V.

 Un air de rock me brisa les tympans et je me réveillais. Contrairement à moi, Gaïa n'avait pas oublié de mettre son réveil. Je consultai l'heure sur mon téléphone. Il me brûla la rétine. Sonnée, je clignai des yeux quelques fois avant de réitérer l'expérience. Il était six heures et quarante-six minutes. Cela nous laisser un petit quart d'heure pour nous habiller et descendre dans le self.

Je m'asseyais sur mon lit me remettant de ma mauvaise nuit. Je ne dormais jamais bien quand je n'étais pas chez moi et la sensation du satin sur ma peu m'était étrangère. Il me faudrait une petite semaine d'adaptation.

La musique ne se coupait pas. Ou Gaïa appréciait particulièrement ce morceau ou elle ne s'était toujours pas réveillée. Pour ma part, je le trouvai beaucoup trop violent si tôt dans la matinée. Je traînai mon corps hors de mon lit pour le déplacer jusqu'à celui de Gaïa. Je coupai son réveille et la secouai. Elle sursauta. Elle semblait avoir oublié pendant un instant où elle était et qui j'étais. Je la laissai se remettre du choc qu'était son réveil pour m'habiller.

Un chemisier et une jupe à carreaux. Le reflet que me renvoyais mon miroir me plaisait assez, j'étais contente. Mes cheveux mis à part, j'étais plutôt jolie. Je les attachai, fatiguée de volume.

Je jetai un coup d'œil à Gaïa. Elle était déjà prête. Et en plus d'être bien habillée, sa crinière rousse resplendissait.

— J'adore tes cheveux, soupirai-je.

— Hein ? Merci ! Après ne m'envie pas trop, c'est un enfer à coiffer. Même impossible parfois.

Je voulais bien le croire. On m'avait toujours dit que les boucles étaient compliquées à entretenir.

— On y va ?

Elle hocha la tête et nous sortions de la chambre. Je faillis m'étouffer dans je vis une silhouette nous attendre. L'inconnu d'hier soir ? Non. Juste un majordome. Il nous conduisit jusqu'au réfectoire.

La pièce était charmante. La seule chose qui distinguait cet endroit d'un restaurant de luxe était les longues tables qui le peuplait. Il y en avait trois. Chacune d'entre elle pouvait contenir toute une promotion et demie. Et même deux je pensais.

Il n'y avait qu'une seule table occupée. Les élèves étaient tous par deux avec des espaces entre chaque binôme. Ils étaient certainement des premières années, comme nous. Ils étaient assis en face de la seule personne qu'ils connaissaient, leur colocataire. Nous fîmes de même avec Gaïa. Il y avait une corbeille de fruits sur la table. Dedans, une carte.

— Mais c'est un restaurant ! s'exclama la rousse.

Je ne m'étais pas attendu à une telle chose. J'avais l'impression d'être une princesse. Gaïa s'empara de la carte et siffla devant. Elle me lista les choix à voix haute. Nous nous étions vites décidées. Il ne nous manquait plus qu'un serveur pour passer commande. En attendant, je me servis dans la corbeille de fruits.

— Excusez-moi, je peux ?

Une jeune femme blonde désigna le panier. Elle était accompagnée d'un garçon à peine petit qu'elle. Le premier duo mixte de l'année, pensai-je.

— Oui bien sûr, répondit Gaïa. Asseyez-vous.

Ma colocataire avait mal compris la question. La fille blonde voulait simplement un fruit. Les deux s'échangèrent un regard avant de s'asseoir avec nous. Finalement, ce malentendu allait peut-être nous aider à s'intégrer.

— J'adore vos tenues, remarqua le garçon. C'est la première fois que je rentre dans un lieu avec autant de gens swags.

Je le remerciai sans oublier de lui retourner le compliment. Ce n'était pas de la simple politesse, j'adorai sa façon se s'habiller. Il avait l'air décomplexé. En revanche il n'était clairement pas du matin. Il avait encore la marque de l'oreiller sur la joue.

— Je suis Esmée au fait.

Il nous apprit qu'il s'appelait Anael. La blonde ne disait pas grand-chose, occupée à éplucher son orange. Elle nous apprit cependant son prénom : Astrid. Nous discutâmes un peu, partageant nos talents respectifs. Elle était chanteuse et il dessinait. Aucun d'entre eux n'écrivaient à proprement parler. Tant mieux.

Sept heures étaient passées depuis presque dix minutes quand les portes du restaurant s'ouvrirent en grand. Toute la table se tourna dans cette direction. Une dizaine d'étudiants pénétra, tous avaient le sourire aux lèvres. Ils étaient en pyjama et devaient être réveillés depuis quelques minutes environ. Ils s'installèrent sur la table vide. Je remarquai qu'ils avaient tous leur place attitrée. Ils ressemblaient à une famille.

J'avais l'impression d'être chez eux pour être honnête. Et ce devait être le cas. Ils m'avaient l'air d'être en troisième année. J'essayais de chercher l'inconnu du regard mais ne le trouvais pas. En même temps, je ne l'avais vu que de dos ou dans la pénombre. Je ne me rappelai même plus son visage.

Peu après, les serveurs arrivaient enfin. Astrid en était à sa deuxième orange. Mais ils ne s'approchaient pas de nous. Ils prirent les commandes des troisièmes années avant de repartir en cuisine.

— C'est une blague ?

Anael était scandalisé. Et il n'était pas le seul. Nous étions assis depuis bien vingt minutes et personne n'était venu nous prendre la commande. Gaïa se retourna vers la table d'à côté.

— Excusez-moi.

Une étudiante se retourna. Elle avait quelques miettes de croissant autour de la bouche. Elle aussi avait été servie.

— Pourquoi personne n'est venue chercher notre commande ?

L'étudiante pouffa.

— Il nous soit arrivé la même chose l'année dernière... Il faut appuyer sur le bouton.

— Ho... Merci.

Gaïa revint vers nous, ses sourcils haussés. Il fallait appuyer sur un bouton. Quel bouton ? Je passai ma main sur la nappe rouge qui recouvrait la table. Mes doigts rencontrèrent un changement de texture. J'appuyai dessus.

— Trouvé.

Il fallait le savoir. Heureusement que Gaïa avait demandé ou nous aurions attendu encore longtemps. Nous n'aurions même pas déjeuné. Les serveurs ne tardèrent pas à arriver. Le reste de notre promotion en profita pour passer commande. Nous devions être les seuls à avoir trouvé le fameux bouton.

J'avais encore le goût de chocolat et du croissant alors que nous remontions dans nos chambres pour achever nos toilettes. Je marquai une pose lorsque je vis Anael et Astrid entrer dans la même chambre.

— Bah ?

Puis je me l'imaginais dans ma tête. Sa petite taille. Ses traits fins. Ses habits larges.

Ho.

Ho.

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