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Avec Gaïa nous avions dressé une liste. Une longue liste. Elle allait du réveil aux jeux de sociétés en passant par le baromètre. Il y avait de quoi remplacer la plupart des options proposées par nos téléphones portables. Je me sentais déjà mieux après. Nous étions à présent prêtes pour les essayages.
Il y avait un exemplaire de chaque article : pantalon, jupe, chemisier et blazer. Il y avait même plusieurs tenues de sport. Tous avaient le logo de l'école brodée sur le tissu brun. Il s'agissait du même que celui sur le cacher de cire : la lyre et le soleil. Nous avions à remplir un petit formulaire, demandant combien d'exemplaire nous voulions. Il y avait une limite, évidement. Mais nous aurions largement de quoi faire.
— Ils aiment vachement le marron ici, remarqua Gaïa en remplissant le formulaire. Je vais finir par faire une overdose. Même les chemises sont de cette couleur.
— Elle sont blanc cassé, précisai-je.
Elle me lança un coussin dessus.
◈ ◈ ◈
Nous poussions les portes du self déjà plein. J'espérai qu'Anael et Astrid étaient déjà là car nous n'étions pas près de manger dans le cas contraire. J'avançai vers la table des premières années en compagnie de Gaïa. Finalement, nous amis étaient déjà là.
— Alors, vous avez fait vos essayages ? demanda Astrid.
Nous acquiesçâmes. Très vite, la conversation se tourna vers l'objet de notre stress et de notre excitation : les prochains cours. Avec notre emploi du temps avait été distribué une petite liste de nos cours optionnels. Nous pouvions en prendre autant que nous voulions. Cette liberté nous permettait de choisir les spécialités qui nous aiderait le mieux à progresser dans notre domaine. Malheureusement, cette liberté nous forçait également à faire des choix, ce qui n'était pas le fort d'Astrid. Elle avait passé le repas à nous en parler. Enfin pour être plus correcte, elle pensait plus à voix haute qu'elle ne conversait avec nous.
— C'est horrible... Tout à l'air si intéressant, entre la littérature, la dance, la musique...
J'acquiesçai. S'il n'y avait aucuns enjeux, j'aurais bien pris l'entièreté des options. Sauf peut-être langue française. La syntaxe, la grammaire, l'orthographe... je trouvais ça barbare. Et pourtant, je me voyais obligée de la prendre.
Quand nous rejoignîmes la salle de théâtre, Gaïa parla à nos deux camarades de notre petit projet du week-end : faire quelques emplettes. Ils acceptèrent aussitôt.
— J'aimerai bien voir la Chaussée des Géants, ajoutai-je peu après. Ça serait marrant de proposer à la classe d'y faire une petite randonnée.
Les filles avaient l'air enthousiastes à ce sujet. Anaël moins. Il paraissait fatigué rien qu'à l'idée de faire du dénivelé. Moi, je savais que je n'oserai jamais demander aux autres.
J'aimais bien la salle de théâtre. Elle avait un coté duveteux et réconfortant. Ce que j'aimais moins, c'était le professeur qui se tenait sur la scène. A côté de lui se trouvait un autre homme – dont le physique était plus avantageux, désolée. Il avait un regard si doux qu'il lui donnait l'air d'un enfant.
— Bonjour, commença-t-il une fois que nous fûmes tous installés. Savez-vous ce qui fait de vous des artistes ?
Sa question semblait rhétorique. Et pourtant, il laissa un temps de pause comme s'il attendait une réponse.
— Votre sensibilité. Et beaucoup d'autres choses. Mais c'est pour cela que je suis là. Je me présente : Richard André Harrot, diplômé de psychologie, de psychanalyse et de psychiatrie. J'imagine que vous devinez d'ores et déjà mon rôle ici. Dès aujourd'hui, vous passerez dans mon cabinet pour faire un petit bilan. Les rendez-vous se feront en fonction de vous, entre une fois par semaine et une fois par mois.
Septique, j'haussai un sourcil. Je n'avais pas entendu parler d'un quelconque psychologue.
— Mon bureau se trouve juste devant les dortoirs, poursuit-il. Vous ne devriez pas avoir de problèmes pour le trouver. Et la première élève qui aura la chance d'assister à sa séance est Esmée Cumel. Tu seras attendue pour quinze heures quarante-cinq.
Il nous salua avant de partir sur ces derniers mots.
Forcément. C'était moi la première. Je soupirai d'agacement. J'espérai ne pas avoir à me rendre trop souvent dans ce cabinet, cela me paraissait être une perte de temps. J'avais besoin de tout sauf d'un psy. En plus, je risquais de manquer une partie du cours suivant. Même si ce n'était pas de ma faute, arriver en retard ne faisait jamais bonne impression.
— Je trouve ça bien que l'on ait un psychologue, chuchota Astrid à Anaël. Avec la pression que cette école exerce sur les élèves, c'est même nécessaire...
Le garçon hocha la tête.
— Oui... En plus c'est gratuit ici.
Il semblait oublier les frais incommensurables pour entrer à Ange de Villier. Je gardais cependant le silence, trop dépitée pour lancer un débat. J'attendais que le temps passe. Puis lorsque Morot prit la parole, ce qui restait de ma motivation s'envola. Je m'enfonçai dans mon siège, encore moins déterminée à suivre ce cours.
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Pensez pas comme Esmée les gars, on a tous besoin d'un psy
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