Quel auteur êtes-vous ? (1/2)

Pour cette activité d'écriture, nos chers adeptes se sont vus poser l'épineuse (ou pas) question : "Quel auteur êtes-vous ?" À charge pour eux de développer selon l'angle qui leur convenait...

Voici leur participation :


Quel auteur suis-je ?

Vaste question. Déjà, je me suis posée LA question : est-ce que je me qualifie seulement d'auteur ? Pour moi, un auteur est quelqu'un de reconnu comme tel par la société. Un auteur est aussi quelqu'un qui a du talent. Je ne suis pas Rowling, Legardinier, Werber, Chattam... J'ai même du mal à dire à mes proches que j'écris. Bon, je commence, mais timidement. J'ai tellement peur qu'ils me lisent, qu'ils me jugent (il faut dire que je n'écris pas des histoires de bisounours, ahem), qu'ils trouvent mes histoires sans grand intérêt et me disent que je perds mon temps.

Eh bien, Cécile Duquenne écrit dans une de ses lettres quotidiennes : « On peut avoir peur de ne pas mériter le titre d'auteur, comme si c'était une récompense qui venait confirmer et consacrer quelque chose, comme si nous n'étions et ne serions jamais assez...

(exactement ce que je ressens)

Seulement, un écrivain est une personne qui écrit, et un écrivain professionnel est une personne qui a fait de la compétence écriture une spécialité ou son métier. »

Je suis donc un écrivain, un auteur. Wahou ! Je trouve que ça en jette de dire ça.

Partant de là, reprenons.

Pourquoi ai-je commencé à écrire ?

Tout d'abord, j'écris pour le plaisir, et pour sortir tout ce que j'ai dans la tête (et mon Dieu, ça foisonne, là-haut). Parfois, lorsque je rumine, quand quelque chose me chagrine, j'extirpe ma tristesse avec des mots, en nouvelle, en poésie, ou simplement sur un document qui restera privé.

J'ai commencé à écrire quand j'étais au collège (il y a à peine quelques années, ahem). Je noircissais d'encre des pages et des pages de cahiers, à m'en faire mal à la main, mais je les ai malheureusement perdus. J'avais même terminé deux histoires (l'un de mes OS en est d'ailleurs inspiré, « Le manoir d'Agrat ») et l'autre histoire a survécu, je l'avais imprimé et, en rangeant mes cartons, je l'ai retrouvée ! Bon, la forme fait couler des larmes de sang sur mon visage, mais le fond a encore du potentiel. Un jour, peut-être, je la reprendrai.

Une amie me commandait aussi quelques histoires d'amour où je la mettais en scène avec son béguin du moment. J'adorais inventer des histoires pour les autres, j'avais, et j'ai toujours, une imagination débordante (parfois un peu trop).

Puis la vie lycéenne, étudiante, active, de maman, a fait que je n'ai pas continué. J'ai vaqué à d'autres occupations extra-scolaires et extra-travail.

C'est seulement durant l'été 2020, où j'ai regardé (englouti) les 328 épisodes de l'animé « Fairy Tail », presque d'affilée, que l'envie d'écrire m'a repris. Je cherchais des informations sur le manga et je suis tombé sur des fanfictions (je ne savais même pas que ça existait), dont la plupart étaient en ligne sur Wattpad (grosse découverte, si j'avais eu ça à l'époque...). J'ai commencé à en lire beaucoup, et je me suis dit que je m'y mettrais bien aussi. J'avais quelques idées d'histoires avec des personnages originaux pour combler le manque que j'ai ressenti dans cet animé pour ado (en gros, il manquait les bisous et plus si affinités). J'ai surtout vu l'intérêt de la plateforme : pouvoir faire lire ce que j'écris à de parfaits inconnus (pour certains plus si inconnus que ça) et avoir un retour. C'est comme ça que j'ai appris que j'écris plutôt bien. En tout cas, mes histoires plaisent aux lecteurs qui me suivent. Et c'est super motivant pour continuer.

Alors, comment mes idées d'histoires arrivent-elles ?

