🎄 Bonus de Noël 🎄
Attention, pour ceux qui n'ont pas lu Félins ou fini l'histoire et qui souhaitent le faire, ce bonus contient de gros spoilers sur ce tome.
Décembre 2020
Hakim referma le coffre de la voiture sur la valise que je venais de mettre. D'un signe de tête, il me fit signe de monter côté passager, j'étais au téléphone avec Lucie qui m'indiquait les derniers aspects techniques et géographiques pour se rendre au chalet de ses grands-parents.
— Ça va être trop bien ! s'exclama-t-elle, J'ai trop hâte que tout le monde arrive, Naël est surexcité et je parle même pas de son père ! Tu les verrais dans la neige c'est incroyable. Oh j'adore l'esprit de Noël !
Un grognement m'échappa, l'esprit de Noël n'était pas mon fort, la dernière fois que j'avais réellement fêté cet évènement, c'était avec Babcia. Pour elle c'était si important, autant elle ne m'obligeait jamais à la suivre à la messe le dimanche, autant, à Noël, je n'y coupais jamais. Et puis elle décorait l'appartement, se saignait pour m'offrir un beau cadeau et acheter de délicieuses spécialités de Noël polonaises. Quand j'avais quatorze ans nous avions même fait le voyage jusqu'à Cracovie pour le fêter avec ses cousins. Une toute autre ambiance, beaucoup moins commerciale qu'en France.
— Mayou, vois ça comme un beau moment en famille, on va se faire des cadeaux, faire un bon repas, me fit Lucie, t'es pas contente d'être avec nous ?
— Mais si, bon je te laisse, Hakim est perdu si je ne suis pas là pour faire la conversation.
Le concerné m'adressa un regard dubitatif en démarrant la voiture.
— Vous avez bien pensé aux pneus neige ? demanda Lucie, il faudra surement des chaines aussi.
Mon mari qui avait parfaitement entendu la phrase de sa belle-soeur, jeta un oeil blasé au téléphone dans ma main.
— Tu m'as pris pour qui ? fit-il, Tu crois que je vais prendre le risque de foutre ma bagnole dans le décor ?
Lucie éclata de rire et après quelques politesses, je raccrochai et rangeai mon portable dans mon sac.
— Ça fait un mois qu'elle me bassine avec son esprit de Noël, je suis sûre qu'elle passe ses après-midi à regarder des films pourris sur M6 avec un plaid à carreaux.
Haks ricana, lui-même n'étant pas du tout sensible à cette fête, premièrement ce n'était pas sa culture, deuxièmement lui aussi trouvait cette ambiance très niaise et commerciale.
Cette année, Lucie, Clémentine et Violette s'étaient mises en tête d'organiser des vacances tous ensemble pour Noël, et quoi de plus kitch et cliché qu'un grand chalet dans les Alpes pour faire cela. Certains avaient un peu râlé, Ken aurait bien aimé suivre sa famille en Grèce, idem pour les frères Akrour qui avaient prévu d'aller se réchauffer en Algérie. Mais nous nous retrouvions tout de même à dix-sept, pendant quatre jours.
— En plus à tout les coups je vais rien pouvoir manger... me plaignis-je.
— Je te dirai si c'était bon, me charria Hakim.
Très drôle
Adieu saumon, huitres, vin, fromage, champagne...
Gros scoop, être enceinte à Noël, c'était vraiment nul.
— Tu vas juste avoir le même régime que les deux bouffeurs de tofu et avec un peu de chance tu vas enfin prendre du poids, t'as vu Nek, ce cou de taureau qu'il a en ce moment ?
Un rire railleur m'échappa, effectivement, le jeune papa avait un peu pris ces derniers temps. Pour ma part j'étais entrée dans mon troisième mois, mes nausées s'étaient calmées et je pouvais enfin me nourrir sans rendre le moindre de mes repas.
— T'es prête à leur annoncer la nouvelle ?
Je soupirai, mon ventre commençait à se dessiner tout doucement, Idriss et Lucie étaient toujours les seuls au courant de ma grossesse mais ignoraient que j'attendais des jumeaux. Je n'allais pas pouvoir le cacher indéfiniment aux autres, il était grand temps d'en faire l'annonce.
— Non, mais bon, c'est pas comme si j'avais le choix.
Haks eut un petit sourire satisfait, lui avait vraiment hâte que ses frères soient au courant qu'il allait devenir papa.
