Bonjour Sheila,

Je sais que je dois être la dernière personne avec qui tu voudrais parler en ce moment, mais je pense qu'il en est temps. Tu as l'âge idéale pour comprendre tout ce qu'il s'est passé et si je ne me trompe pas, tu dois avoir énormément de question à propos de notre relation et séparation avec ta mère. Il y a beaucoup de chose que tu ignores à propos de ta maman. Je n'attends pas de toi que tu m'accepte comme ton papa ou quoi que ce soit. Je sais qu'à partir de maintenant, c'est impossible. Mais, je voudrais vraiment te voir au moins une fois et me justifier de mon absence. J'espère que tu accepteras de me donner une chance de te rencontrer. J'attends ta réponse avec impatience.

Ton père.

Un message de ... de ... mon géniteur ! Non mais je rêve ! C'est quoi ce début d'année ? J'ai l'impression d'être le personnage principal d'un film ! J'en apprends de nouvelles chaque jour... je ne sais pas si mon cœur va supporter tout ça ! En fin de compte, je pense que je commence à croire le mythe disant que notre année dépend du jour de l'an que l'on passe. Depuis cette putain de nuit où j'ai fait la rencontre de mon grand-père, plus rien ne se déroule correctement !

J'essuie mes larmes et me lève de table. J'avance vers la sortie lorsque Célia m'attrape le bras et me force à la regarder dans les yeux. Elle me demande ce qu'il ne va pas et j'hésite à le lui dire. Oui, c'est ma meilleure amie mais j'en ai juste marre de gâcher la vie de tout le monde avec mes histoires personnelles. Je me libère donc de son emprise et lui dit que je lui raconterais tout plus tard. J'enfile ma veste et mes chaussures puis je sors de l'appart sans regarder derrière. Je dévale les escaliers et n'habitant pas très loin, je me rends chez moi pour prendre le temps de réfléchir à ce que je dois faire. Je ne veux pas prendre de décision sur un coup de tête et le regretter après.

Arrivée devant ma porte, j'insère mes clefs dans la serrure et me rends directement dans la cuisine. Je me prépare un bon petit café que j'accompagne d'une clope pour essayer d'évacuer le stress. Mais, malgré mes réflexions, je ne trouve pas de solutions. Je ne sais toujours pas si je dois accepter de rencontrer mon père.

Mon téléphone entre mes mains je relie des centaines de fois ce fameux message. Mes dois défile sur l'écran mais à chaque fois je finis par tout effacer. Je décide donc d'appeler mon grand-père pour lui demander conseil. Je suis convaincue que lui, il pourra m'aider. Je compose son numéro et attends patiemment qu'il décroche. Sans me faire attendre, après deux sonneries, j'entends sa voix à l'autre bout du fil :

- Allô ?

- Salut Gill, c'est Sheila ! j'espère que tu vas bien ? je sais que ça fait quelques jours que je n'aie pas appelé, j'espère que tu ne m'en veux pas.

- Salut ma belle ! Oui je vais très bien merci. Non ne t'inquiète pas, maintenant que tout va mieux entre nous, nous aurons le temps de nous voir. Par contre toi ta voix ne prédit pas de bonne chose. Quelque chose te tracasse ? ton week-end avec Matt c'est mal passé ?

- Non, mon weekend end était juste géniale mais... écoute ce matin y'a mon père qui m'a envoyé un message et il veut me voir, je ne sais pas du tout quoi faire ! aide-moi s'il te plaît !

- Qui ? Bruno ? Tu sais déjà ce que je pense à propos de ce sujet !

- Mais non Gill ! je te parle de mon vrai père !

- Ah... Là je ne sais pas trop quoi te dire... Ce n'est pas à moi de prendre cette décision.

- Oui je sais, mais je n'arrive pas à me décider non plus... j'ai peur que ça se déroule mal...

- Suis ton instinct Sheila. Même si ça devait mal se passer, au moins tu n'auras pas de regret et tu auras tenté.

- Oui tu as raison ! merci, je vais y réfléchir...

- Si tu as besoin je suis là n'oublie pas et tiens-moi au courant quoi que tu décides.

- D'accord Gill, a plus tard !

- Oui à plus tard !

