🦉 CINQUIÈME CHOUETTE 🦉

Il retraversa le chemin de traverse dans le sens inverse qu'à son arrivée, passa par le chaudron baveur sans s'y attarder et se retrouva dans la rue Charing Cross Road. Quand il sortit du bus à l'arrêt près de chez lui, il avait l'esprit embrumé.

Il remarqua à peine sa sœur qui l'insultait d'être partit sans avoir prévenu leur père. Après tout, il était rentré sans encombre et avant l'arrivée de leur père. Il n'aurait pu faire mieux. Il eut même une petite satisfaction quand sa sœur l'empoigna méchamment et qu'elle se retrouva prise de violents éternuements. Graham remercia intérieurement les poils de chats et s'engouffra dans sa chambre.

Il s'installa confortablement sur son lit et tira son sac à dos sur ses genoux. Il avait l'impression étrange d'avoir seulement rêvé sa journée. Mais son sac à dos ouvert lui prouvait le contraire.

Il saisit sa baguette magique entre ses mains, comme s'il s'agissait d'un trésor -mais s'en était bien un- il l'avait vu à l'œuvre et s'imaginait déjà les prodiges qu'il pourrait accomplir à son tour. Sous ses doigts, le bois était rugueux et sa baguette n'était pas vraiment droite mais cela lui était égal. Il sentait le lien qui s'était créé entre lui et cette baguette dès l'instant où il l'avait tenu dans ses mains, dans la boutique tenue par un vieillard.

Il avait apprit qu'il avait été l'apprenti d'Ollivander, l'ancien propriétaire de la boutique. Il se mit à feuilleter quelques uns de ses livres et commença leur lecture.

Le premier mois des vacances d'été passa rapidement, remplit de lecture et de magie. Il avait lu l'Histoire de Poudlard et devait connaître son histoire mieux que la plupart des élèves. Il avait également appris qui étaient les Potter dont le célèbre Harry Potter, le père d'Albus et James, ainsi que ce qu'il avait accomplit lors de la Grande Guerre.

Graham bailla à s'en décrocher la mâchoire. Il venait d'achever le dernier des livres qu'il avait acheté -il ne comptait pas les manuels scolaires qu'il avait surtout feuilleté car il ne connaissait pas la plupart des termes. Il envisagea alors de retourner s'acheter quelques ouvrages supplémentaires pour mieux comprendre comment fonctionnait le monde magique. Sa décision fut prise en un instant. Il mit son sac à dos, compta le reste de ces pièces d'or -il ne lui en restait pas beaucoup.

- Papa... Je vais aller au centre ville, m'acheter des livres. Ce serait possible d'avoir un peu d'argent ?

- Tu auras ton argent de poche d'ici une semaine, grommela son père. Bon... Je te le donnerais en avance à condition que tu t'asseyes. Nous voulons te parler, ta mère et moi.

- Euh... d'accord.

- Voilà, tu as reçu ta lettre d'admission au collège privé où étudient Elyse et Pierre.

- Quoi ? Mais je vous ai dit que je ne veux pas aller là-bas...

- Mais ton éducation est importante !

- Je vais juste coller la honte sur la famille, c'est vraiment ce que vous voulez ?

Ses parents se consultèrent du regard, ils hochèrent la tête, concluant la conversation muette qu'ils venaient d'avoir. Graham aurait été impressionné s'il ne se doutait pas déjà qu'ils avaient tout bonnement débutés cette conversation bien avant son arrivée.

Ils n'ajoutèrent rien et acceptèrent de mauvaises grâces de lui verser son argent de poche. Ils lui donnèrent même le double, prétextant qu'il devait profiter de la fin des vacances. Graham eut l'étrange sensation d'avoir été soudoyé pour le rendre plus docile mais il accepta tout de même les billets. Il possédait à présent cinquante livres sterling et en remercia ses parents.

Il gravit les escaliers rapidement et saisit son sac à dos. Il avait vidé son contenu dans le fond du tiroir de sa grosse armoire pour le cacher. Il espérait que personne ne viendrait fouiller à cet endroit. Il envisageait de trouver un livre avec un sortilège qui lui permettra d'être le seul à pouvoir ouvrir son armoire à Fleury & Bott. En attendant, la seule précaution qu'il put prendre fut de recouvrir ses affaires de sorcier de vieux vêtements qu'il plia consciencieusement - il ne voulait pas risquer que sa mère veuille les plier.

Graham aurait pu simplement les garder dans son sac-à-dos car il y avait bien assez de place et cela ne pèserait presque rien. Mais il ne voulait pas retourner aux magasins du chemin de traverse avec des objets préalablement achetés : cette situation lui avait déjà valut d'être traité de voleur par des agents de sécurité bornés. Pourtant, Graham n'avait rien d'un voleur.

Quand le jeune homme sortit du bus sur Charing Cross Road, il avait retrouvé son aplomb habituel. Cette fois-ci, il entra sans hésitation au Chaudron Baveur, le traversant pour attendre son arrière-cour.

