CHAPITRE 16 - LOUIS
Je bascule sur le côté pour éteindre la sonnerie stridente de mon réveil, en passant ma main sur mes yeux encore fermés. Je l'aurais coupé hier soir si j'avais su que je me réveillerais entre les bras d'Harry.
Harry...
Je souris en le regardant dormir, la moue boudeuse d'être dérangé dans son sommeil. Il faut dire que la nuit a été courte.
Je lui ai montré l'étage de la maison, la chambre d'ami, la salle de bain avec la douche à l'italienne et la baignoire sur pied qui trône au centre de la pièce, face à la fenêtre. Harry est sous le charme de ma maison. Il n'a pas arrêté de me le répéter dès que je lui montrais une nouvelle pièce. Tout comme moi, il aime particulièrement la cuisine et la verrière qui donne sur le lac.
Nous nous sommes dirigés vers ma chambre. La main d'Harry s'est emparée de la mienne pour me guider vers le lit. La légère appréhension que j'ai alors ressentie s'est vite envolée quand Harry s'est allongé sur le lit, sur le côté et qu'il a simplement commencé à me poser des questions sur moi, ma vie, mes passions, ma famille.
Nous nous sommes calinés bien sûr mais aucun de nous n'a tenté d'aller plus loin. D'ailleurs, nous avons fini par nous endormir, tout habillés au-dessus de la couette.
Tandis qu'il dort encore, je me délecte de la beauté d'Harry, la finesse des traits de son visage, ses cils qui caressent sa peau lorsque ses yeux papillotent légèrement sous ses paupières, le grain de beauté au milieu de son front et celui non loin de ses lèvres. Ses lèvres... roses et pleines. Je glisse mon index doucement pour en dessiner le contour. Ses lèvres qui m'ont embrassé mille fois durant la nuit. Je mordille ma lèvre inférieure au souvenir de nos baisers, de nos caresses timides. Je laisse mes yeux vagabonder et descendre le long de son cou jusqu'à son t-shirt d'où tentent de s'échapper les hirondelles que je sais qu'il a de tatouées sur sa poitrine.
Je prends une profonde inspiration, réprimant l'envie qui me submerge.
"Tu sais que tu n'es vraiment pas discret..."
C'est un chuchotement qui me surprend et fait battre mon cœur à mille à l'heure et ce sont deux prunelles vertes scintillantes qui finissent de me déstabiliser.
"Désolé..." je réponds, embarrassé de m'être une nouvelle fois fait surprendre en train de l'observer.
Harry se racle la gorge et grimace. Je lui tends la petite bouteille d'eau que je garde toujours près de mon lit pour qu'il puisse boire un peu.
"Ça va aller ? je demande.
- Oui oui, t'en fais pas." répond Harry, sa main glissant doucement sur sa gorge.
Je hoche doucement la tête. Harry m'a parlé de lui, de sa vie mais il ne s'est pas confié sur ce qui le fait souffrir. Je me doute qu'il ne s'agit pas d'une simple extinction de voix car depuis bientôt deux semaines qu'il est ici, il n'y a eu aucune amélioration. C'est peut-être même pire que la première fois où je l'ai entendu. Seulement, nous ne sommes pas suffisamment proches pour que j'ose lui poser la question. Je m'assure juste qu'il évite de trop parler lorsque nous discutons.
Je me lève du lit pour sortir de la chambre. M'échapper serait un peu plus juste, car j'ai besoin de calmer les battements de mon cœur, entre autre...
Je descends dans la cuisine et commence à préparer de quoi grignoter pour le petit-déjeuner. Je remplis le réservoir de la machine à café avant de l'allumer et sors deux capsules. Je prépare des tranches de pain pour faire des toasts grillés et sors le jus de fruits du réfrigérateur.
Quelques minutes plus tard, Harry me rejoint. Il glisse ses doigts dans ses cheveux en restant à l'entrée de la cuisine.
