BONUS 2 : « Tout ce que je veux, c'est que t'ailles bien mon grand »
Putain de vie de merde.
Comme si j'avais pas assez de problèmes comme ça, fallait qu'en plus je sois...
– Hugo !
Je sursaute en entendant la voix autoritaire de Mr. Duval, mon prof de technologie, et quitte des yeux les immeubles que je fixe depuis une vingtaine de minutes en pensant à ma vie de merde. Qu'est-ce qu'il veut celui-là encore ?
– Oui monsieur ? lui répond-je avec mon plus bel air provocateur.
– Cela te dérangerait-il de rester concentré plus de cinq secondes sur mon cours ou est-ce trop demander au peu de neurones qui te restent ?
– Votre cours est pas assez stimulant pour que les neurones de qui que ce soit restent concentrés plus d'un millième de secondes, je souffle.
Comme d'habitude, les gens de ma classe rient, et avant que Duval n'ai le temps de le dire, je range mes affaires et me lève d'un air blasé pour aller récupérer un énième ticket d'exclusion :
– Oui, je sais, vous fatiguez pas, je vais en perm'... Merci m'sieur, je lance avant de quitter la salle en traînant les pieds.
Ras le cul de cette vie de merde. Ras le cul de ce collège de merde, de mon quartier de merde, de ma famille de merde, de mon corps de merde.
Franchement, je sais pas ce qui me retient de me foutre en l'air.
Ce sont des éclats de rire que je reconnaîtrais entre mille parvenant de la salle de permanence qui répondent immédiatement à ma question.
– Chut, bossez, y'a quelqu'un qu'arrive, chuchote la voix du pion avec panique, et je ne peux pas m'empêcher de sourire légèrement en entrant dans la salle.
– Salut Val', je fais d'un ton monotone en brandissant mon ticket d'exclusion.
– Putain, vous vous êtes donné le mot ou quoi ? s'exclame-t-il d'un air blasé.
Même pas besoin de jeter un coup d'œil au fond de la salle pour savoir que mes meilleurs potes y sont tous : j'avais reconnu leurs éclats de rire depuis le bout du couloir tellement ils sont pas discrets. Et évidement, y'a personne d'autres avec eux.
– Bah qu'est-ce que t'as branlé Moigeon ? rigole Camara tandis que je traîne des pieds pour aller m'asseoir à côté de Clarkson qui m'accueille de son fameux sourire radieux.
– Nan Hugo, un par table, me fait Val'. Pas envie de me faire virer, faites un minimum semblant que j'ai de l'autorité sur vous, s'il vous plaît.
Je soupire avant d'aller m'asseoir à une table le long d'un mur, adossé contre ce dernier.
– J'ai trois hypothèse, fait Bouhied en mâchonnant un stylo. Soit t'as corrigé un prof sur ce qu'il disait jusqu'à l'embrouille, soit t'as juste répondu à un prof à qui tu réponds trop souvent genre Leclercq ou Duval, ou alors tu t'es encore fight avec Mathieu.
Je déplie mon index et mon majeur avant de brandir ma main pour lui faire part de ma réponse.
– Putain c'est pas drôle, boude Duprés.
En même temps, c'était eux les plus chiants de la bande. Moi je me faisais souvent virer pour des trucs soft, les profs m'aimaient quand même bien. Camara et Duprés ça allait aussi, ils étaient parfois insolents, mais ça passait. Clarkson et Bouhied, eux, c'était le vrai problème : ils se battaient h24 et ils foutaient un bordel pas possible dans chaque putain de cours. Et personne jugeait bon de les séparer d'une année sur l'autre.
– Et vous vous avez fait quoi ? je demande.
– On a commencé une bataille d'eau entre le cours de Maths et celui d'Espagnol, me répond Clarkson en ricanant.
Je lève les yeux au ciel d'un air amusé ; je tenais à préciser qu'on avait quand même quatorze ans.
Alors que j'allais parler, Val' me coupe en me tendant une feuille de brouillon :
– D'après ton prof, il faut que d'ici une heure et demie tu lui fasses un protocole sur la construction d'un porte-clé lumineux.
Je le remercie et prend la feuille avant de la ranger négligemment dans mon sac.
