Première fois

Avant-propos :

Ce chapitre a été écrit à l'occasion des Petits Défis d'Ecriture - Mai de @MarionVigier que nous remercions chaleureusement. Par contre, nous sommes vraiment désolés, mais ce chapitre est en grande partie hors-sujet (nous n'avons pas eu le temps d'écrire autre chose à la place - donc vraiment, ce n'est pas fameux). Bref...

Warning alert :

Ce chapitre contient des spoilers pour notre roman Yeux verts, yeux de vipère. Nous allons donc profiter de ce moment pour faire un peu de publicité (ça fait toujours du bien) : n'hésitez pas à lire notre première histoire, si vous êtes intéressés !

NB : Nous serons ravis de lire vos avis dans les commentaires, et si vous avez des idées de thèmes ou de sujets liés à nos personnages et que vous aimeriez qu'on traite dans un prochain chapitre, faites-le nous savoir ;-) !

Sur ce, nous vous souhaitons une agréable lecture !

Altaïr, Elnath et Isida

PS : Merci à JamesBetty pour le média !

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Buckingham Palace, le 27 juillet 2019.

- James, je peux te poser une question indiscrète ?

James Windsor, Quatrième Prince d'Angleterre, les cheveux noirs en bataille et les yeux verts émeraude, fêtait en ce jour d'été son anniversaire de seize ans. Pour l'occasion, il avait invité Ginny Windsor, Princesse d'Allemagne (et entre autres sa petite-amie) à séjourner au palais royal pendant deux semaines. Et tous deux reposaient tranquillement sur l'herbe fraîche et verdoyante du parc, à l'ombre d'un grand peuplier.

- Laisse-moi deviner, tu veux savoir la couleur de mon caleçon ? répliqua James avec un grand sourire séducteur.

- Absolument pas, rétorqua froidement la jeune fille l'air légèrement outré. Je me fiche complètement de l'apparence de tes sous-vêtements, moi !

Le prince remarqua qu'elle avait accentué le dernier mot, comme pour lui faire la morale. Son sourire s'élargit d'autant plus. Qu'est-ce qu'elle était mignonne quand elle se fâchait... Le nez en l'air, les sourcils froncés et les bras croisés sur sa poitrine. Il ne regrettait pas d'avoir officialisé la relation qu'il entretenait avec sa cousine depuis un mois déjà. En effet, c'était dans ces moments-là que James se rappelait que le bonheur qu'il vivait aux côtés de Ginny, valait bien plus que toutes les remarques haineuses qui les avaient traités de consanguins...

- J'espérais seulement ne pas être le seul dans cette relation à poser des questions dignes de pervers, plaisanta-t-il de bon cœur. Mais, comme je suis généreux, je vais te faire plaisir, et donc voici ma réponse : aujourd'hui, je porte un caleçon aux couleurs de Gryffondor !

- James !

- Ginny, reprit-il d'une voix trop solennelle pour être vraie, tu es la fille la plus intelligente que je connaisse mais permets-moi de te dire que ce que tu fais est complètement stupide.

- Pardon ?! s'exclama-t-elle moitié incrédule, moitié courroucée.

James lui accorda un immense sourire - goguenard, de toute évidence.

- Eh oui, poupée, si tu veux que j'arrête de me payer ta tête, va falloir trouver un moyen plus efficace que de crier « James ». Je pourrais passer le reste de ma vie à t'écouter répéter mon nom, sans que je ne m'en lasse une seule seconde... susurra-t-il à l'oreille de la princesse avant de déposer un baiser fougueux sur ses lèvres écarlates.

Ginny ne l'embrassa pas en retour, mais James la connaissait trop bien pour se douter que ce n'était que de façade. Il pouvait lire sur le visage perplexe de la jeune fille qu'une lutte acharnée avait lieu dans son esprit : entre son amour pour James qui la suppliait de sauter dans les bras du prince et son orgueil qui refusait catégoriquement de lui pardonner sa plaisanterie. Le quatrième prince émit un petit rire nasal qui fit sortir sa cousine de sa réflexion profonde.

- Tu as bien de la chance que ce soit ton anniversaire, autrement, il aurait été très probable que ta vie s'achève plus tôt que prévu, déclara Ginny, d'un ton cynique.

- C'est gentil de m'épargner.

- J'aimerais te répondre que tout le plaisir est pour moi, mais je préfère attendre la fin des vacances avant de dire des bêtises...

À ces mots, tous deux éclatèrent de rire et mirent quelques minutes avant de se reprendre.

- Bon, je peux te poser ma vraie question indiscrète, maintenant ? demanda Ginny, encore un peu essoufflée.

- Euh... Ouais.

Ginny le regarda droit dans les yeux : James se douta alors que ce qu'elle s'apprêtait à lui dire était très sérieux. Il déglutit... Il n'avait jamais été vraiment très à l'aise avec les questions trop personnelles...

- Pourrais-tu me raconter la première fois que tu es tombé amoureux ?

James tressaillit mais répondit, l'air de rien avec un grand sourire peu naturel :

- C'était une fille de ma classe. Dès que je l'ai rencontrée, bah... Je l'ai détestée. Mais, c'était une petite chanceuse : elle était vraiment très très belle. Et comme tout mec qui se respecte, je juge les femmes sur leur physique et donc elle me plaisait bien. Et puis, vu que ses cheveux dorés étaient assortis aux draps de mon lit, je me suis dit que ce serait dommage de ne pas sortir avec elle. J'ai donc appris à la connaître et finalement, il s'est avéré qu'elle était, ma foi, tout à fait sympathique, et que c'était moi le connard de l'histoire. Résultat : aujourd'hui, cette magnifique jeune fille est allongée sur l'herbe à mes côtés et je suis le plus heureux du monde.

