Chapitre 5
-Du coup, demanda Paula, c'est quoi ton idée, avec tes miroirs ?
-Eh bien, commença Renard, on pourrait les fixer ensembles ou les tenir pour faire une forme un peu comme un bouclier, sauf qu'on ira à midi, et le Soleil passera par l'ouverture sur le ciel en haut de la tour. Ainsi, il se reflétera sur tous ces miroirs inclinés vers l'extérieur et éblouira tous les corbeaux qui seront au dessus de nous.
-Oh, pas mal comme plan, complimenta Igor. Mais si les corbeaux sont en dessous ?
-Ah... Je n'y avais pas pensé... Et bah déjà, il faudra qu'ils rentrent par les fenêtres et fassent le contour de l'escalier, mais... bah...
-J'ai quand même pris un bouclier, annonça Paula, ça pourrait servir.
-Super, claironna Renard. Et bien nous sommes fin prêts pour monter en haut de cette Tour des Mille Corbeaux !
-Waouh ! fit une voix derrière eux.
Les trois coéquipiers se retournèrent et virent un petit garçon.
-Papa, papa ! cria-t-il.
-Oui, mon chéri, fit un homme d'une quarantaine d'années en arrivant.
-Papa, papa, ils vont aller en haut de la tour !
-La tour des Mille Corbeaux ? Mais non voyons, personne n'y va jamais. Ne dites pas n'importe quoi à mon fils, s'il vous plaît, il pourrait vous croire.
-Ce n'est pas n'importe quoi, expliqua Renard. Nous allons aller en haut de cette tour prendre le trésor des corbeaux !
-Vous... vous allez nous rendre notre trésor ? Notre or ? À notre village ? Mais... vous n'allez pas nous piller au moins ?
-Non, répondit Renard. Nous ne voulons que la clef.
-La Clef d'Or ?
-Euh... je pense, oui. Nous sommes venus pour la prendre, et c'est la seule chose que nous « pillerons », si j'ose dire.
-Si vous nous ramenez tout notre trésor, je suis sûr que tout le village vous en sera reconnaissant et vous léguera sans problèmes cette clef.
-Oh, merci... répondit Renard. Eh bien nous ferons de notre mieux. En attendant, sauriez-vous où l'on pourrait attacher entre eux sept miroirs ?
-Bah... Il y a une forge pas loin sinon... je suis cordonnier, je peux voir ce que je peux faire...
-Oh, ça serait très gentil...
-Suivez-moi.
Prenant son fils par la main, il se dirigea vers le cœur de la cité, talonné par Renard, heureux, puis par Igor et Paula, ébahis.
-Je ne sais faire que des objets en cuir, mais... je peux voir, si vous en avez besoin.
-Oui merci, répondit Renard. En fait... Pour souder les miroirs entre eux, j'ai pas trop d'idées, mais... Vous pourriez faire une sorte de sangle fixée sur un rond de cuir au milieu de la structure ?
-Euh... je... oui, bien sûr.
-On ferait mieux, proposa Paula, d'aller chercher une forge ou je ne sais quoi pour fixer nos miroirs, nous reviendrons quand nous aurons fini.
-Allez-y, je suis toujours là.
-Très bien, fit Renard. Allons-y. Encore merci !
-Mais de rien !
Le trio ressortit, puis Renard s'arrêta pour réfléchir un peu.
-Bon, alors, avec quoi on pourrait fixer ces miroirs... On pourrait... les mettre sur une armature en... métal ? Non, trop dur, bois ! Une armature en bois !
-Tu nous expliques ? railla Igor.
-Oui oui pardon, répondit l'intéressé. Nous allons faire une armature en bois, sur laquelle nous allons coller des miroirs et sous laquelle nous allons attacher une sangle en cuir. Compris ?
-Euh... oui... fit Igor, étonné de la vivacité du jeune homme.
-Allons chercher un menuisier pour nous construire ça ! lança le canidé sur un air de soldat entraînant ses alliés vers une bataille avec courage, montrant une ruelle de la ville du doigt au bout d'un bras tendu.
Il partit ensuite dans la ruelle en question, suivi de Paula et Igor qui se regardaient d'un air interrogateur.
Après près d'un quart d'heure à déambuler ainsi, Renard trouva enfin ce qu'il cherchait.
En effet sur la façade du bâtiment était écrit en lettres capitales « MENUISERIE, TRAVAIL DU BOIS ». Le jeune homme rentra alors par la lourde porte du bois, sourire aux lèvres.
-Bonjour ! fit-il à l'artisan.
-Bonjour, répondit celui-là, un gros monsieur barbu et chauve. Que puis-je pour vous ?
-Eh bien... J'aurais besoin... commença le jeune homme, j'aurais besoin d'une structure en bois en forme de... toit de hutte ? Enfin... comme une sorte de cône très large et pas très haut... Vous voyez ? J'aurais besoin d'une structure comme ça, sur laquelle je pourrais coller six miroirs au dessus, et un rond de cuir en dessous. Enfin, un petit... Vous voyez ?
