BONUS 3 (partie I) : « Vous êtes trop belles les filles »

– T'es magnifique, je crois que je vais pleurer.

Je n'avais fait que quelques pas dans la pièce, mais ce fut tout le nécessaire pour me rendre compte que les paroles d'Alice étaient vraies : Julia était magnifique dans sa robe de mariée.

Nous étions au Mexique depuis quelques jours déjà, mais mon arrivée dans la pièce dans laquelle se préparait la mariée marqua le moment de la fin de la déconnade : nous avions rigolé sans cesse durant trois jours, mais je me rendis soudainement compte que de nombreuses larmes pouvaient couler aujourd'hui.

Julia rayonnait. Sa belle robe blanche et son maquillage faisaient parfaitement ressortir son teint mat, et ses cheveux bruns tissés en une belle couronne se transformant en un chignon aussi abstrait que bien structuré à l'arrière de sa tête mettaient en valeur ses épaules fines et son cou gracieux.

– Oh non, s'il vous plaît les filles, ne pleurez pas ou vous allez me faire pleurer, répliqua Julia dans un petit élan de panique. Il ne faut pas que mon maquillage coule, la pauvre maquilleuse a fait un travail superbe.

Je m'avançai finalement dans la pièce, lentement. Plus j'approchai, et plus mon amie me semblait magnifique.

Je sentais l'émotion me prendre à la gorge petit à petit, et je dus me faire violence pour tenter de la ravaler.

– Théo a tellement de chance, dis-je finalement tout en contemplant Julia.

Cette dernière eut une moue émue, tentant de rester stoïque face au bouleversement évident de Stine, Alice et moi-même, puis elle vint me prendre délicatement sans ses bras : 

– Vous êtes tout aussi magnifiques, murmura-t-elle en nous contemplant toutes une par une, sa grande sœur y compris.

Nous nous échangeâmes toutes un regard, admirant nos robes roses cendrées toutes identiques : mes amies étaient les plus belles, il n'y avait aucun doute là-dessus.

– Bon allez, le moment émotion est terminé, s'exclama Stine. Tu entres en scène dans dix minutes Juju !

Julia inspira un grand coup, et mes amies et moi décidâmes de la laisser seule avec sa grande sœur pour gérer son appréhension.

Nous sursautâmes toutes en même temps lorsque, à peine la porte refermée, nous tombâmes nez à nez avec Ken et Hakim. Alice lâcha même un petit cris de surprise adorable, et les deux garçons semblèrent aussi stupéfait que nous.

Mais leur sursaut fit vite place à un tout nouvel air sur leur visage. Il était évident que nous ne les laissions pas de marbre :

– Ouah, fit simplement Ken sans jamais lâcher Alice des yeux. 

Une discussion silencieuse sembla s'opérer entre mes deux amis, et même en imaginant qu'aucun des deux ne m'ai parlé de leur rapprochement ces derniers mois, leurs yeux les grillaient à des kilomètres. Je ne savais pas si c'était de l'amour, mais quelque chose d'intense bouillonnait en chacun d'eux.

Ken détourna finalement le regard pour poser ses yeux sur Stine, puis sur moi :

– Vous êtes trop belles les filles. 

– Ouais, évitez de trouver un mari dans la famille de Juju s'il vous plaît, compléta Hakim. On vous garde pour nous.

Nous lui lançâmes toutes un regard ahuris, et Stine se chargea de le remettre à sa place :

– Ce serait gâcher de la marchandise mon petit Meukra, on mérite beaucoup mieux que vous.

Sur ces mots, elle nous prit toutes les deux par la main pour nous traîner dehors le temps que Julia soit totalement prête.

– T'es trop beau aussi, parvins-je à murmurer à Ken avant de le quitter.


[...]


J'avais réussi à ne pas pleurer, et je m'en félicitais grandement. Pourtant, ça n'avait pas été une mince affaire : Alice avait laissé échappé quelques larmes, Julia et sa sœur avait semblé plus proches que jamais, les parents de la mariée avaient été plus qu'émus, et le discours du petit frère de Théo eu presque raison de ma sérénité. 

Et puis il y avait eu Deen. 

J'avais réussi à l'esquiver le plus possible ces derniers jours, ça n'avait pas été si compliqué que ça puisqu'il avait passé presque tout son temps avec Hana, sa nouvelle copine.

Mais debout auprès de la mariée, pouvant avoir une vue d'ensemble sur toute la salle, j'avais senti le regard brûlant de mon ex posé sur moi pendant toute la cérémonie.

Et bordel qu'est-ce qu'il était beau dans son costume. Je regrettais amèrement de ne pas être à la place d'Hana. 