– Et je suppose que l'idée venait de Duprés ? je reprend avec ironie, sachant très bien que le cerveau de cette piètre opération est soit Clarkson soit Bouhied.
– Et ben figure-toi que c'est Camara, lance fièrement Tarek, visiblement ravi de pas être le seul à avoir des idées à la con.
– Putain sérieux Ali ! je m'exclame. T'étais un de mes derniers espoirs là ! Franchement Duprés, t'as pas intérêt à me décevoir, sinon je vais plus savoir quoi faire de vous.
– Dit le mec qui a eu l'idée de taguer le hall le mois dernier, souffle Camara.
– Putain c'était vous ? s'exclame Val', incrédule. Sérieux les gars, je vous ai cuisiné pendant des semaines, vous m'avez juré que vous saviez rien et depuis le début c'est vous ! Je vois, donc moi je suis sympa avec vous, je vous engueule quasi jamais, je déconne même avec vous, et pendant ce temps vous me la mettez à l'envers ? Et ben tout ça c'est terminé maintenant. Je veux que vous me vouvoyiez et je tolérerai plus une seule connerie de votre part, c'est clair ?
Un long silence s'abat sur la pièce, et mes potes et moi nous regardons avec les larmes aux yeux à force de s'empêcher de rire.
C'est Clarkson qui craque la première et, avec sa voix toute mignonne, elle essaye d'attendrir notre surveillant :
– Mais Val', on voulait juste pas que tu te mettes dans le pétrin juste pour nous.
– Hmm. Tais-toi et travaille.
Oh ! Fort le garçon. D'habitude elle arrive à le faire craquer avec une seule phrase. Elle arrive tous à nous faire craquer avec une seule phrase quand on fait la gueule d'ailleurs.
– Val', tu sais qu'on te kiffe, on te l'aurait dit si t'avais pas été notre pion, tente-t-elle encore.
Pas de réaction, Val' fait toujours semblant de lire des papiers.
Alors Maëlle utilise sa dernière carte et se lève en direction de son bureau.
– Qu'est-ce que tu fais ? Assis-toi.
Mais Clarkson lui obéit pas et, un grand sourire sur le visage, elle ouvre ses bras et dépose un bisous sur la joue de notre surveillant. Et pour Maëlle, faire un câlin, c'est beaucoup. Vraiment beaucoup.
– Pardon Val'... fait-elle avec les yeux de chien battu que mes frères et moi ne lui connaissons que trop bien.
Je regarde mes gars avec un air fier : on sait tous qu'elle vient de gagner. Val' va craquer dans 3... 2... 1...
– Allez c'est bon, va te rasseoir, fait-il doucement, tentant toutefois de réprimer un sourire.
– Tu nous pardonnes ?
– Oui, c'est bon, aller.
Mais Maëlle le scrute encore pendant quelques secondes sans bouger.
– Retourne t'asseoir, dépêche-toi, tout le monde se tait, fait finalement Val en chuchotant d'un air paniqué. Y'a la principale qu'arrive.
Clarkson prend ses jambes à son cou et va s'asseoir avec fracas sur sa chaise, manquant de se casser la gueule, tandis que Val se marre, suivit par toute la bande.
Cette heure de colle aura au moins eu raison de mes problèmes pendant quelques temps.
[...]
Putain j'avais vraiment un truc qui allait pas.
Pourtant j'étais bien avec Cécile, elle était sympa cette meuf, je l'aimais bien.
Alors pourquoi putain, quand on s'embrassait ça me faisait rien ? Pourquoi à chaque fois qu'on essayait d'aller plus loin ça me dérangeait parce que j'en avais pas envie ?
J'étais censé avoir envie d'elle bordel, je devrais penser qu'à ça à presque quinze piges. Surtout qu'elle était loin d'être moche.
Alors pourquoi quand je la regardais ça me faisait le même effet que si je regardais Maëlle, et pourquoi quand je regardais Guillaume mon ventre se serrait ?
C'était pas normal putain. J'étais pas normal.
Je savais comment on appelait ça, j'étais pas con non plus, mais putain pourquoi fallait-il que ça tombe sur moi ? Franchement j'avais assez de galère comme ça, j'allais pas supporter longtemps l'angoisse d'être regardé de travers si jamais ça venait à s'apprendre.