"Tu préfères peut-être prendre un p'tit déj à l'auberge ? J'ai pas grand chose ici. En général, je passe toujours par les cuisines avant de commencer ma journée, et..." je dis rapidement avant de me taire lorsque je vois Harry s'approcher de moi.
Je lis dans son regard la même timidité que celle que je ressens. C'est absurde, nous sommes tous les deux adultes et nous nous comportons ce matin comme deux adolescents en train de faire une connerie.
Pourtant, Harry réduit l'espace entre nous et me débarrasse de la tasse que je tiens entre mes mains. Doucement, il passe sa paume sur ma joue avant d'embrasser mes lèvres. Je n'imaginais pas l'homme arrogant que j'ai rencontré être d'une telle douceur. Une agréable chaleur s'immisce dans le creux de mon ventre quand ses lèvres effleurent ma joue jusqu'à ma tempe qu'il embrasse avant de murmurer :
"Ça ira très bien..."
Je sens son sourire sur ma peau. Alors, je recule légèrement et capture ses lèvres. Ses bras m'enlacent et nos corps se retrouvent collés l'un à l'autre. Je passe mes mains sur ses épaules remontant jusqu'à sa nuque d'où je glisse mes doigts dans ses cheveux.
"Tu dois aller travailler aujourd'hui ? demande Harry, hésitant.
- Ouais, mais demain je suis de repos, je réponds contre ses lèvres.
- On ira se balader ? J'ai envie de sortir un peu du domaine.
- Si tu veux, oui. Je jouerai au guide touristique."
Je lui souris en bisant ses lèvres, me détachant de lui à regrets. Mais le temps passe et je vais finir par être en retard.
***
Après un petit-déjeuner et une douche rapide pour moi, nous quittons la maison en direction de l'auberge. Le ciel clair annonce une belle journée. Je savoure la fraîcheur du matin et l'odeur de la rosée, un sourire aux lèvres qui ne me quitte pas.
Arrivés à quelques mètres de la porte d'entrée, Harry tire sur mon bras pour m'empêcher d'aller plus loin. Un bras autour de ma taille, il me guide sur le côté et colle mon dos contre le tronc d'un chêne. Je me retrouve prisonnier de son corps, de son regard qui me transperce littéralement. Harry baisse légèrement son visage vers moi. Je ne peux m'empêcher de glisser mes doigts sur sa joue. Ses lèvres parsèment des petits baisers dans mon cou, sur ma joue, mes lèvres.
"Passe une bonne journée !" me dit-il, un petit sourire narquois au coin des lèvres.
Puis il m'abandonne, poursuivant son chemin jusqu'à l'auberge où il entre. Je secoue la tête pour reprendre mes esprits et le suis.
Quand je passe la porte, il arrive en haut des marches pour regagner sa chambre. Je me dirige vers la cuisine où je trouve Reese en pleine préparation pour le repas de ce midi.
"Bonjour Louis ! m'accueille-t-elle en souriant.
- Salut Reese, tout va bien ? je demande en embrassant sa joue.
- Oui, merci. Et toi ? Tu arrives tard ce matin. Panne d'oreiller ? Je te sers un café ?
- Une grande tasse, merci, je réponds alors qu'elle essuie ses mains sur le torchon pour pouvoir me servir. J'ai pas beaucoup dormi cette nuit, je l'informe, en toute innocence.
- Est-ce que ça a un rapport avec le fait que Harry a passé cette porte juste avant toi pour me demander de lui servir un petit-déjeuner dans le salon dans quinze minutes ? demande-t-elle, suspicieuse. Dans le salon, Louis ? elle insiste. Harry a pris tous ses repas dans sa chambre depuis son arrivée et hier il est sorti pour ne rentrer que maintenant...
- Je ne sais pas... je réponds en rougissant.
- C'est moche de mentir à son amie, Louis. Il n'a pas pu aller loin puisqu'aucune voiture n'est venue le chercher. Donc...
- Donc... Je... j'hésite. Je peux avoir mon café ? je demande, tentant d'éviter une conversation qui me met à l'aise.