Je ne sais pas pour vous, mais j'ai toujours imaginé des films dans ma tête, souvent lorsque je vais me coucher, et ce, depuis toute petite. Je ne vous raconte pas le nombre de stars avec qui j'ai (batifolé) vécu des aventures. Petite, j'étais la voisine des Hanson (mais si, les Hanson, le groupe de trois frangins qui chantaient MMMBop), je m'imaginais aussi vivre des histoires d'amour avec les garçons que je n'osais pas aborder. Plus vieille (tousse), je me suis transportée aux côtés de Nikola Tesla, le gentleman mi-humain mi-vampire de Sanctuary, de Daryl dans The Walking Dead, de Matthew Murdock dans la série Daredevil (Charlie Cox, sache que je t'aime) et, l'an dernier, aux côtés des personnages fictifs de Fairy Tail. Ah, il s'en est passé des choses dans ma tête avec toutes ces inventions.

Que se passe-t-il quand j'écris ?

Lorsque je pose mes mots sur papier (enfin clavier, maintenant), je me sens bien et prise de frénésie, j'ai beaucoup de mal à m'arrêter. Je ressens une certaine excitation, parfois un peu d'incertitude. Je me pose beaucoup de questions aussi. Mon histoire va-t-elle plaire ? Est-ce que j'en fais trop ? Pas assez ? Les lecteurs vont-ils réussir à se plonger dedans ? Ai-je bien décrit chaque passage et émotion ressentie ? J'ai toujours l'appréhension d'être lue, de ce que vont penser les gens, parce que quand j'écris, c'est une part de moi que je dévoile.

Comment est-ce que j'écris ?

J'écris comme ça me vient, je ne planifie rien, je ne fais pas de plan précis. Et, selon l'histoire, je mets plus ou moins de temps à l'écrire, c'est selon l'inspiration. Mes chapitres se construisent en « mode puzzle », il est rare que j'écrive tout d'une traite. Je jette les idées en vrac, parfois un paragraphe, parfois juste une phrase qui me vient. Ensuite, je relie le tout (ce qui n'est pas toujours évident). Il arrive aussi que ce que je pensais mettre dans un paragraphe finisse dans un autre, parce qu'à force de relier, j'ai atteint la moyenne de mots que je me fixe pour une lecture agréable sur Wattpad.

J'aime être réaliste dans mes histoires, c'est pour ça que je me documente beaucoup. Je peux passer un temps fou sur Google Map ou Google Earth pour trouver LA rue où habitera mon personnage, les rues qu'il traversera, la route qu'il prendra (le temps de trajet qu'il lui faudra pour se rendre d'un point A à un point B...), et tout ce qu'il y aura à voir autour. Pour ma fanfiction Daredevil, je me suis documentée sur les gangs aux États-Unis, pour choisir Chicago. J'ai même regardé un documentaire sur le sujet ! Dans Bonnie Highlands, j'aborde la Fashion Week, j'ai donc passé du temps à faire des recherches sur le sujet. Et pour certaines choses qui arrivent à mes personnages (chut, je ne dirais rien ici, l'histoire n'est pas terminée au moment où j'écris), j'ai épluché plusieurs sujets pour être bien calée. Je ne vous raconte pas l'état de mon historique de recherches sur Internet !

Je puise aussi dans mon vécu, je m'inspire de ce que je ressens. Je mets mes émotions à nues et, parfois, ça fait flipper.

J'écris surtout partout, tout le temps (enfin, quand j'ai un moment de répit). Je rédige mes textes sur un Google Doc dans le Drive, ce qui fait que j'emporte mes histoires avec moi, du moment que j'ai de la connexion. Je peux écrire sur ordinateur, mais aussi sur mon smartphone, ainsi, je ne perds jamais une idée. Il est vrai que je pourrais la griffonner sur un cahier, mais des fois une idée devient vite un paragraphe, après il faudrait que je réécrive sur ordinateur et, franchement, faire deux fois la même chose, j'ai la flemme.