Parce qu'il était hors de question que j'en parle à qui que ce soit, ma famille l'accepterait jamais. Putain, rien que de m'imaginer devoir en parler à ma mère ça me donnait des haut-le-cœur.
Tout ce que je pouvais faire c'était attendre que ça me passe. Parce que c'était peut-être seulement une phase, la puberté, les hormones, tout ça...
La sonnerie annonçant la fin de la dernière heure de la matinée retentit, me sortant une fois de plus de mes pensées, et je me dépêchai de ranger mes affaires pour rejoindre mes meilleurs potes.
Putain ils me manquaient ces cons.
Comme Bouhied et Clarkson avaient rien branlé en 5ème, ils l'avaient retapé ensemble, rejoignant Camara qui avait retapé sa 6ème, donc je m'étais retrouvé qu'avec Duprés en 4ème. Fin', c'était vite dit ; il avait passé plusieurs moi à l'hosto puis il avait finalement retapé donc j'étais maintenant tout seul en 3ème et tous les quatre étaient dans la même classe en 4ème. C'était la connerie du siècle de les laisser tous ensemble, mais j'étais content pour eux. Sauf que même si j'avais d'autres potes qu'eux en 3ème, bah c'était pas pareil.
– Wesh Moingeon ! s'exclama Camara avant de me checker. Ça va ?
– Ouah gros, t'as pas dormi depuis combien de temps ? lança Duprés. T'as de ces cernes mon pote !
Pour l'instant il m'apprenait rien, je dormais à peu près quatre heures par nuit vu que je cogitais trop pour trouver le sommeil.
– Viens-là mon Moingeon, fait Bouhied en posant son bras autour de mon cou pour nous faire avancer en direction du self. Rien de mieux qu'un bon petit plat d'épinard pour te remettre en forme !
– Putain c'est épinard ? je râle.
– Ouaip ! s'exclame Clarkson. Jamais content celui-ci, j'te jure !
Je lui fous un coup de pied au cul pour la forme avant de rejoindre la queue.
[...]
– Elle est quand même pas dégueu Sarah hein ? fait Tarek en fixant la fille en question d'un air appréciateur.
– Ouais de ouf, fait Duprés. Mais vas-y, Fanta elle est au-dessus.
– Ah ouais t'es plus renoi ?
– Nan, pas forcément, mais franchement je pense que c'est la plus belle meuf du collège. J'sais pas, elle a un truc.
Comme d'hab', la discussion tourne autour des meufs, et moi je peux rien dire parce que je leur trouve absolument rien. Des semaines que je tourne tout dans ma tête et la seule explication que j'ai à tout, c'est que j'aime pas les meufs. Sauf que j'arriverai jamais à assumer.
– C'est vrai qu'elle a un bon cul, lance Camara avant de se prendre une claque derrière la tête de la part de Clarkson.
– Parle-mieux.
– Bah quoi c'est vrai, râle notre pote.
Il se serait pris une tarte de la part de n'importe qui, il aurait vrillé et la personne en question serait déjà à terre. Mais jamais Maëlle. Maëlle, dans la loi de Camara, fallait pas la toucher.
– Elle est très jolie sans avoir besoin de mentionner son cul, le corrige-t-elle. Si vous faisiez un peu plus attention aux détails et moins à ce que vos queues vous disent, vous verriez qu'il y a plein de filles magnifiques dans ce bahu.
Tarek se marra :
– Ah ouais parce que tu mattes les meufs aussi toi ?
– Bah oui, fait-elle comme si c'était évident. C'est pas parce que t'es une meuf ou un mec que tu peux pas apprécier la beauté de tous les êtres humains. Et c'est pas une raison non plus pour aimer que les mecs ou les meufs.
– Attententends, fait Bouhied. T'es en train de nous dire que t'es lesbienne là ?
Raph et Mel soupirent en même temps :
– Putain ce que t'es lent, souffle Duprés. Elle est bi, c'est évident depuis des années gros.
– Hein ?
Camara et Bouhied se sont exclamé en même temps. J'avoue que moi aussi je suis surpris, j'avais rien capté jusqu'à maintenant.
– J'arrive pas à croire que je me traîne des potes aussi con, soupire Maëlle d'un air blasé avant de tourner les talons.