- Je connais très bien cette histoire, répliqua Ginny insensible à la tirade de son cousin. Mais, mathématiquement parlant, étant donné que tu n'es pas asexuel...

- Oh, oui, loin de là ! pouffa-t-il.

- ... c'est impossible que je sois ton premier amour, poursuivit-elle comme si de rien n'était. Je veux que tu sois honnête.

- Très bien, soupira James. J'espère que tu ne seras pas jalouse car l'histoire que je m'apprête à te raconter, c'est mon premier coup de foudre et jamais je ne l'oublierai.

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Buckingham Palace, le 27 juillet 2008.

Cela avait été une très belle journée : le soleil avait brillé au-dessus de Londres et aucun nuage ne s'était aventuré à le dissimuler ; bien au contraire le ciel était resté d'un bleu azur immaculé, jusqu'à ce que le soleil achève sa course éphémère vers neuf heures du soir, prenant alors une jolie couleur bleu foncé, mais dépourvu d'étoiles dans cette ville déjà lumineusement trop polluée, qu'était la capitale Britannique.

James avait fêté son cinquième anniversaire ainsi que celui de ses quadruplés : Alexandre, Luigi et Merlin ; avec toute la grande famille qu'ils étaient, à savoir ses parents, ses deux sœurs, ses oncles, ses tantes, ses nombreux cousins et surtout Harry Windsor, son grand-père de roi qu'il aimait tant. En effet, ils venaient de dîner quelques minutes plus tôt et les quatre jeunes princes avaient été couverts de présents et de cadeaux rivalisant de splendeur. James, du haut de son jeune âge, en était tout particulièrement ravi. Il avait attendu son anniversaire avec impatience durant plusieurs jours, ou même plutôt, de nombreuses semaines : en fait, il avait attendu ce moment pendant un an complet et il devait avouer que ses attentes avaient été très largement comblées.

Le quatrième prince était habitué à recevoir des présents, parfois même sans aucune raison. Donc après tout ce n'était pas cela qui rendait son anniversaire de cinq ans exceptionnel. Non, en réalité, si le jeune garçon était si joyeux c'était bel et bien grâce à la présence de son grand-père parmi les invités. James idolâtrait Harry Windsor et c'était très possiblement la personne au monde à qui il tenait le plus. Toutefois, le roi étant souvent très occupé, il n'était pas rare qu'il s'absente durant les repas de famille et même durant les occasions. D'autre part, le grand-père de James était tombé malade quelques semaines auparavant et à ce moment-là, le petit James avait prié Dieu très fort pour que son héro se rétablisse rapidement et si possible avant le 27 juillet (cela signifiait beaucoup, de la part du quatrième prince d'Angleterre, qui rechignait chaque dimanche à l'heure de la messe royale). Son vœu avait été exaucé et c'était la véritable raison pour laquelle James arborait un sourire digne d'entrer dans le livre Guinness des records.

À présent que la fête était finie, James était allongé sur son lit. La lumière de sa chambre était éteinte et bien qu'il aurait été préférable qu'il soit déjà endormi, le prince était toujours éveillé, se remémorant silencieusement tous les bons moments qu'il avait passés, cette journée-là, regrettant un peu que John Smith, le fils de sa gouvernante, également âgé de cinq ans, n'ait pas été convié.

Soudain, il entendit des bruits de pas feutrés traverser le couloir. Ses petits muscles se tendirent, sa tête se crispa et ses oreilles s'ouvrirent bien grand afin de pouvoir être prévenu par le moindre nouveau bruit suspect. James avait beau affirmer à qui voulait l'entendre qu'il était désormais un grand garçon et que plus rien ne lui faisait peur, pas même le noir et les fantômes ; il devait pourtant bien reconnaître, à présent, qu'il ne se sentait pas en sécurité dans son lit englouti par l'obscurité.

Il crut percevoir de nouveaux petits bruits qui semblaient se rapprocher dangereusement de la porte de sa chambre... James serra sa vieille peluche dans ses bras et se dissimula complètement sous sa couverture. Il était maintenant terrorisé : le jeune prince était certain que la créature qui avançait inexorablement en direction de sa chambre était un monstre. Peut-être même un loup-garou, une momie, ou même un dévoreur d'enfants... Il essaya de stopper son imagination avant qu'il ne soit entièrement prisonnier de la peur mais il était déjà trop tard : James se rappelait la phrase qu'avait dite son oncle Charlie, sur le ton de la plaisanterie, cette après-midi-là :

« - Alors, les garçons, vous n'avez pas peur ?

- Non, pourquoi ? avaient répondu Alexandre, Luigi, Merlin et James en chœur.

- Parce que dès qu'un petit garçon aux cheveux noirs atteint ses cinq ans, la nuit-même de son anniversaire, Jack l'Éventreur s'infiltre dans sa chambre et le dévore tout cru ! Il va avoir du boulot, ce soir ! avait répondu Charles d'une voix mystérieuse.

- De toute façon, je te crois pas oncle Charlie ! Tu racontes toujours des blagues ! »

Et tous les cinq avaient bien rit de cette farce. Pourtant, à présent, le quatrième prince n'était plus du tout sûr que cela soit une invention... Il était terrifié.

Les pas continuèrent de se rapprocher mais James ne pouvait rien faire, il était totalement tétanisé : la peur l'empêchait de se mouvoir. Il aurait bien aimé sortir rapidement de son lit, ouvrir la fenêtre et sortir dans le parc, mais impossible. Chacun de ses muscles refusait de lui obéir.

