Chapitre dix: Voyage
Maokai fut réveillé aux heures matinales par le vacarme d'un coq qui s'époumonait non loin de là. Il maugréa en se préparant tout en pensant que l'univers avait décidé de se foutre de lui. Il rassembla quelques affaires ; livres de potions, parchemins et plumes, dans sa vieille besace en cuir et traina sa carcasse fatiguée vers la tour des mages. Le soleil était déjà levé et, il le savait, Anasthase était probablement en train de s'impatienter aux côtés d'il ne savait quel importun désigné pour l'accompagner.
En arrivant devant la haute porte de la tour, le Sorcier faillit s'étouffer en voyant ledit importun. Une femme. Portant une armure lourde et ses cheveux noir de jais en une queue de cheval haute. L'hystérique du haut des toits ! A côté de lui, un homme à l'allure austère, portant la barbe et les cheveux courts. Inconscient du trouble de Maokai, Anasthase se mit à faire les présentations avec beaucoup plus d'entrain que nécessaire au vue de leur mission.
-Maokai, voici Tyla, une mercenaire. Elle sera chargée de ta protection. Mais, il me semble que vous vous connaissez déjà non ? Elle est venue me trouver hier peu après ton départ pour me parler d'un corbeau disparu et d'un mage arrogant. Je pense que tu vois de quoi je veux parler.
-Plus ou moins, oui.
-Et voici Mirkaï. Un des rares rescapé de Dal'Boron. Il était chef de la garde là-bas. Il saura vous guider sans danger au moins jusque-là. Par la suite, ce sera à tes...capacités de prendre le relai pour assurer votre sécurité.
L'homme s'avança et tendit sa main à Maokai avec vigueur.
-C'est un honneur de vous servir dans cette mission mon seigneur. J'ai conscience de l'importance de la tâche qui m'incombe et je tacherais de me montrer à la hauteur. Si jamais....
-Oui, oui, très bien. Le coupa Maokai tout en jaugeant l'homme et en ignorant délibérément sa main tendue. Celui-là, moins il parlerait, mieux ce serait. Son ton guindé allait vite devenir insupportable. Il se tourna ensuite vers Anasthase.
-Je croyais que c'était eux qui étaient sensé assurer la mienne justement et non l'inverse.
-Maokai tu m'as très bien compris.
Le Sorcier marmonna une réponse inintelligible à l'encontre du vieil homme. A peine celui-ci eut-il le temps de rétorquer que, déboulant d'une ruelle à gauche de la tour, un petit tourbillon arc-en-ciel arriva essoufflé aux cotés de Maokai. Il avait sur le dos un sac trois fois trop grand pour lui et semblant tellement rempli que c'était à se demander comment le petit faisait pour le porter.
-Pas vu l'heure...préparais mes affaires...désolé....
Maokai leva les yeux au ciel mais n'ajouta rien. Il jeta un regard à Anasathase pour lui demander s'ils attendaient encore d'autres retardataires. L'homme secoua la tête. Ils ne seraient que tous les quatre. Comme l'avait dit le vieil homme la veille, ils ne voulaient pas attirer l'attention.
Maokai pensa que vu leur improbable quatuor, une délégation de l'armée -si elle avait encore existée- aurait moins attirée les regards qu'eux. Une femme en armure, un général, un elfe et un Sorcier. Parce que bien évidemment, Maokai n'avait nullement pris la peine de se départir de ses robes, il était bien trop fier pour cela bien qu'il prétendait ne pas accorder d'importance aux protocoles. Mais de toute manière Anasthase avait pris sa décision, il ne reviendrait pas dessus. Le vieil homme leur donna encore quelques recommandations puis enfin ils se dirigèrent vers les remparts de la ville.
Les rues étaient désertes à cette heure matinale et seules quelques âmes encore ivres de leur soirée de la veille titubaient dans les rues sans prêter attention à l'étrange quatuor. Bientôt, ils atteignirent les portes de la ville, grandes ouvertes. Maokai n'avait jamais vraiment compris l'intérêt de les laisser ainsi mais, après tout, ce ne serait pas deux stupides portes qui arrêteraient cet étrange mal.
-Mirkaï, je vous laisse le soin de nous guider jusqu'aux abords de Dal'Boron, nous aviserons par la suite.