- File ! capitule Reese en me tendant ma tasse. Tu as intérêt à tout me raconter !
- Promis, je glisse à son oreille en embrassant sa joue.
- Niall t'attend dans son bureau pour faire le point avant le week-end, elle ajoute.
- Merci !"
Je sors de la cuisine en agitant ma main, passe au bureau de la réception pour allumer l'ordinateur. Je traverse le salon et salue les quelques clients qui termine de déjeuner. J'ouvre la baie vitrée donnant accès à la terrasse. Je cueille une capucine bleue et la dépose sur l'une des tables près de la baie vitrée avant de rejoindre Niall.
Je frappe trois coups sur la porte et entre dans le bureau. Niall est installé derrière son bureau, son portable entre les mains, les lunettes relevées sur le haut de sa tête.
"Salut Niall !
- Salut Louis. Ça va ?
- Yep et toi ? Tu as l'air très concentré sur ta tâche... je lui dis en me moquant un peu de lui.
- J'essaye de planifier des vacances pour aller voir ma famille en Irlande. Mais mon frère semble être plus occupé qu'un ministre. Ça m'agace un peu !
- Tu sais très bien qu'il s'arrangera pour être là en même temps que toi. Il te fait le coup à chaque fois.
- Je sais, soupire Niall en levant son regard vers moi. Oh là, t'as pas dormi ou quoi ? il me demande.
- Pas beaucoup, c'est pas grave, je suis de repos demain, je réponds en passant ma main dans mes cheveux.
- Ça tombe bien parce que ce week-end va être chargé. On a des départs et l'arrivée d'un groupe qui a loué tout le deuxième étage.
- Vraiment ? je m'exclame, surpris.
- Oui, en dernière minute. C'est de plus en plus fréquent ces derniers temps.
- On ne va pas s'en plaindre" j'ajoute.
Niall acquiesce à ma remarque et nous voyons ensemble le planning pour la fin de semaine. Il me présente les menus choisis par Reese et les demandes de congés de certains des employés. Niall est officiellement le directeur de l'établissement et je me range toujours à son avis. Cependant, il aime avoir mon assentiment avant de valider quoique ce soit.
Notre réunion dure une vingtaine de minutes. Niall quitte son bureau pour venir s'installer à côté de moi.
"Je te ressers un café, demande-t-il en faisant un signe de tête vers la tasse devant moi.
- Non, ça ira. C'est déjà mon deuxième en une heure !
- OK... Alors... Tu m'en dis plus sur ta tête de déterré et sur le fait que je t'ai trouvé endormi ici il n'y a pas deux jours ? il me demande curieux.
- J'ai du boulot qui m'attend Niall, désolé ! je me défile en me levant.
- Tu sais que tu n'y couperas pas Louis ! il croit bon d'ajouter alors que j'ouvre la porte du bureau.
- On dînera ensemble à l'occasion. Avec Reese. Ça m'évitera de raconter deux fois la même histoire ! je réponds en sortant.
- Donc, il y a des choses à raconter !" j'entends Niall s'exclamer alors que je suis déjà dans le couloir.
Évidemment une douce mélodie résonne dans l'auberge. La porte du salon est ouverte et je ne peux pas m'empêcher d'aller y jeter un coup d'œil. Harry est installé face au clavier, un crayon dans la bouche, les sourcils froncés par la concentration. Il a déposé sur le piano un verre d'eau en guise de vase pour la capucine bleue.
Je souris et m'avance vers lui. Je laisse ma main caresser ses épaules. Il bascule sa tête en arrière pour m'inciter à continuer. Je me place derrière lui, les deux mains sur ses épaules tandis qu'il continue de jouer. Je remarque la partition sur le piano, les ratures et les notes qui se succèdent.
J'embrasse sa joue tendrement. Il s'arrête, me sourit et embrasse doucement mes lèvres.
Comment ne pas penser alors que c'est l'un de nos derniers moments et qu'il va bientôt partir retrouver sa vie...
*
* *
Il fait bon vivre aux Capucines, non ?
#CapucinesFic
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