Il ne se souvenait plus exactement comment il était arrivé là. Enfin, si, en réalité, il le savait parfaitement.
Il s'était rendu à la voie 9¾ et après avoir emprunté le Poudlard express, lui et les autres élèves avaient pris des barques sur un lac aussi noir que de l'encre.
Le château se dessinait alors à l'horizon, massif et distant. L'appréhension lui avait vriller l'estomac et s'il n'avait pas sauté le petit déjeuner, il l'aurait probablement répandu lors de la traversée.

À présent, le grand hall d'entrée captait son attention. Des torches éclairaient les lieux mais la pièce tout en pierre restait bien sombre. Un courant d'air froid lui fit froid dans le dos.

Un homme cria quelque mots et la cinquantaine d'élèves avança sans prononcer un mot. Graham les suivit à contrecœur le long de l'escalier de marbre. Il ne pouvait nier être content de quitter cet endroit lugubre.

Malgré tout, la perspective de se retrouver dans la salle du banquet le rendait nerveux.

Il entreprit seulement d'observer les autres élèves. Beaucoup paraissaient un peu perdu, la tête rentrée et le dos voûté. Plusieurs gardaient contenance en serrant les poings et levant la tête fièrement tandis que les autres s'émerveillaient devant le décor gothique.

Leur guide était un vieil homme voûté doté de rares cheveux filasses et gras. Une canne en bois brute l'aidait à se mouvoir tandis qu'il grognait quelques mots inintelligibles. Les élèves du premier rang durent entendre puisqu'ils entrèrent par rang de deux dans une salle au proportion encore plus impressionnante que le hall d'entrée.

Quand vint le tour de Draham de rentrer -sans personne à ses côtés, étant donné leur nombre impair – il vit quatre très longues tables lui faisant face. Des centaines de personnes y étaient installées et tous les regards se braquaient sur eux, les petits nouveaux de Poudlard. Le garçon pouvait déceler dans leurs yeux des interrogations à leur égard. Qui iraient dans leur maison ? Gagneront-ils la coupe des maisons cette année ?

– Hé, salut.

Albus lui adressa un sourire timide et il lui rendit nerveusement.

– Salut, répondit Graham.

– Tu ne stresses pas trop ? lui demanda-t-il.

– Si. Je ne sais pas du tout où va m'envoyer le choixpeau magique. J'ai lu l'histoire de Poudlard en entier et pourtant j'ai l'impression de ne pas savoir ce que je fais ici. Je ne sais même pas si je suis vraiment un sorcier !

– Si tu n'en étais pas un, tu n'aurais pas reçu de convocation.

Graham réfléchit un instant à ces mots qui le rassurèrent malgré tout.

– J'aimerais être à Gryffondor comme mon père, lança nerveusement Albus. J'ai tellement peur de finir à Serpentard... tous les sorciers ayant mal tournés étaient à Serpentard.

– Tu sais, il y a aussi des gens très bien qui étaient à Serpentard.

– Comment tu peux savoir ça ? Ah, laisse moi deviner, l'histoire de Poudlard ?

– Exact.

– Tu me fais penser à la meilleure amie de mon père. Elle était à Gryffondor.

– J'irais peut-être là-bas, alors.

– Cool, on sera peut-être ensemble.

La directrice invita la salle à faire le silence. Elle était coiffée d'un chapeau pointu en cuir et d'une robe en velours d'une somptueuse couleur émeraude.

– Chers élèves, je suis ravie de vous convier à partager une nouvelle année au sein de cette école. Ces dernières années, Poudlard a subit de tristes sorts et sa reconstruction est à présent complètement achevée. La destruction matérielle a été importante et l'organisation de Poudlard a connu un renouveau. 

La directrice fit s'installer un silence théâtral avant de reprendre son discours :

- Des plans vous seront distribués afin que vous puissiez trouver vos salles. Seules les salles communes de votre maison ne sont pas indiquées alors pour les premières années, veillez à bien mémoriser le chemin quand les préfets vous y amèneront ! Sur ce, je vais laisser le Choixpeau vous réciter quelques vers sur ce qui deviendra votre nouvelle famille et votre nouveau foyer : les quatre maisons de Poudlard.

– Mhmmpf...

Le choixpeau sembla se réveiller et commença à chantonner sa tirade de l'année qui commençait :

Calme et sérénité
Régneront cette année.
Être solidaires vous devrez
Afin de les préserver.

L'Aigle devra éclairer
D'intelligence et sagesse
Les érudites difficultés
Pour trouver leurs faiblesses
Par son érudition Serdaigle détiendra la clef.

Le Serpent devra être rusé
Diriger avec fierté et noblesse
Les règles seront détournées
Pour que la grandeur naisse
Serpentard saura la bonne direction à emprunter.

Le Griffon devra montrer
Bravoure, force et hardiesse.
Son courage saura récompenser
Toutes ses promesses.
Par sa détermination Gryffondor saura tout affronter

Le Blaireau devra briller
En réalisant une prouesse.
La justice viendra régner
Avec tolérance et gentillesse
Par sa patience Poufsouffle saura tous les unifier.

Etudiant vous devrez trouver
La maison qui sera votre foyer
Pour un temps déterminé.
Le compte à rebours a commencé
Pour les premiers et derniers arrivés.

Le choixpeau reprit son souffle un instant et Graham écoutait le silence théâtral des gens abasourdis. La salle s'imprégnait d'interrogations et des brefs chuchotements reprirent lentement. 

– Je rêve ou son discours n'est pas très rassurant ? On dirait qu'il vient d'annoncer l'apocalypse...

– Ouais... Mais bon, il paraît que c'est comme ça tous les ans.