-Bien monseigneur ! dit-il d'un ton obséquieux.
Maokai méprisait ce genre d'homme. Il sentait que le général tentait de faire bonne impression pour s'attirer ses faveurs et cela l'exaspérait au plus haut point. Quitte à être ambitieux, autant l'assumer ! Il y avait quelque chose de vicieux qu'il ressentait en Mirkaï bien qu'il n'arrivât pas à mettre le doigt dessus. Quoi qu'il en soit, l'homme ne lui inspirait pas confiance
Ce dernier pris la tête du cortège avec précipitation, honoré de l'intérêt que l'on accordait à un simple soldat tel que lui. Il n'en avait pas fait par à Anasthase, bien évidemment, mais la raison pour laquelle il avait réchappé de la chute de Dal'Boron n'avait rien de miraculeux. Mirkaï était lâche.
Il n'était devenu chef de la garde que par un malheureux concours de circonstances et était loin d'en être ravi. Aussi, c'était avec une certaine allégresse bien que ponctuée de remords et de culpabilité, qu'il s'était vu libéré de ses fonctions avec l'anéantissement totale de sa garnison. Mirkaï n'aimait pas les responsabilités mais, paradoxalement, il recherchait la gloire et l'admiration. Ceux qui le connaissait l'aurait décrit comme un homme affable mais faux, toujours à essayer de gratter l'amitié des puissants en dénigrant les plus miséreux. Il s'était enrôlé dans ce que le pays s'évertuait à appeler « l'armée » (bien que tout le monde sache pertinemment qu'elle n'en avait que le nom) en quête de gloire et de reconnaissance mais n'y avait trouvé que la paresse et la corruption ce qui au final lui convenait également et peut être même mieux.
La troupe sortie de la ville et récupéra les trois chevaux qui paissaient un peu plus loin en les attendant. Maokai entendu Tyla soupirer.
-Un elfe, un sorcier, un guerrier et moi ainsi que des chevaux qui attendent au milieu de nulle part. On est sûr que c'est la discrétion qu'il veut votre mage ? Non parce que s'il voulait attirer rapidement la suspicion il ne pouvait faire mieux !
-Je suis certain que le Maitre Sorcier sait ce qu'il fait c'est un homme sage et plein de bon sens et...
-Oui, oui, coupèrent Maokai et Tyla à l'unisson.
La guerrière avait l'air dans le même était d'agacement que le sorcier face au comportement insupportable de Mirkaï. Ce dernier s'en rendit compte mais, loin de se taire, il focalisa son attention sur le pauvre Entha. Après tout, le gamin était disciple du Sorcier, cela pouvait être utile de s'accorder ses faveurs.
-Je monte seul, déclara Maokai sans concerter personne.
Il était hors de question qu'il ait à se coltiner l'elfe sous prétexte qu'il était son disciple. Sans rien dire, Tyla enfourcha la deuxième jument.
Le petit, cramponné derrière Mirkai, eut alors à subir toutes les divagations de celui-ci sur la durée du trajet qui les mena jusqu'aux abords de Dal'Boron. Jusque-là, la route était plutôt calme et il suffisait au général de suivre le même chemin qu'à l'aller pour être certain d'être à peu près saufs.
Pendant ce temps, indifférent aux problèmes de son apprenti, Maokai avait entrepris d'en apprendre un peu plus sur Tyla. Ils chevauchaient à coté, un peu en retrait de Mirkaï pour ne pas avoir à subir son laïus ininterrompu. Son cheval blanc était visible à des kilomètres au milieu de l'étendue de champs blonds, ils n'avaient donc pas à se soucier de le perdre.
Maokai était intrigué par la mercenaire en plus d'être légèrement inquiet au vu de leur dernière interaction. Mais il y avait quelque chose en elle qui le fascinait, une force cachée sous un visage altier et sévère, une beauté rare dans les environs même si ces considérations triviales lui passaient le plus souvent au-dessus de la tête.
-Surveille ton regard Mage. Un accident est si vite arrivé ?
-C'est une menace ou une mise en garde très chère ?
-Je pense que tu as très bien saisi. Et s'il faut que je me fasse plus claire, mon amie ici peut m'y aider.