Il entendit alors la poignée de sa porte tourner et celle-ci commença à s'ouvrir très délicatement... James allait mourir, il le savait, c'était son heure... Le monstre qui avait fait couler autant d'encre que de sang sur l'histoire d'Angleterre, s'apprêtait à rajouter le nom du petit prince dans la liste de ses nombreuses victimes... James était tellement terrorisé, à ce moment précis qu'il aurait souhaité hurler de toute la force de ses poumons...

- C'est vous Jack l'Éventreur ? parvient-il à dire d'une voix aussi faible que tremblante alors qu'il pouvait sentir l'intrus pénétrer discrètement dans sa chambre.

L'individu se mit alors à pouffer silencieusement de rire.

James fronça les sourcils. Le monstre se moquait ouvertement de lui. La colère remplaça alors toute la peur qu'il avait pu éprouver les quelques minutes précédentes.

- Ah non, mais je ne vous permets pas ! s'écria le petit garçon d'une voix énervée, en découvrant sa tête. Et d'abord, c'est même pas drôle ! Vous allez me tuer mais moi, je suis déjà mort de peur !

- Pour ma part, je suis mort de rire...

James reconnut aussitôt la voix qui venait de se faire entendre et son indignation se dissipa sur le champ.

- Papy ?!

- Moins fort, Jamesy, ou Papy l'Éventreur va devoir s'occuper de toi avant que tu ne réveilles tout le palais, répliqua Harry Windsor en un souffle.

James acquiesça silencieusement avant de se rappeler qu'il faisait noir et donc que son très cher grand père était bien incapable de distinguer ses gestes dans l'obscurité.

- Entendu, chuchota-t-il en sortant de son lit. Mais, dis-moi, Papy, tu viens faire quoi ici ?

- Je suis venu pour dévorer un petit garçon aux cheveux noirs en bataille qui vient de fêter son cinquième anniversaire... Miam, miam !

- Très drôle... bouda James, conscient que le roi se jouait de lui une fois de plus.

- Tu ne peux pas savoir à quel point, répliqua ce dernier en s'asseyant nonchalamment sur le lit de son petit-fils.

Il attendit un peu, sans doute un mot du jeune prince. Mais il n'en fut rien. Le roi reprit alors plus sérieusement :

- J'ai prévu une surprise pour toi, ce soir. Mais tes parents ne sont pas au courant : ils n'auraient jamais accepté de toute manière...

À ces mots, le cœur de James se mit à battre plus rapidement sous le coup de l'excitation. Une surprise, vraiment ? Et George et Diane Windsor n'avaient absolument pas donné leur consentement...

- C'est vrai ? demanda joyeusement le prince. Est-ce que c'est dangereux ?

- Affirmatif, votre Altesse !

- Super cool ! s'exclama - du moins, il l'aurait souhaité - James, à voix basse. Hum... J'espère au moins que ce n'est pas une visite privée à Jack l'Éventreur...

- Ha ah, non, je te rassure, répondit le roi. Mais, c'est une aventure tout aussi palpitante que nous allons vivre !

- Et qu'est-ce qu'on risque exactement ? demanda James avec excitation.

- Nous risquons de rencontrer le courroux du redoutable George Windsor si nous sommes pris en flagrant délit, mais pire encore, nous pouvons devenir fous... murmura Harry d'une voix mystérieuse. Alors, James...

Mais le vieux roi s'interrompit en plein milieu de sa phrase et le petit prince comprit pourquoi l'instant d'après : tous deux venaient d'entendre des bruits de pas se diriger vers la porte de James. Ils cessèrent de bouger et de parler tandis que le nouvel individu pénétrait lui aussi dans la pièce...

Qui cela pouvait-il bien être ? Cela ne pouvait pas... Ce n'était sûrement pas...

- Jack l'Éventreur !!! Papy, c'est Jack l'Éventreur ! Il est venu pour me tuer ! s'écria James, terrorisé, sans plus aucune retenue.

- Non, tu crois ? répondit Harry Windsor, à peine plus serein que son petit-fils qui venait de se jeter dans ses bras.

- Mais quels idiots, répliqua une voix de petite fille agacée.

La porte se referma doucement et les quelques candélabres électriques de la pièce s'allumèrent subitement, découvrant à la vue des deux garçons, l'identité de la propriétaire de la petite voix.

- Ah, Ginny, c'est toi... dit le roi, l'air rassuré. Tu nous as bien effrayés !

Ginny, dont le regard sévère était dirigé vers eux, portait un pyjama turquoise, contrastant avec sa longue chevelure blond-roux qui coulait en cascade dans son dos.

- Vous n'avez pas pensé à allumer la lumière ? Cela aurait évité tout ce vacarme, les réprimanda-t-elle d'une voix sérieuse. Et toi, James, sache que Jack l'Éventreur est dans l'impossibilité totale de mettre un pied à Buckingham Palace. Aussi, je te prie de te contrôler la prochaine fois que tu es submergé par une émotion, car tes cris ont perturbé ma lecture.

- Et comment tu peux savoir que Jack l'Éventreur, il mettra pas les pieds ici, d'abord ? rétorqua le garçon, un peu vexé.

- Premièrement, parce qu'il est mort et deuxièmement parce qu'il y a statistiquement moins de quatre-vingt-quinze pour cent de chance que quelqu'un puisse pénétrer ici sans être remarqué. Troisièmement, tu es vraiment stupide d'avoir cru à la blague de l'oncle Charlie.

