BONUS 11 : « Ça me dérange pas de m'inquiéter pour toi »
Coucou !
Ce bonus vient après le chapitre 28 de Toujours Là. Je vous conseille de l'avoir lu avant de lire ce bonus, vous comprendrez peut-être pas grand chose sinon.
Bonne lecture ! ❤
PS : fun fact du jour : il n'y a apparemment pas de passé simple au verbe « soustraire ». Voilà c'est tout, j'ai été surprise en corrigeant ce bonus et je voulais le faire partager.
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Je me souviens que quand j'étais gamin il était arrivé à mon daron de me gueuler dessus sans aucune raison. Sur ma sœur aussi. C'était arrivé de très nombreuses fois. Et même si à l'époque, je criais à l'injustice en me plaignant d'avoir le pire père sur terre, avec le recul j'avais compris qu'en fait il avait toutes les raisons du monde d'être en colère.
Combien de fois je l'avais vu rentrer du taff épuisé, son visage marqué par des années de labeur pour un salaire misérable ? Combien de fois je l'avais fait payer d'avoir fait un premier gosse en passant des nuits dehors et en enchaînant les dingueries ? Combien de fois il avait dû venir me chercher au comico en pleine nuit alors qu'il devait se trouver au taff deux heures plus tard, me ramenant auprès de ma mère en larmes ?
Il avait toutes les raisons du monde de se lâcher sur nous après une mauvaise journée de taff, parce que la vie lui avait rarement fait des cadeaux.
Mais moi... Moi j'avais aucune raison de gueuler comme ça sur ma femme et mes filles.
Putain le pire c'est que ça me ressemblait pas. Au contraire, après une mauvaise journée ma famille c'était mon havre de paix. J'avais qu'à passer le pas de la porte pour trouver ma Lola dans le canapé en train de m'attendre un livre à la main, Alice et sa tendresse légendaire venant éclipser la vision de notre aînée lorsqu'elle venait m'embrasser, et Maëlys gueuler dans sa chambre qu'elle avait un truc à me montrer. Et ça c'était quand j'allais pas moi-même chercher mes filles à l'école et au collège parce que j'avais un emploi du temps bien plus souple qu'Alice.
Et puis en plus j'étais loin d'avoir une vie de merde. Ça faisait trente piges que je vivais de mes passions, alors je pense que je pouvais pas parler de « journée de merde » comme en parlait mon daron. Putain il en parlait même pas d'ailleurs, il se plaignait jamais.
Donc là, je comprenais totalement les cinq regards emplis de stupeurs braqués sur moi alors que ma fille aînée détalait vers les chambres de ses cousins. Moi non plus je me reconnaissais pas, j'avais l'impression qu'un autre que moi avait parlé. J'aurais d'ailleurs préféré qu'un autre que moi ait parlé.
Ce fut quand mon neveu se leva pour rejoindre sa cousine que je lui intimai de rester dans le salon, complètement déboussolé par le fait que j'avais mis si longtemps à sortir de ma torpeur pour aller m'excuser auprès de ma fille.
Putain mais t'es vraiment qu'un connard, me répétai-je tandis que je rejoignais la chambre d'Oscar où j'étais presque sûr que Lola était partie se réfugier. J'arrivais vraiment pas à croire que j'avais rembarré ma fille aînée avec une telle violence. Déjà, je gueulais quasiment jamais sur mes filles, je détestais ça. Je les disputais comme tout parent, mais il était très rare que je hausse le ton. Et lorsque ça arrivait, c'était surtout destiné à ma cadette, qui était beaucoup plus problématique que mon aînée.
Je pense que je pouvais réellement compter sur les doigts d'une main le nombre de fois où je m'étais emporté contre Lola. Et si j'y réfléchissais bien, je crois que cette soirée fut la seule fois.
À l'étage, la porte de la chambre d'Oscar était fermée et je préférais attendre d'avoir l'autorisation de ma fille pour entrer. Je toquai donc une première fois avec hésitation.
Je savais pas si elle avait pas entendu ou si elle faisait juste exprès de m'ignorer, mais Lola ne répondit pas.
Putain, je m'étais embrouillé avec une quantité phénoménale de personnes, je savais toujours plus ou moins comment réagir face aux conflits pour pouvoir régler les choses, mais là je savais pas comment me comporter face à une gamine de quatorze-ans qui voulait pas ouvrir une porte.