Tyla caressait machinalement le manche de son épée qui dépassait du fourreau attaché à ses côtés.
-Et garde tes « très chère » pour d'autre. Je ne suis ni ton amie, ni ton objet. Je ne suis là que parce que l'on me paie bien, tant pour garder ton petit secret que d'assurer ta garde.
Maokai se demandait bien avec quel argent Anasthase comptait rémunérer la mercenaire mais se retint de faire la moindre remarque. Comme elle l'avait dit, un accident était vite arrivé et il savait pertinemment que la femme ne plaisantait pas.
Après quelques heures de marche ponctuées de silences et de non-dits, ils finirent par rattraper Mirkaï dont le cheval s'était enfin stoppé en même temps que sa parole en haut d'une cote. Entha était descendu de la monture et lançait des regards désespérés et accusateurs aux deux retardataires mais il tint sa langue. La femme l'impressionnait presque autant que le Sorcier et il n'avait pas envie de s'attirer les réflexions d'un des deux.
Lorsqu'ils arrivèrent à leur niveau, Maokai et Tyla comprirent de suite pourquoi Mirkaï s'était stoppé. En contrebas, se trouvait Dal'Boron et la vision de la ville avait quelque chose de glaçant.
Dal'Boron était une des rares cités du pays à ne pas être fortifiée. C'était une ville prospère, la ville des Erudits disaient-on. C'était en effet là que la plupart des testaments, manuscrits et autres écrits anciens étaient conservés. La ville était connue pour sa faune variée et les savants du monde entier aimaient à s'y rendre pour leurs recherches. Les Sorciers de Kirinal eux même comptaient beaucoup sur les ressources de la cité pour faire avancer leurs vaines recherches. Cinq Sorciers étaient d'ailleurs délégués en permanence à la cité. Tout cela n'était plus qu'un lointain souvenir désormais.
En apparence, la cité avait l'air inchangée. De la fumée s'élevait encore de quelques maisonnées et rien n'avait l'air particulièrement dangereux. On aurait seulement pu croire que la ville était assoupie. Loin de l'air animé propre à la cité, il régnait un silence de mort. Pas même les oiseaux n'avaient l'air d'avoir le cœur à chanter. La cité semblait étrangement vieille, vieille comme le monde alors qu'en réalité elle n'avait qu'une trentaine d'année. Les gens s'étaient peu à peu amassés autour de la bibliothèque, seul vestige des temps passée. Tout d'abord, il y avait eu des Erudits pour leurs recherches et leurs connaissances puis, au fur et à mesure, d'autres s'étaient installés. Des fermiers, pour les terres alentours, des Naïades pour les sources qui ruisselaient aux abords de la ville et toute une population aussi diverse que variée avait bientôt vu le jour à Dal'Boron qui s'était ainsi développée rapidement. La ville était un patchwork d'ethnies et de peuplades diverses qui vivaient en harmonie, partageant ce même amour du savoir et des sciences. La bibliothèque trônait fièrement à l'est de la ville, construction millénaire de temps dont on avait même oublié l'existence. Son dôme d'un rouge ocre ressortait fièrement sur l'azur du ciel. Mais aujourd'hui, nulle effervescence n'était visible à ses alentours.
Entha regardait le dôme dépassant d'une tête toutes les petites constructions alentours, d'un air sombre.
-C'est comme si le dôme voulait nous rappeler que la ville est morte.
Maokai le regarda sans vraiment vouloir comprendre.
-La couleur, on dirait celle du sang qui a coulé.
-Aucun sang n'a coulé ici, Entha. Ce n'est pas comme ça que les choses se passent.
Pour une fois dans sa vie, le Sorcier s'était montré compatissant avec le petit. Il n'avait pas subir ce genre de choses, il était trop jeune pour cela mais de toute manière c'est ainsi que le monde était fait.
-Comment alors, Sorcier ? Puisque tu as l'air tellement plus au fait de la situation que nous autres.
-Ce sont des choses que l'on sait. Mais regardez, vers la chaumière la plus proche, ne voyez-vous rien d'inhabituel ?
