BONUS 4 : « Il faut que tu viennes Lissou, j'ai besoin de toi »
Ce bonus complète le chapitre 130 de Jim Morrison. Si vous le lisez avant sa sortie, vous avez une petite exclu pendant quelques heures ! Ou quelques minutes... J'avoue que je suis assez impatiente de poster le 130ème chapitre...
PS : j'avoue j'avais aucune inspi pour la musique, j'ai rage quit.
PSS : ah, et je continuerai les bonus sur Ali aussi, mais pour l'instant j'ai une panne d'inspi.
Bisous ! ❤
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Octobre 2017
- C'est bon Ken, arrête maintenant !
Le rappeur eut un léger sursaut. En même temps, je ne criais jamais, alors ça pouvait l'avoir surpris. Mais là, il me poussait à bout.
- C'est juste un confrère, dis-je sur un ton plus doux. Con-frère, fis-je en appuyant sur les syllabes. On va seulement échanger sur nos expériences professionnelles, t'as pas besoin de te mettre dans des états comme ça !
Ken était beau, intelligent, envoûtant. Mais il y avait quelque chose qu'il était aussi : jaloux. Et c'était parfois pesant.
- Ouais, mais peut-être qu'il te considère pas juste comme une consœur, grogna-t-il.
Je soupirai d'agacement. Si j'avais été Maëlle ou Stine, je lui aurais lancé une réplique cinglante et il m'aurait lâché depuis longtemps. Mais je n'avais ni l'assurance de Stine, ni le caractère de Maëlle, et tout ce que je pouvais faire, c'était gérer les crises de jalousie de mon copain avec douceur.
Je m'approchai donc lentement de lui, et posai mes deux paumes sur chacun de ses pectoraux alors qu'il arborait un air contrarié :
- Ken, essaye au moins de me faire confiance, s'il te plaît. Ça fait deux ans qu'on est ensemble, et ça fait deux ans que c'est le même cinéma.
Enfin, « deux ans » entrecoupés de ruptures, mais deux ans tout de même.
- Je te fais confiance, c'est pas le soucis. C'est juste aux types qui te tournent autour que je fais pas confiance.
Ses paroles étaient sorties d'un ton dur, sa voix portant tout l'entêtement dont il pouvait faire preuve.
Je fermai les yeux sous le coup de l'agacement, et fermai mon poing droit avant de donner un minuscule coup sur sa poitrine et d'y laisser glisser ma main tout en me retournant.
- Tu me saoules, lâchai-je finalement mais toujours dans le calme. De toute façon j'y vais quand même, c'est ton problème si tu veux passer une mauvaise journée parce que t'es pas fichu de mettre de côté ta jalousie.
Alors que je mettais mon long manteau noir, je compris que Ken n'avait pas fini de m'embêter :
- T'es sérieuse Lissa ? Je te dis que ça m'emmerde que t'ailles voir ce type parce que je le sens pas, et tu vas y aller quand même ?
- Oui, je vais y aller quand même Ken, répondis-je de mon ton doux habituel. Parce que je sais que tout va très bien se passer, et j'ai aucune intention de te nuire. Libre à toi de me croire ou non.
Je sentais qu'il valait mieux pour moi que je quitte rapidement l'appartement. Que je sois là ou pas, Ken allait s'emporter très rapidement, mais je ne voulais pas en être témoin, sachant très bien que j'allais me laisser attendrir et qu'il obtiendrait gain de cause.
Mais alors que j'allais m'en aller et que Ken allait me lancer une réplique probablement cinglante, mon téléphone sonna, affichant le nom de Maëlle. Elle ne pouvait pas tomber mieux.
- C'est lui c'est ça ? cracha Ken avec dégoût.
Pourquoi n'étais-je que la gentille et douce Alice qui détestait les conflits ? Il ne se serait jamais comporté de la sorte avec quelqu'un d'autre. Mais je savais au fond de moi que c'était aussi pour ça qu'il m'aimait. Parce que mon tempérament contrastait grandement avec le sien et que je parvenais à le canaliser.
- Allô Malou ? lançai-je joyeusement en décrochant, ignorant totalement l'idiot de rappeur qui me fusillait du regard.
Ce dernier sembla se radoucir en se rendant compte de l'ânerie qu'il avait dit.
Mais je sentis mes traits se tendre dès les premières secondes de ma communication avec ma grande sœur.
Jamais de ma vie je n'aurais pensé un jour entendre Maëlle en pleurs au téléphone. Ça me semblait irréel :
- Malou qu'est-ce qu'il se passe ? m'inquiétai-je.
Ma vue s'était voilée rien qu'en entendant les paroles étouffées de sanglot de celle que je considérais comme la femme la plus forte de la planète.
