Chapitre 41 : Démira
La dragonne avait déjà vu le soleil illuminer la terre par cinq fois depuis qu'elle avait quitté sa petite grotte en ruine. Mais ses ailes l'avaient tenu éloignée du sol depuis tout ce temps. Au début, elle parlait à Seynor, mais elle n'entendait plus la voix de son ami. Elle supposait qu'il dormait. Galwyn l'avait blessé, ça elle le savait, mais il pourrait s'en remettre. Ce petit dragonnien était fort, comme elle.
Elle songeait encore au moment où l'épée avait transpercé celui qui partageait ses pensées. Elle avait cru se faire arracher les écailles. Ou bien finalement sentir les flammes de sa mère l'envahir. Mais Seynor l'en avait protégée, alors elle aussi devait le protéger. Elle n'avait pas le droit d'arriver en retard. Elle ne voulait pas seulement le sauver, son instinct lui soufflait de le venger, détruire quiconque se trouvant sur ce promontoir. Mais il lui fallait son dragonnien pour cela, alors elle s'était contenue.
À présent elle s'inquiétait tout de même : elle sentait le froid sur ses écailles à l'endroit où se tenait Seynor. Elle était née dans les flammes, elle savait ce que cela signifiait. Mais au plus profond d'elle, elle entendait un cœur battre. Comme un écho au sien. Ce qu'elle savait ne pouvait être vrai. Pas quand elle avait tant de choses à dire à ce petit dragonnien.
Pour cela, elle devait savoir où aller. Elle avait quitté Olédrek sans objectif. À part celui de sauver Seynor. Par instinct elle avait pris la direction du nord. Après tout c'est du nord dont il venait. Il était sa seule famille, mais ce n'était peut-être pas son cas.
Pendant longtemps, elle avait fixé l'horizon derrière elle. Elle était certaine qu'ils les poursuivraient, c'est pour ça qu'elle refusait de céder à la fatigue de ses ailes ni de partir en chasse. Même si, de cette hauteur, elle apercevait des proies qui la faisaient saliver après la diète qu'elle avait subi, elle rejetait ces tentations pour protéger le petit être qui s'était incrusté sous son crâne.
Cependant, personne ne les avait suivis jusqu'ici. C'est du moins ce qu'elle avait supposé avant d'entendre un bruit qui la fit gronder : un second battement d'ailes. Elle fit volte-face en un clin d'œil, tous crocs dehors. Le dragonnien était venu seul sur son dragon d'eau. Démira pensait que Galwyn, voire Hérénice, seraient les premiers à les retrouver. Elles n'auraient pas hésité un instant à faire d'eux ses pantins.
Ce n'était pas eux, mais même un dragonnien inconnu ne pouvait pas s'échapper après les avoir vus, c'était trop risqué. Démira cracha des flammes violettes qui la surprirent elle-même. Le Guarmar esquiva juste à temps mais la dragonne n'en resta pas là et le poursuivit. Ce dragon était petit mais Démira était rapide. Sa gueule claqua à un cheveu de la queue du dragon quand le dragonnien lui fit de grands signes.
Elle craignait le piège mais choisit d'écouter ce que ce petit bout de viande avait à lui dire.
— Je suis un ami de Seynor, je peux l'aider ! lui cria-t-il depuis le dos de son dragon, je m'appelle Adrik et, pour être exact, je sais qui peut l'aider.
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