Chapitre 26 : Seynor

Les coups de marteau sur l'acier s'étaient enfin tus. C'était leur dernier cours de création d'armes et tous les artisans et élèves s'étaient réunis derrière la forge. Un à un, les apprentis appelaient leurs liés pour leur présenter leurs armes. C'était la dernière étape et ce qui donnait toutes leurs forces aux armes dragonniennes : le lien à travers le dragon vers un élément naturel.

Galwyn pointa sa lame vers le ciel, face à Cendrar. Le Faeldrmar la renifla quelques secondes avant qu'un rubis n'apparaisse sur la poignée. En un claquement de doigts, le fil de l'arme s'embrasa sous les acclamations des spectateurs. Seynor applaudit poliment mais peinait à avoir l'air surpris. Depuis le début de la matinée, cela devait être la quatrième épée à suivre ce schéma. Est-ce que des conclusions étaient à tirer à propos de l'imagination des dragonniens qui possédaient un Faeldrmar ? Un sourire suffisant étira malgré lui les lèvres de Seynor. Il observait toujours ses dagues à l'écart. Depuis qu'il avait vu Alystair les dessiner, il rêvait de les tenir. Et, enfin, ce jour était arrivé. Les lames étaient sombres et courbées dans le prolongement du manche. Ceux-ci étaient entourés de bandes de cuir qui réchauffaient le creux des mains de Seynor. Elles étaient légères, équilibrées, idéales. Comme si elles avaient été forgées pour lui. Alors les "vrais" dragonniens pouvaient la garder, leur cérémonie. Ses armes étaient déjà parfaites telles qu'elles étaient.

Soudain, le tour d'Hérénice vint, et Seynor se concentra à nouveau. La dragonnienne s'avança et il dut se contenir pour ne pas la rejoindre. Il sentait qu'elle n'était pas à l'aise devant autant de monde. Mais il savait aussi que quiconque tenterait de prendre sa défense se ferait immédiatement remettre à sa place. Zephyr apparut comme un fil d'énergie pure. Ses écailles brillaient dans la lumière du jour et, malgré la distance, Seynor percevait la fierté d'Hérénice. Elle lui présenta son arc qu'elle avait moulé dans un métal d'argent.

Sans hésiter, le dragon frôla l'arme du museau. À nouveau, la magie des éléments opéra. De là où il se tenait, il pouvait voir les arabesques d'un bleu électrique parcourir l'arc. Des murmures ébahis s'élevèrent autour de la dragonnienne. Elle-même n'en revenait pas de l'objet qu'elle tenait à présent entre ses mains. Du bout des doigts, elle frôla les lignes avant de mettre l'arme en joue. À peine eut-elle tiré la corde qu'une flèche apparut, déjà encochée. Elle était à l'image de l'arc, blanche avec des plumes bleues dont Seynor ignorait l'origine. Elle visa l'arbre de la cour puis elle relâcha son souffle en même temps que la corde. L'auditoire n'eut pas le temps de cligner des yeux que la flèche s'était déjà profondément enfoncée dans le bois. Même les chuchotements s'étaient tus.

Les trois amis s'éloignèrent ensuite en direction des archives. Ils étaient plongés dans leurs pensées. Pensées qui tournaient beaucoup autour des nouveaux accessoires qu'ils gardaient à portée de main. Enfin, Seynor s'éclaircit la gorge lorsqu'il déclara :

— Zephyr est un véritable artiste Hérénice, je n'ai pas vu une seule des armes de ce matin surpasser la beauté de ton arc.

— Merci, j'espère en être digne.

Galwyn ouvrit la bouche mais Seynor le prit de vitesse :

— Vu l'état dans lequel tu as mis ce pauvre arbre je n'en doute pas, je ne voudrais pas me retrouver face à toi avec cet arc.

La dragonnienne rit nerveusement tandis que Seynor lui ouvrait la porte. Il remarqua l'expression étrange de Galwyn mais ne s'y attarda pas. Les deux s'installèrent à la même table où les livres n'avaient pas bougé, sûrement grâce à Heorick. Le jeune dragonnien leur assura qu'il reviendrait vite avant de s'éloigner entre les rayonnages.

