Un doux rêve

Mune, perché sur la tête du temple de la lune, admirait tranquillement l'horizon. Il profitait de ce moment de répit dans ses fonctions de gardien de la lune pour se détendre lorsque la créature aux allures de dromadaire croisé avec une girafe perdit brutalement l'équilibre avant de reprendre sa marche dans une direction très éloignée de celle prévue. Le faune bleu, qui avait eu tout le temps de devenir un adulte depuis le vol du soleil, sauta de son perchoir pour atterrir sur le dos du temple, bien plus bas. Mais pourquoi ce truc avait un aussi long cou?! Une fois remis sur ses sabots, Mune fila dans la salle à l'intérieur de la bosse de l'animal pour observer se qui clochait avec les fils dirigeant le temple. Sur place, il put voir deux enfants jouant à se lancer les araignées du temple tel des projectiles. Le gardien comprit le problème en voyant quelques unes de ces boulles de poils aux pieds de l'arbre de cristal où étaient attachés tous les fils. Elles avaient heurté les cordes et engendré un son qui avait perturbé le temple. Mune s'empressa de jouer les notes adéquates pour remettre la créature sur le bon chemin avant de ses retourner vers les deux fauteurs de troubles à l'origine du problème. Loone et Luyanne, les faunes de cire. Une espèce hybride entre le faune lunaire et la bougie vivante. Ils ressemblaient à des faunes lunaires mais leur fourrure avait un aspect translucide et ondulait entre les différents tonds de beige. Les deux pires canailles de la planète... et les enfants de Mune. Faux jumeaux, ils étaient encore plus jeune que leur père le jour ou il était devenu gardien. Et ils continuaient leur cirque alors que la mélodie du temple venait de retentir à vingt mètres à la ronde. Mais comment avait-il pu engendrer des terreurs pareilles?! Il n'était pas si terrible à leur âge. Si? En tout cas, il était temps de mettre fin à cette folie.

-Luyanne! beugla le gardien de la lune. Arrête de lancer les araignées blanches sur ton frère! Ça vaut aussi pour toi, Loone!

-C'est pas ma faute, papa! se défendit le garçon. C'est Luyanne qui a commencé!

-Oh ça va. Arrêtes de brayer. Tu t'amusais aussi et...

-Ça suffit vous deux! s'énerva le père. De toute façon, on est presque qu'arrivés au village de votre grand-père. On va manger tous ensemble avec lui et vôtre mère pendant que les araignées dirigent le temple puis Koroun nous ramène tous les quatre ici. Vous vous conduirez bien. D'accord?

-D'accord, soupirèrent les enfants à l'unisson.
***
Cire, au sommet de la maison de son père, fixait l'horizon en attendant patiemment l'arrivée de son époux et de leur deux enfants lorsque enfin, la nuit apparue à l'horizon. Sa famille n'allait plus trop tarder. La jeune femme se mit à scruter les vastes plaines s'étendant au loin pour voir arriver son marchand de sable et ses deux petits démons. Soudain, sans prévenir, deux longs bras s'enroulèrent autour de sa taille et elle se retrouva plaqué contre un tors qu'elle aurait reconnu entre mille. Sans se libérer de cette douce étreinte, Cire se retourna et embrassa son faune bien aimé tout en entourant ses épaules de ses bras. Ils restèrent ainsi quelques instants avant de se séparer.

-Tu as fait vite, mon chéri.

-Tu serais surprise de la vitesse que peut atteindre Koroun, répondit Mune avec un sourire en coin.

-Je suis contente qu'on puisse manger tous ensemble, souffla la belle bougie.

-D'ailleurs, on devrait commencer avant que les enfants ne rendent ton père complètement fou.

-D'accord, répondit-elle en pouffant de rire. Allons-y.
***
-Mon petit Mune, commença le père de Cire entre deux bouchées de plante diurne, apprendre aux araignées à diriger le temple toutes seules était une idée de génie!

-Merci monsieur, répondit le gardien avant de mordre à pleines dents dans une plante nocturne. Même si je dois avouer qu'elles n'ont pas été faciles à convaincre. Je ne peux pas m'éloigner de la lune pendant plus de six heures.

-Dans ce cas, profitons bien de ton temps. C'est si rare de te voir.

-Papi? lança Loone. Pourquoi t'as mis une torche à côté de ton assiette?

-Ça, répondit Cire à la place de son père, c'est parce que la cire de votre père n'est pas renforcée. Sans la chaleur de sa torche, le froid de la nuit l'aurait gelé il y a déjà plusieurs minutes.

Le repas continua ainsi, dans la bonne humeur, pendant encore un certain temps. Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin.

-Bon, soupira Mune. Je suis désolé de devoir écourter ce beau moment, mais si je ne pars pas dans moins d'une heure, les araignées vont me casser les oreilles toute la semaine.

-D'accord papa, sourit la petite Luyanne. Papi, on s'est bien amusés. À la prochaine.

-Oui. À la prochaine, mes chers petits.
***
Mune et sa bien-aimée regardaient, assis à même le dos du temple, le paysage défiler depuis le rebord de la plateforme où reposaient les anciens gardiens de la lune. Bien calés entre leurs parents, Loone et Luyanne faisaient de magnifiques rêves. Mune le savait mieux que quiconque, il avait lui-même fabriquer le monde où ils évoluaient. Mune et Cire détachèrent leur regard de leurs enfants pour se plonger mutuellement dans les yeux de l'autre.

-On a vraiment une belle vie, n'est-ce pas? murmura la femme bougie en souriant.

-La plus belle de toutes, répondit son mari.

Les amoureux unirent leur lèvres dans doux et tendre baiser. Nul n'aurait cru cela possible, mais ce baiser fut en mesure d'exprimer la force de leur amour.
***
Le jeune gardien ouvrit doucement les yeux et regarda autour de lui. Appuyée sur son épaule, endormie, il pu voir sa tendre Cire, à nouveau dans son corps d'adolescente. Le faune regarda ses propre mains et vit qu'il avait lui aussi retrouvé son corps d'adolescent. Il compris alors avec déception que la journée qu'il venait de vivre n'était malheureusement qu'un doux rêve. Soudain, Cire émergea à son tour du sommeil et leva la tête vers celui qu'elle aimait.

-J'ai fait un drôle de rêve, lui annonça la jeune fille en souriant.

-Moi aussi, répondit le gardien avec le même sourire.

-Je crois qu'on était dans le même rêve.

-Je le crois aussi. Nos enfants étaient merveilleux.

-J'espère de tout cœur que ce rêve se réalisera un jour.

-Je peux te l'assurer. Je suis le maître des rêves après tout, ajouta Mune en riant.

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