Chapitre 21 :

La personne qui se trouve en face de moi n'a rien à faire ici. Comment savait-il pour mon rendez-vous ? Est-ce lui, celui que j'attendais ? Mais ce n'est pas possible... Pas lui...

- T... Tom... Mais qu'est-ce que tu fais là ? Ne me dis pas que...

- Non, non je t'arrête tout de suite, je ne suis pas ton père...

- Mais... Comment savais-tu pour mon rendez-vous alors ?

- Je... Je travaille pour ton père...

- Euuh... Je ne comprends vraiment plus rien... Tu pourrais être plus explicite s'il te plaît ? Tu n'es pas censé être le gardien du cimetière ?

- Si, si bien sûr ! Je suis le gardien ! Mais tu dois bien te douter qu'avec le salaire misérable qu'on me donne, je n'aurais pas pu vivre sans avoir un travail à côté.

- Et donc ?

- Je suis le chauffeur de ton père la journée et gardien le soir...

- Ah... je vois... et maintenant, je peux savoir qui est mon père ? A ce que je sache c'est lui qui devrait se tenir en face de moi... Et puis, je te faisais confiance Tom... Tu ne m'as rien dis alors que tu savais tout depuis le début...

- Je sais, mais je ne pouvais pas te le dire... Je ne pouvais pas trahir la confiance de l'homme pour qui je travaille depuis cinq ans maintenant. Puis, la première fois que je t'ai vu au cimetière, je ne savais pas qui tu étais.

- Bref, ce n'est pas le moment pour débattre. Amène-moi à côté de lui.

- C'est pour ça que je suis là. Je suis venue te récupérer car Monsieur Scott ne pouvait pas se déplacer.

- Je vois... Allons-y et finissons-en.

- Tache de ne pas trop le provoquer, il est comme toi, impulsif.

- J'aviserais quand j'y serais, maintenant en route.

Je suis Tom jusqu'à la voiture. Une Audi A5 noire. Il doit être friqué le Monsieur Scott. Et dire que j'ai vécu dans la galère avec ma mère... Je le déteste...

Je grimpe côté passager et boucle ma ceinture. Je suis peut-être courageuse pour certaines choses, mais, je tiens tout de même à ma vie. Sans trop attendre, Tom démarre et entame une route inconnue pour moi.

On s'éloigne de la ville et mon cœur se comprime dans ma poitrine. Je n'ai plus cette confiance aveugle en Tom. Il m'a menti alors qu'il savait toute la vérité. Qui me dis qu'il m'emmène vraiment à côté de mon géniteur ? Et s'il avait d'autre plan pour moi ? Je commence vraiment à stresser et essaye de me résonner le plus possible.

Une sonnerie de téléphone retentit. Je sursaute et tourne la tête vers Tom. Sans aucune discrétion, je guette le nom qui s'affiche sur l'écran. Monsieur Scott. Des frissons parcourent la totalité de mon échine et mes mains deviennent moites. Je vais vraiment rencontrer mon père. L'idée me fait peur. Que vais-je découvrir de nouveau ? Arrivera-t-il à répondre à mes questions ? Et si ma mère n'était pas telle que je la voyais ? Est-ce que mon père est vraiment une mauvaise personne comme le répétait ma mère à longueur de journée ? Ces interrogations vont enfin trouver des réponses...

- Il nous reste combien de temps pour arriver ?

- Nous y sommes presque Sheila...

- C'est-à-dire ?

- Dans dix minutes à peu près.

- Ok...

Ce sont vraiment les dix minutes les plus longues de ma vie. J'ai l'impression que les secondes ne veulent pas s'écouler. Pour me changer les idées, j'envoie un message à Matt, Célia et Luke pour les prévenir de l'endroit où je me trouve. Au moins s'il se passe quelque chose, ils sauront où me trouver.

Le moteur de la voiture se tait et le silence prend place. Les battements de mon cœur s'accélèrent. Je l'entends cogner contre ma poitrine. J'essaye de prendre sur moi pour ne rien laisser paraître mais c'est compliquer. Tom me demande de le suivre. Je descends calmement de la voiture et ne pipe pas un seul mot.

Nous sommes devant un immense bâtiment en verre. Une entreprise surement. Quelle sorte ? aucune idée. Nous grimpons dans l'ascenseur juste avant qu'il commence à grimper. Tom appuie sur le bouton du neuvième étage. Le dernier. Même si je ne suis pas claustrophobe, je n'aime pas trop l'idée de prendre l'ascenseur. Dès que j'en ai la possibilité, je monte par les escaliers.

