Tintin serra le revolver qu'il avait dans la poche. Les arènes de Vérone, en face de lui, étaient illuminées, splendides, semblant presque inoffensives. Il sentit la main du Capitaine sur son épaule.
- Ça vas aller, petit.
Le jeune homme sourit faiblement. Ce soir, on risquait d'assassiner Jeanne, et cette pensée le rendait malade d'inquiétude.
Ils entrèrent et s'installèrent. Le lieux du spectacle était un immense amphithéâtre romain, converti en salle de spectacle à ciel ouvert. Par chance, leurs places étaient proches de la scène, et, même si Tintin pensait qu'ils ne tirait jamais sur un acteur en pleine spectacle, il fallait se montrer prudent. L'opéra commença. Comme toujours, Jeanne chantait à merveille, et la pièce fut magnifique, mais Tintin et ses amis ne se laissèrent pas distraire. Dès que le rideau fut baissé, il se précipita dans le couloir qui menait aux coulisses, suivit par le Capitaine. Il ne devait pas laisser le temps à Mantichora de faire du mal à son amie. Soudain, quelqu'un apparut dans le couloir désert. C'était un homme, entre deux âges, dont le visage était familier à Tintin. Il paraissait singulièrement paniqué.
Il se précipita vers eux.
- Tintin... Ils vont... Enlever Jeanne Lambert...
- Qui ça ?!
Soudain, on entendit une détonation, et il s'effondra.
L'homme, dans sa chute, tourna le bras, dévoilant, dans le creu de son poignet, un tatouage en forme de manticore.
- Mantichora ! Tintin se leva, abandonnant l'homme mourant, et se précipita vers la d'où l'assassin avait tiré. Il s'était enfui en direction de...
- Sapristi ! Les loges !
Le jeune aventurier courut, et, dérapant, s'arrêta devant la loge de Jeanne. Il ouvrit la porte d'un coup, pour se retrouver face à un spectacle inquiétant. En effet, le tireur, un homme grand, le visage masqué, tenait en joue avec un énorme pistolet la jeune femme, les cheveux défaits, vêtue de son costume blanc, qui le défiait du regard, une lueur de défi dans les yeux.
Elle tourna ces derniers vers lui, tandis que l'agresseur tournait, quand à lui, son arme. La chanteuse s'en rendit compte, et, tandis que le coup partait, elle se jeta sur lui, le faisant basculer en arrière. La balle siffla, mais ne le toucha pas. Il ouvrit les yeux, surpris, en sentit Jeanne contre lui. Elle se redressa et les deux jeunes gens levèrent la tête vers l'assassin. Il avait rangé son pistolet, et les regardait avec désinvolture ;
- Finalement, je crois que ton ami pourrait nous êtres très utile... La voix, sombre et narquoise de l'homme sonnait comme un sombre présage.
Tout s'enchaîna très vite.
Jeanne hurla;
- Non ! Laissez-le !
- Cela dépendra entièrement de ta collaboration, ma chère...
Cette voix-ci était beaucoup plus familière.
- Evanleck...
À peine les deux amis eurent-ils le temps de se retourner qu'ils tombaient assomés.

Le Capitaine eu juste le temps de sortir, qu'il voyait partir la voiture, avec ses deux amis à bord contre leur gré. Les Dupondt arrivèrent, essoufflés et suants.
- Que se passe-t-il ? Où est Tintin ?
- Je dirais même plus, où est Tintin ? 
- Tintin et Jeanne... ont été enlevés... fit le vieux marin d'une voix blanche.