- Il faut... Il faut que tu viennes Lissou, j'ai besoin de toi. Tu peux venir s'il te plaît ?
Je clignai des yeux pour tenter de voir plus clair, et je remarquai alors que Ken avait l'air presque aussi inquiet que moi, me demandant silencieusement ce qui se passait.
- Oui, j'arrive ma belle, t'es où ?
- Chez moi, souffla-t-elle. S'il te plaît dépêche-toi je sais pas quoi faire.
- J'arrive, je me dépêche !
J'étais sur le point de raccrocher lorsque la voix de Maëlle retentit une nouvelle fois dans le téléphone :
- Lissou !
- Oui, qu'est-ce qu'il y a ?
- Viens toute seule s'il te plaît.
- D'accord.
Je n'y comprenais décidément plus rien. Son frère jumeau allait mieux, j'en était persuadée, et si Maëlle voulait que je vienne seule, c'était que le problème la touchait probablement elle.
Mon cœur battait la chamade tandis que j'ignorais totalement les paroles de mon copain à côté de moi, trop obnubilée par ma peur : j'espérais que Maëlle allait bien.
Mais alors que j'allais quitter l'appartement, une main se referma sur mon poignet, et Ken m'obligea à me retourner vers lui :
- Lissa qu'est-ce qu'il y a ?
Ses yeux étaient grands ouverts par l'affolement.
- Je sais pas, il faut que j'aille voir Maëlle.
- J'viens avec toi, fit-il avant d'aller chercher sa sacoche.
- Nan, le coupai-je. Elle veut que je vienne seule.
- Je m'en branle qu'elle veule que tu viennes seule. Depuis quand je l'écoute ?
Ken et sa « petite » sœur, toute une histoire. Ils passaient leur temps à se battre mais ils seraient prêt à mourir l'un pour l'autre. Il était parfois difficile de trouver sa place entre les deux.
Je ne voulais pas m'énerver. Il ne fallait pas que je m'énerve. Mais Ken ne m'écouterait pas si je ne montais pas le ton :
- Ken ça suffit ! Tu l'écoutes peut-être jamais, mais cette fois-ci c'est moi que tu dois écouter. Je suis sûre qu'elle veut pas que tu viennes !
D'abord soufflé par mes paroles - puisque je le rappelle, je ne m'énervais jamais -, le rappeur n'eut pas l'air de changer d'avis pour autant :
- J'ai la gov de Mekra. Tu vas mettre une éternité en rere jusqu'à Auber, on sera plus rapide si je t'emmènes.
Étant donné qu'il m'avait énervée toute la matinée, j'étais tentée de refuser. Mais je ne savais pas dans quel état se trouvait Maëlle, et le plus tôt j'arriverai chez elle serait le mieux. Ce n'était pas le moment de jouer au plus bête.
- D'accord mais tu m'attendras en bas de chez elle.
Ken acquiesça, et nous nous ruâmes dans la voiture, puis il conduisit à toute allure sur le périphérique.
Quelques trente minutes plus tard, nous étions devant chez Deen et Maëlle, et je suppliais mon copain de rester dans la voiture.
- Ok, mais si y'a un problème tu m'appelles, concéda-t-il en se rongeant les ongles.
Je savais l'amour qu'il portait à sa sœur de cœur et j'étais totalement consciente de l'inquiétude qui l'avait pris au ventre, mais Maëlle avait été claire, alors je me ruai seule vers le bâtiment.
Comme bien souvent, la porte d'entrée était ouverte, et je m'engouffrai à l'intérieur, le cœur battant la chamade :
- Malou ?
Aucune réponse dans un premier temps.
- Malou t'es où ?
- Dans la salle de bain, me répondit une petite voix.
Jamais je n'avais entendu autant de détresse dans la voix de ma grande sœur, elle qui d'habitude tentait par tous les moyens de me protéger de ses moments de faiblesse.
- Malou qu'est-ce qui se p...
Je ne terminai pas ma phrase en entrant dans la pièce.
Maëlle était assise par terre, les mains en sang, et elle leva vers moi des yeux larmoyants et emplis d'effroi.
- Oh merde ! Qu'est-ce qui s'est passé ? paniquai-je en me laissant tomber vers elle.
Je pris ses mains dans les miennes, et fébrilement, cherchai la source de l'hémorragie.
- Maëlle, explique-moi, où est-ce que tu saignes ?
- Je... Je crois que je l'ai tué, fit-elle, la voix tremblante.
Quoi ? Qui ? Je ne comprenais plus rien.
