Crépuscule - concours des deux ans

Je sais que le ciel n'est pas toujours bleu

Mais la pluie n'a pas tué un homme

Et le Soleil vaut-il mieux ?

Je ne m'étais jamais posé la question, avant. On a toujours associé le Soleil à la joie, la pluie à la mort, la tristesse, la dépression... Les nuages cachant le Soleil, et globalement le ciel, étaient comme une ombre planant sur nous prête à nous happer telle un oiseau de proie. Le Soleil, lui, était la joie. La lumière dont on avait toujours rêvé.

Je me rends compte aujourd'hui de la sottise de tout ça.

Si le Soleil fait pousser les plantes, et bouger les reptiles, la pluie en est presque plus importante, d'autant plus que la lumière n'est jamais totalement absente le jour...

Mais aujourd'hui, aujourd'hui, ah comme je le hais ce Soleil.

Ce Soleil qui donne la vie, qui donne la mort.

Ma vie, je l'ai vécue enrôlé dans ses bras, et aujourd'hui j'en paye le prix.

Le prix fatal de la bonne humeur.

J'entends encore ces mots dans la bouche du médecin.

Monsieur, j'ai une mauvaise nouvelle...

Mon sang s'est glacé dans mes veines, mais aurais-je pu imaginer l'ampleur des dégâts ?

Nous ne pensions pas que c'était si grave... nous avons détecté un cancer de la peau...

Ma femme, à mes côtés, a failli faire un malaise sous le choc. Je restais là, ébahis.

Nous l'avons pris trop tard... il ne vous reste... que deux ans à vivre...

Ma femme s'est évanouie, et moi j'ai cru entendre la mort me chuchoter à l'oreille. Deux ans à vivre. Plus que deux ans. Deux ans, après quoi je n'existerai plus. Juste une image dans la tête de mes proches, qui deviendra un nom, et qui, génération après génération, ne sera plus que la connaissance de l'existence passée d'un individu depuis longtemps oublié de tous. J'ai toujours su ça. Mais maintenant que je sais que ça m'attend dans deux ans, j'en prends conscience. Très fort. Et ça me glace le sang.

Que vais-je faire pendant deux ans ? Je vais aller voir chacun de mes proches, lui dire que je l'aime. Lui dire au revoir. Ça me déchirera le cœur, mais je dois le faire. Je réaliserai mes projets. Apprendre le piano, j'en ai toujours rêvé. Offrir une piscine à ma femme. Je ferai tout ce que je peux pour ce monde que je quitterai bien trop tôt, pour tous ceux que j'aime et que je laisserai derrière moi. Pour aller où ? Nulle part. Dans l'oubli. L'oubli de moi même. L'inexistence.

Je voudrais faire tant de choses mais aurai-je le temps ? Le temps m'est compté. Il nous l'est toujours, mais ne pas savoir quand on va mourir est sûrement la plus grande de nos libertés.

La plus grande des libertés que je viens aujourd'hui de perdre.


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