– Tu vas où ? je demande, un peu fébrile.
Je comprends pas qu'elle arrive à en parler aussi librement. Je sais qu'elle se prend jamais la tête pour rien, mais là elle parle de ça comme si des homos se faisaient pas lyncher tous les jours dans le monde parce qu'ils assumaient leur sexualité.
– Voir Juliette et Suzie, j'en ai marre de traîner avec des bambins. À plus bande de puceaux !
Tandis que Camara et Bouhied la regardant s'éloigner la bouche grande ouverte et les yeux ronds, Raphaël secoue la tête de gauche à droite en se marrant d'un air fier, et je dirige mon regard vers le sol, songeur.
Putain, ça semblait si facile pour elle...
[...]
– Vas-y Hugo, à plus !
Je check Baptiste avant de sortir des vestiaires pour rejoindre la voiture toute pétée de Tyler.
Je comprenais pas comment le mec avait le temps de venir me chercher au rugby alors qu'il taffait tout le temps et qu'il emmenait aussi les jumeaux au hand, et Tarek et Ali au foot.
– T'es pas obligé de venir me chercher tu sais, je fais en m'engouffrant dans l'habitacle avant de serrer la main du père Clarkson.
– Il est pas question que tu rentres à pied dans ce froid, fait-il en démarrant la voiture.
– Je viens de passer une heure et demie en short dans la neige.
– C'est pas pareil.
Quelle mauvaise foi. C'est juste qu'il pouvait pas s'empêcher de prendre soin de chacun d'entre nous.
Le trajet se fait en silence, pas parce que je suis timide mais parce que je suis complètement mort, et Tyler essaye pas de me faire parler. C'est ce qui est cool avec lui : il nous connaît tous par cœur.
Mais alors que je vais pour lui serrer la main une fois qu'il se gare en bas de chez moi, il me retient en fermant les portières :
– Faut qu'on parle mon grand, fait-il d'un air catégorique.
J'aimais pas ça. J'aimais pas les remontrances de Tyler. Je préférais limite décevoir ma daronne que le père des jumeaux.
Alors forcément, le stress commença à monter quand je me remémore toutes les conneries que j'ai pu faire ces dernières semaines :
– Qu'est-ce que j'ai fait ?
– Rien, t'inquiète pas ! s'exclame-t-il pour me rassurer. Je m'inquiète pour toi, c'est tout.
Je fronce les sourcils pour seule réponse : comment ça il s'inquiétait pour moi ?
– Je vois que ça va pas Hugo, et j'aime pas ça. Alors, je suis personne pour te forcer à me parler, mais je veux que tu sache que je suis là. Je t'ai vu y'a deux jours quand t'es venu à la maison, je vois que t'es épuisé, et tu pourras pas me dire que tout va bien. Je sais que c'est pas facile tous les jours avec ta mère, alors si t'as le moindre soucis, si t'as besoin d'un toit parce que t'en peux plus, tu sais que t'es le bienvenu chez nous.
C'était si évident que ça ?
– Je vais bien, t'inquiètes pas.
Tyler reste silencieux quelques secondes, contemplant les lumières de la ville par sa vitre.
– Ok, je vais la faire autrement, dit-il plus fermement. Tant que tu m'auras pas dit ce qui va pas, ou tant que t'auras ces cernes gigantesques, je te lâcherai pas.
– Tu peux parler avec tes poches sous les yeux, je souffle. On dirait que t'as pas dormis depuis des semaines.
Comme toi, me souffle ma conscience, me rappelant mes innombrables nuits blanches.
– C'est normal, la vie d'adulte c'est pas facile, répond-t-il avec toute la mauvaise foi du monde. Toi t'as quatorze ans, t'es pas censé te balader d'un air sombre comme si t'allais bientôt te jeter d'un immeuble.
Je tiquai en me demandant comment il avait capté que cette idée m'avait déjà traversé l'esprit.
– Écoute, me dit-il doucement en se frottant les tempes. C'est pas pour critiquer l'éducation que t'as donné ta mère, mais c'est pas parce qu'elle voit pas que tu vas mal que c'est aussi mon cas. Ça fait des jours que je pense à ton état. Et moi je supporte pas de te voir comme ça Hugo. T'es comme mon fils, et tout ce que je veux c'est que t'ailles bien mon grand.