Le bureau qu'il avait aperçu dans la tête d'Heorick lui revint en mémoire. Il savait que c'était celui de son mentor. Curieusement, celui-ci ne voulait jamais que son protégé travaille avec lui à l'intérieur. Peut-être qu'aujourd'hui Seynor aurait la réponse à cette interrogation. Lorsqu'il atteint la porte, il n'en crut pas ses yeux : le panneau de bois était recouvert de grosses racines pour en bloquer l'accès. Est-ce que son mentor réalisait toujours cette protection ? Ou bien était-ce depuis qu'il savait que Seynor traînait dans les archives ? Le dragonnien sortit une des dagues qui pendait à sa ceinture, pouvait-il en arriver là ? Il voulait ses réponses, mais il était certain qu'entrer par effraction ne pouvait que lui attirer des ennuis. Alors qu'il observait l'obsidienne de la lame, un souvenir le décida. L'expression d'Heorick lorsque Seynor avait parlé de sa mère. Il semblait horrifié... Voire même terrifié par le jeune dragonnien. Il y avait forcément un lourd secret derrière un tel sentiment.

Seynor n'hésita plus et entailla une première racine. Très vite, le végétal épais se retrouva en morceau à ses pieds. Il posa sa main sur la poignée et c'est presque sans aucun remord qu'il pénétra à l'intérieur. Son regard fit le tour de la pièce et il sentait que Démira n'était pas loin.

— Allez courage Seynor, il est temps que tu jettes un coup d'œil sur ton passé, le motiva la dragonne.

Il contourna le bureau massif qui trônait au centre de la pièce. Une fois sur le siège, il tenta de se concentrer, il devait être efficace s'il ne voulait pas être pris la main dans le sac. Il ouvrit des tiroirs au hasard avant de se rappeler de ce qu'il avait appris d'Heorick. Le tiroir du bas était ouvert quand il avait vu le carnet. Sa main entoura la poignée en forme de feuille avant de l'ouvrir d'un coup sec.

Seynor, qui était certain de trouver toutes les réponses à ses questions, tomba de haut : le carnet n'était pas à l'intérieur. Il n'y avait que des feuilles éparpillées. Des comptes-rendus de conseil ou bien des notes prises par Heorick. Le jeune dragonnien perdit patience et commença à tout jeter par terre pour être sûr de vider cette seule piste. Enfin, il s'assit à même le sol, désespéré. Heorick avait dû garder le carnet avec lui. Et maintenant qu'il avait la preuve que Seynor avait essayé de le voler grâce aux racines, il ne le laisserait plus jamais dans le bureau sans surveillance.

— Seynor, réfléchis, pourquoi bloquer l'accès à son bureau si le carnet n'est pas ici ?

— C'était pour me tendre un piège Démira, et il m'a eu. Je n'aurais jamais mes réponses.

— Non ! Tu dois te ressaisir ! Est-ce que ça ressemble vraiment à Heorick de vouloir te tendre un piège ?

Le dragonnien se redressa immédiatement : non, Heorick lui faisait encore confiance. Il l'aurait caché, protégé l'accès, mais jamais il ne l'aurait piégé comme ça. Seynor se rapprocha à nouveau du tiroir et en frappa le fond, il ne sonnait pas creux, mais quelque chose avait bougé en-dessous. Il y passa sa main et sentit le carnet. Il avait été glissé entre le dessous du rangement et une liane qui le maintenait. Le jeune dragonnien le récupéra avec les larmes aux yeux.

— Merci Démira, tu es la meilleure.

Un ronronnement lui répondit tandis qu'il ouvrait le carnet.

