Chapitre 1
« — Enchantée Mathis, je m'appelle Madelyn »
Je regardais cette fille qui me tendait la main avec ce sourire si charmant. C'était une situation pour le moins inattendue. Je l'observais, sans comprendre très bien ce qui m'arrivait. Toujours bien assis sur le rebord de la fontaine, j'hésitais à lui serrer la main.
« — Euh... enchanté, balbutiai-je. »
Elle finit par attraper ma main qui était restée sur mon livre, et je me mis à la fixer. Ses yeux bruns étaient rieurs et, moi, j'étais comme paralysé, incapable de bouger face au mystère qu'elle représentait, tandis qu'elle me serrait maladroitement la main.
« — Je suis nouvelle ici, tu me fais visiter la ville ? »
Elle était bien étrange, et j'aurais pu, j'aurais dû me méfier, mais, peut-être était-ce le soleil tapant sur ma tête ou ses yeux charmeurs, j'accédais à sa demande.
Je lui fis découvrir mes recoins préférés, ceux dans lesquels je pouvais lire, à l'ombre d'un arbre ou à l'abri de la pluie, dans la bibliothèque, ceux qui m'apaisaient : ce petit ruisseau dans le parc ou le banc à côté de l'église devant la falaise. Et, alors que la fin de la journée arrivait, je décidai de lui montrer mon endroit préféré.
Nos rires résonnaient tandis que l'on marchait dans les sous-bois. Il me semblait que je la connaissais déjà avant aujourd'hui, pourtant, seules quelques heures s'étaient écoulées depuis notre rencontre. Alors qu'on s'enfonçait plus profondément entre les sapins et les chênes, le bruit de la ville disparaissait, étouffé par le cri des oiseaux, et le bourdonnement incessant d'une cascade. L'air était humide, mais agréable. Peut-être était-ce dû à l'étrange ambiance qui émanait de cet endroit ?
Madelyn s'arrêta bouche bée face à la vue imposante de la cascade qui se dressait devant elle. Les trombes d'eau frappaient les rochers avec une violence inouïe, et pourtant si belle. Le tout, sous un soleil déclinant légèrement, laissant apparaître des nuances de rose et de violet dans le ciel. Il n'y avait pas de spectacle plus beau à mon goût !
« — C'est magnifique ! J'ai vraiment bien fait de te up demander de me faire visiter ! s'exclama-t-elle.
— En parlant de ça, pourquoi moi ? demandai-je après avoir souri face à sa remarque. Pourquoi est-ce que tu m'as demandé de te faire visiter la ville et pas à quelqu'un d'autre, On ne se connait pas !
— Et on aurait pu ne jamais se connaître ! Je suis nouvelle dans cette ville et j'avais envie de la connaître mais aussi de m'y intégrer ! Je t'ai vu, et tu avais l'air sympa, c'est tout ! »
J'eus envie de rire. Je n'avais jamais rencontré quelqu'un comme ça auparavant ! C'était à la fois perturbant, étrange, et agréable...
Les vacances d'été avaient à peine commencé, et pourtant, elles filaient déjà à toute vitesse. Le temps passé avec mes amis ou Madelyn semblait toujours s'écouler sans que l'on s'en aperçoive, et chacun retournait à ses occupations le soir. C'était probablement le meilleur été que j'avais passé. Pourtant, nous n'étions en vacances que depuis trois semaines.
Ça faisait d'ailleurs un peu plus deux semaines que j'avais fait la rencontre de Madelyn. Cette fille était, par bien des côtés, étrange, mais sa bonne humeur communicative nous faisait toujours passer de bons moments.
J'avais envie de la revoir, de lui parler. Mais là, j'étais affalé sur mon lit, en train de ruminer mes pensées, en observant le dessin noir au plafond. Je l'appréciais vraiment, c'était indéniable. Mais je n'étais pas amoureux d'elle, c'était aussi certain. Et puis, on ne tombait pas amoureux en seulement deux semaines.
Pourtant, elle apparaissait toujours quand je fermais les yeux, depuis qu'elle avait posé ses doigts dessus pour m'empêcher de voir, et me guider vers un endroit magnifique qu'elle avait découvert. J'avais aimé quand ses doigts avaient effleurés mes paupières. J'avais aussi aimé ouvrir les yeux pour découvrir son visage rayonnant devant ce recoin somptueux.
