Chapitre 3
Les montagnes étaient désormais proches. Cela faisait bien deux jours que Renard et son équipe marchaient à travers les landes.
-Tu es sûr qu'on arrivera aux montagnes avant ce soir ? demanda Igor, sceptique.
-Avant ce soir, pas sûr, annonça Renard, mais on a dit trois jour, et là, on a fait deux jours et demi !
-Ah oui c'est vrai, on est partis à midi ! Tu me saoules parfois, tu le sais ?
-Euh... oui...
-Si on ne se couche pas en même temps que le Soleil, proposa Paula, on pourrait arriver aux montagnes et trouver des villages.
-Et quoi encore ? grogna Igor. On va pas marcher sans lumière et le ventre vide tout de même !
-Euh... en parlant de nourriture... commença le jeune homme.
-Quoi ?! tonna Igor, qui ne devinait que trop bien une mauvaise nouvelle.
-Je... il ne reste plus... qu'un sandwich et... un fruit...
-Tu voulais faire le dernier jour tout seul ou quoi ?! gronda le colosse.
-N... Non... j'avais juste... mal compté...
-Tu vas voir, si je compte les baffes que je vais te donner !
Igor levait son poing tandis que Renard se protégeait le visage de ses maigres bras, quand Paula intervint :
-On se le partagera. Ne vous en faites pas. On va manger, et puis on reprendra la route et on dormira au village. Sinon, demain, on sera affamés.
-Bon, d'accord, mais la prochaine fois, je ne confie pas ma nourriture à ce microbe, grogna Igor en saisissant Renard par l'encolure.
-Bon, allez, l'arrêta l'archère. On va continuer de marcher, et quand le Soleil se couchera, on mangera, puis on se remettra en route jusqu'à atteindre un village dans les montagnes. D'accord ?
-Depuis quand c'est toi qui donne les ordres ? demanda Igor.
-Si tu as une bonne idée, tu peux la dire. Et si vous contestez ce que je dis, n'hésitez pas. Normalement, c'est Renard, mais il n'y a pas réellement de chef dans notre groupe. Allez, mettons-nous en marche, si nous voulons atteindre ces montagnes avant la nuit.
Sans répondre, Igor lâcha donc le col de son otage et le trio se remit en route pour les montagnes.
Après une heure, ou peut-être deux, de marche ininterrompue, le Soleil commençait sa longue descente à travers le ciel. Renard partagea donc le sandwich – en veillant à donner le plus gros morceau à Igor – puis avec un couteau que le lutteur avait sur lui, il fit de même avec le fruit.
Après un maigre repas, tous se remirent en route et marchèrent jusqu'à la montagne. Ce fut d'autant plus dur quand le terrain s'inclina de plus en plus sur les courbes de la montagnes. Mais seulement quelques heures après le coucher du Soleil, un village apparut à l'horizon. Le trio s'y dépêcha et découvrit avec joie les murs crépis des maisons.
-Bon, on fait quoi, maintenant, demanda presque gentiment Igor.
-Faudrait qu'on trouve un hôtel ou quelque chose comme ça... répondit Renard.
-On devrait trouver ça, annonça Paula.
Les trois équipiers déambulèrent ainsi dans la ville jusqu'à trouver un bâtiment éclairé qui semblait être une sorte d'auberge.
-Bonsoir, fit une voix.
Les trois équipiers se retournèrent et virent une jeune femme à peine plus vieille que Paula, cheveux bruns attachés dans un chignon et yeux bruns aussi.
-Vous venez pour manger ou pour dormir ? Demanda-t-elle.
-Euh... les deux, répondit Renard.
-D'accord, très bien, entrez.
La jeune femme les fit entrer et asseoir à une table ronde. Elle leur apporta ensuite un repas contre un peu d'argent, puis s'assit en face d'eux. Le service était probablement fini, il n'y avait plus de clients, et la jeune femme n'avait probablement pas grand-chose à faire en attendant la fermeture.
-Ça ne vous dérange pas si je vous pose des questions, juste pour... parler...
-Non, non, pas du tout, répondit Renard, enthousiaste.
-Très bien, tant mieux. Je peux savoir ce que vous faites dans cette ville ?
Renard jeta un coup d'œil à ses camarades, se demandant s'il pouvait parler de leur requête. Paula le devança alors et prit la parole :
-Nous sommes venus chercher une clef.
-Une clef ? Quel type de clef ?
-Une clef unique au monde, qui a de la valeur si je ne me trompe, répondit Renard.
