5.1 : Dans le palais d'un Dieu
L'homme pianotait avec impatience sur le rebord de son imposant fauteuil de marbre sombre. L'irriter revenait à signer son propre arrêt de mort. Cet homme n'était pas seulement le Roi des Enfers, c'était un Dieu. Le démon qui se tenait devant lui, et dont les cornes sortaient de son front pour se retrousser vers l'arrière, se dandina d'un pied sur l'autre. Il connaissait les colères gargantuesques de son maître, et il n'avait certainement pas envie d'en essuyer une, là, tout de suite.
— Comment s'est-il libéré ?
La voix de l'homme était d'un grave profond, elle vibrait tout au fond de votre corps comme s'il avait parlé à l'intérieur de vous. Le démon frissonna, et frotta ses mains moites, contre la peau écarlate de son ventre dénudé.
— J... je... bégaya-t-il pitoyablement.
Son maître se leva brusquement, inondant la pièce de sa présence divine. Il n'était pas seulement immense, il dégageait une aura suprême. Il éclipsait tout ce qui pouvait se trouver autour de lui. Les veines de saphir noir qui courraient le long des murs perdirent leur éclat ; les velours soyeux qui recouvraient les chaises et les méridiennes devinrent aussi fades et rêches qu'une peau de lézard desséchée ; même les feux, qui brûlaient dans les immenses cheminées de pierre gris ardoise très sombre, perdirent de leur intensité.
— Verso ! rugit-il d'une voix de stentor.
Les murs frémirent et le démon se crispa, ses oreilles prêtes à exploser.
Quelques secondes plus tard, un troisième homme apparut aux côtés du démon cornu, qui se recroquevilla un peu plus. Froid, silencieux, Verso était le bras droit du Dieu. Aussi fidèle que redoutable, il avait la carrure d'un Héros, sa force et son ingéniosité.
— Retrouve-le, et ramène-le ici, ordonna le Dieu. Prends la Meute avec toi... et élimine tous ceux qui sont au courant.
La peau rouge du démon pâlit légèrement.
Verso inclina la tête, et s'éloigna d'un pas conquérant.
L'autre se tourna, à nouveau, vers l'intendant pour le questionner.
— Les remparts sont-ils détruits ?
— Non, Maître.
— La Porte, alors ?
— Non plus...
Le Dieu plissa les yeux, se rassit et tapota son menton.
— Donc, nous avons un problème... déclara-t-il sombrement.
Le démon en était venu à la même conclusion. Si le Titan avait réussi à s'échapper sans faire de dégâts, cela voulait dire que quelqu'un l'avait aidé. Quelqu'un de l'intérieur.
— Trouve-moi les noms de tous ceux qui étaient présents... avant que Verso ne s'occupe d'eux...
Le démon inclina la tête à son tour et sortit rapidement de la salle. Il essuya les gouttelettes de sueur qui perlaient sur son front, juste avant de passer les lourdes portes de bronze.
— Hadès... murmura une voix douce et sensuelle
Ce dernier se retourna vers la beauté blonde qui se dirigeait vers lui.
— Perséphone, mon amour.
Il se leva, baisa la main qu'elle lui tendit d'un mouvement gracieux. Une moue enfantine se dessina sur son visage à l'ovale parfait. Elle repoussa une boucle dorée qui avait accroché sa lèvre.
— Je m'ennuie, susurra-t-elle en posant des mains fines et pâles sur son torse en une caresse sensuelle.
Hadès se rapprocha d'elle. Le pantalon de cuir noir, qui ceignait à la perfection ses cuisses et sa taille musclées, grinça. Il écarta les pans de sa toge de lin, qui révéla de longues jambes crémeuses, puis posa les mains sur ses hanches.
— Tu as cassé ton jouet ? demanda-t-il, une lueur lascive dans le regard.
Perséphone grimaça.
— Ces humains sont beaucoup trop fragiles... se plaignit-elle
— Je t'en trouverais un autre.
— Mmm... il se cassera également... À part Verso, aucun humain ne survit jamais...
La jeune femme caressa doucement le torse nu de son mari, et glissa des ongles impeccables sur sa peau de bronze. Hadès frissonna. Perséphone était une redoutable et passionnée amante. Il aurait donné sa vie pour elle.
— Ne touche pas à Verso, l'avertit-il néanmoins.
Verso était à lui. C'était son humain. Il l'avait façonné de ses mains, rendu plus fort, presque immortel. Il était son plus fidèle serviteur, son bras droit indéfectible.
Avec lenteur, il la repoussa vers le fauteuil de marbre, et l'y assit dedans. La Déesse se pendit à son cou, cambrant les reins à la recherche de ses caresses.
Hadès approcha de son visage.
— Ma Beauté, je te trouverais quelqu'un qui ne se cassera pas, murmura-t-il avant de plonger sur sa bouche, et de la dévorer tel l'amant insatiable qu'il était.
Ses mains repoussèrent la toge et empoignèrent les cuisses laiteuses de sa femme. Gémissante, Perséphone se redressa pour satisfaire son amant.
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