Vengeance Assassine

La porte s'ouvrit. La directrice entra, interrompant le cours de Madame Livet. Derrière elle, une petite fille attendait, dans l'ombre de l'immense dame.

-Bonjour, commença-t-elle sur son ton stricte habituel. Je suis navrée d'interrompre votre cours, mais je vous annonce l'arrivée d'une nouvelle élève. Allez, rentre dans la classe.

La petite s'avança dans la lumière de la classe et la directrice claqua la porte sans un mot. Elle avait sur la tête deux oreilles de chaton arrondies, et le visage encadré de cheveux noirs de jais courts et mal coiffés. Son œil droit était vert comme l'émeraude étincelante, et son œil gauche bleu comme la glace pâle recouvrant le lac gelé. Madame Livet se pencha pour se retrouver à sa hauteur et l'encouragea d'un ton protecteur :

-Allez, viens. Tu n'as rien à craindre. Tes camarades seront très gentils avec toi. Comment tu t'appelles ?

La petite avait l'air terrorisée. Elle répondu d'une voix presque inaudible :

-Féline...

-Oh, c'est un très joli prénom. Allez, viens, Féline. Je vais t'installer dans la classe.

Elle lui prit délicatement la main et l'entraîna lentement vers une place.

-Voilà, reprit-elle de ce ton paisible, installe-toi ici. Je suis sûre que Chasseur sera très gentil avec toi. N'est-ce pas ? fit-elle en regardant l'intéressé.

Le petit garçon hocha la tête sans un mot. Ses yeux étaient bleus comme un ciel d'été dénué de nuages, ses cheveux dorés ondoyaient jusqu'à ses épaules, et deux grandes ailes brunes trônaient dans son dos.

Madame Livet retourna à son bureau et donna un exercice aux élèves. Elle s'approcha vers la petite et lui demanda pourquoi elle n'avait pas d'affaires.

-Je suis partie sans affaires, répondit la petite.

La professeure revint à son bureau et attrapa quelques feuilles quadrillées et un crayon. Elle les donna à la petite qui put commencer ses exercices.

Le rectangle de l'exercice comprenait six images, représentant chacune un objet.

La petite attrapa le crayon et inscrivit sur la feuille des mots d'une écriture fine et légèrement maladroite.

-Madame !

Son bras était levé bien droit, tandis que tous les autres étaient penchés sur leur exercice. Son regard était neutre et profond, comparé aux autres enfants de son âge.



La porte fut claquée d'un coup brusque.

Madame Livet se tenait contre celle-ci, le regard étonnée, une copie à la main.

-Clotilde, qu'est-ce qui te prend ? Demanda une autre enseignante.

-Attends.

La professeure s'avança à travers la salle des professeurs vers sa collègue et lui tendit la copie.

-Tu l'as prise où cette copie ? Demanda cette dernière.

-C'est ma nouvelle élève qui l'a écrite.

-La toute petite ?!

-Oui ! Je te jure ! Et elle est bel et bien en CP !

-Et bien je peux te dire que ton élève sait parfaitement écrire.



-Féline, attends-moi !

Chasseur courait déjà dans les couloirs pour la rattraper.

-Pourquoi je t'attendrais ? lui cria-t-elle dans un petit sourire narquois.

-Parce que je suis ton ami ? Que je suis gentil ?

-Qu'est-ce que j'y gagne ?

-Euh... rien...

La jeune homme se remit à courir de plus belle pour la rattraper, quand elle commença elle-même à détaler.

Chasseur s'arrêta, désespéré.

-Tu triches, là ! Râla-t-il.

-Il n'y a jamais de triche ! Lui répondit la voix lointaine de son amie qui riait aux éclats.

-Oui, oui, c'est cela, grogna-t-il avant de la rejoindre.

-Féline ! Cria peu après une petite voix.

-Millie ! Lui répondit la chatte.

Millie était une souris. Pas une animane, seulement une anthropomorphe. C'est à dire un animal, qui a bien un corps animal, mais se comporte comme un humain. Elle était donc très petite.

-Féline, je peux venir avec vous ? Continua-t-elle.

-Oui, bien sûr ! Lui répondit Féline.

Elle prit dans sa main son amie et la porta à son épaule.

-Salut Chasseur ! Sourit la petite.

-Salut, lui répondit l'aigle.

La sonnerie retentit avant que les trois amis n'aient pu aller dans le jardin de l'école. Ils étaient désormais en troisième, mais leur établissement les accueillaient de la maternelle à la terminale. Ils se dirigèrent vers la salle dans laquelle ils avaient cours, puis attendirent.