Le menuisier, un peu perdu, le regarda ébahi, répondit :
-Euh... Je... Vous... Non.
Renard poussa un soupir et reprit :
-Une sorte de cône en bois comme ça.
Avec ses bras, il mima la forme qu'il avait tenté d'expliquer. L'artisan tentait de comprendre et faisait des schémas, quand Igor, énervé, saisit les six miroirs et les positionna dans la position que Renard tentait d'expliquer. Une sorte de cône très large et pas très haut, ressemblant à un immense chapeau ou un toit de hutte, pouvant, avec beaucoup d'imagination, évoquer un bouclier. C'était surtout l'usage qui le rapprocherait de l'outil de défense.
L'artisan comprit enfin et fit un schéma ressemblant grandement à la structure voulue.
-Il faudrait aussi un peu de plat ici... ajouta Renard en désignant l'aisselle du cône, le dessous de la pointe. Pour pouvoir coller un rond de cuir. D'ailleurs il faudrait que je donne les dimensions au cordonnier par où est-il... Mais attendez, il faudrait...
-Renard, fit Igor, tu n'as qu'à aller prendre les mesures du cordonnier et à les ramener ici, ce rond sera fait en dernier, je me trompe ?
-Je vais déjà prendre les dimensions des miroirs, j'attends si vous voulez, proposa le menuisier.
-Euh... Bah... commencez ou... je sais pas...
-Allez, vas chercher les mesures du cordonnier !
-D'accord !
Le jeune homme sortit en courant. Après s'être perdu trois fois dans les dédales de la ville, il trouva enfin le cordonnier et prit les mesures demandées. Après s'être perdu quatre fois dans les ruelles tortueuses de la cité, Renard rentra rapidement, essoufflé, et débita :
-Six centimètres de rayon...
-Très bien, répondit le menuisier en prenant des notes. Dites-moi, juste, pourquoi diantre voulez-vous un objet de la sorte ?
-Pour repousser les corbeaux, fit Renard sans réfléchir.
-Les corbeaux... Les Mille Corbeaux ? Ils vous embêtent ?
-Oui, beaucoup, ils détiennent la clef que nous voulons.
-Vous... Vous voulez aller chercher le trésor des Mille Corbeaux ?! Mais vous êtes fous !
-Non, pas du tout, grâce à ce « bouclier-miroir », le Soleil qui passera par le trou dans le plafond de la tour se réfléchira et éblouira ces corbeaux. Ainsi, ils ne nous embêteront pas !
-D'accord... Et bien je vous souhaite de réussir. Vous voulez juste la clef en or ?
-Oui, oui.
-Vous allez nous ramener notre trésor ?
-Oui, bien sûr !
-Je compte sur vous. Je vous fais ça tout de suite.
-D'accord, merci beaucoup. Maintenant, il nous faut... De la colle et... De quoi découper ces miroirs.
-On pourrait chercher un carreleur, proposa Paula, il a probablement une machine pour découper son carrelage.
-Oui, très bien vu ! Et pour la colle très forte, on pourra en trouver dans un magasin. Allons-y !
Sur ce, il sortit en courant et balaya les rues de la cité, suivi de Paula et Igor, étonnés de sa vivacité.
Lorsqu'il trouva enfin un carreleur, il était essoufflé. Il lui faudrait contacter l'artisan pour avoir ou non sa participation.
-Bonjour ! fit Renard.
-Bonjour Monsieur que puis-je pour vous ? répondit le carreleur.
-Et bien... j'aurais besoin de votre machine avec laquelle vous découpez les carrelages pour découper... des miroirs. Ça serait possible ?
-Euh... Oui... Dites-moi juste les dimensions que vous voulez. Euh... vous... n'avez pas de miroirs.
-Euh... je les ai... oubliés... chez le menuisier. Bah vous voulez bien ?
-Euh... ça serait quoi comme structure ?
-Une sorte de bouclier pour repousser les corbeaux.
-Les corbeaux ?
-Nous allons aller chercher le trésor des Mille Corbeaux en haut de leur tour afin de retrouver la Clef d'Or.
-Et vous allez faire ça... avec des miroirs ?
-Oui oui la lumière les éblouira et les repoussera loin de nous. C'est possible que vous nous aidiez ?
-Oui bien sûr... Si vous nous ramenez notre trésor, je ne vous demande aucun frais...
-D'accord, merci. Je reviendrai plus tard quand... J'aurai les miroirs et le bois...
-Oui, prenez votre temps !
-Bah justement, pas trop, si le zénith passe, nous n'aurons qu'à attendre demain !
-Ah je comprends, le zénith pour la lumière !
-Oui oui. Je vais chercher la colle. Merci, à tout à l'heure !
Le jeune homme sortit en trombes de l'atelier, cherchant dans les rues un magasin susceptible de vendre de la colle. Il n'avait plus beaucoup de temps s'il ne voulait pas attendre un jour de plus.
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