Chapitre 2
Heydorth, le lendemain matin.
Le lendemain, c'est le soleil qui chatouille mes paupières, et le souffle chaud de Georges dans mon cou. Les volets ont été légèrement rabattus dans la nuit pour laisser passer un peu de fraicheur et de lumière.
Le lit est si moelleux et confortable, les draps fins sentent bons l'eau de Cologne. Le tissu sur mon corps nu me fait finalement frissonner.
Les bras des Georges m'entourent sans relâche, malgré mon dévouement, je ne parviens jamais à m'échapper de son étreinte. Allons Maddy, tu peux le faire !
Je me détache légèrement, mais Georges qui m'a sentie me réveiller grogne et me sert comme une peluche contre son torse. Je me démène pour me tourner face à face, un sourire amusé sur les lèvres.
-Georges, je chuchote, je dois y aller, tu le sais bien.
Mon ami plonge son visage un peu plus dans mon cou et refuse visiblement de me laisser partir. J'utilise à présent ma méthode câlin, je commence par caresser son bras, puis sa joue et enfin je plonge ma main dans ses cheveux. C'est le genre de réveil dont on a besoin tout les deux après tout.
J'admire pendant une dizaine de minutes chaque petits traits de son visage. De ses lèvres douces et chaudes, à son nez en trompette, puis aussi ses petites rides qui vieillissent tant les jeunes travailleurs, ses yeux fermés que j'aimerais voir plus souvent.
Si seulement il y avait un peu plus que cette attraction et cette tendresse, des deux côtés...
J'aimerais rester plus longtemps, c'est agréable de se sentir aimé, mais j'ai des obligations. Alors cette fois-ci je force les choses, il ne résiste plus et soupire.
Une fois échappée, je sors tranquillement du lit et cherche difficilement mon soutien-gorge et tout mes autres vêtements, excepté la culotte récupérée après vous savez quoi. Disons qu'on n'a pas fait de Uno !
Je parviens à enfiler mon haut, un tee-shirt délavé et un sweatshirt. Je saisis mon jean et l'enfile. Au même moment je me tourne vers le lit, où Georges a déjà ouvert pleinement les yeux, observant mes faits et gestes avec cette petite étincelle dans ses prunelles.
J'attrape ma veste posée sur une chaise et la met ensuite. J'observe son studio avec admiration. Ce sont des murs épurés, gris, quelques étagères par-ci et par-là, une vielle télé accrochée au mur, un ensemble de cuisine dans un angle avec une table et quatre chaises et enfin un fauteuil avec son lit proche de la fenêtre. C'est plutôt moderne, contrairement à mon appartement .
-Mad, tu sais que tu n'es pas obligée de partir, je peux t'aider, affirme t'il.
Je détache pour regarde de la décoration intérieur et soupire en le regardant. J'hausse un sourcil et répond :
- je ne te crois pas, allons bon, tu sais que je dois garder ce job, et je ne veux pas de ton argent Georgie.
-tu ne vas pas recommencer quand même ? Demande t'il en sortant du lit pour me rejoindre.
-De quoi tu parles ? Questionnai-je, je n'ai rien recommencé Georges.
Il s'avance vers moi doucement et encadre mon visage entre ses grandes mains.
-s'il te plait, ne me mens pas, dit il avec cet air si sérieux.
Je baisse les yeux sur torse nu, sans pour autant avoir d'arrières pensées, je sais juste que si je le regarde dans les yeux il saura que je mens.
-Tu as repris la rébellion de ton père pas vrai ? Dit t'il fermement, je t'avais pourtant dit que ce n'étais pas une bonne idée.
Je suis prise d'un élan de colère, et je m'écarte de lui brusquement, en retirant ses mains de mon visage en un geste.Il sait que c'est un sujet sensible!
Je fais quelques pas en arrière, le regard noir et les poings serrés.
-Ne parle plus jamais. De mon père. Menaçais je.
Je pointe mon doigt vers lui et renchérit :
-Et n'essaie plus de m'empêcher, je suis assez grande ! Je sais pour quoi je me bats.