Les étages défilent et le bruit que sort la porte nous préviens que nous sommes arrivés. Je suis toujours mon guide pour éviter de me perdre. Quelques couloirs plus loin, il me montre une porte.

- Ecoute Sheila, je ne viendrais pas avec toi. Je pense que tu devrais y aller toute seule. Vous avez surement beaucoup de chose à vous raconter et je ne pense pas que ma présence vous mettra à l'aise. Essaye de l'écouter et ne soit pas trop méchante avec lui.

- Tu ne vas pas me laisser toute seule ici !

- Mais non, ne t'inquiète pas... Je serais en bas, près de la voiture. Dès que tu auras réglé ce que tu as à faire, tu me rejoindras et je te déposerai chez toi.

- Bon, de toute façon je n'ai plus le choix. On est là, autant mettre fin à tout ce manège.

- Bon courage.

- Merci.

J'avance à petit pas vers la porte que m'a montré Tom. Une fois devant, j'essaye à mainte reprise de toquer mais rien y fait. Ma main ne veut pas entrer en contact avec le bois. Je tourne en rond pendant quelques minutes et ne sais plus quoi faire. Au moment où je décide de faire demi-tour, une secrétaire viens me voir et me demande si j'ai un rendez-vous avec Mr Scott. Je bégaie un peu et donne une réponse positive à la fin. Elle me demande alors de la suivre. Cette fois ci, il n'y a plus aucun retour. Elle ouvre la porte et m'invite à l'intérieur.

C'est juste immense. La couleur bleue domine la pièce dans des tonalités différentes. Un bureau en coin s'impose au milieu et est décoré à proximité par des bibliothèques au sein desquels trottent des livres en tout genre. Je m'avance d'une manière un peu hésitante tout en contemplant les alentours. Une voix grave résonne dans toute la pièce et me sort de ma rêverie.

- Bonjour Sheila, je t'en prie, installe-toi.

Je m'assoie sur une des chaises et le regarde dans les yeux. Le stress retombe d'un coup et la haine reprend le dessus. Actuellement, j'ai face à moi l'homme qui a gâcher ma vie. Ou du moins qui a été une des causes de ce gâchis. Ses yeux verts, ressorte grâce à ses cheveux noir ébène. Il est assez musclé et bien apprêter. Ça se voit qu'il aime bien prendre soin de sa personne. Je n'ai pas plus le temps de l'analyser qu'il prend la parole :

- Je... Je ne sais pas vraiment par où commencer Sheila... Je sais que tu me déteste mais...

- Oui, tu as raison, je te déteste.

- ...

- Ecoute, je ne veux pas passer toute une journée ici. Alors, si ça te convient aussi, je pose mes questions, tu y réponds et je m'en vais.

- Ais-je le choix ?

- Pas vraiment. Mais, de toute façon, si tu as voulu me voir c'était pour ça, non ?

- Oui, exact. Je t'écoute.

- Comment as-tu rencontré ma mère ?

- A une soirée entre pote. Nous sortions beaucoup à l'époque. Et, grâce à des connaissances communes, nous nous sommes rencontrés.

- Hum... Combien de temps êtes vous restez ensemble avant que ma mère n'aille en désintox ?

- Tu es au courant pour ça ?

- Oui, j'ai rencontré mon grand-père avant toi...

- Ah je vois... nous nous sommes mis ensemble un an avant la thérapie...

- Donc, vous étiez vraiment accro à la drogue l'un comme l'autre ?

- Oui, c'est bien ça...

- Combien de temps êtes vous restez ensemble après qu'elle se soit fait virer de la maison ?

- On a dû rester ensemble quelques mois... Puis ta mère ma quitter juste avant ta naissance.

Le monde s'écroule autour de moi. Ma mère qui l'a quitté ? Non, c'est impossible, c'est lui qui nous a abandonné. C'est lui qui a laissé ma mère toute seule avec un enfant sur les bras. Les larmes me montent aux yeux. Des larmes de haine.

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? C'est toi qui a abandonné ma mère !

- Ça, c'est ce qu'elle ta dit pour faire grandir la rancune que tu éprouve aujourd'hui envers moi. Mais, rien de ce que t'a raconté ta mère n'est vrai...

- Alors raconte moi la vérité, je veux tout savoir....



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