Je tourne la tête pour regarder par ma vitre afin qu'il n'aperçoive pas les larmes qui commencent à me monter aux yeux.
J'ai toujours considéré ce mec comme un père, et c'est la première fois qu'il me dit qu'il me considère comme son fils.
Je sais que je vais pas pouvoir lui répondre sans fondre en larmes, j'ai déjà la gorge trop serrée. Alors j'appuie sur le bouton pour ouvrir la portière et je m'engouffre dans le froid du mois de janvier.
Il est pas question que j'en parle à Tyler. Son opinion compte beaucoup trop pour moi, et je refuse de voir de la déception dans ses yeux une fois qu'il saura que je suis qu'un pédé.
Mais ma fuite est de courte durée puisqu'une autre portière ne tarde pas à claquer, et la voix de Tyler retentit dans la nuit :
– Hugo, reviens-là, m'ordonne-t-il.
Alors que je n'obéis pas, j'entends la fréquence des pas du père des jumeaux augmenter. J'augmente donc moi aussi la cadence, mais son mètre quatre-vingt-dix ne tarde pas à me rattraper et à me retourner pour lui faire face :
– S'il te plaît, promets-moi que tu vas parler à quelqu'un, me supplie-t-il. Tu sais que Maëlle écoute bien...
Oui, mais je supporterai pas d'en parler à Maëlle et pas aux autres. Parce que Maëlle comprendrait, mais je doute que ce soit pareil pour les gars.
– Hugo..., fait-il finalement avec douceur.
C'est à ce moment-là que je me rend compte que je chiale depuis que je suis sortis de la bagnole. Super Hugo, grave viril.
Je sais pas si c'est le fait de me rendre encore une fois compte que je suis pas un vrai mec ou si c'est l'accumulation du poids de ce que je suis depuis plusieurs mois, mais quelque chose me pousse à craquer :
– J'suis gay, je lance finalement en sanglotant. Putain j'suis pédé Tyler.
À partir de ce moment-là, c'est les chutes du Niagara, impossible de m'arrêter de pleurer. J'avais aussi peur que j'étais soulagé, j'étais aussi dégoutté par moi-même qu'honteux d'avoir craqué.
– Regarde-moi, fait fermement la voix de Tyler.
Je secoue la tête de droite à gauche, refusant de quitter le bitume des yeux. Je veux pas voir la colère et la honte dans ses yeux.
– Hugo, regarde-moi, tente-t-il une deuxième fois avec plus d'autorité que la précédente.
Mais je refuse toujours et garde les yeux fermés avec force lorsqu'il prend mon menton dans sa main pour me forcer à le regarder.
– Putain Hugo, je t'interdis d'avoir peur, s'agace-t-il. Qu'est-ce que ça peut me foutre que tu sois gay ou pas ? Qu'est-ce que ça peut foutre au monde entier de savoir qui tu aimes ? Bordel mais ça change rien à qui t'es.
Lentement, mes paupières s'ouvrent et mes yeux se fixent sur les iris bleus ciels de Tyler.
Il essuie alors mes larmes avec ses pouces avant de retirer ses mains de mon visage, et ses traits se radoucissent en même temps qu'un sourire bienveillant ressemblant comme deux gouttes d'eau à celui de Maëlle se forme sur son visage :
– Ta sexualité ça te définit pas Hugo. Ça définit personne. Les mots « hétérosexuel » et « homosexuel » ça devrait même pas exister parce qu'on peut mettre aucun mot ni aucune définition sur ce qu'est l'amour. Alors t'as pas à avoir peur de toi-même et de ce que les autres pensent. Ok, t'es homo, mais moi ça m'avance à rien de savoir ça. Tout comme ça m'avance à rien de savoir que Raph est hétéro et que Maëlle est bi. C'est bien hein, mais ça vous rend pas plus exceptionnels ou plus médiocres que qui que ce soit. Alors je veux plus jamais que t'ai peur de t'assumer et d'aimer qui tu veux, d'accord ? Parce que pour moi tu seras toujours mon fils et je suis foutrement fier que t'aime les hommes.
Aucun mot ne sort de ma bouche et je m'effondre tout simplement dans les bras de la personne qui ressemble le plus pour moi à un père.
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