— Ça fait longtemps qu'on n'a pas fait un voyage en voiture tous les deux, fis-je en posant ma paume sur sa nuque, tu vas devoir me supporter pendant six heures.
— J'peux encore t'abandonner sur une aire d'autoroute, grogna-t-il.
Sauf que maintenant, j'avais un moyen de pression.
— Il y a tes gosses dans mon ventre.
Il ne répondit pas, se contentant de sourire et d'allumer la musique. Encore du rap, toujours du rap. Je commençais à m'y faire.
— Tu as prévu de me faire un cadeau ? demandai-je sur un ton innocent.
Étant donné le nombre que nous étions, chacun avait pioché le nom d'une personne. Hakim était tombé sur Lucie et évidemment j'avais dû aiguiller son choix pour que ma meilleure amie ne se retrouve pas avec un pull SZR en guise de cadeau de Noël.
— Je sais pas, fit-il avec un sourire, Est-ce que tu m'as fait un cadeau aussi stylé que celui que t'as prévu pour Nek ?
Mon Dieu mais quel gamin. Effectivement, j'avais pioché Ken et j'avais trouvé pour lui un assortiment conséquent de figurines Pop! à l'effigie des personnages de Dragon Ball Z.
— J'espère quand même que tu t'attends à mieux que des petites poupées hideuses, Tigrou.
Il secoua la tête de droite à gauche, l'air de dire "tu comprends jamais rien".
— Y'en a des super rares... Même à la Paris Games Week j'ai pas réussi à les choper.
Cet évènement passionnant auquel Lucie, 2zer, Idriss et Hakim m'avaient traînée de force, tout cela pour se retrouver au milieu d'une foule de nerds prêt à tout pour tester leur nouveau jeu fétiche et rencontrer leur YouTuber gaming préféré. Beurk.
— Bref, oui moi je t'ai prévu un cadeau.
— Mleh.
Haks sourit et sa paume droite quitta le volant pour venir se poser sur le haut de mon genou. Pourquoi changer les bonnes habitudes ?
J'eus envie de lui dire que je l'aimais, mais ce n'était pas le moment, alors je liai simplement mes doigts aux siens avec un petit sourire attendri.
La grossesse me rendait un peu trop émotive.
(...)
Six heures de voiture, cinq arrêts pipi, café, nourriture, essence, trois disputes au sujet de la musique, quatre « commence pas à hebel », douze insultes contre les autres automobilistes et trois fous rires plus tard, nous arrivions enfin à Chamonix et garions la voiture devant le grand chalet de la famille de Lucie. Il faisait nuit et seule la lumière des guirlandes et des fenêtres éclairaient l'extérieur.
— Toujours un plaisir de partager un long trajet en aussi douce compagnie, fis-je à Hakim en m'étirant.
Avant que je n'aie eu le temps de réagir, il avait attrapé ma mâchoire et tourné mon visage vers lui.
— Imagine un peu c'que ça va donner quand les jumeaux seront là, grogna-t-il avec un sourire.
— Les jumelles, rectifiai-je.
J'aimais bien jouer avec ses nerfs en le laissant imaginer une vie avec trois filles à la maison. Mais visiblement, il refusait d'y croire et quelque chose me disait qu'il avait raison.
Hakim attira mon visage contre ses lèvres et au même moment, un bruit sourd nous fit tous les deux sursauter. Une boule de neige de la taille d'un ballon de football venait d'atterrir sur le parebrise et une seconde plus tard, le visage hilare d'Idriss apparut à la fenêtre, il tenait Naël sur ses épaules.
— Rappelle moi pourquoi on a accepté de venir ? fit mon mari avec un air blasé.
— Parce qu'ils sont notre famille et qu'on est obligé de les aimer ? tentai-je.
Ce qui me rappela rapidement ma colère lorsque ma sœur m'avait appris qu'elle passait Noël avec notre mère et mon père, qui apparemment étaient en France. Non, on n'était pas obligé d'aimer sa famille, mais celle-là si.
— Ouais, ça doit être un truc comme ça, répondit Hakim en ouvrant la portière brusquement pour percuter son frère au passage.
Quelques secondes plus tard, mon adorable neveu et ses un an et demi me tombaient dans les bras en criant un joyeux « Tie Mayou ».
— Mon Dieu, comment un enfant aussi génial peut provenir d'un père pareil, lançai-je en me dirigeant vers la maison.