Mais les gestes de mon amie m'indiquèrent bien plus que ses mots : elle retira vivement ses mains des miennes pour venir les presser contre son ventre, puis mon regard suivit leur direction, et ce fut à ce moment que je vis la tache de sang qui parsemait le sol de la salle de bain, sous ses fesses.
Je compris que si son short de sport n'avait pas été noir, j'aurais pu y voir aussi une tache rouge.
La surprise se mêlant à l'incompréhension, les seuls mots qui sortirent furent :
- T'es... T'es enceinte ?
Mon amie acquiesça doucement en pleurant.
- Y'a un problème Lissou, j'arrive pas à bouger, j'ai trop peur de lui faire encore plus mal.
Mince, mince, mince.
Pitié, pas à Maëlle. Je savais par ma mère qu'une fausse couche pouvait détruire une femme, Maëlle ne le méritait pas.
Il fallait que je me reprenne. Mon amie avait été là pour moi dans une multitude de moments difficiles, je n'avais pas le droit de flancher.
- Il faut qu'on aille à l'hôpital Maëlle. Si ça se trouve il va très bien ton bébé, mais tu peux pas rester comme ça.
Ma sœur acquiesça lentement, puis elle tenta de se relever en s'appuyant sur moi. Mais elle retomba vite en grimaçant.
- Tu as mal ? m'inquiétai-je.
- Oui, mais ça va aller, t'inquiètes pas.
Elle était tellement courageuse. Depuis que je la connaissais, Maëlle était mon modèle.
- Non non, bouge pas ! l'intimai-je alors qu'elle tentait de se relever. T'es trop faible avec le sang que t'as perdu. Ken est dans la voiture en bas, je dois l'appeler.
Je dus d'abord avoir à faire à sa réticence, mais je parvins finalement à avoir gain de cause, et quelques minutes plus tard, Ken déboulait en courant dans l'appartement, plus affolé que jamais :
- Putain Princesse, qu'est-ce que t'as ? dit-il d'un air horrifié.
La vision du sol maculé l'avait fait s'arrêter dans sa course, rendant ses yeux brillants, mais il agit vite en se précipitant aux côtés de sa sœur pour la prendre dans ses bras et la soulever.
- Ça va Ken, tenta-t-elle de le rassurer avec un sourire. Je te jure que ça va.
- Arrête de mytho.
Les laissant partir devant tandis que je rassemblais des affaires propres pour Maëlle ainsi que ses papiers pour son admission aux urgences, j'appelais rapidement Deen en descendant les escaliers : quelque chose me disait qu'elle ne lui avait rien dit.
- Yo Lissa ! fit joyeusement le rappeur.
Vraiment désolée de te faire redescendre Deen :
- Deen, Maëlle ne va pas bien, on l'emmène à l'hôpital.
- HEIN ?
J'avais presque dû éloigner le téléphone de mon oreille. L'inquiétude qui avait percé dans cette seule syllabe m'avait fendu le cœur.
- Je l'ai trouvée en sang dans votre salle de bain. Elle est toujours consciente mais elle a peur d'avoir perdu son bébé. On l'emmène à l'hôpital, il faut que tu viennes.
- Euh ouais... Ouais... Putain ! Ouais, j'arrive.
Cette détresse dans sa voix... Il l'aimait tellement.
Quelques secondes plus tard, après avoir couru dans les escaliers, je rejoignais la voiture et Ken démarrait.
- Je te jure que votre gosse va bien Princesse, lança fébrilement Ken tout en conduisant assez rapidement. C'est impossible qu'il vous arrive un truc aussi ignoble à vous deux, pas à mon reuf et ma reus putain, fit-il les dents serrées en donnant un grand coup sur le volant avec rage.
- Ken, calme toi, l'intimai-je.
- Pourquoi t'as pas appelé Bigo au lieu de Lissa ? demanda-t-il fébrilement. Il était le plus proche.
- Je voulais pas l'inquiéter avant d'être sûre de quoi il s'agissait.
Maëlle dans toute sa splendeur : ne jamais inquiéter ses proches qu'importe la situation, tel était son credo.
Une dizaine de minutes plus tard, nous étions arrivés à l'hôpital le plus proche, et Maëlle était prise en charge par le personnel médical :
- Ça va aller, vous inquiétez pas pour moi, nous avait-elle dit dans un sourire avant de partir, accompagnée par un baiser de Ken sur son front.
Depuis, nous tournions en rond dans la salle d'attente, nous rongeant les sangs. Ken fulminait, répétant que si quelque chose de grave arrivait à Maëlle ou au bébé, c'était totalement injuste, que sa sœur ne méritait pas d'être éprouvée par la vie à ce point.
Je le rejoignais totalement sur cette idée.