Les trois autres tournèrent leur regard vers l'endroit que pointait le Sorcier. Tout d'abord, ils ne virent rien d'inhabituel. Un toit en chaume, d'où s'échappait encore quelques nuages de fumée. A côté de la porte, deux petits tas blancs entourés de grosses racines d'arbre. Il n'était pas aisé de distinguer plus de détail à cette distance. Les trois avaient beau se concentrer, ils peinaient à comprendre ce que le Sorcier voulait leur montrer.
-Sorcier, cela suffit ! Nous n'avons pas de temps à perdre avec tes stupides jeux. Je ne vois que des racines et des tas de cendres. Probablement les restes de la cheminée.
-Ce ne sont pas des racines, ce sont des corps, souffla soudain Entha d'une voix blanche.
Mirkaï et Tyla se tournèrent vers le petit, interloqué.
-Petit elfe, ne soit pas bête enfin, tu vois bien qu'il n'y a pas de corps à l'horizon. Tu n'as pas à t'en faire. Dame Tyla et moi sommes là pour te protéger.
La « dame » en question n'avait pas l'air ravie d'être associé à cet énergumène mais se retint de dire quelque chose et attendit patiemment qu'Entha poursuive. Maokai, lui, était resté silencieux, fixant d'un air pensif l'horizon. Entha poursuivi.
-Ce que je veux dire, c'est que ses racines, regarder mieux. Elles...je ne sais pas, c'est comme si elles respiraient. Ce sont plus que de simples racines d'arbre. Et puis, de toute manière, regardez donc autour de vous : vous voyez un seul arbre en contrebas ? La terre se meurt, déjà ici le sol est sec et je n'ose imaginez ce qu'il en est en bas.
Pour appuyer ses dires, Entha se baissa pour arracher une poignée d'herbe. Celle-ci s'effrita dans ses mains et retomba au sol dans un nuage de poussière.
-En revanche, je pense que Dame Tyla a raison. C'est bien de la cendre que l'on aperçoit ou quelque chose s'en rapprochant. Quelque chose comme l'herbe.
-Tu avais parlé de corps petit elfe.
Avant que Entha n'ai pu ouvrir la bouche, Maokai intervint.
-Ce sont des corps. Des corps vidés de toute leur substance, rongés jusqu'à la moelle et même plus jusqu'à ce qu'il ne reste plus que de la poudre d'os. N'avez-vous donc par remarqué la poussière qui s'élève de Dal'Boron. Ils sont là vos morts, en train de s'envoler vers les cieux pour retomber à terre dans un cycle perpétuel. Et bientôt, la terre aussi tombera et nous avec et le monde ne sera plus qu'un souvenir dont personne ne sera là pour raviver la mémoire.
-Vous savez mettre l'ambiance vous, tenta de plaisanter Mirkaï avec hésitation.
Mais personne n'avait le cœur à rire.
-Comment progresse-t-on maintenant Mage ?
Maokai soupira, il savait ce qu'il lui restait à faire. Sous les yeux éberlués du trio, il se changea en corbeau. Tyla eut un frisson d'effroi face à la vision du corps du Sorcier qui se rabougrissait de plus en plus jusqu'à n'être plus qu'une petite boule informe et noirâtre. Puis celle-ci se déplia avec paresse, pour faire éclore sur cet ensemble difforme un amas de plumes couleur jais pour qu'enfin le regard du corvidé vienne la fixer de ses yeux ambre.
Entha lui, avait regardé le processus avec fascination. Il n'aimait guère Maokai mais une fois encore, celui-ci s'avérait être un Sorcier remarquable. A côté de l'elfe, Mirkaï s'était tout simplement évanouie face à la transformation.
Sans un regard pour ses camarades d'infortune, Maokai déploya ses ailes pour partir en éclaireur au-devant des abords de la cité dans l'optique incertaine de trouver un chemin sauf pour avancer.
Et soudain, elle était là. C'était presque comme s'il s'y attendait, comme s'il avait secrètement espéré la revoir pour l'assaillir des milles et une question qui lui brulaient les lèvres. Elle était là avec ses cheveux de feu, flottant à ses côtés. Elle en paraissait presque surprise.