Lucie, qui nous attendait devant la porte d'entrée éclata de rire en m'embrassant sur les deux joues.
— Si les hommes faisaient des enfants tout seuls, ça se saurait, fit-elle en me laissant entrer.
Un joyeux brouhaha régnait à l'intérieur, ça sentait les épices, la résine de sapin et le gâteau au yaourt, une ambiance que je n'avais pas connue depuis des années.
Les Samaras, Doums, Sneazz, Violette, Ivan, Camille, 2zer et Judith, Deen, Eff, Hugo, Alpha, tout le monde était déjà là.
Après les retrouvailles, la visite du chalet, les affaires déposées dans la chambre, les verres servis, nous pûmes enfin nous poser dans le salon et profiter de l'ambiance assez communicative qui régnait dans la maison. Lucie avait dû passer des heures à décorer en prévision de notre arrivée. C'était vraiment très joli.
Clem avait l'air en forme, nous avions fêté quelques jours plus tôt le premier anniversaire d'Iris et celle-ci faisait enfin des nuits complètes. Bien que ses crises de nerfs soient fréquentes et qu'elle soit un enfant très indépendant, ma filleule était vraiment magnifique et ses parents semblaient toujours émerveillés d'avoir réussi une beauté pareille.
Mais Iris n'était pas ou très peu affectueuse, particulièrement avec sa mère qu'elle avait plutôt tendance à repousser, Ken avait un peu plus de succès qu'elle, mais celui qu'elle adorait par-dessus tout, c'était Sneazz. De façon très étonnante, il avait réussi à amadouer la petite qui ne jurait que par lui. Hakim avait aussi droit aux quelques rares démonstrations d'affection d'Iris, de manière générale, elle préférait les hommes.
Naël et elle s'entendaient à merveille et depuis qu'Iris marchait, ils passaient beaucoup de temps à courir l'un après l'autre, ce qui faisait rire leurs parents qui les trouvaient assez précoces.
— Alors Maya et Hakim, le votre il est pour quand ? lança Ivan en nous rejoignant au salon.
Je manquai de m'étouffer avec ma bière sans alcool, immonde ce truc d'ailleurs, est-ce qu'il avait remarqué quelque chose ? Pourtant ma robe était suffisamment ample pour que mon ventre n'apparaisse pas.
Un regard paniqué à Hakim lui fit comprendre de répondre pour moi.
— Tranquille kho, ça fait six mois qu'on est mariés, on a le temps. Tout le monde n'est pas aussi pressé que mon frère.
— Fais pas le fou ! lança alors Idriss en entrant dans la pièce les bras chargés de buches.
Les cheveux longs, le bois, la neige sur les épaules, la dégaine du rappeur m'évoqua aussitôt un personnage bien connu, mais Alpha me devança, lançant la réflexion qui fit rire tout le monde.
— Putain les gars vous avez recruté Charles Ingalls ?
Pendant que les garçons commençaient à se chamailler, je rejoignis Deen qui fumait son joint sur la terrasse. Nous nous étions beaucoup rapprochés cette année et au vu des événements qui avaient perturbé le groupe, c'était un miracle qu'il soit parmi nous pour ces vacances.
— Ça va ?
Il acquiesça, l'air un peu sombre malgré tout.
— C'est juste... bizarre, dit-il finalement, J'ai l'impression que tout le monde fait semblant de rien.
Ce n'était pas totalement faux, mail il allait falloir du temps pour que tout revienne à la normale.
— Laisse leur du temps. Je suis déjà assez admirative du fait que tu sois venu. T'as pris la bonne décision, t'exclure aurait été encore pire. Ça va s'arranger Deen.
Il tira une une taffe sur son joint et me le tendis, mais je déclinai.
— Ah oui, c'est vrai tu fumes pas toi.
Encore moins en étant enceinte. Mais cela, il l'ignorait.
— Maya... je voulais te remercier. Parce que sans toi, je serais probablement pas là ce soir.
Je lui donnai une petite tape dans le bras, n'étant pas assez démonstrative pour l'étreindre ou quoi que ce soit. Et puis il pouvait aussi remercier Hakim.
— T'inquiète. Et... Violette ? demandai-je prudemment.
La tristesse que je lus dans son regard me fit mal au cœur, Deen faisait désormais partie des rares personnes dont la douleur m'affectait.