En même temps savoir que ma fille aînée avec qui je m'entendais si bien m'en voulait, ça me déstabilisait. J'avais pas l'habitude d'être en conflit avec elle.
Je tapai donc une nouvelle fois contre la porte, puis lorsqu'il fut évident qu'elle m'ignorait encore, je recommençai une troisième fois.
Là, j'obtins une réaction puisque la voix douce de Lola me répondit :
- Ça va, j'arrive Oscar. Descends, t'inquiètes pas pour moi.
Mes paupières se fermèrent aussitôt sous la culpabilité lorsque j'entendis la peine que portait sa voix au milieu de sa gentillesse naturelle. Elle ressemblait tellement à sa mère.
- C'est Papa, dis-je simplement.
Un silence pesant me répondit et, sans aucune confiance en moi, j'ouvris doucement la porte.
À ma droite, allongée sur le lit d'Oscar recroquevillée sur le côté, la vision de ma fille me tournant le dos me serra le cœur.
Savoir que j'étais responsable de la tristesse de ma gosse me rendait malade.
- Va-t-en, me lança-t-elle d'une voix à la fois faible et dure.
Je me sentais mais tellement con.
Planté au milieu de la chambre de mon neveu, j'avais aucune idée de comment je devais agir. Autant je savais gérer les caprices et les bouderies de Maëlys, autant j'avais aucune idée de comment Lola allait réagir à mes gestes puisque c'était la première fois en quatorze ans qu'on était tous les deux en froid.
- Malo je suis désolé, tentai-je.
- Va-t-en je t'ai dit.
Bien que son ton paraissait toujours aussi sec, je perçus quand même une faille dans laquelle je pourrais peut-être me glisser.
Alors doucement, je m'avançais vers le lit et m'asseyais au bord. Lola me tournait toujours le dos, ses jolies tresses couvrant son profil devant ses épaules ou retombant sur la couette d'Oscar. Près du deuxième oreiller de son cousin, une boule de poil rousse se laissait allègrement caresser par ma fille.
- Je partirai pas tant qu'on se sera pas réconcilié ma puce.
Ma phrase ne fit que provoquer un nouveau silence. Au moins elle ne m'intimait pas une nouvelle fois de m'en aller.
- Je suis vraiment désolé d'avoir réagi comme je l'ai fait Malo, commençai-je avec hésitation.
Je pris une nouvelle fois son silence comme une invitation à continuer :
- Je... En ce moment c'est un peu compliqué pour moi, mais je sais que ça justifie pas du tout mon comportement envers ta mère, ta sœur et toi. Je sais même pas pourquoi je me venge sur vous alors que vous êtes celles qui me permettez de rester sain d'esprit.
Toujours aucune réponse de la part de mon aînée. Je savais pas trop quoi faire. Je mourrais d'envie de la prendre dans mes bras, elle qui était si affectueuse et qui passait sa vie à me faire des câlins malgré l'adolescence, mais j'avais peur de sa réaction si je tentais quoi que ce soit.
- Je te promets que ça se reproduira plus ma puce. De toute façon, je crois que de te voir comme ça, ça m'a vacciné à vie de te faire du mal. Je m'en veux tellement que tu pourrais me demander tout ce que tu veux jusqu'à la fin de ta vie et je te l'offrirai tellement je me déteste d'avoir réagis comme ça, dis-je dans un rire jaune. Je pourrais même t'écrire tout un album pour me faire pardonner.
D'habitude très sensible à mes touches d'humour, Lola ne réagit pas du tout à mes tentatives pour la faire ne serait-ce que sourire, tandis que je me sentais de plus en plus coupable.
Moi qui avait cru que l'époque où je faisais du mal à ceux que j'aimais était révolue...
- Lola s'te plaît dis quelque chose, la suppliai-je finalement en me passant fébrilement une main dans les cheveux.
Un silence me répondit d'abord, puis je vis finalement les épaules de ma fille se secouer, et comprenant en une fraction de seconde qu'elle était pas en train de rire, je me dépêchai d'écarter les tresses qui lui cachaient le visage.
Mon cœur se brisa en mille morceaux en voyant son beau visage mat baigné de larmes.
- Oh nan Malo j'suis désolé, lâchai-je avant de m'allonger derrière elle.
Attirant son dos contre mon torse pour tenir son corps recroquevillé dans mes bras, je me sentais plus coupable que jamais. Je supportais pas de voir ma famille triste, mais alors de savoir que cette môme-là en particulier se mettait dans des états pareils pour le connard que j'étais...
