rouge.

La mer est belle, la mer est calme, la mer est rouge.

Le soleil qui descend au loin s'y reflète avec les dernières lueurs du jour. 

Et Yoongi peut enfin sentir l'écume des vagues venir lécher ses chevilles, le sable chaud chatouiller la plante de ses pieds.

Et Yoongi peut enfin s'sentir en l i b e r t é.

Il a réussi.

Voilà quelques temps maintenant qu'il vit ici, sur la plage, en compagnie d'ses deux amants, ses deux amours.

Plus personne n'habite la région, plus personne ne fréquente les environs. 

Ils sont s e u l s (et plus heureux qu'ils ne l'ont jamais été).

Aucun signe des autres.

Si la peur de s'faire attraper lui a longtemps pesé sur la conscience, aujourd'hui, Yoongi commence à se dire qu'ils les ont définitivement perdus, enfin de compte.

N'les auraient-ils pas déjà rattrapé, sinon ?

Le vent frai vient s'enrouler dans ses cheveux, la brise du soir, caresser son visage, et l'odeur du sel marin, envahir ses narines. 

Il se sent b i e n.

Il joue machinalement avec ses doigts, qui plient et déplient un petit bout de papier que Jungkook lui a laissé avant d'partir se promener avec Taehyung, un peu plus tôt.

Au fond, Yoongi est heureux qu'cette espèce de tradition ait survécu à leur fuite et ait persisté avec les jours. 

Il est incapable de dire depuis combien de temps il se tient là, debout face à demain, le menton relevé et le visage détendu, le corps relaxé et l'esprit serein. 

Il repense à sa vie, d'à quel point elle est belle à présent, il veut remercier Taehyung d'n'avoir jamais perdu espoir, Jungkook d'avoir finalement croisé sa route. 

Il veut les remercier d'lui avoir fait découvert qui il est au fond, il veut les remercier de l'aimer pour qui il est vraiment.

Il commence à s'dire que, finalement, il y aura eu le droit à sa fin heureuse.

Jungkook lui a promis : il leur aura survécu, malgré tout.

Pourtant, un grand bruit vient perturber le calme.

Il résonne dans son crâne, les oiseaux s'envolent en panique et lorsqu'il se tourne en direction de sa provenance, il peut voir leur petite caravane apparaître dans son champs de vision.

Un deuxième bruit vient définitivement balayer le calme de l'endroit, et Yoongi se précipite vers leur maison improvisée, terrifié à l'idée qu'il soit arrivé quelque chose de grave à ses deux compagnons. 

Et ses craintes se confirment lorsqu'il aperçoit une demi-douzaine de militaires autour du véhicule.

Ils les ont r'trouvés, finalement.

Il veut s'approcher un peu plus, il veut se faufiler parmi eux pour atteindre l'intérieur, vérifier que Taehyung et Jungkook vont bien, mais il lui est impossible de passer pour le moment.

C o u r s, lui hurle son esprit.

C o u r s, le plus loin possible.

Mais il ne peut pas.

(Pas avant de les avoir vus.)

Et quand ils sortent deux corps à priori inerte, la peau maculée de sang et le regard inanimé, Yoongi comprend.

Il est le prochain.

C o u r s.

Ses jambes le portent difficilement, il a envie d'hurler, hurler sa colère, sa peine et sa douleur, envie de casser un truc, cogner quelqu'un, envie d's'en prendre au monde entier.

Il veut qu'on lui rende Taehyung et Jungkook, mais ils les lui ont pris, ils les lui ont pris et jamais il ne pourra les récupérer.

Jamais.

Il court, il court encore, les larmes brouillent sa vue, il finit par tomber à cause du sable, se relève, tente de r'partir, retombe encore.

Recroquevillé sur le sol, il pleure, il pleure encore, refusant de croire, refusant d'admettre, et pourtant la tristesse a pris toute la place que la colère a pu laisser, et le voilà seul, à présent.

Pour toujours.

Il entend des cris, il entend des pas, il sent qu'on l'attrape, on le soulève de force, il n'a même plus la force ou le courage de résister.

Qu'ils le tuent, lui aussi.

Qu'ils fassent ce qu'ils veulent de lui.

Sans Taehyung, sans Jungkook, Yoongi n'a plus aucune raison d'exister.

« J't'écris de la poésie bancale, j'rédige des vers quelconques, mais tu m'rends fiévreux et patraque, tu vas vraiment finir par m'être fatal. »

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