James lui tira la langue. Il savait pertinemment pourquoi il n'adressait jamais, ou presque, la parole à sa cousine. Pourtant quasiment aussi âgée que lui (elle était d'une quinzaine de jours son aînée), Ginny passait le plus clair de son temps à lire des romans ou il ne savait quelle autre stupidité dont seuls les adultes pouvaient être intéressés alors que lui, James, savait tout juste déchiffrer quelques syllabes. De plus, elle supportait rarement le bruit des autres enfants et se montrait acariâtre avec quiconque osait la perturber durant ses activités intellectuelles. La seule qui lui parlait de temps en temps, c'était Lily, parce qu'elle aimait bien lire également et qu'elle se sentait triste pour la petite princesse solitaire.

- Moins de bruit, je vous prie, ordonna Harry. Autrement, tout mon plan va être mis en échec...

Ginny inclina légèrement la tête et fit une petite révérence, en signe d'approbation. James l'oubliait souvent, mais son grand-père était le roi d'Angleterre. En temps normal, il aurait dû garder ses distances, l'appeler « Majesté », faire des tas de courbettes à droite à gauche : en bref, suivre l'étiquette. Mais, le souverain lui-même se montrait généralement beaucoup trop proche de son petit-fils et donc James avait fini par abandonner les bonnes manières en sa compagnie.

- Papy, c'est quoi ton plan ? demanda le prince.

- T'offrir ta surprise. Mais, avant toute chose, il faut qu'on sorte de ta chambre sans se faire remarquer, répondit le roi. Ginny, pourrais-tu garder le secret, s'il te plaît ?

- Oui...

- Merci infiniment, tu nous sauves la...

- À condition que je puisse vous accompagner, coupa la jeune fille avec une pointe de détermination dans la voix.

- Je vois qu'on a ici affaire à une fine négociatrice, complimenta Harry, légèrement perplexe. C'est d'accord, tu as le droit de nous accompagner, James et moi. Après tout, tu es assez grande, tu as cinq ans toi aussi...

- Eh bien, c'est entendu, conclut Ginny, très satisfaite.

- Ne perdons pas plus de temps, reprit le roi avec enthousiasme. James, Ginny, êtes-vous prêts à vous lancer dans une aventure qui marquera le restant de vos jours ?

- Et comment !!! acquiescèrent les deux enfants en chœur.

- Très bien, dans ce cas, suivez-moi.

Et Harry Windsor sortit de la pièce, les deux enfants sur ses talons, en prenant bien soin d'éteindre la lumière au passage. Ils traversèrent ensuite sur la pointe des pieds les nombreux couloirs du palais jusqu'à atteindre une grande salle remplie de fauteuils moelleux, recouverts par un tissu en velours rouge. Les sièges faisaient face à un immense écran blanc encadré par deux enceintes sonores. Quelques petites ampoules en hauteur éclairaient faiblement la salle, plongeant les trois nouveaux venus dans une douce et rassurante pénombre. Cette pièce était totalement étrangère à James qui ne se rappelait pas y avoir déjà mis les pieds.

- Wow ! dit-il admiratif. C'est quoi cette salle ?

Le jeune prince remarqua qu'étrangement, sa voix ne résonna pas dans toute la pièce, pourtant spacieuse et quasiment vide. Peut-être était-ce grâce à la moquette noire qui avait était disposée aussi bien sur le sol que sur les murs et le plafond...

- C'est la Salle de Projection, répondit le roi. Considère que c'est notre salle de cinéma privée : c'est ici que les membres de notre famille se rendent pour voir un film.

- Ça veut dire qu'on va juste regarder un film ? en déduit James, la mine déçue.

- Oui... Mais, ce n'est pas n'importe quel film, avertit son grand-père. C'est le film le plus dangereux qu'il ne m'ait jamais été donné de voir...

- Ah bon ! Pourquoi ? questionnèrent les deux enfants avides et impressionnés à la fois.

- Parce que c'est un film maudit. Tout individu qui est témoin de l'histoire qu'il raconte sera condamné à en devenir complètement fou : il ne se lassera jamais de ce récit... murmura Harry Windsor en un souffle. Moi-même, je n'ai pu y résister...

James regarda son grand-père avec fascination. Il n'avait jamais entendu parlé d'une telle histoire. Quel film, quel long-métrage pouvait bien hypnotiser ses spectateurs à tel point qu'ils ne puissent se détacher de ce qu'ils avaient vu, les rendant désespérément fous ?

Il ne savait pas si c'était l'effet escompté par le roi, mais le cœur du petit prince s'était à nouveau remis à battre avec plus d'intensité, comme c'était le cas lorsqu'il s'apprêtait à vivre une aventure risquée. Il savait qu'il devait regarder ce film, et ce jusqu'au bout, mais... Mais si cette malédiction était bel et bien réelle ? Et s'il sombrait dans la folie ? Il avait à peine cinq ans...

Pourtant, il ne pouvait envisager que son grand-père bien-aimé puisse mettre en danger sa santé mentale ainsi que celle de sa cousine, uniquement pour le plaisir... Après tout, Harry Windsor se permettait souvent quelques plaisanteries, notamment avec James. Ce dernier en convint alors qu'il ne devait y avoir aucun risque.

Après quelques instants de silence, Ginny prit finalement la parole :

- Pourrions-nous connaître le titre de ce film ? demanda-t-elle d'une voix assez suspicieuse.

- Harry Potter and the Philosopher's Stone.

Ginny et James écarquillèrent les yeux en même temps. Ce nom leur était familier, et pour cause...

- Attends, mais c'est pas le même Happy Rotter qu'elle lit Ginny ? questionna James.

- Si, répliqua-t-elle. C'est exactement le même titre.