Tâtonnant à la recherche de ses mains, ce fut finalement elle qui prit la mienne en étau entre ses deux paumes avant de les porter sous son menton. Elle serait la mienne de toutes ses forces.
- Excuse-moi mon bébé, lâchai-je tout en embrassant sa tête. Je suis vraiment un père claqué, je suis désolé.
- C'est pas ça.
L'ayant pas entendu depuis bien trop longtemps à mon goût, le son doux de la voix de ma petite fille me remis du baume au cœur.
Je fronçai les sourcils :
- Qu'est-ce qu'il y a alors ?
Lola renifla à plusieurs reprises, puis elle lâcha ma main avant de se soustraire à mon étreinte et de se redresser.
Je ne tardai pas à faire la même chose et attendis qu'elle s'essuie les joues et qu'elle soit prête à parler, la regardant avec peine.
En voyant ma fille comme ça, je comprenais même pas comment Maëlle arrivait à tenir en ayant aucune idée de ce qui se passait dans la tête de Jude. Rien qu'à l'idée que les caractères de nos enfants aient étés inversés j'en étais malade.
- C'est juste... commença-t-elle en plantant des yeux identiques aux miens dans mes yeux. Ça me fait mal que t'ailles mal Papa.
Mon souffle se coupa immédiatement comme si on m'avait foutu un coup de poing dans le bide.
Je savais que Lola me ressemblait énormément même si elle tenait la plupart de ses traits de caractère de sa mère. Et c'était dans ce genre de moment que je réalisais qu'elle avait hérité des pires traits que je pouvais lui donner : ça m'avait jamais aidé d'être empathique.
Le pire, c'est que là, comme ça, nos regards plantés l'un dans l'autre, je pouvais pas lui dire que j'allais pas mal. Elle comprendrait aussitôt que je mentais, surtout que ma stupeur face à sa dernière phrase avait dû être flagrante.
Alors je décidai d'appliquer ce que j'avais appris avec la meilleure dans le domaine du déni :
- Malo, écoute-moi bien s'il te plaît, commençai-je. C'est pas ton rôle de t'inquiéter pour ton père. Je comprends que mon comportement ces derniers temps t'aide pas du tout à relativiser, mais je te promets que déjà, je vais arrêter de me lâcher sur vous, et ensuite, que je vais aller bien mieux. Parce qu'il est hors de question que tu continues à te mettre dans des états pareils pour moi, d'accord ?
Ma fille resta silencieuse quelques secondes, ses yeux noisettes tentant de sonder mes expressions du visage à la recherche d'un quelconque mensonge. Elle hocha doucement la tête pour marquer la fin de sa réflexion :
- Ça me dérange pas de m'inquiéter pour toi Papa.
Putain mais qu'est-ce que j'aimais cette gosse.
- Et ben moi si. Profite de ta petite vie de collégienne avant de t'enfoncer dans des bourbiers d'adulte. Je suis bien assez entouré, et t'as pas besoin de t'inquiéter pour me montrer que t'es là pour moi. C'est mon rôle de m'inquiéter pour toi, pas le contraire.
Pour seule réponse, Lola m'adressa un de ces sourires adorables dont elle avait le secret.
Je l'avais dit bien trop de fois depuis sa naissance, et encore plus après la naissance de ma deuxième, mais je pourrais tuer pour ces deux gosses.
- Et Tata Elma ? me demanda-t-elle.
Inconsciemment, mes paupières se fermèrent toute seule. De lassitude peut-être.
- Tata Elma elle va toujours bien. C'est les gens autour d'elle qui sont touchés par ce qui devrait la toucher.
Et qu'est-ce que ça pouvait me rendre fou !
- Elle est tellement forte, fit ma fille d'une voix pleine d'admiration.
Songeur, je hochai lentement la tête : une des personnes les plus fortes que je connaissais. Et pourtant...
- C'est pas un exemple, répondis-je. Elle est forte à sa manière, mais c'est beaucoup plus fort d'arriver à exprimer ses sentiments comme tu le fais tout le temps.
Je m'arrêtai quelques secondes, songeur, hésitant à sortir ma prochaine phrase. Puis, comme je savais que ma fille était une gamine très intelligente et que j'avais l'habitude de beaucoup parler avec elle, je me décidai à exprimer le fond de ma pensée :
- Tu sais Maëlle elle a fait beaucoup de mal autour d'elle en cachant ses sentiments constamment. Alors ouais, tu peux dire qu'elle est forte parce qu'elle a cette manie de tout porter sur ses épaules sans se plaindre, mais arrive toujours un jour où c'est son entourage qui en fait les frais.