Si je n'avais pas été si bête, si je n'avais pas eu si peur, j'aurais été à la place d'Hana. J'avais maintenant la conviction que nous aurions pu supporter la distance que mon transfert en Norvège nous avait imposé.

Mais il était maintenant trop tard, et Deen avait peut-être trouvé la femme de sa vie. 

Il me fallait vraiment passer à autre chose, ce n'était pas normal que je pense toujours à lui et que mon cœur fasse du trampoline dans ma poitrine en la seule présence de mon ex alors que je sortais désormais avec Morad.

– Arrête de penser à lui.

Je relevai vivement la tête, surprise par la voix de mon frère jumeau, puis adressai à ce dernier un regard interrogateur.

– Tu dévisages Deen et sa meuf depuis dix minutes Mel, tu te fais du mal.

À vrai dire, je ne l'avais même pas remarqué, et une légère agitation s'empara de moi en imaginant que Deen m'avait aperçu le fixer depuis la table d'en face.

– T'inquiètes il a rien capté je pense, me rassura mon frère. Il est trop occupé à détailler sa go et à écouter le peu de choses intelligentes qu'elle arrive à lui sortir, fit-il amèrement.

– Raph ! protestai-je. La pauvre, elle est peut-être très sympa.

Mon jumeau haussa un sourcil d'un air moqueur, et il avait ses yeux de « Mel, je te connais par cœur, je sais que tu penses comme moi ».

– Nan mais c'est vrai quoi, tentai-je de me défendre sans trop d'assurance. Elle a forcément un truc pour qu'il sorte avec elle. Nan ?

– Le seul truc qu'elle a, c'est qu'elle lui permet de t'oublier.

De m'oublier. Comme s'il avait besoin de m'oublier, lui qui - d'après ses mots - était bien content de ne pas avoir développé de sentiments pour moi. 

J'avais beau avoir une confiance absolue en mon frère, il ne connaissait pas Deen aussi bien que moi.

– En vrai elle est archi conne, continua-t-il. Et tu sais que c'est pas mon genre de dire du mal des gens sans raison. Mais là... Je te jure, elle a vraiment que son corps de bien, et encore ! Deen va vite se faire chier avec elle. C'est pas pour rien que sur Paris il passe un max de temps avec son reuf et les gars.

S'il le disait. En tout cas ça ne m'aidait pas plus à effacer ce que je ressentais à son égard.

– Bon et sinon avec ton nouveau mec ? fit finalement mon frère avec son sourire de commère. C'est sérieux ou pas ?

J'eus un petit sourire face à l'air de bonne femme qu'arborait mon jumeau :

– Plus ou moins... Je l'aime bien, il est cool. Après ça fait que quelques semaines qu'on sort ensemble donc je sais pas trop ce qu'on est pour le moment mais... Y'aurait quand même moyen d'envisager plus.

– Sur une échelle d'Alexis, il se situe où ?

J'eus un petit éclat de rire face à l'unité de mesure qu'il venait de créer. Ce n'était pas bête après tout.

– Il est sur un quart d'Alexis. Pour l'instant je ressens un peu la même chose qu'avec Alexis au début : je l'aime bien, on s'amuse bien, mais c'est tout.

– Ouais, de toute façon il faut que t'arrive à oublier une certaine personne pour pouvoir t'attacher à une autre, marmonna-t-il.

– Comment ça ? 

– Arrête Mel, je sais bien que tu le dévisages pas juste parce que vous étiez ensemble vite fait et que maintenant il est avec une autre meuf. T'étais amoureuse de lui, c'est évident.

Je fixai les yeux bleu pâle de Raphaël pendant quelques secondes puis, n'ayant pas la force de lutter contre son sixième sens de jumeau, je lâchai un soupire avant de poser de nouveau mes yeux sur le nouveau super couple de L'Entourage :

– C'était si évident que ça ? lui demandai-je d'un air blasé.

Mon frère passa son bras autour de mes épaules et je m'inclinai légèrement sur le côté pour laisser ma tête reposer sur sa clavicule.

– Pour les autres non, pas du tout même. Mais pour moi oui, y'a presque aucune de tes émotions qui m'échappe.

– Même quand je pleure devant un film triste, fis-je d'une petite voix en boudant.

La poitrine de mon frère tressauta légèrement dans un ricanement :

– Abuse pas. Mais par exemple en ce moment tu me fais déprimer avec tous tes regrets. Donc dans notre intérêt à tous les deux p'tite sœur, s'il te plaît, passe à autre chose.

Ma tête reposant toujours contre le torse de mon frère, je lui donnai un faible coup à l'aveugle :

– Je suis pas ta p'tite sœur, arrête de me disrespecter comme ça.