— Bah... elle est pas en colère, elle a pas l'air de souffrir non plus. Elle m'en veut pas. Et c'est bien pire.
Il se trompait, Violette avait l'air parfaitement bien et indépendante. Mais je voyais très bien qu'à chaque fois qu'elle disait quelque chose, elle jetait des petits regards à Deen, pour vérifier qu'elle avait son attention.
Je le lui fis savoir mais il haussa les épaules.
— Te fatigues pas Mayou, c'est plus simple comme ça. Par contre je l'ai piochée et ça me casse les couilles.
— T'as mis le paquet j'espère.
En réalité cela tombait plutôt bien. Deen hocha la tête.
— Oh les cachottiers ! On passe à table ! lança Doums.
Deen écrasa son mégot dans le cendrier et me suivit à l'intérieur. Hakim m'adressa aussitôt un regard interrogateur et je lui fis signe que nous en parlerions plus tard.
Mes yeux se posèrent alors sur Violette qui nous observait. Malgré son sourire rayonnant je compris qu'elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour Deen.
Hakim me rejoignit pour se mettre à côté de moi à table.
— T'es prête à leur dire ? me demanda-t-il en s'asseyant.
Ah oui, il y avait ce petit détail à régler. J'avais deux petits bébés dans le ventre et personne ne le savait.
Silencieusement, je hochai la tête, mais voyant mon air un peu paniqué, Hakim posa doucement sa main sur ma cuisse et me proposa de s'en charger.
Mon Dieu tout le monde allait me voir comme une femme enceinte.
Il donna un coup de coude à son frère et lui murmura de demander le silence.
— Wesh tout le monde ferme sa gueule, Maya et Hakim ont un truc à dire, beugla ce dernier.
Super. Un nombre incalculable de façons de trucider mon beau-frère me passèrent par la tête.
Un meurtre le 24 décembre, du sang sur la neige, il y avait de quoi faire un remake de Shinning.
Tout le monde nous regardait avec des yeux ronds, attendant que l'un de nous parle. Et pour le coup Hakim avait l'air un peu mal à l'aise lui aussi.
— Ok, euh... commença-t-il.
— Bon, on va pas passer par quatre chemins, je suis enceinte, ce sont des jumeaux. Le premier qui me traite comme une femme enceinte je le défonce.
Silence radio autour de la table, même Idriss et Lucie étaient sciés. Et puis Deen eut une idée de génie.
— Du coup j'te sers du vin ? fit-il la bouteille à la main, Si c'est pas assez je dois avoir du crack quelque part.
Tout le monde éclata de rire et puis ce furent les applaudissements, les youyous, les cris de joie et les félicitations. Puis vinrent les questions auxquelles je m'efforçai de répondre avec patience. Puis les commentaires allèrent bon train.
— Mékra il avait tellement le seum que Nek et Fram aient eu un gosse avant lui qu'il en a fait deux d'un coup pour être sûr de plus être doublé, rigola Sneazz.
Ouais, en attendant c'était pas lui qui allait les avoir en gestation pendant encore six mois.
Bien plus tard, je tenais compagnie à Clem qui fumait à l'extérieur pendant que les garçons rangeaient la salle à manger, elle revint sur notre annonce.
— Tu m'en as pas parlé... J'aurais pu t'aider pour ton premier trimestre.
Je comprenais très bien qu'elle m'en veuille, j'avais été une des première à apprendre pour sa propre grossesse. Mais Hakim et moi avions besoin de temps pour appréhender la nouvelle. Et puis les risques de fausse couche étaient présents et je n'étais tout simplement pas prête.
— Idriss et Lucie étaient les seuls à savoir. Ça a été vraiment compliqué pour moi ces dernières semaines, déjà j'ai eu des nausées ultra violentes, ensuite on a appris que c'étaient des jumeaux, je te raconte pas le choc. Et puis j'ai encore du mal avec la maternité, ça me fait vraiment flipper. J'imagine que je pensais que tant que tout le monde n'était pas au courant, ce n'était pas vraiment réel.
Finalement mon amie eut l'air de comprendre et me pris dans ses bras avec son affection légendaire.
— Ce qui est fou c'est que j'ai rien remarqué.
Elle oubliait que j'étais la reine de la dissimulation.
— Allez viens, on a des cadeaux à s'offrir, lui dis-je.