Seul un nom était écrit sur la couverture : Seynor Kolgrun. Ça devait être son nom avant qu'Heorick ne l'adopte. Alors, il venait du nord des plateaux d'après la terminaison. Il tourna la page et mit du temps à comprendre ce qu'il lisait. Il s'agissait de notes d'observation. Depuis le premier jour où le conseiller avait la charge de Seynor, il réalisait des analyses sur lui. La moindre réaction, question, réponse, était sujette à un examen de la part d'Heorick. Qu'est-ce qu'il cherchait à trouver ? Le jeune dragonnien passa plusieurs pages. Une différence était notable dès son entrée à l'académie. L'écriture semblait plus erratique, comme si un poids supplémentaire appuyait sur la plume.

Seynor ne savait pas quoi penser de cette découverte. En réalité, il ne savait pas quoi penser de celui en qui il avait le plus confiance dans sa vie. Celui qu'il était pourtant sûr de connaître. Il avait l'impression de s'être fait trahir, ce n'était que des notes, mais les parents ne prenaient pas de notes sur leurs enfants. Seuls les scientifiques prenaient des notes sur leurs expériences. Était-ce ce que Seynor représentait pour Heorick ? Une expérience ? Est-ce qu'il savait pour ses pouvoirs ? Et si c'était la raison pour laquelle il l'avait adopté ? Mais comment pouvait-il savoir dès sa naissance ?

Seynor frappa le bureau du plat de la main. Ce carnet était censé apporter des réponses, pas encore plus de questions ! Soudain il vit un paquet de feuilles pliées à la fin du carnet. Alors qu'il allait les ouvrir, les voix d'Hérénice et de Galwyn l'interrompirent. Il s'empressa de remettre les feuilles dans le carnet avant de quitter le bureau.

— C'est quoi cette pièce ? l'interrogea Galwyn les sourcils froncés.

— Le bureau d'Heorick, s'empressa de répondre Seynor lorsqu'il referma la porte.

— Tu fouillais le lieu de travail d'un conseiller ? Tu avais son autorisation j'espère ? s'enquérit Hérénice, les yeux écarquillés.

Le dragonnien réfléchit quelques secondes. Quelques secondes de trop pour son amie.

— Enfin, Seynor, à quoi tu pensais ?

— Ça va Hérénice, je te rappelle que je vis avec lui, je suis même déjà venu plusieurs fois... Lorsqu'il... Oublie des affaires, mentit-il.

— Comme ce carnet ? releva Galwyn qui tenta de lui arracher des mains.

L'autre dragonnien l'évita avec un regard mauvais qui n'échappa pas à ses amis.

— Qu'est-ce que c'est ? l'interrogea Hérénice, les bras croisés.

— Quelque chose qui me concerne, partons maintenant, ordonna Seynor qui chercha à contourner Galwyn.

Cependant celui-ci l'observait de toute sa stature, qu'est-ce qui lui prenait ?

— Non Seynor, tu nous expliques à quoi rime toutes ces actions ou bien... Hérénice laissa sa menace en suspens.

Le dragonnien se tourna vers elle, piqué au vif. Il lui attrapa le poignet et sans s'en rendre compte commença à le serrer lorsqu'il gronda :

— Ou quoi Hérénice ? Tu iras tout raconter au conseiller ?

Une aura rouge brouillait le champ de vision de Seynor. Comment ceux qui se prétendaient être ses amis pouvaient-ils le menacer ? Il était hors de question qu'ils lui barrent la route. Pas maintenant qu'il avait, peut-être, enfin des réponses à toutes ses questions.

La dragonnienne cependant ne flancha pas face à l'accès de rage qui lui faisait face :

— Oui Seynor, je raconterai tout à Heorick si tu ne nous dis pas ce que tu faisais dans son bureau ni ce qu'est ce carnet.

— Seynor, murmura la voix de Démira, ne te laisse pas aller à tes émotions, toi et moi savons comment régler la situation rapidement et facilement.

Le dragonnien soupira, son amie avait raison. Il perdait du temps et risquait même d'être découvert par son mentor d'un moment à l'autre. Lorsqu'il ce fut un peu calmé, il envahit la conscience d'Hérénice. Cette fois-ci, il était sûr d'avoir aperçu de la peur au dernier moment de lucidité de la dragonnienne. Il appuya une nouvelle fois sur chaque mot :

— Personne ne parlera de tout ça au conseiller Lathel, n'est-ce pas Hérénice ?