Mon jumeau ricana :

– T'as bu combien de verres pour l'instant ? D'habitude quand tu commences à parler franglais c'est que t'es proche du coma éthylique.

– Je trouvais plus le mot en français, c'est tout.

Nous restâmes encore quelques minutes l'un contre l'autre, puis le plat fut servis, et Raphaël retourna à sa table, laissant de nouveau sa place à Alice.

– T'étais où ? lui demandai-je d'un air suspicieux en fronçant les sourcils.

– Pourquoi tu me poses la question alors que tu connais déjà la réponse ? s'agaça-t-elle gentiment.

– Pour voir si tu vas mentir à ta grande sœur.

Alice leva les yeux au ciel avec un sourire amusé :

– On t'a déjà dit que t'étais chiante ?

– Une ou deux personnes ont déjà dû mentionner cette éventualité dans ma vie...

Alice soupira avant de remercier le serveur mexicain qui venait de lui apporter son plat - plutôt pas mal d'ailleurs -, et de tourner la tête vers moi d'un air résigné :

– J'étais dehors avec Ken. C'est bon, t'es contente ?

Je secouai ma tête négativement de gauche à droite :

– Vous en êtes où tous les deux ? Je veux savoir.

Ma petite sœur sembla réfléchir, ayant déjà délaissé l'idée de garder les choses pour elle :

– On est plus ou moins ensemble. Mais c'est compliqué puisqu'il voit toujours Agathe, et il accourt dès qu'elle a un soucis. Je sais qu'il a eu une histoire intense avec elle et qu'il la considère juste comme une amie, donc je respecte quand même ça, mais j'arrive pas encore à lui faire confiance. Il a vraiment pas la meilleure réputation. 

Alice prit une bouchée de son plat, puis continua son récit une fois sa viande avalée :

– Et puis je suis juste moi quoi. La petite noire adoptée un peu timide qui traîne avec une bande de rappeurs beaucoup trop charismatiques pour elle. Agathe elle est... Elle est Agathe quoi. Elle attire tous les regards et elle est si imposante. T'as envie qu'elle te respecte.

– Tu l'as déjà vu ? m'étonnai-je.

Ma petite sœur acquiesça tout en finissant son verre de vin blanc :

– Il l'a ramené plusieurs fois à des soirées.

Je m'étonnais de ne jamais l'avoir vu avant. Tout ce que je savais d'elle me venait des récits des garçons, et ce n'était pas grandiose.

– Tu dois pas te rabaisser comme ça Lissou, vraiment. Parce que même si les gars peuvent se comporter comme des gros cons misogynes parfois, je les ai entendu insulter Agathe salement, mais j'ai entendu que du bien de toi. Et ça ça veut dire beaucoup.

Alice baissa les yeux d'un air gêné, son éternelle réaction face à des compliments.

– Et puis ma belle, il y a des regards qui ne trompent pas. T'es resplendissante dans cette robe, et je peux te dire qu'aucune Agathe pourra jamais arriver à ta cheville. Et je crois que Ken le sait.

Encore une fois, elle baissa les yeux d'un air aussi gêné que touché, puis elle m'adressa un grand sourire avant de continuer de manger.

Je ne comprenais vraiment pas que Ken ne voit pas quelle perle il s'était trouvé au point de retourner auprès d'Agathe à chacun de ses caprices. Je souhaitais à tous les humains de cette terre de se trouver une personne aussi formidable qu'Alice, car depuis que je la connaissais, ma vie n'en était que plus belle.

 – Et Maëlle, fit timidement ma petite sœur alors que je tentais de me remettre d'un fou rire avec Antoine quelques minutes plus tard.

Encore à moitié hilare, je tournai la tête vers Alice.

– Le truc des regards. Ça marche pour toi aussi, m'indiqua-t-elle en jetant un petit coup d'œil par-dessus mon épaule.

Je n'eus pas besoin de me retourner pour savoir quelle table elle regardait, et la seule mention de cette chaise précise me fit sentir le regard brûlant de mon ex sur mon dos.

Elle devait se tromper. Raphaël devait se tromper. J'en avais l'intime conviction. Ils ne pouvaient pas avoir raison, et il était vraiment temps que j'essaye d'effacer mes sentiments envers mon ex petit-ami rappeur.

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Voilà pour le troisième bonus !

Est-ce que vous voulez que j'écrive le mariage de Théo et Julia du point de vue de Deen ou est-ce que vous pensez que ce serait trop redondant ? 

N'hésitez pas à me faire part de vos suggestions pour d'autres bonus !

📫

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