À peine rentrée, elle alla se réfugier dans les bras de Ken qui discutait avec Doums et Violette. Il s'arrêta un instant pour embrasser sa tempe et lui adresser un regard ultra niais. Alors que j'allais faire semblant de vomir, la main d'Hakim pressa ma nuque.
— Avoue tu rêverais que je sois comme ça avec toi.
Je le foudroyai du regard et fit mine de m'éloigner de lui avec une moue écœurée mais il me retint juste à temps par le poignet.
— J'ai un cadeau pour toi, dit-il à voix basse, mais je te l'offrirai après.
D'un signe de tête je lui indiquai que ça m'allait, j'avais hâte de savoir de quoi il s'agissait.
Il embrassa mon front et m'entraîna vers les autres qui se rassemblaient dans le salon. Les bébés dormaient, l'alcool était bien présent dans les verres et les veines, tout le monde avait l'air assez heureux.
Et puis les pères Noël secrets commencèrent. Lucie en tant que grande organisatrice, eut l'honneur d'offrir le sien la première. Elle avait Sneazz qui eut l'air ravi du coussin à l'effigie de Selena Gomez et du sweat qu'elle lui offrit. Lui même avait tiré mon nom et je reçus de sa part une jupe en daim absolument superbe. J'étais touchée de voir qu'il avait observé mes goûts et n'avait pas fait son cadeau à la légère.
Je pus alors offrir à Ken ses figurines et pendant quelques instants, nous perdîmes la moitié des garçons qui s'extasièrent activement.
Ken avait tiré Deen et tout le monde retînt un peu son souffle en voyant les deux hommes un peu mal à l'aise l'un face à l'autre.
Finalement Deen découvrit une très belle photo à l'argentique, en noir et blanc, sans doute prise sur le tournage d'un des clips des gars. Ken et lui étaient de dos en train de discuter tranquillement, Deen avait son bras sur l'épaule de son ami, autour d'eux toute une équipe technique semblait s'activer et les deux hommes étaient les seuls à être nets.
Je vis Clem essuyer une larme quand Deen donna une accolade ferme mais émue à Ken.
C'était trop niais pour moi, Hakim me pinça la cuisse à travers mon collant. Je devais avoir du mal à cacher mon air dégoûté.
Deen n'était pas au bout de ses peines, car un instant plus tard il dut offrir à son tour son cadeau, il se tourna vers Violette avec une petite boîte rectangulaire.
Aux yeux embués de la jeune femme lorsqu'elle découvrit l'objet, je compris qu'il avait tapé dans le mille.
Puis les cadeaux s'enchaînèrent les uns après les autres jusqu'à ce qu'Alpha offre un énième maillot du PSG à Hakim.
— T'en as une quinzaine, explique moi pourquoi t'es aussi content ? lui demandai-je en roulant les yeux.
— Il est dédicacé, fit-il en m'agitant sous le nez une signature.
Je le traitai de groupie et lui assurai que ce Marco Verratti avait sans doute beaucoup pensé à lui en signant son maillot.
— Bourgeoise, grogna-t-il.
— Racaille, répondis-je.
Puis il donna à son tour son cadeau à Lucie qui sauta au plafond en découvrant des éditions collector de Jane Austen, l'une de ses auteurs préférés.
La soirée se poursuivit jusqu'à ce que les bouteilles soient vides, l'ambiance un peu stone et les paupières lourdes.
Finalement, Hakim et moi montâmes nous coucher dans les derniers, nous étions restés longtemps à discuter avec Violette, très chamboulée par le cadeau de Deen.
— Alors mon cadeau ? demandai-je surexcitée en rentrant dans la chambre.
Mon mari m'adressa un regard énigmatique, puis ouvrit la valise pour en sortir un petit sac qu'il me tendit, l'air un peu indécis.
Je trouvai à l'intérieure une petite boîte Kenzo dans laquelle je découvris une chaîne bracelet en or blanc, au milieu de laquelle se trouvait la tête de tigre effigie de la marque. Dans la gueule du tigre une émeraude rendait le bijou encore plus élégant.
Je m'attendais à tout sauf à quelque chose d'aussi raffiné. Et puis c'était un clin d'œil parfait.
— Wow, lâchai-je, Hakim c'est magnifique.
Ce bracelet allait rejoindre les trois bijoux que je ne quittais jamais, la croix de ma grand-mère, ma bague de fiançailles et mon alliance.
— Merci, c'est parfait, fis-je en l'embrassant.