Madame Livet passa dans le couloir. Elle se dirigeait vers sa classe après la récréation. Elle vit la jeune Féline et ses amis. Elle avait bien évolué. Quand elle était petite, elle était traumatisée par la mort de ses parents, tués sous ses yeux. Aujourd'hui, elle riait, et n'avait presque plus de souvenirs de cette période de sa vie. Clotilde sourit puis hâta le pas pour donner cours.

Les trois amis rentrèrent en classe quand Madame Seylie les y accueillit.

Après près d'une demi-heure de cours, on toqua à la porte. Un homme rentra. Un homme habillé de noir, qui tenait dans sa main un fusil, suivi de plusieurs militaires en tenues brunes-vertes. Il était probablement leur chef.

-Bonjour Madame, commença-t-il. Nous venons vous avertir. Vous avertir que la zone de guerre se déplace par ici.

Féline eut comme un pincement au cœur. Ces uniformes bruns et verts...

-Nous feront très attention, merci, répondit Madame Seylie après la passation des consignes de sécurité.

-Alors, continua le chef, l'un de vous a-t-il des questions ?

Une végétane, c'est à dire une femme-plante, leva la main, et posa une question, à laquelle l'officier s'empressa de répondre.

Des souvenirs remontaient en sa mémoire. On n'oublie pas quand on a perdu les siens. Ces fusils... Le regard de cet homme...



-Féline, viens m'aider, s'il te plaît, demandait Elhra par dessus son épaule.

La petite s'empressait de courir vers sa mère et de tenir le veau tandis que sa mère le lavait.

Un homme rentra. Un homme habillé de noir, qui tenait dans sa main un fusil, suivi de plusieurs militaires en tenues brunes-vertes.

-Féline, vas t'en ! Cria Elhra.

La petite alla se cacher derrière une botte de paille. À l'ouïe de ce cri, Nans vint voir ce qui se passait. Elhra le regardait d'un air désespéré, mais à peine eut-il vu l'homme en noir que celui-ci lui tira dessus.

-Non !!! hurla Elhra, en pleurs. Vous avez... vous avez tué mon mari !

Elle se pencha à ses côtés et constata à regret qu'il était bel et bien mort. Elle se tourna alors vers l'homme en noir, en pleurs.

-Vous... Vous l'avez tué ! Mais pourquoi ? Vous êtes des monstres !

Elle n'eut pas le temps d'en dire plus qu'une balle vint se loger dans sa poitrine.

-Que fait-on de la ferme ? Demanda un militaire.

-Laissez-la. On pourra y accueillir d'autres gens.

-Et que fait-on de la petite ?

-Laissez-la. Elle ne survivra pas longtemps seule, et si la chance lui sourit, qu'est-ce que ça nous fera ?!

L'homme en noir partit sur un rire sarcastique, que l'on pourrait qualifier de satisfait ou démoniaque, laissant Nans et Elhra mourir dans le vieil étable.

Féline sortit de sa cachette et courut jusqu'à ses parents. Ils étaient morts. Elle avait peut-être cinq ans, mais elle comprenait ce que cela signifiait. Elle détacha le petit veau, et partit avec lui, laissant derrière elle tous ses souvenirs. Elle n'avait de ses parents que sa dague sertie de diamants, que son père lui avait donnée. Elle fut rapidement trouvée par des paysans, qui l'amenèrent à la directrice de l'école. Ils gardèrent le veau, en assurant à la petite qu'ils s'en occuperaient convenablement.



Féline serra dans sa main sa dague sertie de diamants, son visage se crispait et son regard s'assombrissait.

-Féline, ça va ? Chuchota Chasseur.

Elle le regarda, et le jeune homme fut surpris de ce regard si funeste.

-C'est lui qui a tué mes parents, murmura-t-elle.

-Je croyais que tu ne t'en souvenais plus ?

La jeune chatte ne répondit pas, sortit sa dague et regarda un instant les émeraudes et les rubis étincelants. Elle s'élança alors, criant sa haine et sa rage. Elle courut en hurlant jusqu'à l'homme en noir et planta sa dague au milieu de son torse. L'homme eut comme un sursaut puis plaça ses mains contre sa blessure.