J'écris toujours en musique. Selon l'histoire sur laquelle je suis, selon le passage où j'arrive, il y a toujours une musique qui correspond. Pour les moments poignants, je suis plus sur du rock comme Incubus, Three Days Grace... Les chansons et mélodies qui te tordent le cœur. Pour mon roman Bonnie Highlands, je vais écouter Chrvches la majorité du temps, Fallulah pour certains moment plus intimes. Pour ma nouvelle dans un univers de pirates, j'ai évidemment écouté la bande originale de Pirates des Caraïbes, le tout est d'être dans la bonne ambiance.

Ai-je un genre d'histoire ?

J'ai un genre de prédilection : la romance, qu'elle soit dans une fanfiction ou une création originale contemporaine, dans une longue histoire ou dans une nouvelle. Ce que j'aime avec les nouvelles, c'est que je peux faire de la romance, tout en l'incorporant dans un autre genre. Ainsi, je me suis essayée au fantastique.

Alors, en fin de compte, quel auteur suis-je ?

Je suis donc une auteure de romance. Mais il est vrai, aussi, qu'on peut me qualifier d'auteure de romance érotique. Cette partie-là, autant, je l'assume avec mon pseudo, autant, j'ai du mal à en parler à mon entourage.

Cécile D. disait, dans une autre lettre : « Être lu par nos proches, c'est toujours beaucoup plus stressant et angoissant que d'être lu par de parfaits inconnus. Ils nous connaissent, et donc ils savent (ou croient savoir) lire en nous comme dans un livre ouvert. Et ça, c'est terrifiant, car c'est un niveau d'intimité que nous ne sommes pas toujours prêts à partager. »

Je plussoie. Dans mes textes, je me dévoile, j'y mets une part de moi, de mes sentiments, de mon vécu, une bonne partie de mes fantasmes. Certains de mes proches reconnaîtront une facette de moi, un moment de ma vie, ou me découvriront sous une autre facette, et tout cela sera sujet à interprétation. Alors, oui, ça me fait peur. Mes histoires sont mon jardin secret, c'est pourquoi je ne pense pas que je serai un jour capable de les publier sous mon vrai nom, car je veux choisir qui lit en moi.

Bref, je suis auteur.

_hypnose

Brûler des heures.

...

S'il fallait décrire les scènes défilant dans mon esprit, s'il fallait les imager, s'il fallait expliquer le processus de création par lequel chemine ma prose et se dessinent mes personnages ; bienvenue dans la personnification de la pièce principale de l'immense habitation de mon Imagination, dont la charmante compagne n'est autre que mon Inspiration.

...

Vive et brûlante comme un feu de forêt, Inspiration que rien n'arrête. Elle court à vive allure, comme s'il fallait tout vivre, maintenant de peur que le temps ne la foudroie de rides et de vieillesse. Il faut exister dans l'immédiat mais exister dans le plus absolu des bonheurs. Elle refuse les pleurs mais pourtant, elles coulent souvent et tâchent régulièrement les joues et les plis des vêtements.

Elle refuse la colère mais rien ne l'empêche parfois d'hurler et de cracher le poison de ses mots qui trouvent leur muse dans la mélancolie refoulée. Pourléchant un rêve d'enfant, passionnée du 5ème art, elle s'est disloquée dans le monde bien rude de la poésie et des livres, elle s'est perdue avec passion dans des personnages découverts, dans des vies parallèles, qui ne seront jamais les siennes, dans des histoires profondes. Et à ses côtés, Imagination fleurissait.

Ce soir, le lyrisme est inspiré par les flots discontinus d'une fontaine de Jouvence teintée de liqueur. Les éphèbes charment, dansent presque sur le rythme alangui d'une vieille musique rappelant un rite mystique, slalomant entre les corps qui s'affrontent et se percutent durement. Une guerre de l'érotisme, du charme et de la grâce que l'on abandonne du bout des lèvres et des langues de serpents.