Encore une fois, Mathleen était perdue. Voilà qu'il y a un instant elle était dans cet étrange bus en partance pour nulle part en la compagnie de plus en plus menaçante de Marlow. Et voilà qu'elle était de retour dans ce monde étrange. Elle n'était pas passée par la Cité Morte cette fois. Elle brulait d'envie de retrouver son corbeau et il semblait que son esprit ai décidé de lui obéir. Ils volaient aux alentours d'une ville qui jadis avait du être splendide mais qui semblait désormais usée par les âges. Une fine couche de poussière y errait et ses rues désertes résonnaient encore des éclats de rire des enfants des jours passés. A l'est, un splendide dôme ocre s'érigeait comme pour narguer le ciel de sa couleur insolente. Mais, comme dans la Cité Morte, il manquait une chose qui puisse faire la grandeur de cette cité. Il manquait la vie. Il manquait les rires, les cris et les oiseaux, il manquait ce petit rien qui transforme une ville en tombeau. Et, comme là-bas aux bordures de la forêt du bout du monde, des tentacules paresseux s'étendaient dans les rues. Ils étaient moins importants que là-bas mais la mettait tout aussi mal à l'aise. Et pourtant, elle ressentait une étrange familiarité avec eux, comme un lien qui se formait petit à petit. Ou avait-il été là depuis toujours ? Mathleen chassa cette pensée de sa tête, d'où lui venait-elle d'ailleurs ?
Sans un mot, ils se rapprochèrent au-dessus de la cité.
-Qu'est ce qui s'est passé ici ? Pourquoi il n'y a personne ? Pourquoi il y a les mêmes tentacules que dans la Cité Morte ?
Mathleen n'avait pas pu retenir le flot de questions qui affleuraient à ses lèvres. Le Corbeau ne dit tout d'abord rien, déconcerter par le fait qu'elle ne connaisse pas le mal. Il fallait vraiment qu'il en sache plus sur cette enfant. Qu'elle ne sache rien de tout cela était déconcertant au possible. Soit elle venait vraiment d'ailleurs, soit elle était totalement stupide.
-Je vous entends vous savez. A gauche. Rajouta-t-elle.
-Quoi ?
La fille avait l'air paniquée.
-Faites ce que je vous dis. Virez à gauche, tout de suite !
Sans vraiment comprendre, le corbeau s'exécuta et tourna pour s'éloigner de la cité. La jeune fille avait vu juste. Les tentacules étaient montés sur les flancs de la bibliothèque et étiraient paresseusement leur masse difforme vers les cieux. S'il avait continué, nul doute qu'il n'en aurait pas réchappé. Il n'aura jamais plus tourné à temps ! Mais Maokai se demandait vraiment comment la gamine avait pu être au courant.
-Je l'ai sentie, c'est tout. Je ne saurais pas comment expliquer. C'était comme un instinct, un réflexe, je sentais que si l'on avançait on allait avoir des problèmes.
L'oiseau ne dit rien mais n'en pensait pas moins. Il était impossible que la gamine ai pu prévoir quelque chose comme cela et l'instinct n'avait rien à faire là-dedans ! La seule solution qu'il arrivait à envisager était qu'elle avait quelque chose à faire avec les tentacules, mais c'était impossible, non ? Il chassa cette idée grotesque de son esprit. La rouquine ne savait déjà même pas ce qu'était le mal alors imaginer qu'elle puisse avoir un rapport avec lui était l'idée la plus grotesque du monde. Hélas, la jeune fille avait bien évidement entendue ses pensées. Elle ne dit rien, peinée à l'idée que l'Oiseau qu'elle commençait à considérer comme un ami puisse imaginer qu'elle soit responsable de la mort du monde. Elle décida d'ignorer les remarques de l'oiseau. Après tout, il oubliait surement qu'elle pouvait l'entendre et les gens ont la fâcheuse tendance d'être trop honnêtes lorsqu'ils se pensent seuls.
-Où voles tu ?
-Vers l'est, vers Byavask et les terres perdues.
Elle ne comprit pas, cela se voyait dans son regard. Alors, tout en continuant de dériver vers l'est, il tentât de se faire plus clair.
-Nous allons vers des terres où le mal règne en maitre. Où les tentacules que tu vois là sont dix, cent fois plus nombreux. Nous allons vers des terres sans espoir pour tenter de le ramener.
-Nous ?