Je raccroche et pose le téléphone sur la table de la cuisine. Je me rends dans la salle de bain et décide de prendre une bonne douche. Sous l'eau, mes muscles se détendent et je me sens moins sous tension. Lorsque l'odeur de mon gel douche encombre mes narines, une sensation de fraicheur et de sérénité m'envahit. Cette senteur de fruits rouge me permet de m'évader. Je m'imagine à chaque fois dans une immense forêt sans fin avec ce parfum qui danse autour de moi, le bruit des animaux qui me berce et une douce brise qui caresse mes cheveux. Grâce à ces pensées je me sens libre le temps d'un instant. Mes soucis disparaissent et je me sens tellement bien. Cependant, une fois que l'eau ne coule plus sur ma peau et que cette douce odeur se dissipe, le retour à la réalité me tombe dessus et je ne peux rien faire pour la changer.

Une fois sortie de la douche, je m'enroule dans ma serviette et retourne dans la cuisine pour récupérer mon téléphone. Lorsque l'écran s'allume, je vois plusieurs appels manqués de la part de Célia et de Matt. Je ne les rappels pas et m'installe devant ma télé pour continuer à profiter de ma détente. Je ne veux pas qu'ils s'inquiètent pour moi. Je n'ai pas le droit de leur pourrir la vie. Je ne veux plus qu'ils me regardent avec des yeux remplis de compassion qui me rappelle que je fais pitié. Je crois que c'est le moment de me prendre en main et de couper les ponts avec ceux que j'aime. Je préfère souffrir moi-même plutôt que de les voir souffrir avec moi à chacun de mes soucis. J'envoie donc un message à Matt pour lui confirmer notre rendez-vous ce soir. Puis, je décide d'accepter la proposition de mon « père » :

Je suis d'accord avec toi, c'est beaucoup trop tard pour notre relation père fille mais tu as aussi raison sur le fait que j'ai beaucoup de question et que j'ai besoin de réponse. En bref, j'accepte ta demande de rendez-vous mais je te préviens se sera le premier et le dernier ! Je t'enverrais la date et le lieu ce soir.

Sheila.

Lorsque c'est envoyé, je regarde l'heure et vois qu'il est déjà 14 heures. Malgré toute les épreuves que je dois endurer chaque jour, il ne faut pas que j'oublie que je suis étudiante et que je dois aussi bosser mes cours pour espérer avoir mon concours et réaliser mon rêve. Donc, sans perdre une minute de plus, je m'habille et m'installe devant mes cahiers avec mon café que j'ai préparé entre temps.

Les minutes défilent et les pages se suivent. Les cours ne se ressemble pas et je découvre de nouvelle notion à chaque ligne qui suit. Plus je lis et plus j'ai l'impression que mon cerveau divague vers d'autre horizon. La sonnerie de mon téléphone me sort de mes rêves et en jetant un coup d'œil sur l'écran, je remarque que c'est le réveil que j'avais préalablement programmer. Il fallait bien qu'un signal me prévienne de l'avancée de l'heure pour que je puisse avoir le temps de me faire belle.

Je me rends tout d'abord dans ma chambre pour choisir ma tenue. J'opte pour une robe noir bustier mi longue qui couvre mes genoux. Elle est toute simple et près du corps. Je décide de l'accessoiriser avec un collier et des boucle d'oreille couleur or pour vivifier le tout. Je me dirige ensuite vers la salle de bain pour terminer avec ma mise en beauté. Ayant des cheveux lisse, je les détache et les laisse se bousculer dans mon dos. Pour mon maquillage, je reste sobre avec un trait d'eye-liner et du mascara.

Une fois prête, je m'avance vers la sortie et récupère mon sac sur le porte manteau. J'y fourre mes clefs et mon téléphone puis je sors de chez moi en faisant bien attention de ne rien oublier. Je me rends rapidement à mon arrêt de métro et ayant de la chance je ne le rate pas. Dix minutes plus tard, je descends et cette fois ci je prends le bus qui va me déposer juste devant la maison de Matt.

Lorsque j'arrive, je vois une immense maison blanche avec des volets et un toit bleu. Elle ne ressemble pas du tout à la maison dans laquelle nous habitions auparavant avec ma mère. Je m'avance vers la porte et toque. Personne ne répond donc je ré essaye. Toujours pas de réponse. Pile au moment où je prends en main mon téléphone pour appeler Matt la porte s'ouvre et je me retrouve face à mon chéri. Il m'invite à l'intérieur tout en s'excusant de m'avoir fait attendre.

Au moment où je pose le pied dedans, ma bouche dessine un rond et je n'en crois pas mes yeux, tellement c'est beau.