Il existe plusieurs dimensions parallèles. Pardon, des milliards de milliards de dimensions parallèles. Toutes sont différentes, dans leur structure même. Sont-elles petites et inexplorées ? Immenses et conquises ? Secrètent-elles de la magie ? Elles sont toutes différentes. Mais certaines se ressemblent. Profondément, parfois. Par les mêmes espèces, la même taille, un élément en commun... Mais toutes sont différentes. Un point commun, un seul, les relie toutes. Toutes, sauf une. Elles ont toutes des problèmes et des héros. Dans toutes, les gens ont une vie de règne, de rébellion ou de souffrance. Et tout le monde peut devenir le héro. Dans toutes les dimensions. Toutes, sauf une. La notre. C'est la dimension qui a un problème. Une défection. Elle n'a pas de héro. Les guerres commencent, et durent jusqu'à des dizaines d'années, sans héros pour les arrêter. Personne ne devient l'être considérable qui fait changer le cours des choses. Alors les gens essayent. Se rebellent. Convainquent, persuadent les esprits par des mots, des paroles. Et alors, seule la majorité – pardon – seule la quasi-totalité de la population peut faire changer les choses. Réunie. Mais la plupart des habitants de cette dimension ne deviennent jamais héros. Que le monde est triste, là-bas, là où il n'y a pas de héros, pas de miracles, que des questions et pas de réponses, que des problèmes et pas de solutions.

Alors, les héros des autres mondes le savent. Ils le ressentent. Ils sont les héros. Ils ont la communication avec certains autres héros d'autres mondes. Mais tous les héros peuvent communiquer avec cette dimension, ce monde défectueux. Seulement, il n'y a pas de héro dans cette dimension. Il n'y a personne pour communiquer. Alors, les héros, pris de compassion pour les pauvres êtres de cette dimension, choisissent des gens. Un chacun. Ils choisissent chacun une personne, leur élu. Ils lui retransmettent inconsciemment toutes leurs aventures. Leur joies et leurs tristesses, leurs victoires et leurs défaites. Les élus se mettent alors au travail. Ils créent des livres, des bandes dessinées, des mangas, des films, et tout ce qui permet de raconter une histoire ; de l'histoire orale à son enfant sur le bord du lit au cinéma, à la célébrité la plus totale.

C'est ainsi que, ne pouvant être un héro, les élus contèrent les histoires des autres dimensions, divertissant la population d'un monde trop las sans eux, devenant peu à peu un créateur de joie et d'excitation, de suspens et de questions, de douleur et de tristesse, d'aventure et de sentiments. Un héro. Dans cette unique dimension sans héro, en naît désormais des centaines, des milliers, des milliards. Autant que de dimensions parallèles.

Voilà comment, chez nous, on devient un héro.