Le corbeau fit demi-tour pour la ramener en direction de la petite cote où Tyla, Entha et Mirkaï attendaient impatients et inquiets. D'où ils étaient, ils apercevaient seulement la tache sombre du corbeau qui s'éloignait de plus en plus avant de finir par revenir lentement vers eux.
-J'ai cru que ce foutu volatile aller partir sans nous ! pesta Tyla.
Non pas que cela l'eu dérangée plus que ça mais elle était payée pour escorter le foutu mage et comptait bien se tenir à sa tâche. Ses réserves de rhum commençaient à s'amoindrir et un petit pactole serait plus que bienvenu.
-Maitre Maokai, ne ferait jamais ça, s'exclama Entha.
-J'approuve le petit. Le sorcier m'a l'air d'être un homme droit et honnête et il me surprendrait fort qu'il soit dans sa nature d'agir ainsi.
-Mirkaï ?
-Oui ?
-La ferme.
Et c'est ce qu'il fit. Le soldat n'avait nulle envie de s'opposer au tempérament peu amène de la jeune femme. Elle était certes magnifique mais sous son regard transperçant se cachait un caractère de feu. Ainsi qu'une épée beaucoup trop imposante à son gout. Lui qui n'utilisait qu'une petite dague à une main et des sorts de bases en cas de nécessité se trouvait bien démunie face à l'attirail imposant de la jeune femme. Et il ne pensait qu'à son arme.
Le corbeau finit par arriver au-dessus de leurs têtes. Bizarrement, il n'avait pas l'air d'être seul. Une présence étrange était à ses côtés. Un reflet étrange fantomatique qui avait l'air de totalement ignorer leur présence.
Tyla sortie son épée, prête à agir au moindre problème. Maokai paniqué à la vue de l'arme se mit à croasser pour expliquer qu'il n'y avait aucun danger quant à la présence de Mathleen. Ce qui eut bien évidemment l'effet contraire sur le trio. Tyla brandit à deux mains son épée en arrière, prête à la balancer au moindre mouvement du fantôme. Entha et Mirkaï se demandaient bien où celle-ci trouvait la force de soulever ainsi une arme aussi massive mais l'heure n'était pas aux questions.
Entha s'était mis en position défensive, faisant surgir de ses mains de faibles flammèches. C'était loin d'être impressionnant mais cela pouvait toujours être utile. Et de toute manière, c'était le seul sort vraiment offensif qu'il connaissait. Les Sorciers étaient réputés pour leur pacifisme, comme le reste du monde d'ailleurs. La seule chose contre laquelle ils avaient à lutter était le mal et rien n'avait l'air de pouvoir l'arrêter.
Mirkaï, lui, s'était courageusement retranché en retrait, mais il fallait au moins lui accorder qu'il avait eu le mérite de sortir sa dague.
Mais quelle bande d'abrutis ! Ils allaient finir par le faire tuer avec leurs âneries ! Au moins, il avait compris que beugler n'était pas la solution pour leur expliquer les choses. Le Sorcier voulu se retransformer pour aller calmer les trois fous furieux mais le corbeau n'avait pas l'air de cet avis.
Mathleen sentait qu'il y avait un problème avec l'oiseau. Elle le voyait s'agiter de façon improbable dans les airs tout en battant des ailes mais ne comprenait pas ce qui n'allait pas. Comment ça se retransformer ? C'était un oiseau, voilà tout.
-Pourquoi ces gens ont l'air hostile ? Ils ont peur de moi ? Je ne vais pourtant pas leur faire de mal, s'esclaffa Mathleen.
Mais une petite voix au fond d'elle lui soufflait que ce n'était pas vrai. Ignorant ces idées sombres, elle s'adressa aux trois personnes avec bienveillance bien qu'en conservant une certaine distance. De là où elle et l'oiseau étaient, elle ne percevait que trois silhouettes indistinctes mais elle jugea plus prudent de ne pas s'approcher davantage.
-Ne vous inquiétez pas, cria-t-elle, je ne vous veux pas de mal. Vous êtes des amis du Corbeau c'est ça ?