Il sortit sa baguette -le seul objet qu'il avait conservé de ses achats‒ et tapota le code sur le mur de briques qui s'ouvrit en deux dans le raclement rauque des pierres. Il remercia intérieurement son excellente mémoire en s'avançant sur le chemin de traverse. Il fonça directement à Fleury & Bott sans prendre le temps d'observer les vitrines surchargées des boutiques.

Il lui restait moins de quatre Gallions en plus de quelques Mornilles et d'encore plus de Noises qui ne valaient pas grand chose, aussi il se dirigea vers le rayon des livres d'occasion. Il savait qu'il avait de l'argent moldu à reconvertir mais il voulait économiser : qui sait de quoi il aurait besoin ?

Il parcourut les étagères et se dégotta une douzaine d'ouvrages. Tous semblaient cornés et tâchés mais il s'en moquait. Il avait choisit quelques livres de base sur les sortilèges, la botanique et les créatures du monde des sorciers mais aussi sur l'histoire de la magie.

Ces livres ne lui coûtèrent que deux Gallions, quatre Mornilles et douze Noises, mais cela représentaient presque tout ce qui lui restait. Il fila sans tarder à Gringotts pour échanger son argent moldu récemment acquis. Il se dirigea auprès du même Gobelin que le mois précédent mais il ne dû signer qu'un seul document cette fois-ci.

Le vieux Gobelin lui lança un regard dédaigneux et grimaça de ses dents pointues. Sa peau paraissait si fripée qu'il paraissait avoir plus de deux cents ans. Son aspect le surprenait encore, bien qu'il parvienne mieux à le dissimuler.

Graham prit la petite pile de pièces d'or d'une valeur de dix Gallions et remercia le Gobelin. Par la suite, Graham se dépêcha de quitter la banque à pas de loup. Ce lieu lui donnait la chair de poule. Il prit alors le temps de vagabonder sur le chemin de traverse en parcourant des yeux les vitrines surchargées d'objets en tout genre. Il dut se contrôler pour ne pas dépenser toutes ses pièces d'or en farces et attrapes ou en confiseries farfelues.

Il parvint à la ménagerie magique et s'interrompit un instant pour observer les différentes espèces qui y étaient vendues. Graham observa les chouettes et les hiboux entassés dans des cages étroites à l'extérieur de la boutique. Il nota l'absence de la chouette aux yeux jaunes.

Il avait appris au cours du mois grâce à quelques recherches sur le web qu'il s'agissait d'une chouette chevêchette. Son absence le prit au dépourvu et la dame de la boutique s'en aperçue à travers la vitre.

- Ah, vous cherchez un hibou ou une chouette Monsieur ?

- Non, je ne cherche rien de particulier.

- Allons donc, pourquoi vous en passer ? Venez donc voir à l'intérieur !

- Je suis venu le mois dernier déjà.

- Alors, il n'est pas trop tard pour te trouver un compagnon.

Graham la suivit de mauvaises grâces car il connaissait l'insistance incessante de la vendeuse. Il laissa les chats se frotter contre ses jambes et écoutait distraitement le croassement des crapauds dans leurs vivariums.

Une fois de plus, son regard accrocha celui du chat gris. Ce dernier tenait une posture d'immobilité comme il en avait l'habitude. Graham s'en approchait avec lenteur avec l'envie de sonder l'étrange félin. Le chat semblait à son tour sonder le garçon mais il ne céda pas et avança droit sur lui à rythme régulier.

Le félin s'étirait, feignant ne pas l'avoir remarqué. Il finit par se tourner vers le nouveau venu, trop curieux pour y résister.

Graham lui tendit sa main qu'il renifla avec distance. Puis il mordilla son index, lui offrit une léchouille et quémanda des gratouilles dans son cou. Graham le caressa, s'émerveillant du ronronnement qu'il produisait. Ce pouvait sembler absurde mais c'était la première fois qu'il expérimentait une telle expérience. Depuis sa plus tendre enfance, sa famille s'était tenue éloignée des animaux à fourrure.

- Oh, c'est étonnant. D'habitude il ne supporte pas les contacts physiques. Il doit beaucoup vous apprécier ! La vendeuse siffla d'admiration.

Graham se demanda si elle disait la vérité, elle semblait prête à tout pour vendre sa marchandise. Mais il la vit s'approcher d'un peu trop près du bleu russe qui lui rappela en lui soufflant dessus tout en retroussant ses babines. La dame recula de trois pas et Graham compris qu'elle n'avait pas exagéré.

- Je dois vous avouer que je n'ai jamais vraiment côtoyé de chats. Je ne sais pas m'en occuper. Je ne pense vraiment pas pouvoir prendre ce chat.

Le chat gris miaula en protestant, de ses yeux d'un bleu brillant.