Albus se tut quand le choixpeau reprit la parole d'une forte voix rauque :

– Jimmy Abbot !

Le garçon aux cheveux noisettes n'eut pas le temps de poser le choixpeau sur sa tête qu'il s'écria : Gryffondor. Trois autres personnes furent bientôt réparties. Les deux premiers allèrent à Serpentard. La troisième resta un moment record sur le tabouret, le drôle de chapeau lui recouvrant à moitié les yeux.

Ce dernier marmonnait des paroles inaudibles mais le choixpeau désigna enfin sa maison. La jeune blonde alla nonchalamment rejoindre Poufsouffle sous les acclamations de sa maison.

– Graham Dursley !

– Oui.

Il s'avança jusqu'au tabouret branlant où le couvre-chef l'attendait. Son appel l'avait prit au dépourvu, tout captivé qu'il était par la jeune fille qui semblait si peu soucieuse de ce qui l'entourait. Il approchait sa main du drôle d'objet animé en se demandant s'il pouvait mordre.

– Non, je ne mords pas, lui dit-il tandis qu'il le posait sur sa tête. Ça alors, dans quelle maison vais-je te mettre ?

– C'est à vous de me le dire, il me semble, murmura-il.

– Je n'ai jamais vu ça... décidément cette année est bien difficile !

– Envoyez-moi n'importe où, pourquoi pas Gryffondor, proposa Graham à tout hasard, repensant aux paroles d'Albus.

– Oui... Tu possèdes certes une grande hardiesse mais tu n'en es pas courageux pour autant.

– Alors... vous pensez à Serpentard ?

– Tu as des rêves de grandeur mais tu te ferais écraser d'indifférence dans cette maison.

– Alors quoi ? Poufsouffle ? Il paraît que cette maison accepte tous ceux qui n'ont pas de place ailleurs. Au moins, je serais à ma place là-bas si je ne suis fait pour rien !

Il avait élevé la voix et baissait la tête, honteux, fuyant les regards des élèves qui le fixaient d'un drôle d'air. Cela faisait plus d'une minute qu'il était assis sur ce tabouret bancal et le choixpeau lui donnait chaud.

Que faisait-il ici ? Aucune maison ne pouvait l'accueillir, allait-il devoir se rendre dans un lycée publique ennuyeux à mourir en pleurant sur son existence comme tous les adolescents de son âge ?

L'idée de quitter la salle du banquet traversa son esprit et il se leva d'un bond, déterminé à faire un esclandre.

– Serdaigle, grommela le choixpeau. Tu as l'intelligence et l'érudition en ta possession. Il te manque la sagesse mais... ma foi, la sagesse se dompte avec l'âge. Ta réaction me prouve que tu es fait pour cette maison, ce soupçon de folie et créativité...

– Alors... murmura-il, un trémolo dans la voix.

– SERDAIGLE, cria le choixpeau une seconde fois à l'assistance.

La table Serdaigle se mit à applaudir bruyamment et se levèrent pour l'accueillir. Il s'installa tout au bout de table, le plus loin possible des autres. Cela ne les empêchèrent pas de venir lui poser inlassablement tout un lot de questions. Il répondit rapidement, sans détour.

Non, il ne savait pas pourquoi le choixpeau avait mis si longtemps, oui il était content d'être ici, non il n'avait rien de particulier. Les têtes défilaient encore sous le choixpeau mais il n'écoutait qu'à moitié, étant affamé. Ses yeux fixaient le vide depuis un moment quand il aperçut que la jeune Poufsouffle blonde le fixait avec amusement.

Graham rattachait son attention à la répartition des premières années. Il ne restait que quelques personnes à classer.

– Scorpius Malefoy, Serpentard.
Albus Potter, Serpentard.

Il éprouvait un pincement au cœur en entendant qu'Albus avait atterri à Serpentard, lui qui rêvait d'aller à Gryffondor.

– Lysander Scamander, Poufsouffle.
Tyler Wilson, Serdaigle. 

– La cérémonie de répartition est à présent terminée, annonça alors la directrice dans sa robe émeraude. Je vous souhaite un agréable repas et remercions les elfes de maison pour leur excellent travail de ce soir. Sur ce, bon appétit.

La directrice frappa des mains et des victuailles recouvrirent les tables. Il y avait des dindes farcies aux herbes, des tartes colorées, de la charcuterie en forme de paon et une montagne de muffins tous plus alléchants les uns que les autres avec leur glaçage aux couleurs pastelles.

De ravissantes cruches en cristal contenaient divers boissons : une orangée semblait un peu épaisse et une autre ressemblant étrangement à de la bière -était-ce légal de donner ce genre de boisson aux mineurs ? 

– Salut, je peux m'asseoir là ? demanda le dernier arrivé des Serdaigles. Je m'appelle Tyler, précisa-t-il.

– Oui vas-y.

Graham fouillait frénétiquement la salle du regard avant de lancer un désespérant :

– Mais... il n'y a pas d'eau ?

Aussitôt, des cruches supplémentaires apparurent par magie sur les tablées dont une juste devant lui. Son premier réflexe a été de dire merci, bien que les elfes de maison ne puissent l'entendre des cuisines. Quoi que...

– Bah, tu devrais goûter le jus de citrouille, c'est drôlement bon ! lança son voisin de table tout en se servant une généreuse rasade de ladite boisson.

Son nez se retroussa légèrement mais il goûta ce met étranger. Il en avala deux gorgées avant de se rendre à l'évidence : c'était bon. Mais son voisin ne le fera pas changer ses habitudes, il buvait de l'eau pendant les repas.

Mais bien des habitudes finissaient par changer au sein de cette académie, Graham en avait bien conscience.