Tyla concentra son regard sur l'éclat flottant d'un air dubitatif. Le bruit était lointain et il était difficile de bien comprendre ce dont il s'agissait. Elle aurait presque pu se confondre avec le souffle du vent. De plus, avec le soleil en face, il était difficile de totalement distinguer ce qui se passait dans les cieux. Y avait-il vraiment quelque chose ? Elle n'en était plus aussi certaine qu'au départ. Mieux valait se montrer prudent. L'éclat n'avait pas l'air menaçant mais par les temps qui courait la précaution était de mise. Elle allait la laisser parler encore un peu avant d'amorcer la moindre tentative et...
-Oui, c'est bien cela ! Nous sommes des amis de Maokai. Nous allons vers les terres perdues en exploration ! La plus grande et glorieuse, à la recherche d'un remède contre les maux qui rongent nos terres. Mais n'en dites mot à personne, je vous prie ! C'est un se...cret...acheva Mirkaï avec hésitation se rendant compte, trop tard, de sa bourde.
Tyla leva les yeux au ciel se demandant comme Mirkaï avait pu comprendre quoi que ce soit aux faibles bruits qui leur parvenait.
La fille n'en prit pas garde, elle n'avait toujours pas compris où les quatre étranges personnages comptaient aller mais cela avait l'air important pour eux. Alors, pourquoi ne pas les aider ? Elle espérait que cet instinct bizarre qui l'avait fait sauver le Corbeau resterait présent, ainsi, elle serait à même de guider la troupe peu importe l'endroit où ils comptaient se rendre.
Néanmoins, peut être pouvait-elle leur offrir son aide ? Elle concerta du regard son Corbeau qui n'avait pas l'air décidé à s'avancer d'avantage du trio en sa présence. L'oiseau, ne disait rien. Il n'arrivait à décider si c'était une bonne idée ou non. SI les « dons » de la jeune fille pour prévoir l'avancée ou l'emplacement des tentacules se réitéraient, cela pourrait s'avérer fort utile en effet. Dans le cas contraire, il ne savait pas trop quel sort ces compagnons lui réserverait.
-J'accepte. Dit-il finalement. De toute manière, ça ne pourra s'avéré que bénéfique si tu me refais le même coup que tout à l'heure. Mais c'est à moi et seulement moi que tu fera passer les informations, ne descend pas d'ici, avec les deux soldats, un accident est vite arrivé.
Mathleen essayait d'avoir un sourire rassurant mais ses yeux trahissaient sa crainte. Dans quoi s'était-elle encore embarquée ! Enfin, elle était toujours mieux là que prisonnière de ce maudit bus. Réfugiée dans son esprit, elle était sauve. Non ?
Tyla maugréa voyant le corbeau avancer en même temps que la tache éthérée dans les cieux.
-Dans quel galère le Sorcier nous a-t-il encore fichu. Soupira-t-elle en jetant un regard coupable à Entha ; comme si le jeune garçon était fautif dans l'histoire. Enfin, je suppose que nous ne sommes pas maîtres dans cette histoire de toute manière.
Elle détourna son regard de l'oiseau et de la tache qui l'accompagnait pour se consacrer à des activités plus pressantes.
-Et toi, Mage, c'est quand tu veux que tu te rends utile ! cria-t-elle sans un regard pour lui. Même Mirkaï est plus réactif que toi sur ce coup-là !
Le soldat occupé à rassembler du bois pour faire un feu, tourna la tête, ravie que la mercenaire ai remarqué ces agissements ! Il savait que son charme légendaire ne pouvait pas la laisser indifférente !
-Tu ferais mieux de te reposer aussi, une longue route nous attends. Je vais aller faire un tour, je reviendrais plus tard, ne t'en fait pas petite télépathe.
Mathleen hocha la tête aux paroles de son Corbeau. Il avait raison. Un grand voyage s'annonçait.
Avant de descendre, rejoindre son étrange troupe, l'oiseau lui posa cette simple question.
-Au fait, comment te nommes-tu petite ?
-Mathleen, je m'appelle Mathleen.
Il descendu alors enpiqué pour aller aider les siens, ne sachant trop quoi faire de sa petite ombre.La faire descendre avec lui lui semblait une bien mauvaise idée. Les autres necomprendraient pas. Néanmoins, quand il les retrouva, sa petite ombre rousseavait déjà disparue, effacée entre le coucher du soleil et le souffle du vent.
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