- Tu sais, il existe pas mal de livres qui parlent de comment s'occuper d'un chat si jamais ça t'intéresse. Tu habites en appartement ?

- Non, dans une banlieue.

Il ne savait pas pourquoi il continuait de lui répondre, mais ce fut plus fort que lui : ce chat l'obnubilait.

- Dans ce cas, il y a de fortes chances qu'il passe une grande partie de son temps dehors. A Poudlard, les chats sont autorisés et vivent leur vie par eux-mêmes. Pour la nourriture, ce qu'il faut donner, quelle quantité et à quel moment, le matériel à avoir. Tu peux tout apprendre dans des livres. Passes donc à Fleury&Bott, ils en ont des tonnes.

- Le vrai problème, voyez-vous, ce sont les allergies. Certaines personnes de ma famille ont de graves allergies aux animaux à fourrure. Ils n'accepteront jamais de prendre un chat sous leur toit.

- J'ai la solution parfaite pour toi. Regarde.

Elle lui tendit une fiole rosâtre et épaisse.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Une potion à faire boire au chat qui rend ses poils inoffensifs pour les humains.

- Vous voulez dire...

- Oui, les poils de votre chat ne seront pas un problème. La potion est garantie, une seule injection à votre animal et en une heure, l'effet est complet. Je peux le faire ici-même, précisa-t-elle, bonne vendeuse qu'elle était. Si ta famille est réticence, force-leur la main les premiers jours, quand ils verront qu'il n'y a pas de problème, ils adopteront ce chat aussi bien que toi.

Une fois encore, l'esprit rationnel du garçon l'empêcha de céder à ses pulsions. Il avait très envie d'adopter un animal, de ne plus être seul. Mais être responsable d'un être vivant demandait plus que de l'amour, il lui fallait du confort et des soins particuliers.

- Si je me souviens bien, le chat coûte 10 Gallions, or c'est presque tout ce qu'il me reste. Je n'aurais pas assez pour une caisse, la litière, la nourriture et la potion.

Il eut l'impression qu'un grand froid se déversait sur lui quand il dévoila cette vérité.

La vendeuse savait que ce chat caractériel n'avait que peu de chance de se faire vendre : il crachait sur tous ses clients, détestait tout le monde, elle comprise.

D'ailleurs, il avait même fait fuir plusieurs clients potentiels, elle en était certaine. Si elle savait quelque chose, c'était que l'animal ne lui manquerait pas et qu'il serait mieux ailleurs qu'ici, même s'il ne lui reportait pas grand-chose.

Graham s'apprêtait déjà à repartir après avoir fixé le chat d'un œil avide. Le désir de possession ne l'avait jamais envoûté mais il perdait contenance devant un être aussi autoritaire et indépendant qu'était un chat. Ce chat.

- Attendez, cria la vendeuse avant qu'il ne passe la porte.

Il se retourna, empli d'espoir.

- Je peux faire un petit geste. Le prix du Chat peu baissé, il ne vous coûtera que 7 Gallions. Je peux vous fournir une caisse d'occasion. Avec la litière et les croquettes, en rajoutant la potion, cela fera... 9 Gallions, 2 Mornilles et 8 Noises. Auriez-vous assez ? Cela vous laissera assez pour acheter un livre d'occasion à propos des chats, lui lança-t-elle avec un clin d'œil. Je peux vous prêter une caisse de transport également. Un hibou pourra passer la récupérer en fin de journée à votre domicile.

- Ce serait parfait, merci beaucoup !

- C'est un plaisir. Et toi, Le Chat, veille sur ce petit.

Graham eut à peine le temps de donner son argent à la dame que la porte de la boutique s'ouvrit dans un tintement de clochette. Deux nouveaux clients entrèrent et firent s'élever un sourire à Graham.

- Salut vous deux, lança joyeusement Graham.

- Oh, ben ça alors, je ne me serais pas attendu à te voir ici, s'écria James. Je t'aurais plus vu chez le libraire.

- Ne ris pas mais j'y suis déjà allé tout à l'heure. Et j'allais m'y rendre de nouveau.

- Encore une fois ?

- Oui, je dois trouver un nouveau livre.

Albus donna sa chatte à la vendeuse pour qu'elle lance un sort de stérilisation. Graham désigna le chat gris qui se collait à ses mollets et l'intérêt d'Albus fut gagner.

- Ouah, c'est un Bleu Russe ?

- Oui, je viens de l'acheter et je voulais un livre pour m'en occuper convenablement.

- Si tu veux, on en a plusieurs à la maison. Ils datent un peu car ils nous ont été donnés par des amis mais ils ont été utiles. Maintenant, ils ne nous servent plus vraiment.

- Mais... tu es vraiment sûr ?

- Evidemment. Tu penses pouvoir venir ? On prend le Magicobus, ça ne devrait prendre que quelques minutes de trajet. Tu pourras même le prendre pour rentrer chez toi après.

- Pourquoi pas, oui, merci infiniment !

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