Sheila :

Les escaliers me paraissent interminable. Epuisée de la journée que j'ai passé avec Matt, je saute à la douche et laisse le jet d'eau me caresser la peau. Mes muscles se détendent enfin. Perdu dans mes pensées, je repense à ce que m'a raconté mon chéri et j'ai un pincement au cœur. Se faire trahir par une personne en qui on a une confiance aveugle est la pire chose qu'on peut subir. Je le comprends tellement bien. Je pensais avoir été trahit par Bruno. J'ai eu mal. Très mal. Je n'ai pas voulu l'affronter pendant plus d'un an. Et encore je ne l'aurais pas fait si Eliott, « mon père », ne m'avait pas raconté la vérité au sujet de ma mère. Je comprends donc son choix. Il ne veut pas souffrir.

La sonnette de ma porte d'entrée résonne dans toute la maison ce qui m'extirpe de mes pensées profondes. Etonnée, j'enfile mon peignoir pour aller voir qui sonne chez moi à cette heure-ci. Contrairement à mes habitudes, je ne vérifie pas l'identité de la personne à travers la lunette et ouvre. La seule fois où je ne prends pas de précaution est la fois de trop. Ma gorge se noue lorsque j'aperçois cette arme dirigée vers moi. Je lève les yeux pour croiser ceux de la personne qui se tient devant moi. Je ne le connais pas. Le rictus plaqué sur son visage me fou la chair de poule. J'essaie de garder mon calme autant que possible mais c'est compliqué étant donné la situation dans laquelle je me trouve. Sans plus tarder, il avance et se fraie un chemin dans mon appartement. Pétrifiée, je ne sais pas quoi faire. Il revient vers moi et s'approche un peu trop. Son souffle touche mon visage et sa main referme la porte toujours entrouverte. Il me traîne de force jusqu'au salon et me pousse violemment sur le canapé. Je sens ma fin approcher. Je ne sais pas pourquoi mais je sais que je ne vais pas pouvoir me sortir de cette situation. L'image de toutes les personnes que j'aime défile dans ma tête et les larmes commencent à se déverser sur mes joues.

- Qui êtes vous et que voulez-vous ?

- Oh, elle parle. Notre gentille demoiselle à retrouver sa langue. A ton avis qui suis-je ?

- Je n'en sais rien. Je ne vous connais pas.

- Bien sûr que si tu me connais. Tu as fait ma connaissance il y a quelques heures.

- Mais qu'est-ce que vous racontez ? il y a quelques heures j'étais dans un parc d'attraction avec mon chéri et je n'ai croisé la route de personne. Alors maintenant dites-moi qui vous êtes !

- Tu ne m'as pas rencontré physiquement cela est un fait mais tu as appris ma présence. Est-ce plus clair ?

- Bryan...

- Bingo, tu as trouvé, tu es très intelligente dis-moi ! Maintenant tu vas faire tout ce que je te dis si tu ne veux pas qu'il t'arrive malheur.

- Qu'allez-vous faire de moi ?

- Oh ne t'inquiète pas, je ne compte pas te faire de mal si tu fais exactement ce que je te dis.

- Sinon ?

- Courageuse la gamine. Je comprends pourquoi Matt est autant fou de toi. Il aime les filles qui ne se laissent pas marcher sur les pieds. Mais je t'explique, si tu ne fais pas à la lettre ce que je te demande soit sûr que tu vas beaucoup souffrir et pas que toi. Il se trouve que je connais bien tes amis Célia et Luke.

- Enfoiré ! Qu'est-ce que tu veux ?

- C'est simple je veux juste un rendez vous avec Matt et de l'argent pour rembourser mes dettes.

- C'est vraiment malheureux mais je ne peux vous donner ni l'un ni l'autre. Je n'ai pas d'argent sachant que je suis étudiante et Matt ne veux pas vous revoir.

