Bonus des mômes #2.1

Ça avait l'air de vous plaire et vous m'avez réclamé ce chapitre : le voilà. (J'avoue je me foule pas trop pour ces chapitres et ça me permet de vous sortir du contenu pendant que j'avance sur le reste.)

.Ilyes. 

(chui commème fière que vous l'aimiez à ce point parce que c'est mon bb il sort que de ma tête. )

Sylvie nous a lâché à 21h sur la plage, Jade, Amir et moi. On s'est posés dans le sable et Amir s'est pris pour un aventurier à faire du feu. Y'a rien de spécial, juste nous trois, quelques bières et la mer. Mais c'est bien. J'ai l'impression qu'on s'est grave rapprochés, autant moi et mon frère qu'avec Jade.

Je sais pas si vous voyez mais parfois quand on se rapproche de quelqu'un, c'est comme si la personne devenait quelqu'un d'autre, genre on bug en essayant de se rappeler comment on la percevait au début. Bah ça me fait vraiment ça avec Jade.

La soirée se passe vraiment bien jusqu'à ce qu'un groupe de parasites vienne s'installer juste à côté de nous. Ils ont une enceinte qui balance du son sans penser une seule seconde qu'on a juste envie de s'entendre parler. Il y a une fille et deux gars, ils sont ivres et la fille fume un spliff. Ça me fait un peu envie.

Je suis pas d'humeur sociable et m'apprête à me lever pour leur demander de dégager à l'autre bout de la plage avec leur musique de merde.

Sauf qu'au même moment, un mec de leur groupe s'approche de nous, une bière à la main.

— Salut, désolé de vous déranger, est-ce que vous auriez un décapsuleur ?

Mytho.

Ce mec doit avoir mon âge, il a l'air fêtard. Il sait forcément ouvrir une bière avec un briquet ou ses dents.

Puis quand il prête un peu plus attention à la gueule de mon reuf, il pète un câble :

— Eh, mais t'es AMR ! Mec j'aime trop tes sons ! C'est ouf que tu sois là !

Dites-moi que c'est une blague.

Sah, y'a 150 ienclis en France qui doivent écouter et apprécier la musique de mon frère, et il faut qu'on tombe sur l'un d'eux sur une plage paumée du Sud de la France.

— Euh ouais, bah merci poto ça fait plaisir.

Nan, ça fait pas plaisir. Ça fait chier.

On était bien, putain.

Les mecs du Sud sont trop à l'aise, c'est ça leur problème, en deux secondes ils croient être ton pote, te chambrent parce que tu viens de Paris et que leur club de merde a gagné la ligue des champions il y a environ deux siècles.

Et mon frère qui voit pas que ni Jade ni moi n'avons envie de passer du temps avec son fan club, commence déjà à raconter sa vie. Franchement je crois qu'il y a une erreur de génétique quelque part dans la famille, je capte pas comment il peut être autant extraverti et à l'aise avec les gens, alors qu'on est tous des putains de sauvages chez les Akrour.

Et puis c'est toujours le même délire, le fait qu'on soit jumeaux, ça fait parler.

« Vous êtes des vrais ou des faux ? »

« Vos parents vous confondent ? »

« Vous avez déjà échangé pour un examen ? »

« C'est qui l'aîné ? »

« Han comment j'aurais trop aimé avoir un jumeau, ça doit être trop bien. »

Une bonne fois pour toutes : on est des vrais. Mon père nous confond quand il est bourré. On n'a jamais échangé, nos profs eux, sont sobres. C'est moi l'aîné. Et sinon ouais c'est sympa d'avoir un jumeau mais c'est pas non plus un truc de ouf genre Paris en finale de C1 tous les ans. C'est quand même se faire appeler cent fois par jour par un prénom qui n'est pas le tien.

La fille du groupe qui nous a rejoint, elle s'appelle Chloé. Et c'est genre exactement ce qu'on attend d'une meuf qui s'appelle Chloé. Elle est blanche mais genre ça se voit qu'elle passe 70% de son année au soleil parce qu'on dirait limite une rebeu, ses cheveux bruns lui arrivent vers la taille et je comprends pas le projet, son but c'est de réussir à marcher dessus zahma ? Et puis elle porte un short microscopique, je sais pas comment elle fait pour pas avoir froid.

Après elle est bien gaulée et ça se voit qu'elle est à l'aise avec l'idée de le montrer. Mais putain elle parle trop fort ça me casse la tête.

En face de moi, y'a le blond, Jules, qui parle à Jade d'un peu trop près. Et ça m'énerve.

Me demandez pas d'analyser le pourquoi du comment, mais ça me fout les nerfs. En plus Jade rougit, cherche ses mots, on dirait bien qu'il lui plait.

Sérieux ? Un mec comme ça là ?

Je vois pas ce qu'elle lui trouve. Même Naël était mieux.