James se souvenait très bien où il avait lu ce nom pour la première fois : il était inscrit sur le livre que Ginny lisait, à peine une semaine auparavant. Le petit prince, intrigué par la couverture très colorée de la chose qu'elle tenait entre ses mains, lui avait demandé ce qu'elle lisait. Ginny, d'une voix quelque peu dédaigneuse, lui avait répondu rapidement que c'était Harry Potter, avant de replonger dans sa lecture, comme aspirée par le livre. James s'était alors vexé du peu de considération que sa cousine lui avait témoigné et donc pour se venger s'était moqué du titre de l'œuvre en la rebaptisant « Happy Rotter ».

- Alors, vous voulez quand même le voir ? demanda leur grand-père.

- Oui, avec plaisir ! s'exclama Ginny, à présent ravie.

- Ouais... répondit James à son tour. De toute façon, si c'est vraiment Happy Rotter, je suis sûr que la malédiction, eh bah, elle marchera pas sur moi !

- C'est ce qu'on verra ! accepta Harry avec un clin d'œil pour son petit-fils. Installez-vous, je vais mettre le film en route.

Et il sortit de la pièce, les laissant seuls, face à face. Ils se regardèrent un instant dans les yeux. Puis, Ginny rougit et détourna la tête comme si de rien n'était. James en fit de même. Finalement, ils se déplacèrent parmi les rangées de fauteuils bien rembourrés pour choisir deux places au centre de la salle, séparées par un siège qu'ils réservaient pour leur grand-père.

James rompit alors le silence :

- Dis, Ginny, toi, tu y crois à cette malédiction ? demanda-t-il, très sérieux.

- C'est difficile à dire... Disons que je ne pense pas vraiment que ce soit un sortilège... Pour moi, c'est plutôt une question de logique...

Et sur ces paroles mystérieuses, la jeune fille se tut, et se mit à contempler le plafond, l'air subitement songeuse. James la regarda avec un mélange d'admiration et de curiosité. Que pouvait-elle bien penser ? Il était de notoriété publique au sein de la famille royale que Ginny était plus intelligente que la moyenne : du haut de ses cinq ans, la princesse savait étonnamment lire avec autant de clarté que cela était possible ; elle parlait couramment les trois langues européennes les plus utilisées, à savoir, l'anglais, l'allemand et le français ; et possédait des compétences en algèbre dont James, qui était pourtant doué pour son âge en mathématiques, ignorait l'existence.

Le prince aurait voulu, l'histoire de quelques minutes, pouvoir lire dans l'esprit énigmatique de sa cousine... À la place, il scruta attentivement le visage de la princesse : celui-ci était d'un blanc de lait, pourvu de quelques taches de rousseur. Elle possédait de grands yeux verts, un petit nez et de fines lèvres roses. Ses cheveux dorés étaient extrêmement longs, un peu ondulés, à l'image d'une cascade d'or liquide qui se déverserait sur les frêles épaules de la fillette. James devait avouer qu'il la trouvait très jolie (selon lui, c'était même la plus belle de ses cousines) et ce n'était pas la première fois d'ailleurs qu'il s'était mis à contempler son visage d'ange. En effet, quand il l'apercevait en train de lire, il était souvent envouté par le charme de Ginny et avait du mal à s'en détacher. Il avait déjà essayé à plusieurs reprises de sympathiser avec la jeune fille afin de devenir son ami, mais suite à ses réponses souvent brèves et peu chaleureuses, James s'était résolu à abandonner son idée de départ et devait à présent se contenter de l'observer de loin.

Peut-être qu'ils deviendraient amis après cette petite aventure ?

Harry Windsor pénétra à nouveau dans la Salle de Projection et prit place entre ses deux petits-enfants.

- Soyez attentifs, le film commence ! chuchota-t-il avec entrain alors que les ampoules au-dessus de leurs têtes s'éteignaient complètement et qu'on pouvait entendre une petite musique mystérieuse provenant des deux enceintes.

L'écran blanc s'était coloré, laissant apparaître les immenses initiales dorées de la Warner Bros. Celles-ci s'estompèrent pour laisser place à un petit écriteau indiquant « Privet Drive », positionné en plein milieu d'une ruelle, faiblement éclairée par quelques lampadaires, dans la nuit sombre et sur lequel une chouette brune était perchée. Un vieil homme fit également son entrée à l'écran. Il avait tout l'air d'un magicien, songea James : son visage était couvert de rides ; il possédait une chevelure ainsi qu'une barbe argentées d'une incroyable longueur. L'homme était vêtu d'une longue robe et d'un chapeau pointu. Il marcha un peu dans l'allée, puis s'arrêta en chemin et sortit une espèce de briquet argenté de sa poche qu'il tendit en direction des lampadaires afin d'aspirer leur lumière et chacun d'eux s'éteignit un à un. James n'avait plus de doute : le vieil homme était bel et bien un sorcier.

Ce dernier rangea le briquet puis se tourna dans la direction d'un chat rayé pour lui adresser quelques mots avant qu'il ne prenne la forme d'une sorcière toute vêtue de vert et à la mine sévère. Le prince esquissa un « wow » muet, impressionné par la transformation du prétendu félin.

Le sorcier et la sorcière se mirent à discuter sombrement et James parvint à les identifier, en se jurant de retenir leurs noms : il s'agissait respectivement du « Professeur Dumbledore » et du « Professeur McGonagall ». Les deux personnages poursuivirent leur dialogue tout en parcourant l'allée entourée de maisonnettes. Quand soudainement, une moto volante chevauchée par un gros bonhomme barbu fit une descente en fanfare, avant d'atterrir juste devant les deux sorciers. Le géant quitta sa moto tout en saluant les deux autres protagonistes. Étonnamment, il semblait tenir un paquet assez volumineux dans ses bras... Le paquet s'avéra être en fait un bébé, que le géant confia au vieillard.

