approcher de moi et faire comprendre à Calvin qu'il n'y a aucune ambiguïté dans mon compliment. Désolé, mais je ne peux pas parler plus fort, je crois bon d'ajouter également.

- Salut Calvin ! enchaîne Louis en riant afin de détendre l'atmosphère soudain plus lourde.

- Vous entrez quelques instants prendre un café les garçons ? nous propose Reese. Et comme c'est exactement mon intention, je réponds vivement.

- Avec plaisir !"

Je scrute Calvin alors que nous emboîtons le pas de Reese avec Louis. Je souris. J'adore provoquer ce genre de réaction.

Reese nous propose de nous installer dans le petit salon de sa maison et se dirige vers sa cuisine pour préparer les cafés, Calvin sur ses talons. Louis s'assied sur le canapé et moi, comme à mon habitude, je visite. Je regarde les aquarelles sur les murs et reconnais le trait de certaines, exposées dans le salon de l'auberge. Je jette un œil à la collection de livres, DVD et CD bien rangés sur des étagères accrochées au mur.

"Tu ne peux vraiment pas t'en empêcher, hein ! j'entends Louis me réprimander.

- Pourquoi tout le monde expose des choses dans son salon si ce n'est pour les regarder, je réponds piquant.

- C'est impoli de fouiller chez les gens, Harry ! il poursuit.

- Louis ! Ne me dis pas que tu ne le fais jamais ? je demande en reposant le livre que je tenais entre mes mains.

- Pas quand c'est la première fois que je suis invité chez quelqu'un, il répond. Et surtout pas après avoir essayé de faire mon coq !!!" il ajoute, le sourire provocateur.

Je ne retiens pas mon sourire et vais rejoindre Louis sur le canapé. Installé légèrement de côté et les jambes croisées, je caresse sa joue avant de l'embrasser... intensément. Il est surpris par la fougue de mon baiser mais me le rend rapidement, sa main accrochée à ma nuque. Je mordille sa lèvre en me détachant de lui.

"Jaloux ?  je lui demande, mon index sous son menton.

- Absolument pas !" il répond sans aucune crédibilité.

Je ris de bon cœur et passe mon bras autour de ses épaules au moment même où Reese et Calvin nous rejoignent avec les cafés et quelques mignardises.

Et si je pouvais continuer à provoquer Calvin, j'ai préféré m'intéresser aux projets du jeune couple, notamment celui d'avoir un enfant prochainement. J'écoute Louis et Calvin raconter des anecdotes sur leur adolescence, la première fois où Calvin et Reese se sont rencontrés alors que le jeune homme rentrait d'une soirée un peu arrosée. Le regard de Reese ne devrait pas faire douter une seule seconde son fiancé sur ses sentiments. Elle est radieuse. Déjà pétillante de nature, à son contact elle est encore plus pimpante.

Adossé au canapé, je regarde les trois amis rirent ensemble, bavarder, se taquiner parfois. Je remarque surtout la main de Louis qui ne quitte que rarement ma cuisse, sa manière de se lover contre moi, discrètement.

La soirée est vraiment agréable. Simple. Je ne sais pas si ça tient aux personnes devant moi ou à leur complicité. Je n'ai pas le souvenir d'avoir passé une si bonne soirée depuis longtemps. Une soirée sans excès, juste entre amis qui s'apprécient sincèrement. Une soirée où il n'est pas nécessaire de se vanter de son dernier achat pour attirer l'attention, où les coupes de champagne et les lignes de cocaïne s'enchaînent pour éviter d'avouer à quel point on s'ennuie.

Je glisse nonchalamment ma main dans le dos de Louis, sous son pull jusqu'à la ceinture de son short, glissant mes doigts jusqu'à l'élastique de son caleçon. Il semble imperturbable et poursuit sa conversation, cambrant cependant un peu ses reins pour m'inciter à continuer mes caresses.

Il ne faut que quelques minutes pour que Louis propose de rentrer car "il se fait tard" et "qu'il travaille le lendemain". Nous saluons Reese et Calvin ; ce dernier me gratifiant d'un large sourire et d'une tape dans le dos, me souhaitant de retrouver mes capacités vocales rapidement.

Ce ne sont que quelques mots échangés sur le pas de leur porte mais pour la première fois, mise à part Louis, quelqu'un s'inquiète de mon état. Je suis touché et un peu abasourdi lorsque je monte dans la voiture.

Il ne nous faut qu'une dizaine de minutes pour rejoindre le domaine des Capucines. Les lumières éclairent l'allée qui mènent à l'auberge mais Louis s'engage sur le petit chemin en contrebas qui conduit à sa maison.

Les battements de mon cœur accélèrent et l'espace d'un instant, j'hésite. J'ai peur de perdre pieds si Louis et moi devenons plus intimes. Tel un automate, je suis descendu de la voiture. Louis s'est emparé de mon étui à guitare et a déjà ouvert la porte d'entrée de la maison.

Je reste là, dans l'encadrement de la porte, hésitant à entrer et continuer de savourer cette magnifique journée ou bien rentrer dans ma chambre, prétextant être fatigué et risquer de décevoir Louis.

"Tu attends que je t'invite à entrer ou... ?"

L'espièglerie dans la voix de Louis me fait relever le regard vers lui, sa main tendue vers moi.

J'ai déjà perdu pieds je crois... Alors, je prends le visage de Louis entre mes mains et l'embrasse à en perdre la raison. Ses mains s'accrochent à mon pull et la porte claque dans mon dos. Tant bien que mal, nous nous débarrassons de nos chaussures pour monter dans sa chambre et profiter l'un de l'autre... Tant qu'il est encore temps.

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*  *

Revoilà les Capucins... Leur bulle de douceur... 

#CapucinesFic

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