— Elle est trop belle ta montre, fait Chloé en m'attrapant le poignet.

Voilà ça c'est les gens du Sud.

Frère, qui t'a dit que tu pouvais me toucher ?

Puis elle remarque le yaz sur la bague offerte par mon père :

— Oh t'es berbère ? Moi aussi par mon père, il est rifain.

Oh trop bien, ça me donne grave envie de parler avec toi tout à coup.

Je jette un coup d'œil vers Jade, toujours aussi passionnée par Jules.

— Pourquoi tu t'appelles Chloé alors ?

Ma question est complètement conne, mais c'est surprenant pour moi d'imaginer qu'un père marocain appelle sa fille Chloé.

Bon le mien a appelé sa fille « étoile ». Mais au moins ça veut dire quelque chose. C'est important la signification.

— Il s'est barré avant ma naissance.

Tout s'explique.

Finalement elle continue à me parler comme si j'étais son pote et je lui réponds vite fait en enchainant les bières parce que putain qu'est-ce que je me fais chier. Puis elle se roule un joint et elle fait tourner. Quand il arrive à moi, je sais pas trop quoi faire, j'en ai grave envie. Jade me calcule pas, logiquement elle devrait réagir.

Bon bah balec.

Puis soudain, Jules et Jade se lèvent, il lui prend même la main pour l'aider et ils commencent à se barrer.

— Vous allez où ? demande Amir.

— Chercher une veste pour Jade, elle a froid.

Merde, pourquoi j'ai pas vu qu'elle avait froid.

Elle est en train de se barrer je sais pas où avec un mec qu'elle connait même pas. J'ai pas confiance. Le coup de la veste si ça se trouve c'est pour mieux la pécho dans un coin. Ou pire.

La musique est trop forte et je peux pas entendre leur voix pour m'assurer qu'ils ne s'éloignent pas. Ce sont les minutes les plus longues de ma vie.

Qu'est-ce qu'elle fout putain ?

Et puis j'ai la Chloé sur les côtes depuis deux heures. Je crois que je commence à un peu trop sentir les effets de l'alcool, parce que je récupère le joint et fume à nouveau en espérant que ça fasse passer la colère qui monte en moi depuis qu'ils se sont posés à côté de nous.

Amir fait que parler de rap avec Nathan, l'autre gars. Et maintenant Chloé veut danser.

— Vas-y j'te regarde, belek à pas te prendre les pieds dans tes cheveux.

Elle s'étrangle de rire de façon pas très naturelle. Alors que j'essayais plus d'avoir l'air cynique que drôle.

Je relève la tête, Jade est revenue, elle porte effectivement une veste qui n'est pas la sienne et s'est assise sur un petit muret au-dessus de la plage. Sa conversation avec l'autre guignol a l'air passionnante.

Putain elle m'a même pas adressé la parole une seule fois. Alors qu'on devait passer la soirée à parler.

C'est une drôle de sensation que je connaissais pas avant, mais ce qui me fout le plus en rogne, c'est qu'elle a l'air de se confier à ce mec et je peux pas m'empêcher de me dire que ça devrait être moi à sa place.

Putain j'suis jaloux.

L'enfer.

J'ai déjà un peu envie de péter un câble. La défonce est en train de monter et de s'associer à l'alcool pour former un cocktail parfait pour que je finisse par me battre cette nuit. Jules est le candidat idéal.

J'ai fait plein d'efforts ces derniers temps pour devenir un peu moins con, mais cette soirée me fait vriller. Je me sens comme Kirua sur le point de niquer des mères avec ses compétences d'assassin.

Chloé se laisse tomber à moitié sur moi et récupère le joint que j'ai dans la bouche pour prendre la dernière taff.

— T'es super beau.

Ok Chloé. Tu féliciteras ma mère pour les travaux.

Elle regarde son téléphone et se relève presque aussitôt en beuglant :

— Eh veneeeez on décale !!! J'ai une pote qui fait une soirée !

Il manquait plus que ça. Une soirée.

Si j'y vais c'est pour foutre le bordel. Clairement. Au moins peut-être que Jade se rappellera de mon existence.

Amir et Nathan éteignent le feu, je suis Chloé qui ne tient pas trop debout et finit par s'accrocher à moi.

Mon.putain.d'espace.

Je la maintiens quand même pour pas qu'elle s'étale sur le sol. Et continue d'avancer avec la ferme intention de gâcher la soirée de tout le monde.

Il est grand temps qu'ils payent pour avoir foutu la mienne en l'air.

En fait j'arrive pas à comprendre l'attitude de Jade, j'ai vraiment l'impression qu'elle me prend pour un bouffon. J'ai grave été là pour elle alors qu'elle allait pas bien, j'ai fait plein d'efforts pour être moins sauvage avec elle. Et elle... voilà.

Chloé me colle de plus en plus, jusqu'à ce qu'elle se mette à me caresser la joue. J'écarte aussitôt la tête, faut pas déconner non plus.