Le Professeur Dumbledore déposa alors le bébé emmailloté dans un tas de couvertures juste sur le perron d'une des maisonnettes tandis que le Professeur McGonagall semblait vouloir l'en dissuader. La musique fut alors un peu plus triste et les yeux du géant dénommé « Hagrid » ainsi que ceux de la sorcière-chat devinrent humides. James dû résister à l'émotion qui le submergeait pour éviter de pleurer. Il était désormais un grand garçon, et les grands garçons ne pleuraient jamais, encore moins lors d'un film, aussi émouvant soit-il. De l'autre côté de Harry Windsor, Ginny avait été vaincue par les larmes et James pouvait entendre qu'elle s'efforçait de rester silencieuse.

Mais, l'attention de James fut retenue par une lettre déposée par Dumbledore sur les couvertures du nourrisson et sur laquelle on pouvait lire : « Mr. and Mrs. V. Dursley, 4 Privet Drive, Little Whinging, Surrey ». La musique s'intensifia alors, plus présente que jamais et le vieux sorcier prononça ces mots : « Good luck, Harry Potter ».

La caméra se rapprocha alors inexorablement du bébé. Sur son front, on pouvait distinguer une large cicatrice brune en forme d'éclair. Celle-ci se mit à étinceler, avant de laisser place au générique du film : un « Harry Potter and the Philosopher's Stone » en grosses lettres dorées parmi un ciel noir d'orage, accompagné d'une musique inspirant sorcellerie et mystères.

- C'est un bon début, n'est-ce pas ? commenta le roi avec satisfaction, tandis que le film commençait pour de bon, avec un Harry Potter âgé d'environ dix ans.

James ne répondit pas. Il savait qu'il était trop tard, à présent pour faire marche arrière. Le petit prince était pris au piège, comme aspiré par l'histoire, ne pouvant plus détacher son attention du film...

Durant toute la projection, James ne dit pas mot : son visage esquissait silencieusement mille et une réactions à mesure que l'intrigue se déroulait. On aurait pu croire qu'il était devenu muet, lui le petit garçon d'ordinaire très bavard... Il n'écouta même pas les remarques et les critiques que Ginny et son grand-père, qui avaient lu le livre, faisaient concernant l'adaptation, trop absorbé par l'histoire. C'était une première.

Et lorsque le long-métrage s'acheva enfin, James resta encore quelques instants dans son fauteuil, sans bouger, comme paralysé. Dans sa tête, des milliers de pensées tourbillonnaient en même temps, et toutes concernaient directement Harry Potter.

- Je trouve que c'est une très bonne adaptation du livre, déclara finalement Ginny. Les effets spéciaux sont incroyables, les décors sont magnifiques et la musique est fabuleuse. Je crois bien que je pourrais le revoir des centaines de fois sans m'en lasser !

- Je vous avais bien dit que ce film était dangereux ! plaisant Harry de bon cœur.

- Papy, dit James d'une voix rocailleuse après n'avoir pas été utilisée pendant deux heures. C'est la plus belle surprise que j'ai jamais eue ! Merci infiniment !!!

Et le jeune prince se jeta dans les bras de son grand-père, à présent ravi par la situation.

- Eh bien, mon grand, je suis heureux que cela te fasse autant plaisir...

- Dis, Papy, est-ce qu'il y a une suite ? demanda-t-il ensuite avec enthousiasme. C'est obligé qu'il y en ait une ! Voldemort s'est enfui, il est même pas mort !

- Ha ah ! Bien sûr qu'il y a une suite, il y a même les quatre épisodes suivants qui sont déjà sortis, répondit Harry Windsor. Warner Bros va en produire encore deux autres et le suivant sortira l'année prochaine.

- Oui, approuva Ginny, c'est parce que l'auteur J.K. Rowling a déjà publié toute la saga et celle-ci comprend très exactement sept tomes.

- Wow ! Moi, je suis sûr que Harry Potter c'est dans la vraie vie ! L'auteur a dû simplement raconter l'histoire dans un livre ! répliqua James, convaincu par ses propos. Sinon comment est-ce qu'ils auraient pu filmer Harry, Ron et Hermione à Poudlard en train de faire de la magie ?

- C'est évident, non ? rétorqua la princesse. Ils ont pris des acteurs, ont réalisé un tas d'effets spéciaux et de décors pour tourner le film.

- Moi, j'm'en fiche ! De toute façon, je suis persuadé qu'Harry Potter, il existe en vrai ! C'est juste qu'on est des moldus, c'est pour ça qu'on peut pas voir la magie, expliqua James avec ardeur. Papy ? Tu crois que je recevrai une lettre pour aller à Poudlard, moi aussi ?

Ginny plaqua une main exaspérée contre son front tandis que le roi se mit à rire de bon cœur, avant de répondre aimablement à son petit-fils :

- Peut-être bien, je ne sais pas, Jamesy.

Mais James se rappela d'une chose et toute la joie qu'il avait ressentie disparut sur le champ, remplacée par de l'angoisse :

- Mais... Papy... C'est impossible qu'ils m'acceptent à Poudlard : je n'ai jamais pratiqué de magie...

- Et c'est tout à fait normal, même pour un petit sorcier de cinq ans, répliqua Harry avec un grand sourire. Écoute, je suis un spécialiste de Harry Potter : j'ai dévoré de la première à la dernière page chacun des sept livres de Rowling et je peux te garantir, que pour la plupart des jeunes sorciers, les premières traces de magie ne font leur apparition qu'à l'approche de leurs sept ans. Alors, ne t'en fais pas : tu as le temps...

James sourit à son tour, à présent rassuré.