Un sourire d'assentiment se dessina sur son visage et elle hocha la tête.

Seynor relâcha le poignet de la jeune fille et remarqua seulement ensuite que Galwyn le tenait par le col de sa chemise. Ce dernier dévisageait Hérénice comme si elle venait de le frapper.

— Mais Néri, je pensais qu'on était d'accord ?

Le jeune dragonnien n'eut qu'un sourcil à lever pour que son amie ne se mette à le défendre :

— Pour commencer Galwyn, tu tiens tous tes amis comme ça ? désigna-t-elle l'empoignade.

Galwyn lâcha immédiatement Seynor et se tourna vers la dragonnienne :

— J'avais peur qu'il ne te fasse mal Réni, je voulais juste te protéger, assura-t-il, les paumes à plat.

Seynor pouffa :

— Moi, lui faire du mal ? Comme si j'en étais capable.

Les yeux gris lui lancèrent des éclairs quand Hérénice continua, imperturbable :

— Ensuite, Galwyn, je tiens à te rappeler que j'ai encore le droit de changer de décision, tu ne crois pas ?

Lorsque aucune réponse ne vint du grand dragonnien, Hérénice attrapa la main de Seynor et le guida vers la sortie des archives. Une fois à l'extérieur, les trois se séparèrent. Non sans un ultime regard accusateur de la part de Galwyn. Seynor songea qu'il allait devoir sonder son esprit d'ici peu de temps : il ne voulait pas se mettre son ami définitivement à dos.

Sans hésiter, il prit la direction du repère secret. Il n'avait aucun autre endroit où cacher le carnet et Heorick ne devait remettre la main dessus à aucun prix. La traversée de la ville fut très longue pour Seynor : il ne cessait de jeter des coups d'œil derrière son épaule à chaque coin de rue. La moindre bousculade et il vérifiait que le carnet était toujours sous son bras. Étrangement, ce ne fut que lorsqu'il atteignit les quartiers pauvres qu'il commença à arrêter de sursauter pour chaque exclamation.

Lorsqu'il se glissa dans la pièce de la dragonne, il atterit dans une matière qui le fit toussoter. Il s'agissait de petites particules qu'il avait avalé par mégarde et qui maintenant s'étaient collées sur la paroi de sa gorge. Enfin, les picotements cessèrent et il s'essuya les yeux, où perlaient des larmes. Il prit une poignée de la poudre et la fit couler entre ses doigts. Soudain, il sentit des morceaux plus épais et il comprit : les écailles. Était-ce normal qu'elle se change si vite en poussière ? Il y avait pourtant des tribus Kaaran dans le Golfe Espiègle qui utilisaient des écailles de dragons pour se faire des armures. Est-ce que celles de Démira dépériraient plus vite ?

Soudain la queue de la dragonne l'attira à elle. Cette fois-ci, elle avait réellement une expression douloureuse. Ses ailes étaient tordues dans une position qui ne semblait pas agréable, même pour Seynor.

— Montre-moi tes petites griffes, lui demanda-t-elle avec un regard curieux.

Le dragonnien comprit et lui tendit ses dagues. Il ne réalisa ce qu'elle tentait de faire que lorsqu'elle posa son museau dessus. Seynor s'apprêtait à l'en dissuader pour éviter qu'elle ne se sente vexée. Elle n'avait pas de lien avec les éléments et n'en aurait probablement pas le pouvoir. Cependant, à peine eut-il ouvert la bouche, qu'un gemme étincela sur chaque manche. Une améthyste de la couleur des yeux de la dragonne. De plus, les lames n'étaient plus tout à fait noires, elles possédaient à présent un reflet violet. Seynor était bluffé.

— Wow mais Démira, comment tu as fait ça ?

— Je ne sais pas, je savais juste que je pouvais faire comme les autres dragons ! se réjouit-elle. Allez, essaye-les !

