Le temps d'une sonate

Tintin ouvrit les yeux, la respiration agitée, et le coeur battant. Son rêve lui revint brusquement. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait des cauchemars après s'être engagé dans une nouvelle aventure,  mais jamais ça ne l'avais touché à ce point. Il y avait Jeanne, chantant sur la scène, vêtue de sa robe blanche. Dans l'ombre, tapie, un manticore. Il sautait sur la jeune femme, et, avant qu'elle ait le temps de crier, lui enfonçait dans la poitrine la clé. Elle s'effondrait, le visage doux, impassible, sa robe se teintant de rouge.
Une voix inconnue murmurait en boucle:
Postero die Mantichora devorabit mundi, comme une étrange mélopée.
Il secoua la tête, ne voulant plus penser à ces images d'horreur.
Il se leva, enfila des vêtements et descendit, Milou sur les talons. Dans la salle du petit déjeuner, le Capitaine était déjà installé, l'ai encore plus grincheux que de coutume.
Il s'assit en face de lui.
- Bonjour, Capitaine ! Comment allez-vous ?
- Comment voulez-vous que j'aille ? J'ai passé la soirée en compagnie de la Castafiore. Et de plus, demain soir, elle veux me voir à la représentation de Rigoletto ! Mais... n'en parlons plus. On ne vous voit guère, ces derniers temps. Ou étiez-vous, hier soir ?
- J'ai dîné avec...
- Laissez-moi deviner, l'interrompit-il, toujours votre petite chanteuse ?
- Euh... Soit.
Incrédule, le capitaine sourit;
- Vous avez eu un rendez-vous galant, moussaillon ?
- Je crains que ce ne soit pas d'actualité, Capitaine, répondit-il gravement, avant de lui relater tout ce qu'il avait appri la veille.
- Mille millions de mille milliards de mille sabords ! Cette Castafiole ! S'exclama-t-il quand il eu fini.
Vous ne devriez pas vous fourrer dans cette affaire. Mais je suppose qu'en bon gentleman, vous allez vous précipiter pour sauver votre demoiselle en détresse ?!
- Capitaine... je ne peux pas la laisser, vous le savez bien...
- Et c'est d'autant plus vrai que vous ne voulez pas la laisser, répliqua le vieux marin, amusé.
Il se délecta, tout de même un brin étonné, de la rougeur qui apparut sur les joues du jeune garçon, qui masqua sa gêne en plongeant le nez dans sa tasse de café.
- Si vous y tenez tant, protégez-la, cette petite. Allez, filez !
Ordre qu'il se dépêcha d'exécuter.
Il se pressa, et arriva vite au conservatoire. Il entra dans le hall, avant de demander au guichet où il pouvait trouver Jeanne.
D'un coup, il entendit deux voix féminines chuchoter derrière lui;
- Ce type, là ? Avec Mademoiselle Lambert ?!
- Je te jure ! Un violoncelliste l'a vu au restaurant avec elle, et il parait qu'ils sont toujours ensembles...

L'hôtesse d'accueil s'adressa à lui;
- Elle doit être dans un des studios du couloir Bellini, au troisième étage.
- Merci beaucoup.
Il monta les escalier, et s'arrêta au troisième palier, avant de s'engager dans le couloir indiqué. Soudain, il s'arrêta net, les yeux grands ouverts. Il entendait... mais oui ! Il s'approcha, le coeur battant. Ce qui l'avait tant surpris, c'était le son du piano dans un studio. Il ferma les yeux, savourant la musique... c'était grâve, c'était doux, c'était triste, léger comme le bruit des vagues, c'était beau, aérien, c'était...
... Jeanne.
Il sourit, ému, et s'approcha de la source du son. Il provenait du studio 146, dont la porte était entrouverte. Il jeta un coup d'oeil à l'intérieur.
Le spectacle le fascina. Penchée sur le piano, la jeune femme jouait, ses doigts courant sur les touches nacrées, parfois les frôlant avec douceur, parfois les frappant avec rage. Il entra doucement pour ne pas l'interrompre, se délectant du spectacle.  Il contempla son profil charmant, et sa physionomie si éclatante, comme à chaque fois qu'elle  jouait de la musique. Son coeur se serra en repensant à son rêve.
Elle termina son morceau, et, relevant la tête, elle sursauta en l'apercevant.
- Ma parole, vous m'avez fait une de ces peurs !
Il sourit.
- Bonjour ! Je ne vous savais pas pianiste. Vous excellez décidément en tout !
Elle rit, amusée.
- J'ai toujours aimé Beethoven... mais je crois que vous avez également beaucoup de talents; les langues étrangères, la littérature, le maniement des armes, les sports, le combat, le pilotage de toutes sortes d'engins, la ruse... Y-a-t-il seulement une discipline dans laquelle vous n'êtes pas doué ?
- J'ai toujours été très mauvais en mathématiques, répondit-il, faisant encore s'élargir le sourire de la jeune musicienne.
- Il faut que nous confrontions Evanleck, reprit-il plus gravement.
- Vous avez raison. Il doit être dans la salle d'audition.
Ils sortirent, et Jeanne guida son ami dans le conservatoire.
Ils entrèrent dans la salle de concert, se retrouvant face à face avec l'odieux personnage. Il s'avancèrent vers celui-ci, qui faisait mine de les ignorer.
- Bonjour, Monsieur Evanleck. Nous voulons récupérer mon pendentif, dit Jeanne, ferme.
L'intéressé se tourna vers eux, narquois.
- Sinon quoi ? Vous croyez que deux gamins comme vous peuvent me faire chanter ?
Les deux gamins en question échangèrent un regard, et, avant que l'homme ait le temps de dire ouf, Tintin lui assena un magistral coup de point.

* Voilà pour ce chapitre ! Que pensez-vous de Tintin et Jeanne ? Avez-vous des théories sur la suite ? Répondez en commentaire !*

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