- Et peut-être que Ginny sera admise à Poudlard avec moi... Ce serait vraiment cool...

- Ne te fais pas trop d'imaginations, James, grommela la princesse. Nous sommes très probablement des enfants comme les autres...

- Non, coupa le roi avec bienveillance. S'il y a une chose que vous devez avoir en tête, tous les deux, c'est que vous êtes loin d'être des enfants normaux. Vous êtes très spéciaux...

Brusquement, quelqu'un entra dans la Salle de Projection. Harry, James et Ginny firent volte-face et découvrirent la silhouette furieuse d'un George Windsor en robe de chambre.

- Mais qu'est-ce que vous faîtes ici, tous les trois, à une heure pareille ?! gronda le père de James.

- Oh, bonsoir, George ! dit le roi avec malice. J'étais en train d'offrir son cadeau à ton fils. Le pauvre garçon ne connaît toujours pas les plaisirs cinématographiques, je l'y ai donc initié. Et cette chère Ginny a tenu à nous accompagner.

- Voyons, Père, cela est tout à fait déraisonnable ! La cloche va bientôt sonner minuit et vous n'avez rien de mieux à faire que de réveiller ces enfants ? J'espère au moins que le film était adapté à leur âge...

- Il n'est jamais trop tard pour regarder Harry Potter, George, répliqua le roi.

- C'est donc cela que vous leur avez montré ? Père, êtes-vous donc inconscient à ce point ? s'exclama George Windsor avec exaspération. Une histoire de sorcellerie avec un mort à chaque épisode, pensez-vous réellement que ce film est adapté à des enfants de cinq ans ?

- Ce n'était que le premier tome, et entre nous, il est beaucoup plus joyeux que ses successeurs. De toute manière, si c'est la mort qui t'effraie, George, sache qu'elle viendra tôt ou tard frapper à la porte de James et Ginny. Et lorsqu'ils perdront un proche, il faudra alors qu'ils aient connaissance de ce qu'est la mort pour pouvoir l'accepter... Je pense que Harry Potter est une bonne leçon en ce sens.

George Windsor resta sans voix durant un bref instant. Ses sourcils se froncèrent légèrement et une ride traversa son front. Il semblait étrangement perplexe...

- Vous êtes assurément le roi d'Angleterre, mais James est mon fils, reprit-il d'une voix obséquieusement fausse. Aussi, je vous prie, mon Père, de bien vouloir cesser de lui faire regarder Harry Potter, et il en va de même avec Alexandre, Luigi, Merlin et également Ludivine et Judith. Ils pourront voir ces films lorsqu'ils seront un peu plus âgés.

- C'est entendu, accepta Harry avec néanmoins, un grand sourire, tandis que James au contraire, arborait une mine dépitée.

- Je vous remercie de votre compréhension.

George effectua une légère révérence avant de s'adresser aux deux enfants :

- Ginny, James, suivez-moi, je vous prie : je vais vous raccompagner dans vos chambres.

Tous deux s'exécutèrent après avoir réalisé un petit geste de la main en direction de leur grand-père et ils sortirent finalement de la Salle de Projection pour regagner chacun leur pièce respective. Le père de James leur ordonna de se coucher rapidement et se rendit lui-même dans sa chambre conjugale.

James se faufila sous les draps de son lit et éteignit la lumière. Pourtant, et malgré l'heure tardive, le prince n'avait pas du tout sommeil. Son esprit était concentré sur Harry Potter. Aussi, il passa le reste de la nuit à ressasser en boucle les meilleures scènes du film ou tenta de répondre aux questions qu'il se posait quant à la suite de l'histoire. Harry Potter avait définitivement conquis le cœur de James Windsor...

Finalement, son grand-père avait eu raison : le film était enchanté et James, comme tous les malheureux qui avaient été trop curieux de connaître l'histoire qu'il contait, en était tombé follement amoureux.

Le lendemain, quand sa gouvernante vint pour le réveiller, elle fut frappée de constater que le petit prince était déjà debout, et encore plus étonnant, qu'il avait un visage creusé de cernes et le teint plutôt pâle. On aurait presque dit un mort-vivant. Elle s'inquiéta un peu pour lui, pensant que le pauvre gamin devait être malade, quoiqu'ils se trouvèrent en plein été. Toutefois, James la rassura en lui affirmant que tout allait bien avant d'avaler le petit-déjeuner qu'elle lui avait apporté.

Une fois qu'il eut terminé son repas, à contrecœur, James descendit dans le parc pour rejoindre ses cousins et ses frères à l'endroit où ils jouaient. Cependant, il ne se mêla pas aux jeux et avança plutôt en direction d'un vieux peuplier sous lequel Ginny était assise. Cette dernière tenait un livre épais dans ses mains et semblait absorbée dans sa lecture - de Harry Potter, évidemment.

- Salut ! dit-il en s'asseyant aux côtés de la jeune fille.

Ginny décrocha son regard de son livre.

- Bonjour, James ! Permets-moi de te dire que tu as une mine épouvantable, répondit-elle d'une voix un peu plus chaleureuse que d'ordinaire.

- Ça, c'est à cause de la malédiction de Harry Potter, grommela le prince. Je n'ai pas réussi à détacher une seule fois mes pensées de cette histoire durant toute la nuit... Papy avait raison...

- Ne dis pas de sottises... rétorqua Ginny qui, paradoxalement, était replongée dans sa lecture.

Il réprima un fou-rire avant de se recentrer sur son but : ce pourquoi il était ici.

- Ginny, tu pourrais me raconter la suite, s'il te plaît ? Mon Papa ne veut pas que je regarde les autres Harry Potter...