Des perles de sueur dégoulinaient du front de la jeune fille. Elle l'avait tué. Il ne faudrait pas longtemps pour que l'homme tombe et que les gardes ripostent. Elle avait tué un homme, arraché un père à sa famille, tout comme le sien avait été arraché à elle. Mais est-ce qu'un meurtrier mérite de vivre ? Non, probablement pas. Pas selon les lois de ces hommes, les lois de vengeance, les lois du plus fort. Il avait tué son père. Son père, qui avait lui aussi tué. Il était désormais mort, et c'était elle qui l'avait tué. Elle devinait sans peine le destin qui l'attendait.

Elle sentit l'homme vaciller et retira sa dague désormais tachée de sang. Elle se recula un peu, et regarda la classe. Tous la regardaient d'un regard craintif. Un animane lion aux cheveux en bataille se leva et l'accusa en la pointant du doigt.

-Elle l'a tué ! C'est une criminelle ! Je le savais qu'elle était dangereuse et qu'elle n'avait pas sa place ici !

C'était Marcus, qui la détestait depuis longtemps et l'avait toujours discriminée pour son étrangeté et ses origines incertaines.

Tous se mirent à l'accuser. Elle les regarda d'un regard neutre, sans émotions. Elle restait droite, digne, les mains tachées de sang. Seuls Millie et Chasseur ne criaient rien. Le jeune homme la regardait d'un air mélancolique. Comme pour dire « mais pourquoi as-tu fais ça ? ». Mais c'était plus fort qu'elle. Elle le regarda alors aussi, regard témoin de sa compassion à son égard.

Son visage était toujours neutre. Une tâche de sang soulignait son œil d'émeraude, et le liquide pourpre tapissait jusqu'à ses coudes. Sa dague était trempée d'écarlate et son regard froid indiquait presque que son âme était restée dans la blessure.

La jeune fille fut soudain prise d'un sursaut et entre-ouvrit sa bouche, comme pour parler. Mais il n'en sortit que du sang et son frêle corps fut précipité au sol. Une fine tâche rouge pouvait se voir dans son dos, tandis que le liquide écarlate se déversait de son torse, empourprant le carrelage blanc. On pouvait aisément deviner au canon fumant du fusil du militaire le plus proche qu'une balle s'était tracé un chemin à travers son abdomen.

Elle releva la tête, son visage était presque entièrement tâché de sang, et sa respiration était haletante. Son regard se posa immédiatement sur Chasseur, et le jeune homme put lire la douleur dans ses yeux. De fines larmes perlaient aux coins de ses yeux.

Il était pétrifié. Elle ne pouvait pas mourir ainsi. Il avait l'impression que c'était lui qu'on venait d'assassiner. L'homme qui lui avait tiré dessus s'approcha d'elle et lui frappa la tête de son arme. Le visage de la jeune femme tomba mollement dans la flaque de sang qui se propageait par terre, et plus aucun soubresaut ne se fit sentir le long de son corps.

-Ne me dis pas qu'elle est... commença Millie, en pleurs.

Chasseur put enfin réagir à la vue du sang, des mots si froids que n'avaient osé prononcer Millie.

Il courut et s'agenouilla aux côtés de son amie.

-Féline !!! hurla-t-il, comme si un cri pouvait la faire revenir.

Il souleva sa tête et retourna le corps de son amie pour la mettre sur le dos, soutenant son crâne. Ses yeux étaient ouverts et regardaient dans le vide. Ils étaient écarlates, comme tout le reste de son visage et la racine de ses cheveux qui dégoulinaient de sang.

-Féline... les larmes affluaient de ses yeux, telles une source intarissable.

Il vit les militaires le regarder sans la moindre peine.

-Vous... Vous l'avez tuée ! Mais pourquoi ? Vous êtes des monstres ! hurla-t-il à s'en casser la voix.

Le militaire le regarda et esquissa un sourire. Il sortit à nouveau son fusil, et une détonation survint. Chasseur sentit une vive douleur à la poitrine puis s'écroula sur le cadavre ensanglanté de son amie.

Leurs sangs se mélangeaient quand les militaires repartirent avec celui qui avait été leur chef sans un mot, comme s'il ne s'était rien passé.

Dans la grande classe régnait un silence de mort, et les élèves se regardaient sans savoir quoi faire.

-Vous... vous êtes dispensés de cours... articula Madame Seylie à demi-voix. 











Voilà, j'allais oublier de dire que c'est pour le concours de  sur le thème d'une école d'être surnaturels, avec pour contrainte du désespoir. Alors dites-moi ce que vous en avez pensé et... Si vous aimez, allez voter chez Cass' ^^ 

Coco. 





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