Ni une ni deux, un éclair passe dans ses yeux et ses mains s'enroulent autour de mon cou. Ma respiration devient de plus en plus faible et l'oxygène n'atteint plus mes poumons. Des larmes se faufilent en dehors de mes yeux et aucun bruit n'arrive à quitter ma bouche. Je suis à l'agonie. Je me débats autant que je peux mais ma force n'est pas comparable à la sienne. Il n'y a aucun espoir que je m'en sorte indemne. Toute trace d'humanité à quitter cette être ce qui me laisse sans espoir pour la suite. Les secondes me paraissent interminables et au moment où je commence à me sentir partir, il relâche la pression. J'inspire un grand coup et tousse au point où j'ai l'impression que mes poumons vont se sauver de ma cage thoracique. Je n'ose pas le défier du regard par peur que ça ne recommence. Sans que je ne puisse totalement réguler ma respiration, il me tend mon téléphone.

- Appelle ton chéri et dis-lui de venir te secourir avec 20 000 euros en liquide.

- S'il vous plaît ne faites pas ça. Il a déjà eu beaucoup de mal à oublier ce que vous lui avez fait la dernière fois. Je sais qu'au fond vous ne voulez pas ça, je sais que vous l'aimez. Ne lui faites pas revivre la même désillusion.

- Arrête de faire la philosophe et fait ce que je te dis avant que je ne te bute. Je n'en ai rien à foutre de vos états d'âmes. Je veux juste qu'il me ramène de l'argent.

La sueur coulant sur son visage et le tremblement de ses membres ne laisse aucun doute au fait qu'il est sous l'emprise d'une drogue. Il n'est pas dans son état normal et ça se voit. Je peux essayer de lui faire la morale autant que je veux je sais que dans ces conditions, ça ne sert à rien. Il faut que je fasse ce qu'il me demande sinon je vais en payer le prix chère. Mais, d'un autre côté je ne veux pas faire revivre une autre désillusion à Matt. J'ai entendu la brisure dans sa voix lorsqu'il me racontait son histoire. Il était juste à côté de moi mais tellement loin en même temps. Il ne supportera pas ça. J'hésite.

Voyant que je ne fais toujours pas ce qu'il demande, Bryan colle le pistolet sur ma tempe et me hurle dessus. J'ai exactement 30 secondes pour passer l'appel. Je n'ai plus le choix. La sonnerie se répète quelques fois mais il ne décroche pas. Nous étions fatigués et il est tard ce qui explique son absence. J'insiste et le rappel plusieurs fois. Au bout de la troisième tentative, j'entends une faible voix à l'autre bout du fil. Je ne peux plus retenir mes sanglots ce qui décroche un rire à ce fou furieux qui se tient toujours au-dessus de ma tête.

Matt :

Les vibrations de mon téléphone au contact de ma table de chevet m'extirpent de mon sommeil. Je jette un coup d'œil sur l'écran pour voir qui me dérange à cette heure-ci, en espérant que ce n'est pas Bryan. Lorsque je réussis à lire le prénom de ma belle, j'hésite à décrocher. Je pourrais la rappeler demain. Mais, les appels se suivent et ma voix intérieure me dit que ce n'est pas normal. J'ouvre les yeux tant bien que mal et décroche. Des sanglots parviennent à mon oreille ce qui me réveille instantanément. Quelque chose ne va pas, je le sens. Mon cœur se resserre dans ma poitrine et ma main se crispe autour de mon portable.

- Sheila ? Qu'est ce qui se passe ? Pourquoi tu pleurs ?

- M... Matt, je suis vraiment désolée...

- Sheila, calme-toi et raconte-moi. Quelque chose ne va pas ?

- B... Bryan... il... il est là... il a son arme sur ma tête... et... et...

Les pleurs reprennent de plus belle et mon sang ne fait qu'un seul tour dans mes veines. Une colère noire s'empare de moi. Je vais le buter cette fois ci. Il est aller trop loin. Il n'aurait jamais dû toucher à la personne que j'aime.

- Tout va s'arranger mon cœur. Qu'est-ce qu'il veut ?

- Il... il veut que tu viennes.

Un silence prend place pendant quelques secondes avant que je n'entende la voix qui me hante depuis des années...

Salut ! Voici le chapitre 30. N'hésitez pas à me laisser vos votes et vos avis en commentaire :D