- Arrête de t'énerver, s'il te plait, le suppliai-je finalement en passant mes bras autour de son cou.
Je voulais qu'il me serre contre lui. J'avais besoin qu'il me rassure.
- Comment tu peux être aussi calme ? me demanda-t-il en refermant ses bras autour de moi.
- Je le suis pas, je totalement d'accord avec toi, mais je le montre pas.
Nous restâmes alors ensemble en silence, nous serrant l'un contre l'autre, jusqu'à ce que Deen déboule en panique dans la salle des urgences, faisant se retourner plusieurs personnes vers nous :
- Elle est où ?
Je ne l'avais jamais vu dans un tel état, et pourtant nous en avions vécu de sales péripéties.
- Ils l'ont pris en charge dès qu'elle est arrivée, annonça calmement Ken. Ça va aller mon kho, c'est Maëlle, ça va toujours.
Ce n'était pas ce qu'il disait vingt minutes plus tôt.
Ken attira son ami contre lui, et Deen, le regard dans le vide et l'air terrifié, se laissa faire avant d'accueillir l'accolade de son frère en tapotant le dos de ce dernier.
Nous n'attendîmes pas très longtemps avant d'avoir des nouvelles de Maëlle, mais ces instants furent intenses. La peur de Deen était palpable, et si moi j'étais morte de trouille, je n'arrivais pas à imaginer ce qu'il ressentait.
Mais Maëlle revint une vingtaine de minutes après l'arrivée de Deen, habillée des vêtements que j'avais confié à une infirmière, un sourire fatigué sur le visage.
Deen ne mit que quelques secondes à parcourir la distance qui les séparait et l'attira vivement à lui. Maëlle dut probablement lui murmurer des paroles rassurantes puisqu'il l'embrassa à plusieurs reprises dans des gestes maladroits, avec le reste de détresse que lui avait procuré la présence de sa copine aux urgences.
Ils étaient tellement beau ensemble. Il était évident qu'ils étaient fous l'un de l'autre, même s'ils peinaient à le montrer devant d'autres personnes.
L'infirmière qui accompagnait Maëlle me confia son sac avec ses anciens vêtements, et Ken et moi nous dirigeâmes lentement vers le couple.
- Alors ? demanda Ken, une pointe d'angoisse dans la voix.
- Alors fausse alerte, nous annonça Maëlle avec un sourire rassurant. Apparemment ce sont des choses qui arrivent mais le bébé est en bonne santé, moi aussi, tout va bien.
Ken ne retint même pas son soupire de soulagement, et je me sentis tout à coup plus légère.
Apprendre en moins d'une minute que ma grande sœur était enceinte mais qu'elle avait aussi probablement perdu son bébé, ça aurait été une terrible journée.
Nous restâmes en silence quelques secondes, notre anxiété redescendant progressivement, Deen avec son bras étroitement serré autour des épaules de sa petite amie, puis Ken brisa le silence :
- Putain j'arrive pas à y croire, vous allez avoir un gosse !
Ses yeux brillaient de fierté mais aussi d'autre chose... Et quelques larmes ne tardèrent pas à couler avant qu'il ne prenne son frère et sa sœur dans ses bras.
- J'suis trop heureux pour vous !
Et parce que ses émotions étaient étroitement liées aux miennes, je fondis moi-même en larmes dans les bras de Maëlle :
- Je vais être tata !
Maëlle me serra contre elle avant de m'embrasser la joue avec l'affection dont elle ne faisait preuve qu'avec un cercle restreint de personnes :
- Oui, tu vas être tata.
Les embrassades continuèrent, puis Deen ne tarda pas à se moquer de nous, et nous partîmes tous dans un fou rire.
- Bon par contre vous dites rien à personne, nous ordonna-t-il. On sait pas encore quand on va l'annoncer, et y'a que Raph et Ines qui sont au courant pour le moment.
Ken et moi jurâmes avant de ramener le couple à Aubervilliers, puis nous rentrâmes tous les deux chez lui.
Les tensions de la matinée étaient totalement redescendu, et Ken souriait en regardant la route.
Je n'avais pas besoin de lui signifier que je n'étais plus en colère contre lui, mais je passai tout de même mes doigts à l'arrière de sa tête tandis qu'il conduisait pour lui indiquer que nous n'étions plus fâchés.
Ses yeux se fermèrent brièvement, puis il enleva sa main droite du volant pour la déposer sur ma cuisse :
- Je suis désolé pour ce matin, lâcha-t-il finalement. Je t'aime.
J'étais surprise par ses mots, des excuses venant de Ken étant toujours très rares, mais ne lui fit pas de remarque pour autant, profitant seulement du moment.
- Je t'aime aussi.
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