Visiblement, mon ami semble baisser les bras, d'une main il frotte son visage fatigué, j'aperçois alors son tatouage, une colombe.
-je n'ai jamais voulu manquer de respect à ton père, assure t'il en retirant sa main, mais fait attention à toi je t'en prie.
Je suis du regard sa main retombant docilement sur sa hanche, puis je dirige à nouveau mon regard dans ses prunelles émeraudes, je radoucit mon ton.
-Avant, tu étais comme lui, comme moi, affirmais je.
Georges plonge ses mains dans ses cheveux et hausse les épaules.
Je laisse mon regard divaguer quelques secondes plus sur son visage, puis je tourne les talons et pars précipitamment en lui disant "Au revoir, Bonne journée". Je ne préfère pas me retourner.
A nouveau, je m'engage sur le même chemin que la veille. Ce matin, il ne pleut plus et les enfants laissés à l'abandon sont recroquevillés dans le petit parc pour enfants devant lequel j'étais passée.
Je les fuit du regard, j'ai trop honte d'être allée dans un endroit si... riche, et pas eux.
Sur ma route, des chuchotements s'élèvent, certains enfants marmonnent des lieux, et des heures, une nouvelle manifestation. Je retiens Place de la République dans vingt minutes.
Je déverrouille la porte de mon appartement et saisis de nouveaux vêtements. Il s'agit là d'un nouveau jean, noir, un tee shirt et un sweat de la même couleur et ma veste grise. J'attrape au même passage une bouteille d'eau et repars aussi sec de chez moi.
Cette fois ci, je ne passe pas par le parc pour enfant et marche tout droit jusqu'aux quartiers plus aisés.
Au loin, j'entends déjà les insultes et les râlements de la foule. Je ne sens rien dans l'air de particulier, ce qui signifie qu'aucune force de l'ordre n'a riposté, ou inversement.
Quand j'arrive sur la place, je retrouve plus de monde qu'habituellement, ce qui me surprend. Certaines personnes me tapent dans l'épaule ou me pousse dans la foule avec leurs fortes voix qui revendiquent nos sois disant droits.
Les premières vingt minutes, la foule se contente de hurler, de crier, de pleurer même. Je suis le cortège jusqu'au centre de la place, capuche sur la tête et me retrouve en première ligne des hostilités.
Les manifestants commencent à devenir de plus en plus durs, de plus en plus insultants et menaçant. Alors bientôt la police laisse place à ces hommes en noirs et gris, armés jusqu'au dents de leurs harpons paralysant. Croyez moi, c'est pas agréable, pour l'avoir vécu une ou deux fois.Je joue des coudes pour retrouver le cœur de la foule.
Les premières fumigènes sont lancées et la foule s'affole, les violences se déclenchent, les premiers coups de feux, et je bats retraite en me rapprochant du côté opposé.
Malheureusement, les forces armées maîtrisent rapidement les militants, et les fuyards, genre moi. Ils saisissent une femme, et trois hommes qu'ils placent à genoux sur le sol pavé et mouillé de la place. Tout d'abord, j'ai cru que ça allait être moi, mais non. Je fronce les sourcils, connaissant la suite.
La foule s'arrête presque automatiquement et le temps est comme suspendu, j'entends quelqu'un supplier, les yeux bruns de cette femme se remplir de larmes et enfin, quatre soldats avancer devant chacune des personnes.
Je regarde interdite le protocole de maîtrise s'appliquer, j'avais espéré que pour une fois, il n'arrive pas.
Quand les quatre coups de feux instantanés se saisissent de quatre vies et âmes, je détourne le regard vers le bout opposé de la place.
Je croise alors le regard bicolore d'un beau brun. Il me semble si...étrange car je ne l'ai jamais aperçu jusqu'ici. Le garçon garde le contact certaines secondes, et avant que je ne puisse mieux assimiler son visage, il disparaît dans les ruelles étroites.
Curieuse, je m'apprête à me mettre à sa suite, sauf qu'un garde m'arrête et me contrôle. Mince... Je vais pas pouvoir y échapper.
Je tends mes papiers d'identités machinalement, mes pensées divaguant, qui est-il ?
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