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Adélaïde, Émile, Quentin, Juliette, Victoire et Thibault se trouvaient réunis autour d'une table. Alice et son amie italienne, qui les a rejoints, faisaient des allers-retours un peu partout dans la grande maison.
Sur la table, il y avait des gâteaux et du jus de fruit. Adélaïde a trouvé les gâteaux immangeables, ils étaient trop sucré, trop gras, trop pas à son goût. Elle n'a même pas fini le sien. Juliette a mastiqué un dixième du petit gâteau pour faire plaisir à l'amie d'Alice, mais s'est contentée de boire de l'eau. Quant aux quatre autres, ils ne s'arrêtaient plus de s'empiffrer. Victoire a même lâché la bouche pleine :

- Tant pis, je dis adieu au corps de rêve.

Cette phrase a exaspéré, une fois de plus, Adélaïde. Juliette semblait, même-elle, trouver la phrase étrange. Les autres n'ont pas réagi.

Au bout de quelques minutes, les deux femmes se sont arrêtés devant la table, ont déposé une pile de feuilles. Alice a pris la parole en première :

- Donc j'aimerais vous parler du séjour, et fixer quelques règles. Tout d'abord, grâce à Renata, j'ai pu prévoir quelques visites de lieux incroyables. Je vous donnerai le planning des activités. On va également faire un cours de cuisine italienne.

Au fur et à mesure qu'Alice divulguait les activités du séjour, les sourires des adolescents s'élargissaient. Même Juliette qui est effrayée par les calories, semblait heureuse de toucher au pratiques culinaires de l'Italie. Adélaïde, elle, ne voulait pas se l'avouer, mais elle était heureuse que son père lui ait offert ce voyage. Elle allait faire plein de choses géniales.

- Sinon, le reste du temps, quand il n'y a rien de prévu vous avez le droit de faire ce que vous voulez, à condition de nous prévenir et d'avoir systématiquement votre téléphone sur vous. Vous avez intérêt à respecter cette règle. On mangera tous les midis vers midi et demi et tous les soirs vers huit heures et demi, donc respectez les horaires. Je pense avoir fait le tour de ce que j'avais à vous dire, donc vous pouvez aller vous installez et profiter de cette fin d'après-midi car on n'a rien de prévu.

Adélaïde a regardé ses compagnons s'échanger un sourire. Ils s'imaginaient sans doute tout un tas de conneries qu'ils pourraient faire. Tout le monde s'est ensuite levé, et s'est dirigé vers les chambres à l'étage. La rousse les a laissé se battre pour les grandes chambres, et a posé sa valise dans une chambre à l'écart, tout au bout du couloir après la salle de bain. Elle souhaitait simplement dormir seule. Elle a regardé la vue qu'elle avait depuis sa fenêtre : face à la mer. La jeune fille a enlevé sa veste, a détaché ses cheveux et a ouvert sa valise. Elle a rangé toutes ses affaires dans une armoire en bois, plutôt vieille et une fois la chose faite, elle s'est assise sur son lit pour contempler sa chambre. Cette dernière n'avait rien d'exceptionnel, elle était petite, avec du papier peint à fleurs bleues sur les murs. Le parquet grinçait, le matelas semblait vieux et il y a même quelques photos accrochées sur le mur vieilli, face au lit. Les photos entouraient un petit miroir abimé par le temps. Adélaïde s'est vue, ses boucles rousses encadrant son visage pâle, sans la moindre expression.

- Elle est sympa ta chambre ! s'est exclamé Émile en entrant, la faisant au passage sursauter.

Adélaïde a tourné la tête vers lui, agacé qu'il vienne la gêner.

- Tu fais chambre à part ? Il y a un troisième lit dans la chambre des filles, l'a-t-il informé.

- Non..c'est...

- Sinon, si tu préfères être avec moi, je peux toujours dormir avec toi si tu veux, a-t-il continué sans même l'écouter.

- Sans façon merci, l'a-t-elle coupé froidement.

Le blond a haussé les épaules, habitué qu'on le repousse depuis quelques mois maintenant.

- Elle est trop mignonne ta chambre ! Oh putain ! T'as une trop belle vue, s'est exclamée Victoire en poussant Émile pour s'approcher de la fenêtre.

Elle a sorti son portable et s'est empressée de faire une vidéo qu'elle partagera très probablement sur les réseaux sociaux pour en informer le monde entier. Victoire ne voyait qu'à travers son téléphone et à son âge, c'était bien malheureux.

Juliette, Quentin et même Thibault les ont vite rejoints, si bien que la chambre de la rousse devint le lieu de regroupement du groupe d'adolescent.