Ce fut alors à mon tour de lui offrir mon cadeau. C'est avec une satisfaction intense que je le vis découvrir avec stupéfaction que j'avais cassé ma tirelire pou lui offrir un match de ligue des champions. En loge.
— Tu pourras emmener qui tu veux, expliquai-je.
Il me sourit, l'air absolument ravi.
— Tu vas venir avec moi.
J'éclatai de rire, moi ? Au Parc des Princes ?
— J'suis sah, je me suis tapé des ballets pour tes beaux yeux, alors tu vas venir avec moi.
Après quelques négociations, je finis par accepter.
J'étais loin d'être une fan de Noël, mais cette année, je devais reconnaître que c'était particulièrement bien.
Haks m'attira sur ses genoux et je laissai tomber ma tête contre son épaule.
— Joyeux Noël, Tigrou.
— Joyeux Noël, Namira, répondit-il en m'embrassant.
(...)
Je m'éveillai bien avant Hakim et après une bonne douche, je descendis au rez-de-chaussée pour trouver Lucie, Clem, Judith et Violette en train de préparer un gigantesque brunch et de faire manger les enfants.
— Ils ont ouvert leurs cadeaux ? demandai-je en embrassant le front de Naël qui buvait son biberon.
— Pas encore, on attend les irresponsables qui leur servent de père.
Je ris tout en fixant Violette qui s'appliquait à couper des tranches de saumon, elle avait l'air un peu bizarre. Lorsque la voix de Deen retentit derrière elle, la jeune femme sursauta.
— Joyeux Noël les mioches !
Il y avait clairement anguille sous roche.
Petit à petit, la pièce se remplit, certains avaient l'air plus éveillés que d'autres. Nous fîmes ensuite le Noël des enfants, pourris gâtés par leurs oncles et tantes.
Lucie réussit à faire faire un tour de bisous à Naël qui s'exécuta en ajoutant à chaque fois un merci, et le nom de chacun plus ou moins bien clair.
— Putain mon fils est un génie ! s'exclama Fram.
— Eh ouais ! enchérit 2zer, D'ici six mois tu pourras plus suivre une conversation avec lui.
Et c'était reparti. Chamailleries, éclats de rire, bonne humeur.
— Ça fait bizarre de se dire que l'an prochain il y aura au moins deux enfants de plus, me dit Camille.
Effectivement. Mais pour une fois je n'étais pas inquiète, même si cet environnement était particulièrement étrange. Personne ne ressemblait à personne, on pouvait presque faire le tour du monde avec les origines de chacun autour de cette table, les religions étaient multiples, les tempéraments aussi, pourtant nous réussissions à être une famille.
Je croisai le regard d'Hakim qui fronça les sourcils et m'adressa un regard genre « Qu'est-ce que t'as toi encore ? » et je levai les yeux au ciel.
— Joli bracelet, me souffla encore Camille.
— Cadeau d'Hakim, expliquai-je.
Elle parut surprise et cela m'irrita un peu, comme s'il n'était pas capable d'avoir du goût.
L'après midi et les jours qui suivirent furent partagés entre ski, luge, parties de billard et discussions animées. Évidemment, il y eut quelques drames, surtout pour le mobilier. Par moment j'avais vraiment la sensation d'être dans Les Bronzés ou je ne sais quelle comédie française sur les vacances à la montagne.
À la différence de Violette par exemple, qui ne quittait pas les pistes, je ne pris pas le risque de chausser des skis. En revanche de grosses sessions à la patinoire avec Judith et Clem me permirent de retrouver des sensations perdues depuis que je ne dansais plus.
Les gars trouvèrent même le moyen de tourner un freestyle inédit au chalet et je dus reconnaître que c'était vraiment une expérience amusante d'assister à cela.
Finalement, il fallut repartir pour Paris et je me rendis compte que Lucie avait raison, ces quatre jours avaient été véritablement fabuleux. Tout le monde était ravi.
Claquant la portière, je m'installai à côté d'Hakim qui paraissait un peu grognon à l'idée de partir.
— T'es pas content de faire six heures de route avec moi ?
— Estime toi heureuse d'être enceinte, j'peux pas te laisser sur la bande d'arrêt d'urgence.
Toujours aussi agréable.
——————
Voilà voilà ! Très long bonus de Noël, j'espère qu'il vous a plu. Je vous souhaite un très joyeux Noël pour ceux qui le fêtent et je vous retrouve très bientôt sur Gamins.
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