-Ah... Alors vous savez probablement, pour les corbeaux.
-Les... corbeaux ? répéta le jeune homme.
-Oh, vous ne savez pas...
-Expliquez-nous ! Vous pensez qu'on ne peut pas avoir la clef ?
-Malheureusement non... Autrefois, notre village vivait paisiblement, et les corbeaux ne nous faisaient rien. Mais un jour, tous les corbeaux sont venus au village, ont attaqué les habitants et volé tout ce qui contenait de l'or...
-Et donc la clef aussi ? questionna l'animane canidé.
-Oui.
-Et où la trouver ?
-Vous défieriez les corbeaux pour cette clef ?
-Oui, bien sûr !
-Très bien. Aux abords du village, il y a... une sorte de tour. En réalité, c'est comme une sorte de pigeonnier mais... pour les corbeaux. Vous voyez, une sorte de tour ronde, de plus en plus fine vers le haut, avec en bas une porte, et des fenêtres sans vitres tout le long des murs, avec à l'intérieur, un escalier qui monte sur le contour de la tour. En haut, il y a une sorte de pièce je crois, et c'est là que les corbeaux ont mit l'or. Et tout en haut de la tour, là où il pourrait y avoir un toit si ç'avait été une maison, il y a une sorte de trou par où passe la lumière.
-D'accord... Merci beaucoup. Bah... on va dormir et on ira demain ! Qu'en dites-vous ? demanda Renard en se tournant vers ses deux camarades.
-Je pense que ça irait répondit Paula.
-Pas question de partir avant une bonne nuit de sommeil dans un vrai lit, grogna Igor, mais pourquoi attendre plus d'un jour ?
-Oui, après tout, ça ne sont que des corbeaux !
-Mais attendez ! les interrompit la jeune femme. Ce ne sont pas n'importe quels corbeaux ! Vous vous attaquez au mythe des Mille Corbeaux !
-Le... mythe des Mille Corbeaux ? répéta Renard, perplexe.
-Oui. Les Mille Corbeaux ne sont pas des corbeaux ordinaires. Ils ne font pas que croasser en haut des sapins et faire peur aux plus petits. Les Mille Corbeaux sont des corbeaux voraces, qui vous attaqueront au moindre signe de vie, et ne vous lâcheront pas à moins que vous leur donniez de l'or à emmener en haut de leur tour. Mais à quoi bon aller chercher de l'or si c'est pour leur en donner ?
-Hmm... d'accord... fit Renard, réfléchissant.
-Bon, je vais vous laisser manger, je vais faire la vaisselle. Venez me voir dans la cuisine pour avoir votre chambre quand vous aurez fini.
-Très bien, merci, répondit en souriant le jeune homme.
Une fois partie, Renard se remit à manger goulûment, quand Igor le saisit par la peau du cou et le releva.
-Votre chambre ? Nan mais je dors pas dans la même chambre que cet asticot ! Tonna-t-il.
Il le relâcha finalement et le trio finit rapidement son repas avant d'aller retrouver la serveuse dans la cuisine.
-Ah, vous avez fini, sourit-elle en les voyant arriver.
-Oui, répondit Renard. Euh... Est-ce que c'est possible d'avoir... des chambres séparées ?
-Non, je suis vraiment désolée. Nous n'avons pas beaucoup de chambres libres, mais ne vous inquiétez pas, il y a deux lits doubles dans votre chambre.
-Ah... Euh... Ouais... Mais... balbutia Renard qui ne s'imaginait ni dormir avec Igor, ni avec Paula.
-Je suis navrée, nous ne pouvons pas faire autrement. Je comprendrais qu'étant avec votre amis, vous vouliez plus d'intimité avec votre compagne mais...
-Oh mais ça n'est pas ma compagne, corrigea Renard, qui venait de comprendre.
-Ah... d'accord... Mais... de toute manière, je suis désolée, nous n'avons plus d'autre chambre. Suivez-moi.
Elle prit une clef et se dirigea vers l'étage, où étaient les chambres. Elle en ouvrit une et l'indiqua à ses clients.
-Ça vous fera cinquante euros, annonça-t-elle.
Les trois amis sortirent chacun leur porte-monnaie. Igor tendit un billet de dix euros, Paula, un de vingt, et Renard également. Ils rentrèrent alors dans la chambre. Comme annoncé, elle contenait deux lits doubles.
Seul problème : Renard ne pouvait pas dormir avec Paula, pour une question de morale, selon lui, et ne pouvait pas dormir avec Igor, question de survie.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top