Après la mort (Rouge_Gorge)

Un texte pour le concours de Rouge_Gorge "après la mort ou avant la vie". J'ai pris "Après la mort".


Rien. Plus rien. Je ne suis plus rien, plus qu'une pensée diluée dans la confusion avide de la mort.

Avant ? Avant j'étais une jeune fille pleine d'enthousiasme. Une jeune fille aux talents inédits et aux compétences développées ; une jeune fille à qui la vie souriait ; une jeune fille qui s'apprêtait à prendre son envol professionnel et à vivre heureuse, dans la simplicité d'une vie sans soucis majeurs.

J'allais me rendre à mon lycée.

J'allais entrer dans les salles vides et m'asseoir à la place où mon nom serait inscrit.

J'allais passer cet examen et le réussir. Enter dans l'école de journalisme dont je rêvais tant. Réaliser ce métier qui me plairait assurément. Renseigner les gens et voir mon nom imprimé sur ce papier fin et légèrement grisâtre.

Je marchais, pressée par le stress des examens à venir. Le lycée, grand, majestueux, de l'autre côté de la route. Ce lycée dont n'importe qui pourrait être fier, bordant le lac, magnifique paysage ; vue quotidienne des élèves de toutes classes.

Mes amis. Ils me regardent, m'attendent, m'appellent. Je suis heureuse. Heureuse de voir que, même avant un examen avec autant d'ampleur, je serais heureuse de parler avec eux. Heureuse de voir que je compte pour eux.

Enfin, que je comptais.

Je m'avance. Je traverse la première voie, une voiture s'arrête pour me céder le passage. Un signe de la main en guise de remerciement. Un petit terre-plein entre les deux voies, des dalles, des fleurs. J'avance sur la deuxième voie. Mes amis, sur la rive du lycée, discutent. Quelle hâte j'ai de les revoir. De parler avec eux, comme chaque jour.

Un homme, en retard à son travail. Il est très pressé. Le lycée. Il y était il y a environ dix ans. Il le regarde. Ce beau lycée dont quiconque pourrait être fier.

Il regarde devant lui. Une silhouette. Un choc. C'est moi.

Enfin, c'était moi.

Mes amis, horrifiés. L'homme pressé, sorti de sa voiture.

-Mademoiselle ! Vous allez bien ?

Ma meilleure amie, qui sort son portable, et appelle les pompiers. Elle a toujours voulu le devenir ; c'est son rêve, à elle.

Le mien s'est écroulé. Deviendrais-je journaliste ?

Je sens un liquide sur mon front. Je suis fatiguée. J'ai mal. Mes yeux se ferment. Je suis morte.

Maintenant ? Je suis morte. Morte. Bientôt, ma pensée cessera d'être. Je ne serais plus personne. Mes dernières secondes à penser me rongent l'âme. Mes amis étaient tristes. Tristes que je meure. Non, ils n'étaient pas tristes. Ils étaient atterrés. Ces visages, ces larmes. Toute cette émotion pour moi.

Dernière pensée de bonheur avant une extinction certaine de toute forme de pensées de cet être que j'ai pu être.

Déjà ma mémoire s'efface.

Après ? Il n'y a pas d'après. Je vais bientôt mourir.

Non.

Je meurs.

Maintenant.

Déjà, ma mémoire s'efface.

Je meurs...

Je...


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