Et l'agneau se perd dans ce nid de reptiles aux yeux pers qui perçoivent déjà le prochain sacrifice qu'ils entameront. Douce porcelaine aux veines bleutées, cuisses lézardées de résilles, soie pourpre à l'ourlet flirtant dangereusement avec les limites de la dentelle à peine dissimulée, reins creusés et dévoilés par l'absence de matière, l'enchanteresse est habillée de provocation. Elle, l'innocente Pandore ayant apporté sa jarre de péchés. Entre ses doigts flottent le cancer et l'hépatite, les rires sonnent ivres et charmeurs, ricochant contre des palabres peu sincères.

L'Imagination leur sourit, de cette esquisse d'angelot perdu, quand l'obscurité des prunelles, où les étoiles ne cessent jamais de brûler, conte une autre histoire loin de la maigre chasteté dont font preuves ses lèvres dénuées de futiles artifices. Sous les néons orangés d'un luminaire accroché au plafond veiné de craquelures, les visages de personnages inventés s'illuminent, s'assombrissent et les ombres jouent des moindres mouvements, peignant la laideur, cachant les vices ou les glorifiant davantage. Tout n'est qu'un jeu de facette, d'ombre et de lumière, de Bien et de Mal. L'Enfer côtoyant le Paradis, s'y confondant jusqu'à n'être plus qu'un imbroglio de paradoxes colorés.

La maudite est pourtant amère ce soir. L'Auteure, la porte de sortie, ne trouve pas le temps, l'envie, de déverser dans sa réalité les mots que son Imagination lui dicte d'écrire. L'Inspiration est, ce soir, absente. Alors l'être n'est effleuré que par le désir infernal qui erre dans les moindres dédales du corps, frustrée comme ces muses que leurs peintres ne regardent plus, s'égarant là où elle pourra trouver la perdition. Les cuisses sont légères, couvant l'ire chaleureuse et marécageuse de son ventre creux, les couloirs brumeux plus jamais visités par les plus curieux, par la reine des lieux, par ces âmes de passages qui refusent de hanter l'immense château abandonné que cette Imagination est devenue pour une nuit.

Comme une fatalité, elle détourne ses yeux de ces personnages blafards ce soir, qui lui font face, cherchant avidement son Inspiration dans la masse informe des corps qui s'alimentent à la médiocrité, les reins contre le dossier d'un canapé devenu soudain miteux, les doigts faisant craquer le plastique d'un gobelet presque vide, comme se craquelle le cœur fragile de ne pas la percevoir ni la sentir. Troisième ou dixième verre, elle peine à s'en souvenir. D'ailleurs qu'importe, elle s'enivrera jusqu'à l'anesthésie finale, se piquer pour le grand bal où elle finira prostrée dans un coin de cette salle.

Il fait toujours trop austère loin des mains de la reine, l'Inspiration, comme si la tristesse se drapait alors d'audace pour venir l'étreindre au plus mauvais moment. Solitude terrible, c'est dans les moindres prunelles scrutées qu'elle la recherche en une sempiternelle quête qui ne trouve nulle fin. L'Inspiration, virtuose aux doigts élégants, elle a apprit par cœur à jouer des cordes de l'instrument fragile qu'est ce bout d'Imagination battant sous les ergs timides que la soie pourpre couvre avec peine. Ses traits que l'enfance n'a pas quitté jouent des yeux qui la scrutent, fondant sur la chair pâle exposée comme un bijou insaisissable.

Partout où passe la malheureuse, elle se met à sa recherche, ne respirant qu'à moitié, fleur fanée voyant les autres âmes éclore contre les murs. Épineuses, toxiques, carnivores, les autres se dévorent quand elle demeure timidement immobile, comme une mauvaise herbe que seule la vermine viendra visiter. Les paupières brûlent quand le manque la percute, un poing enragé plongeant dans le creux de ses entrailles. Tremblements du cœur et du corps, on dit son nom mais elle ne l'entend déjà plus, les yeux aveugles arpentant le vide, gommant les traits des insignifiants pour ne trouver qu'elle, une gorgée amère venant noyer ce titre gravé sur sa langue, qu'elle ne peut que décimer en rime, soupir, gémissement, plainte et sanglot, arc-en-ciel tragique et érotique.