Le soleil s'apprêtait à se coucher sur la ville de Palerme. Après avoir déjeuné, le groupe d'adolescents est parti se balader autour de la maison. Adélaïde a accepté d'y aller avec eux, seulement pour faire des photos. La nature est très présente autour de Palerme, et cela lui donne un charme incroyable. Entre les montagnes, les grands arbres et le chant des cigales, ils étaient servis. Adélaïde a pris des photos magnifiques tout au long de la balade et elle se hâtait déjà d'aller les imprimer pour les mettre dans un album photo.

Durant l'après-midi, Juliette et Victoire se sont rapprochées et malgré le fait que Victoire soit une personne obsédée par son cellulaire, elles semblaient bien s'entendre. Cependant, Adélaïde sentait bien qu'elles étaient très différentes l'une de l'autre. En voyant Juliette, la rousse avait directement compris qu'elle avait affaire à une personne très intelligente, cultivée et qui s'intéressait à un milliard de choses. A l'inverse, Victoire était une fille simple, sans intérêt particulier pour quoique ce soit, pas de but précis. Une fille perdue, et presque bête.
Quentin a mené le groupe. Il était devant, expliquait le moindre phénomène qui se produisait sous leurs yeux, citait des espèces d'arbres et s'attribuait même le rôle de responsable des personnes du groupe auquel il appartenait.
Thibault, lui, a participé de façon active à la balade. Au lieu d'être dans son coin, plonger dans son monde d'artiste, il a conseillé à plusieurs reprises Adélaïde lorsqu'elle prenait des photos. Cette dernière, surprise qu'il vienne vers elle, n'avait même pas été méchante avec lui. Après tout elle aimait bien Thibault, il ne demandait rien à personne.
Quant à Émile, il ne l'a pas calculée. Cela a étonné Adélaïde qui l'a observé flirter avec les deux filles et se marrer avec Quentin. Il ne lui avait pas adressé la parole une seule fois. Pas que cela l'embêtait, la jeune fille était juste surprise. Peut-être allait-il la laisser tranquille ?

- J'ai hyper mal aux pieds ! s'est exclamée Victoire.

- C'est sûr que c'est agréable les talons pendant les randonnées, a lâché Adélaïde en roulant des yeux.

Victoire s'est baissée pour enlever ses sandales à talons. Elle a fini par souffler de soulagement, une fois ses pieds libérés.

- Tu vas rentrer pieds nus ? s'est étonnée Juliette.

- Euh... ouais.

Le groupe a regardé une dernière fois la ville éclairée par le couché du soleil, et entraîné par Quentin, il est retourné vers la maison. Victoire marchait lentement, évitant le moindre cailloux pour ne pas se blesser. Personne ne faisait attention à elle, tout le monde suivait Quentin de près pour ne pas se perdre.

- Émile, l'a appelée Victoire en criant pour qu'il l'attende, t'aurais pas une clope sur toi ?

Le blond s'est retourné, surpris.

- Tu fumes, toi ?

- Bah bien sûr ! s'est exclamée cette dernière fière d'elle.

- Oh ça craint, c'est la pire chose du monde. Ça te plaît de t'auto-détruire ? a répliqué Émile étonné.

Le visage de Victoire s'est décomposé. Elle pensait réellement qu'Emile fumait, et qu'entre fumeurs ils auraient pu encore plus se rapprocher. Adélaïde, elle, jubilait devant la situation. Elle était satisfaite de la réaction intelligente d'Emile.

- Bah...euh... je... sais... euh...

- Elle aime juste faire comme les autres, l'a coupée Adélaïde. Ça lui permet d'aller gratter des clopes à des gens de son lycée et de se donner un vrai genre. C'est vraiment triste.

Victoire n'a rien dit, comme à chaque fois. Adélaïde avait le don de lui clouer le bec et en plus de ça de l'énerver. Victoire la trouvait méchante, elle s'acharnait systématiquement sur elle.

- Pourquoi t'es aussi dure avec elle ? lui a balancé Juliette. C'est sa vie après tout, si elle veut imiter les autres c'est pas ton problème, non ?

- Elle peut se défendre toute seule à mon avis. Mais t'as raison, ce n'est pas mon problème. C'est juste affligeant de voir qu'elle ait besoin de détruire ses poumons pour se faire des amis.

Personne n'a répondu, sûrement, une fois de plus, d'accord avec elle. Juliette a fixé la rousse pendant quelques secondes, et a fini par hausser les épaules. Ils ont continué de marcher, d'un pas rapide. Victoire derrière, Quentin devant. Chacun songeant à la première fois où on leur avait proposé une clope, qu'ils avaient accepté ou bien refusé.

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