Ex-Belgique, 2074, Le Jour de tout.

PDV Éric.

Je me souviens de ce jour comme si je l'avais vécu encore et encore. À vrai dire, c'est certainement le cas, les souvenirs ont tellement tournés dans mon esprit qu'ils ne risquent pas de s'effacer aussi vite que je ne puisses le croire.

Un traumatisme, c'est ce que disent les psychiatres, pour tout le monde.

-Mère ? Questionnai-je du haut de mes 13 ans.

Ma douce mère baissa alors ses yeux bleus perçants vers moi et je ne fis rien de plus que la regarder, avec toujours cette forte impression qu'elle scindait mon esprit en deux.

-Oui, mon sucre ? Répondit elle de la même manière.

Un sourire s'élargit sur ses lèvres où un gloss rosé y été étalé, ainsi je découvris des dents blanches et droites.
Malgré le fait que je déteste ce surnom, je ne peux m'empêcher d'admirer ma mère. Elle est si forte et si belle.

Un claquement de doigt soudain me tira de ma rêverie et je repris mes moyens.
-Allons Ric, tu es encore partit loin pas vrai ? Souriais t'elle.
Elle ajouta un geste à ses dires en serrant entre son pouce et son index mes deux narines.

L'air déguerpit très vite et je me recula en m'éloignant de son emprise. Je massais ensuite mon nez quelque peu douloureux en faisant la moue.

Elle s'excusa et je posa alors ma question alors que l'on se baladait dans les grandes rues de Heydorth.

-Qu'est-ce qui se passe en ce moment ?

Ma mère, ayant autrefois réponse à mes questions, ne préféra rien dire et me proposa plutôt un cornet de glace.
L' après midi s'annonçait être parfaite, puis tout déboula d'un coup, et je ne connu jamais une journée comme celle ci a nouveau. Le bonheur de recevoir ma friandise entre mes mains, d'apercevoir les oiseaux virevolter dans le ciel et s'en allant chantant sur les branches des chênes derrière ces épaisses feuilles.

Ce fût d'abord un coup de fil, le patron de ma mère était paniqué au téléphone et elle ne comprenait pas un mot de son charabia.

Bientôt, le bon nombre de personnes présents dans le parc se faufilèrent à l'extérieur, pour se jeter sur leur téléphone dernière génération et les gigantesques écrans plats de notre belle ville. Le marchand de glace ferma boutique et en un temps record les chiffres affichés chutèrent.

Tout survint en moins de six mois, assez pour avoir perdu toute forme d'économie stable. Le Grand Effondrement Économique, nous y voilà, le jour du tout.

Ex-Belgique, Heydorth 2079.

Vous ne savez pas encore qui je suis, pourtant je vous aient tous sauvés. Et si on commençait depuis le début ?
Oh non, pas forcément ce jour là, mais plutôt celui de ma naissance.

Dans l'ex-Belgique, 17 ans avant le G. E. E, une petite fille vint au monde et combla de bonheur ses parents.

Regardez donc cette petite bouille !
Nous sommes dans un hôpital basique, dans une chambre basique, ma mère me tient toute frêle dans ses bras protecteurs et accueillants. Mon père à sa droite caresse ma joue, un touché dont je voudrais ressentir les sensations une petite fois encore.

J'ai les yeux bleus dynamiques de mon père, et les cheveux bruns étincelants de ma mère. J'ai déjà cette détermination au fond de mon cœur, même s'il est pour le moment recouvert de la tendre innocence d'un nouveau-né.

J'ai vécu cinq ans avec eux, cinq années terriblement merveilleuses, jusqu'à ce qu'ils périssent et ne reviennent jamais me chercher auprès de ma nourrice.

Tout de suite, j'ai été presque livrée à moi-même et dû me débrouiller toute seule, avec le temps ce n'était plus qu'un jeu d'enfant. En passant des courses effrénées pour échapper à la police, les tours de passe-passe dans les magasins, en bref je n'ai jamais cessé de redoubler d'énergie.

Cette petite étincelle en moi grandit encore et encore, je frémis rien qu'en y pensant. Ce faible sentiment qu'anime la jeunesse, et qui devient une large flamme montant jusqu'au ciel leur annonçant une jolie révolte.