Dans les livres, ils appellent ça "attirance". Je crois qu'elle me fait peur. Je ne l'ai jamais connue, et comme pour toutes choses, on a peur de l'inconnu.
J'avais envie de la découvrir un peu plus. Mais, je n'avais pas envie d'être un ami, ni un amoureux.
Je me retournai dans mon lit et fixai le petit papier sur lequel mon grand-père avait écrit : "Quelques fois les questions sont compliquées, mais les réponses sont simples. C'est ce que ta grand-mère me répétait tout le temps, puis un jour j'ai compris, et on ne s'est plus jamais quittés. Toi aussi tu comprendras avec le temps."
Maintenant, je comprenais, j'en étais certain. J'allais faire comme mon grand-père avait fait, cinquante ans auparavant.
Je pris mon téléphone et j'envoyai un message à Madelyn.
À Madelyn, 22 :13 :
Hey ! On pourrait se voir demain, vers 14 h 00, disons, sur la place où on s'est rencontré ?
De Madelyn, 22 :21 :
Pas de problème, à demain !
Je regardais l'heure toute les trente secondes, espérant que le temps avance plus vite, mais il n'en était rien : la grande aiguille avançait toujours avec la même lenteur, et Madelyn était en retard.
« — Coucou ! Comment ça va aujourd'hui ? s'exclama Madelyn qui venait d'apparaître brusquement devant moi. »
Je reculai, surpris, et essayai de cacher ma nervosité.
« — Euh... Oui, ça va très bien, et toi, aujourd'hui ? demandai-je en triturant les boutons de ma veste. »
Elle me répondit qu'elle allait bien, sans se soucier des boutons et me demanda où on allait aujourd'hui, car on avait pris l'habitude de se promener quand on se voyait, et je lui faisais découvrir un nouvel endroit.
« — Euh... non, en fait j'ai pas prévu d'endroit aujourd'hui, hésitai-je en regardant le sol en béton. Je voulais juste te parler. »
Je surpris son regard étonné et hésitai à continuer, mais elle m'y incita.
« — Je sais que c'est tôt, et qu'il y a encore le temps, mais... tu me plais bien et j'aimerais... apprendre à mieux te connaître... qu'une amie. »
Son sourire réapparut sur son visage :
« — Bien sûr ! »
Pour accepter comme ça, elle était vraiment étrange... Mais c'était quelque chose que j'aimais malgré tout.
« — Donc... que tu veux bien qu'on essaye de sortir ensemble ? demandai-je pas très rassuré. »
Elle hocha la tête et s'approcha de moi. Elle posa une main sur ma joue et vint tendrement poser ses lèvres sur les miennes. Je restais immobile, ne sachant pas quoi faire, pris par surprise. C'était doux, agréable. J'aurais aimé la quand ses lèvres rompirent le contact, mais elle recula, et je n'osai pas.
« — J'ai toujours eu envie de faire ça dans un moment comme celui-ci, s'expliqua-t-elle devant mon regard perplexe. »
Puis, elle partit en me lançant un sourire, et ne se retourna plus.
De Madelyn, 17:28 :
Coucou ! Comment ça va depuis cet après-midi ? Je voulais juste te prévenir que la semaine prochaine je là, je pars voir l'océan. J'aimerais trop voir une baleine ! On se voit demain ?
Je ne pus m'empêcher de sourire. Une baleine... Je lui répondis puis partis me coucher.
Le reste de la semaine, nous passâmes le plus clair de notre temps ensemble, à nous découvrir, échangeant sur nos goûts ou nos idées.
Puis Madelyn partit.
***
« — Allô ?
— Mathis ? C'est Sarah, la mère de Madelyn, expliqua la femme d'une voix tremblante qu'elle essayait de cacher. C'est à propos de Madelyn, elle... elle a eu un accident. Elle était là, devant moi, un doux sourire sur ses lèvres. Mon dieu, je suis désolée Mathis, sanglota-t-elle. Sa main tendue vers moi. Elle plongeait du haut d'une falaise avec des amis... Ses cheveux éclatants sous le soleil de juillet, n'arrivait pas à remonter à la surface... Ses yeux, sa peau, secours sont arrivés mais... Ses lèvres qui remuaient, sa voix, si belle... tard, renifla-t-elle. Elle n'a pas survécu. « Enchantée Mathis, je m'appelle Madelyn ! »»
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