Bien sûr, elle ne trouve rien et la maladie du désespoir la pousse à revenir observer ces êtres sans importance. Car eux aussi ne sont rien, de la poussière dans le grenier de l'esprit de l'Auteure où l'écho effroyable de la solitude revient, où les idées s'entassent et ne veulent plus rien dire. Alors comme tout n'a plus de sens cette nuit, elle leur sourit, pour rien, pour tout, pour pas grand-chose. De ses paupières qui s'alourdissent d'un charme vipérin, elle quémande une condamnation à l'un d'eux, leur laisse un temps d'avance pour choisir qui des deux sera le premier à la noyer dans une mer blanche encrée, à laisser phrases et mots cornés courir sur sa peau d'enfant troublée.

Elle autorise l'Auteur à écrire quelques pâles textes, ne serait-ce que pour libérer les démangeaisons de ses mains. Car elle sait bien que sans son Inspiration, Imagination devra tout recommencer demain.

L'Auteure aime appeler ce processus de création, l'hémorragie de ses mélancolies.

Dragoness_Blue

Quelle auteure suis-je ? Wah, dis comme ça, ça fait quand même un peu égocentrique... Bref, pour répondre à cette question (posée dans le cadre d'une activité d'écriture de la CdL), je vous propose un voyage à travers les yeux d'un petit oiseau.

🐦

Tournant vivement sa tête, changeant sans cesse d'angle, le merle ne cessait d'observer les deux mains survolant le clavier. D'un coup, il se figea, en même temps que les doigts qui restèrent suspendus au-dessus des touches, le temps d'une seconde. Puis la course effrénée reprit de plus belle, le son produit par l'ordinateur résonnant à nouveau. Son bec frappa deux fois contre le bord de la fenêtre, comme pour l'imiter. Il reporta ensuite son attention sur la personne focalisée sur son travail. Une voix résonna, rien ne se passa. À nouveau, quelqu'un appela, sans que la réaction change. Des bruits de pas firent fuir le petit volatile, qui s'en alla se percher un peu plus loin, son regard mobile continuant d'observer la jeune fille. Quelqu'un entra dans la pièce, quelques mots furent échangés, puis elle enleva son casque, ferma son ordinateur et quitta sa chambre. L'oiseau tourna prestement son bec vers le ciel, il était l'heure de manger.

Cela faisait deux jours qu'il n'avait pas revu l'humaine, ou à peine aperçue. Il gazouillait avec ses amis quand un grand bruit lui fit, dans un premier temps, peur. Curieux, il s'approcha ensuite de la maison pour voir de quoi il en retournait. La fille n'arrêtait pas de bouger, fouillant parmi des feuilles, ouvrant, feuilletant et refermant des livres, des notes, des dossiers. Ses lèvres bougeaient, il vola jusqu'au bord de la fenêtre entrouverte.

- Où est-ce que j'ai mis ça ?... Non, c'était pas ça... Ah, faut pas que j'oublie ça... J'ai écrit ça, moi ?... Pas ça non plus... Et mince, je sais plus où j'ai mis ce fichu tableau !...

Le merle ne comprenait pas ce qui se passait, mais il saisissait l'importance de cette recherche. Un autre bipède aussi, visiblement, puisque quelqu'un ouvrit la porte.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Je cherche mes notes !

- Quelles notes ?

- Celles sur mon histoire, tu peux pas comprendre... Ah, ça me saoule !

- Tu peux pas faire sans ?

- Non mais tu comprends rien ! J'avais noté des infos ultra importantes, et là je les retrouve pas !

La discussion continua ainsi un petit moment, l'oiseau entendit les mots devenir de plus en plus forts. Il finit par s'en aller à tire-d'aile, préférant se déplacer au grès des courants plutôt que de rester sur place.