Le dragonnien observa les armes sans savoir quoi en faire. Il frappa ensuite dans le vide mais rien ne se produisit. Il en jeta une vers la porte mais le manche rebondit sur le bois sans même l'égratigner. Seynor se cacha le visage de honte mais la dragonne ne réagit pas.

— Je suis désolé Démira, je ne sais pas ce qu'elles peuvent faire en plus.

— Seynor, regarde, l'encouragea-t-elle.

Lorsqu'il obtempéra, il repéra immédiatement l'arme : l'améthyste luisait dans la pénombre. Il fit un premier pas pour aller la chercher mais la dragonne posa sa patte devant lui.

— Appelle-la, lui conseilla-t-elle sans hésiter.

Le dragonnien resta interdit à regarder son amie, était-elle sérieuse ? Il toussa, gêné, avant de s'enquérir avec hésitation :

— Tu sais que... C'est un objet, hein Démira ? Ce n'est pas un animal.

Deux brasiers violets se tournèrent vers lui et il décida finalement d'essayer. Sans savoir ce qu'il faisait exactement, Seynor leva la main vers la dague. Il ferma ensuite les yeux et en appela à toute la force de son esprit. Soudain il sursauta, il était certain de voir l'arme, dans son esprit. Tel qu'il le ferait pour prendre le contrôle d'une conscience, il s'approcha mentalement de cette lumière. Il replia sa main et, sans qu'il ne soit réellement surpris, le manche était de retour à l'intérieur.

— Encore une fois, Démira, tu es incroyable.

Un ronronnement fit écho à son compliment et il fut même étonné de sentir la tête énorme de la dragonne frotter son bras. Il remarqua cependant que la journée arrivait à son terme et il se dirigea vers la sortie.

— Seynor le carnet ! lui rappela son amie. Tu pourras revenir le voir demain et puis... Tu peux être certain qu'il sera à l'abri, avec moi.

Sans une once d'hésitation, le dragonnien le déposa entre ses pattes et s'éloigna rapidement.

À peine eut-il mit les pieds hors de l'ascenseur qu'il sentit la tension présente dans l'air. Heorick ne faisait même plus les cent pas, tel un bloc de pierre, il attendait face à l'entrée. Il était droit, les deux mains posées sur le bâton face à lui, le regard au sol. Mais c'était loin d'être par tristesse. Et, alors qu'il s'attendait au moins à ce que Leorn soit en furie vu l'état de son lié, c'était l'inverse. Le Zargmar était assis dans la cuisine. Il semblait même détendu. Dans quelle dimension le dragonnien venait-il de mettre les pieds ?

— Dis-moi Seynor, es-tu allé aux archives aujourd'hui ? Par hasard ?

Apparemment son mentor ne souhaitait pas y aller par quatre chemins ce soir, se surprit à penser le jeune dragonnien.

— Oui, avec mes amis on a toujours l'exposé à préparer, tu te souviens ? tenta-t-il d'esquiver l'accusation.

Il se dirigea vers les escaliers mais Heorick reprit sans bouger :

— Quelqu'un s'est introduit dans mon bureau... Cette personne m'a même volé quelque chose de précieux, vous n'auriez rien entendu ?

— Non vraiment Heorick...

Seynor n'eut pas le temps d'achever sa phrase que son mentor le plaquait contre le mur. Il en eut le souffle coupé lorsqu'il releva la tête pour croiser le regard du conseiller. Il pensait y trouver de la colère, il tomba des nues lorsqu'il reconnut l'inquiétude. Cependant, elle fut vite remplacée par une autre émotion. Seynor savait ce que son tuteur voyait, lui, dans ses yeux. Quelque chose qu'il voyait grandir depuis plusieurs semaines maintenant.

La peur avait envahi l'expression d'Heorick. La main qui tenait son protégé tremblait légèrement. Seynor n'en supporta pas davantage et le repoussa avant de crier :

— Laisse-moi tranquille !

Il courut ensuite jusqu'à sa chambre sans se retourner. Une fois qu'il eut claqué la porte derrière lui, il s'appuya contre elle. Et là, dans la pénombre, son miroir semblait le narguer.

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