- Certainement pas ! refusa-t-elle immédiatement. Ce serait du gâchis ! Si tu veux connaître l'histoire, il vaut mieux que tu lises les livres par toi-même.

- Mais, c'est impossible ! Je sais à peine déchiffrer quelques syllabes et les Harry Potter sont hyper gros ! s'exclama le prince en pointant du doigt l'épaisseur du livre qu'elle tenait.

- Je pense avoir la solution... dit une voix derrière eux.

James et Ginny firent volte-face : Harry Windsor s'était faufilé jusqu'à leur arbre et avait surpris leur discussion.

- Papy ! s'écria James ravi, en sautant dans les bras du vieux roi. C'est quoi ta solution ?

- C'est moi qui vais te lire Harry Potter.

- Mais... Tu penses que Papa sera d'accord ? demanda James peu convaincu.

- Assurément pas ! répliqua joyeusement Harry. C'est pourquoi, nous tâcherons de ne pas lui dévoiler toute la vérité : tu n'auras qu'à lui dire que je te raconte une histoire - ce qui n'est pas faux en soit.

- Merci, Papy ! Tu es vraiment mon héro... Avec Harry Potter... s'exclama le petit garçon.

- Ah, je vois que la malédiction s'est abattue sur toi. Tu es complètement fou de Harry Potter ! constata le roi avec un léger amusement. Ginny, si tu veux, tu pourras venir également pendant que je lis l'histoire, si jamais, cela t'intéresse.

- Merci, c'est bien aimable, répondit joyeusement Ginny.

Harry Windsor s'installa alors entre eux et sortit un livre de sa poche qu'il ouvrit à la première page. Puis il se mit à lire :

- « Mr et Mrs Dursley, qui habitaient au 4, Privet Drive, avaient toujours affirmé avec la plus grande fierté qu'ils étaient parfaitement normaux, merci pour eux... »

Il avait ensuite poursuivi la lecture du premier chapitre du premier tome ainsi que ceux qui suivirent.

Et depuis ce jour, Harry Windsor avait passé son temps libre à raconter l'histoire du jeune sorcier à son petit-fils (et de temps en temps à Ginny). Il ne s'était pas passé un jour sans que James ne prononce les mots « Harry Potter », exaspérant au passage la grande majorité de son entourage.

Le soir de son anniversaire de cinq ans, le Quatrième Prince d'Angleterre avait eu un coup de foudre, comme si l'éclair sur le front du petit sorcier s'était abattu sur lui. C'était son premier amour, et James ne l'oublierai jamais...

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Buckingham Palace, le 27 juillet 2019.

- After all this time ? demanda Ginny, à la fois amusée et émue, dans un anglais parfait.

- Always, dit James.

Tous deux demeurèrent silencieux pendant plus d'une minute, contemplant les feuilles du peuplier qui les abritait, valser au gré du vent.

- Putain, il est vachement beau cet arbre ! Perso, j'ai toujours adoré l'été... T'es pas de mon avis ? finit-il par dire, réellement impressionné par la beauté de la nature.

Ginny gloussa, sûrement surprise par le changement de ton de la conversation.

- Alors comme ça, ton premier amour c'est Harry Potter... Plutôt original...

- Je sais que ça peut en étonner certains, mais je suis tout de suite tombé sous le charme de cet univers magique, de ses personnages bons ou mauvais, de son message... De tout... répondit le prince avec passion.

- Cela nous fait un point commun supplémentaire, dans ce cas, ajouta Ginny, un grand sourire aux lèvres qui se métamorphosa rapidement en un délicat baiser sur la joue de son cousin.

- Chouette ! Faudrait songer à proposer à Harry de faire un plan à trois, si jamais on le croise. Ça pourrait être sympa, du coup ! plaisanta James.

Ginny pouffa de rire une fois de plus avant de répliquer :

- Impossible : je mourrais de jalousie ! Tu me délaisserais totalement pour passer tout ton temps avec Harry !

- Mouais... Enfin, tu conserveras tout de même un avantage sur lui : Harry a beau être mon premier amour, il lui manquera toujours quelque chose... Enfin... Non... C'est surtout qu'il a un truc indésirable en plus... Et des trucs désirables en moins... Si tu vois ce que je veux dire... balbutia-t-il embarrassé, en se passant une main à l'arrière de son crâne, comme il le faisait toujours dans ces moments-là.

- En bref, tu es hétéro, quoi.

- Pas à cent pour cent, mais, oui, voilà, c'est bien résumé, approuva-t-il. Dis, Ginny, je sais que ça n'a rien avoir ou presque, mais est-ce que je pourrais te poser une question indiscrète ?

- Si c'est pour savoir la couleur de mes sous-vêtements, tu peux toujours aller te faire voir, rétorqua-t-elle avec une sérénité surprenante.

James esquissa un sourire : c'était du pur Ginny, comme il la connaissait.

- Enfin ! dit le prince en feignant la déception. Je ne vois pas du tout ce qui te fais dire que j'allais poser cette question...

- Mais bien sûr.

James la regarda alors droit dans les yeux avec un regard séducteur dont il avait le secret. Ginny lui adressa un grand sourire - celui-là même qui était collé sur son visage lorsqu'elle lui murmurait des « je t'aime » d'une voix amoureuse et passionnée.

- Je souhaitais juste savoir si tu voulais qu'on regarde Harry Potter ensemble ce soir. Comme au bon vieux temps...

- Avec grand plaisir, James, répondit la princesse d'une voix suave.

- Tu peux répéter, s'il te plaît ? sourit le garçon.

- Avec grand plaisir, James...

Et ils s'embrassèrent langoureusement, sous le vieux peuplier, celui-là-même, qui des années auparavant, avait été témoin de leur première fois.

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