Occupé, il ne vit pas le temps passé et ne revint qu'après plusieurs jours. Assise sur son lit, des feuilles à côté d'elle, son ordinateur sur ses genoux, son casque sur ses oreilles, la fille semblait plonger dans son univers, totalement coupée du monde. Par envie, il tapota le bois encadrant la fenêtre, ce qui n'eut aucun effet. Son corps se secoua, il lava ses plumes. Les doigts parcouraient toujours le clavier, faisant des pauses de temps en temps. Le regard de l'humaine se posait alors sur les murs, les cadres, sans sembler les voir, avant de se rediriger vers l'écran. Le soleil se coucha, le volatile somnola un moment. Il fut réveillé par un claquement, celui de l'ordinateur qui se ferme. Émergeant doucement, le merle se rendit compte que la nuit était déjà tombée, il se dépêcha alors de regagner son perchoir préféré dans un grand arbre, avec vue sur la campagne.

L'humaine le fascinait, son visage bougeait énormément. Il lui arrivait de rire toute seule, ou au contraire d'être au bord des larmes en parcourant quelques lignes. Elle se mordait parfois la lèvre en réfléchissant, ou s'appuyait sur sa main. Quand elle était couchée sur le côté (allez savoir comment, elle réussissait quand même à écrire) et qu'elle se relevait, la marque de sa couverture ou de son coussin restait un moment sur son visage. Elle portait souvent sa main à ses lunettes pour les remonter, soupirait quand l'inspiration tardait, râlait quand elle devait faire une pause, pour manger par exemple. D'ailleurs, il lui arrivait de grignoter en rédigeant ses histoires, mais elle allait moins vite, le son des touches ralentissaient. Parfois, elle fronçait les sourcils, bougeait silencieusement ses lèvres en parcourant du doigt une partie de son texte. Elle pouvait rester bloquer plusieurs minutes sur un seul bout, jusqu'à finalement arriver à un résultat qui lui convenait. Ses yeux bougeaient rapidement, allant de gauche à droite, de ses doigts à l'écran, de l'écran à ses doigts, déchiffrant vivement les lignes noires se détachant sur le fond blanc. Son regard n'était pas le seul à bouger, elle changeait également souvent de position, ne tenant pas en place.

Il venait toujours un instant où elle devait s'arrêter, la nuit parfois déjà bien entamée. Quand elle refermait son ordinateur, un soupir accompagnait son mouvement, parfois suivi par un sourire. Généralement, ses pensées restaient encore un peu dans son histoire avant de revenir à l'instant présent.

Cela faisait déjà un moment qu'il avait cette occupation, celle de regarder la bipède plongée dans ses récits. Il ne se lassait pas de la concentration qu'elle avait quand elle écrivait, de ses habitudes parfois bizarres qui la faisaient retourner toute la pièce pour finalement se retrouver avec un tout petit bout de feuille, de ses positions énigmatiques qui n'avaient, à priori, rien de confortables mais qui lui convenaient. Le merle avait aussi sa vie, il rencontra une merlette, eut des oisillons, les éleva jusqu'à ce qu'ils quittent le nid. Il transmit sa passion à l'un de ses fils, qui vint à son tour regarder attentivement l'humaine dans sa chambre. Il lui arrivait parfois de voir des images colorées sur l'écran, il continuait cependant à souvent apercevoir des lignes entières de textes. Enfin, il ne savait pas ce que c'était ni à quoi ses pages en noir et blanc servaient, mais il saisissait bien l'importance que ça avait pour la bipède. De temps en temps, il la voyait brusquement s'arrêter, se laisser tomber en arrière sur son lit, les bras écartés, et soupirer longuement, les yeux dans le vague. D'autres fois, elle était absente un long moment, voir même plusieurs jours. Mais le merle était sûr d'une chose : elle finissait toujours par revenir pour continuer à créer dans son univers bien à elle.

🐦

Voilà ! Ce texte narre en grande partie mes habitudes d'écriture, après il y a quelques trucs inventés (mais pas le merle, hein, on a discuté une fois et il m'observe vraiment). J'espère que ça vous a plu !




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