C'est compliqué pour moi de pas me retourner pour voir ce que fait Jade avec l'autre. Puis quand Amir arrive à notre hauteur avec Nathan, je me rends compte qu'ils sont plus là.

— Elle est où Jade ?

— Elle voulait rentrer, répond Amir, Jules la ramène.

Je doute soudainement de la santé mentale de mon frère.

— Attends quoi, tu la laisses rentrer toute seule avec un mec qu'on connait depuis deux minutes ?

Nathan essaye de me rassurer en disant que Jules est un type bien. Mais c'est trop pour moi. Mes neurones grillent, je les plante tous là et cours vers le parking tandis qu'Amir me hurle de la laisser tranquille.

Jamais de ma vie je laisserai Jade se barrer en voiture avec n'importe quel vieux mec. Je sais pas ce qu'elle a ce soir mais c'est la première fois qu'elle m'énerve à ce point.

La voiture n'est pas encore partie dès que j'arrive à sa hauteur la rage s'évacue lorsque je vocifère :

— La vie de ma mère Jade tu descends de là ou j'te nique ta race !

Évidemment si elle descend pas je pourrai rien faire. Et elle le sait très bien.

C'est pour la forme.

Sauf que ce gros batard démarre et commence à reculer. À la colère, s'ajoute une vraie panique. J'ai réellement peur de ce qui peut se passer si Jade part seule avec lui. Je hurle à plein poumons quitte à passer pour un taré possessif et malsain.

Soit elle essaye de me provoquer, soit elle en a rien à foutre de ma gueule à ce point. Dans les deux cas, ça m'aide pas à me calmer.

Et quand Jules s'arrête à ma hauteur, mort de rire, l'image de son visage défiguré après avoir mangé un trottoir me traverse l'esprit.

Je vais le détruire.

Quand je l'attrape par le col, Jade se met à crier :

— Ilyes tu le lâches tout de suite.

Elle se précipite hors de la voiture et se jette entre lui et moi pour me gueuler dessus comme si j'étais un chien ou son gosse :

— Ça va pas non ? Qu'est-ce qui te prend ? Tu m'ignores toute la soirée et quand je pars tu viens jouer les caïds ? C'est quoi ton problème ?

Elle se fout complètement de ma gueule ? Je connais pas cette Jade-là on dirait vraiment qu'elle joue un rôle.

— Ma parole mais t'es trop conne ou complètement naïve ? Rien qu'il va t'emmener dans les bois pour te pécho ou te violer au calme ! Il est en chien sur toi depuis le début de la soirée ce gros porc de merde !

— Me parle pas de mec en chien, j'aurais dû te prendre en photo quand tu bavais presque sur Chloé y'a pas dix minutes ! Et puis merde, peut-être que je suis consentante et que j'ai envie de choper Jules ! Ça t'a pas traversé l'esprit ?

La seule chose qui aurait pu me faire baver sur Chloé c'est le sommeil, clairement. Jade invente n'importe quoi pour retourner la situation contre moi.

Le bon sens m'a dit ciao, je ne suis plus que rage, dégout, alcool et THC et surtout, je me rends compte que je suis blessé.

Ça va faire mal.

En attrapant son visage dans ma main, j'essaie de déceler à quel point elle ment.

— T'es pas une fille comme ça, arrête de mentir.

— Pas une fille comme quoi ? Je suis comment Ilyes ? Je suis timide et pure, juste bonne à me prendre des râteaux ? Peut-être que non après tout ! Peut-être que je peux être comme Chloé et toutes les nanas que tu te tapes facilement. C'est pas toi qui décide de ce que je suis.

Elle est à côté de la plaque, je m'en branle qu'elle soit timide ou pure. Ma meilleure amie pendant des années était loin d'être « pure » et timide. Je parle pas de ça quand je dis que c'est pas une fille comme ça. Ce que je voulais dire, c'était qu'elle est pas censée être de celles qui font mal aux autres pour le plaisir. Normalement Jade ne me fait pas de mal.

Mais apparemment je me suis trompé.

Et s'il y a bien un truc que je suis incapable de faire, c'est de pas faire mal à mon tour quand on me blesse.

— T'es juste une petite fille pourrie gâtée par son papa qui m'a bien utilisé quand elle avait besoin de soigner ses gros chagrins mais qui fait la kehba avec les blondinets sapés comme l'autre baltringue de Naël.

Son visage se décompose, je n'en tire aucune satisfaction.

— Va bien te faire foutre.

J'ai presque encore plus mal d'avoir réussi à la blesser. Elle rentre dans la voiture. Je réfléchis pas et m'y engouffre à mon tour.

— Bah, dit Jules, Tu viens avec nous ?

Qu'il en rajoute pas lui.

— Ferme ta grande gueule et ramène nous. Belek à toi si tu regardes autre chose que la route. 


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