- Comme aujourd'hui ?
J'acquiesçai doucement, pourtant bien conscient d'en avoir trop dit :
- En quelque sorte oui.
Lola acquiesça à son tour d'un air compréhensif :
- J'aimerais bien avoir une amitié comme celle que t'as avec elle, me dit-elle dans un petit sourire rêveur.
Un sourire incontrôlable se dessina sur mon visage en repensant à tout ce que celle que je considérais comme ma petite sœur depuis vingt ans et moi avions vécu ensemble. Grâce à ma carrière et à mes voyages j'avais fait des bêtes de rencontres, mais Maëlle était clairement l'une des plus belles.
Je faillis presque lâcher un rire en repensant que quand je l'avais rencontré j'avais envisagé la possibilité de sortir avec elle. Putain quelle connerie ça aurait été !
- Moi je crois que tu l'as trouvé, lui répondis-je. Et t'es dans sa chambre.
Lola eut un petit sourire attendri pour seule réponse.
Si avec Deen et Maëlle on avait longtemps souhaité qu'au moins un couple se forme entre nos deux familles, je savais maintenant que ça allait jamais être le cas et je préférais limite la relation fusionnelle qu'avaient Oscar et Lola.
- D'ailleurs, on retournerait pas le voir ? demandai-je. Ils vont finir par croire qu'on s'est entre-tué.
- Ça c'est impossible, lança-t-elle avant de déposer un baiser sur ma joue et de se lever.
La regardant s'éclipser dans le couloir, ses tresses dansant au rythme de ses pas, je me demandais pour la énième fois depuis sa naissance comment j'avais pu créer un être humain aussi parfait.
Repassant devant la chambre de Jude, j'entendis plusieurs bruits sourds et dus encore une fois séparer les deux frères qui, comme à leur habitude, étaient en train de se battre. Lola m'ayant fait parler de Maëlle quelques minutes plus tôt, je m'emportai naturellement en leur reprochant de pas être foutus de s'entendre, au moins pour faire plaisir à leur mère. C'était peut-être pas très fin, mais je savais que ma petite sœur souffrait du fait que ses garçons semblaient se détester.
Lorsqu'on retourna tous dans le salon des Castelle-Clarkson, Lola tirant Oscar par la main, je déposai un baiser sur la tempe d'Alice avant de lui chuchoter un « pardon », puis elle m'indiqua que Maëlle avait besoin d'aide dans la cuisine.
- Évidemment, raillai-je en soupirant tandis que ma femme m'adressai un clin d'œil.
Quel hasard que Maëlle se trouve seule au moment même où je descendais.
Lorsque je débarquai dans la cuisine ouverte, l'ex handballeuse m'agressa d'entrée :
- Ça y'est t'as fini d'être un gros con ? me lança-t-elle dans un sourire provocateur.
- Avec Alice et les filles ouais, avec toi j'ai pas encore décidé, fis-je en m'installant sur un tabouret.
Maëlle me tira la langue tandis qu'elle remplissait un nouveau bol de cacahuètes et que je piochais dedans. Une fois cette tâche ardue terminée, elle s'assit en tailleur sur le plan de travail tout en me regardant avec sérieux :
- Comment tu vas ?
Croisant les bras sur ma poitrine, je m'adossai à un des murs :
- Mieux depuis que j'ai réalisé que je devenais aussi aigri que ton mari.
J'eus même pas le temps de décroiser les bras que Maëlle me jetait un gant de cuisine sur la tronche :
- Je rigole pas.
- Moi non plus.
D'un regard blasé, elle me poussa à continuer.
- Je vais prendre sur moi, fis-je finalement. Il me faut juste le temps de digérer. Je sais bien que je suis au courant de ce que t'a fait l'autre enculé depuis vingt ans, mais le fait que ça ressorte maintenant... Je sais pas, on a vécu tellement de trucs pendant ce laps de temps... On est beaucoup plus proches, du coup ça me rend encore plus malade. Et je t'en veux de pas m'avoir laissé venir au procès.
Chose que je détestais voir sur son visage et qui m'énerva encore plus dans le sens où je comprenais qu'elle s'était pas totalement remise des événements, Maëlle baissa les yeux d'un air peiné :
- J'avais trop peur de ta réaction, m'avoua-t-elle. Avec Tarek, Deen, Hugo, mon père... Putain Ken c'était horrible.
Sa voix se brisa sur ses derniers mots, et il me fallut un self-control incroyable pour pas bondir en avant et la prendre dans mes bras : je savais qu'elle avait pas fini et la connaissant, elle voulait pas de câlin à ce moment précis de vulnérabilité.
- Si tu savais à quel point je suis heureuse que Raph et toi n'aient pas été là, continua-t-elle. Je sais pas si j'aurais réussi à sortir la tête de l'eau après vous avoir tous vu bousillés par cet enculé.
- Putain mais c'est juste ça qui te touche ? m'emportai-je. Le fait que ça nous fasse chier qu'il te soit arrivé un truc pareil ?
Évidemment que c'était ça ; je l'avais même expliqué à ma fille quelques minutes plus tôt.
- Je t'interdis de commencer à t'énerver, me dit-elle froidement. Tu me connais par cœur, t'as pas le droit de t'emporter sur des trucs que tu sais pertinemment que je contrôle pas. Surtout que t'es pareil.
Je répondis pas, sachant très bien qu'elle avait raison, ce qui m'énervait encore plus.
- N'empêche, continuai-je, tu vas pas me faire croire que tout va bien pour toi.
La handballeuse me répondit par un grand soupir :
- Putain mais il te faut quoi ? s'emporta-t-elle. Que je te fasse une dissert en trois parties pour te prouver que je vais bien ? Bordel mais la seule raison pour laquelle je vais pas bien à cent pour cent c'est justement parce que vous allez pas bien !
Le « vous » englobant probablement tous ses proches.
- Bah je suis désolé si t'arrives à relativiser aussi vite par rapport à un truc aussi grave. Et désolé de tenir à toi au point d'être mort de rage de ce qui t'est arrivé quand t'étais petite.
- Merci, me lança-t-elle froidement en me fusillant du regard.
- Parfait, crachai-je sur le même ton.
Un blanc conséquent suivit notre petite altercation, les deux adultes qu'on était censés être s'évitant soigneusement du regard.
Putain mais qu'est-ce qu'elle me cassait les couilles !
Je sais pas combien de temps on resta en silence, mais à ma grande surprise, ce fut Maëlle qui reprit la parole :
- Je suis désolée, je suis une connasse d'avoir dit ça...
Soupirant, je pus même pas m'empêcher de faire la paix avec elle immédiatement :
- T'as toujours été une connasse et tu le seras toujours.
- Mais je suis ta connasse ? me demanda-t-elle d'un air enfantin.
J'acquiesçai doucement :
- Ma connasse d'Américaine, ouais.
Maëlle eut un petit sourire, puis elle vint doucement enrouler ses bras autour de ma nuque :
- Enfoiré de Grec.
Je souris à mon tour suite à ces mots qu'on s'était échangé bien trop souvent, puis Maëlle se détacha rapidement de moi : on n'avait jamais réussi à être trop câlin l'un envers l'autre de toute façon.
- Par contre, sans déconner, reprit-elle en plongeant ses yeux noisettes dont l'un arborait une tache bleue dans mes yeux. Je vais vraiment bien. T'imagines pas à quel point je suis soulagée de pouvoir mettre tout ça derrière moi. Ces dernières années, j'avais pas pensé une seule fois à l'autre. Et quand l'histoire est ressortie... C'était un putain de cauchemar Ken, j'en ai pas dormi pendant des semaines. Sauf que maintenant que le procès est passé, j'ai laissé tout ça derrière moi et je me sens tellement bien t'imagines même pas ! Tout ce qui me pèse maintenant, c'est de voir qu'il arrive à tous vous atteindre et que vous allez mal à cause de lui. Alors s'il te plaît, je sais que c'est pas facile, mais il faut que t'ailles bien.
Mesdames et messieurs, la définition de l'expression « plus facile à dire qu'à faire » juste sous vos yeux.
Mais bon, je lui devais bien ça. Jamais j'accepterais ce qui lui était arrivé, mais peut-être que j'arriverais à passer à autre chose un jour. J'avais survécu à des trucs bien pires en plus.
Et puis de toute façon, comme un vieux pote à moi l'avait dit y'a longtemps, « le seul remède, c'est l'temps ».
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